L'Euramérique - cours 7 et 8 (complet)

Section 2 De la politique indigène

Les indiens ont longtemps été mis à distance, par le biais de l'indigénisme. Arguedas évoque beaucoup les indiens dans ses romans, au XXe.
Ce courant indigéniste est condamné par des auteurs car considéré comme une sous-branche de l'orientalisme. Il existe une autre façon de mettre l'indien à distance : en faire le sujet d'une utopie politique, ce qui est typique des années 1820, 1830.
Maria Tegui écrit un livre, Sept essais d'interprétation de la réalité péruvienne, dans lequel elle décrit un rêve, celui de l'empire socialiste des incas, elle fait des indiens un prétexte à une lutte des classes qui va au-delà des Andes.
Dans les années 30/40, des latino-américains disent que la réalité de leur continent n'est pas d'opposer l'indien aux autres mais de dire « nous sommes métisses ». Des mouvements politiques latino-américains s'opposent alors à l'indigénisme et à l'indien utopique au service de la lutte des classes, parce qu'ils sont des républiques et qu'ils veulent construire la démocratie et qu'il ne peut y avoir de communauté séparée.
Haya de la Torre crée au Pérou le mouvement de l'Apra, qui va se répandre dans tout le continent. Ce mouvement est perçu comme un radicalisme de gauche par d’autres, ailleurs.
è Haga de la Torre et Maria Tegui sont ennemis mais ils dialogueront beaucoup.
Donc soit :
-          on met l'indien à distance,
-          on nie toute existence à l'indien,
-          on adopte un autre discours qui est dominant aujourd'hui dans les sciences sociales qui est de dire qu'il faut comprendre les indiens dans leur réalité sociale et dans leur relation avec les autres groupes.
On parle des indiens et ce dans leur relation complexe avec les autres acteurs des sociétés latino-américaines.
François Bourricaud dans les années 50 nous apprend à voir les indiens dans leurs relations complexes avec les métisses et les blancs. Selon lui, ils sont fascinés par l'univers des blancs et ils ont le rêve de s'incorporer à la sphère publique des créoles. Le vrai rêve des indiens n'est pas d'exister de façon séparée mais de s'incorporer au “mainstream”.

I.                    De la politique Indiana à l’indianisme politique

A.      Solorzano et l’incorpiration des indiens

Solorzano est un auteur colonial (il est madrilène), en 1647 il écrit «Politica Indiana», il veut réfléchir sur le politique dans les indes occidentales, ie l'Amérique. Selon lui, avec les rois d'Espagne et depuis les nouvelles lois, il a été dit que les indiens devaient être libres et qu'ils étaient des vassaux de la couronne de Castille.
Solorzano rappelle qu’en 1542 Charles Quint envoie en Amérique des personnes pour remettre de l'ordre. Il rappelle aussi que les indiens doivent être libres et ne répondent que du roi d'Espagne. Il cite la politique d'Aristote, « un homme à la capacité naturelle de devenir citoyen » et tout indien doit devenir citoyen s'il le désire.
RQ : Huancavelica est une ville du Pérou où il y a beaucoup de mercure, les espagnols l'exploitaient au XVIe, mais les vapeurs de mercure étaient très dangereuses et beaucoup d'indiens mourraient.
Matienzo disait en 1567 qu'il était légitime qu'il y ait en Amérique deux Républiques :
·          l'une pour les espagnols,
·         l'autre pour les indiens.
è Les espagnols doivent vivre dans des villes, ils se comporteront comme des romains, mais les indiens sont exclus de la citoyenneté et doivent vivre à la campagne.
En 1572, le roi Philippe II, fait envoyer en Amérique Toledo qui deviendra vice-roi du Pérou et déclarera la guerre aux créoles blancs du Pérou càd les fils des conquistadores et il interdit les encomiendas. Il y aura beaucoup de morts. Les indiens combattent du coté de Toledo et aimeront le roi d'Espagne, jusqu'aux guerres d'indépendances au début du XIXème, époque à laquelle les créoles étaient à la reconquête et essayaient à nouveau d'assujettir les indiens.
Solorzano dit qu'il ne doit y avoir qu'une république – « La République est une ». Il était un auteur dérangeant pour les créoles.

B.      L’hypocrisie de l’égalitarisme républicain

1.       Au moment des guerres d'indépendances, les leaders indépendantistes invoquent beaucoup les indiens.
Idéalisation de l'indien. Au moment des indépendances et au début des républiques on met à distance l'indien en en faisant une référence archéologique. L'indien réel reste un indien pauvre.
Toutes les nouvelles républiques proclament l'égalitarisme républicain.
Le nationalisme créole ne veut des indiens que s'ils sont rejetés dans un passé lointain et glorieux. Les Incas oui, les Indiens non (Mendez).

2.        Degregori : les blancs ont inventé la ventriloquie
Les Blancs parlent à la place des Indiens.
Fondement invisible, les constitutions disent que tout le monde est à égalité, mais ceci ne signifie pas qu'un apartheid social n'est pas exécuté au quotidien.
Il y a toujours aujourd'hui dans les Andes et en Amérique centrale, la survivance de la «cascade ethnique du mépris» (expression de Pierre Chaunu) – une hiérarchie implicite.

3.       Années 70/80 : le multiculturalisme
Valérie Robin et Carmen Salazar : à partir des années 70, l'idéologie multiculturaliste a fait son entrée en Amérique latine et notamment dans les Andes (pas du tout au Mexique)/ les indiens étaient les grands perdants de la cascade du mépris et ils voient dans le multiculturalisme l'occasion de réexister.

C.      L’indianisme politique ou politique indigène ?

1.       Au tournant des années 90 - création de l'indianisme politique
L’indianisme politique* : est le fait de revendiquer ses racines originaires. Le mot indigénisme n'est plus correct mais indianisme renvoie au multiculturalisme et au fait que chaque peuple doit exister en communautés séparées.
L'indianisme politique, sur lequel s'est penché Poupeau.

2.       Un obstacle : la catégorie de l'indien
Dans les années 90, ceux qui commençaient à dire qu'ils en étaient fiers (être indien), mais cela renvoie à une abstraction.
En effet, la catégorie de l'indien est une abstraction puisque l'Indien n'existe pas, il y a DES indiens. L'indien comme artefact est une invention jésuite du XVIème siècle.

3.       Eléments de conjoncture
Il y a en ce moment un président au Pérou: Humala. Il s'est fait élire en disait qu'il était le vrai péruvien parmi les candidats, en fait son nom de famille est d'origine finlandaise, il était colonel de l'armée et avait rasé des villages. Il va y avoir à nouveau des élections présidentielles et sans doute que sa femme se présentera.
En Bolivie, le président Evo Morales, n'a pas arrêté de faire l'éloge des indiens Aymaras, qui selon lui sont leurs ancêtres. Il dit que les Incas les ont envahis, ie les ancêtres des péruviens mais ils ont résister...blablabla : discours nationaliste anti-péruvien qui se fonde sur un passé réinventé. Or la langue aymara serait en fait originaire du nord du Pérou. Grande colère de Morales. Discours indianiste inventé.
Massacre d'indiens au Pérou en 2009 (Bagua) : des indiens avec des sarbacanes ont tué des policiers et des indiens sont morts aussi. L'ancien président du Pérou (pour lui les indiens n'existent pas), lors des évènements, dit que les indiens ne sont pas des gens de première classe, ie le Pérou a le droit d'exploiter du pétrole en Amazonie et le faible taux d'indien ne peut empêcher les millions d'autres péruviens de le faire.

II.                  Un modèle d’interprétation

A.      La nécessaire clarification des catégories

1.       Au Pérou : la question de l’auto-identification
Carmen Salazar a essayé d'inventer une méthode sociologique pour essayer de répondre à cette question, à savoir : comment se définissent les indiens. Beaucoup (au Pérou?) se disent Runa (ie un homme) face à Misti (le nom que donnent les indiens à tous ceux qui ne sont pas indiens, soit des hommes). Ensuite les gens, pour se définir, évoquent le village dont ils viennent, pour enfin se dire paysans.
A aucun moment ils ne diront qu'ils sont indiens, car le mot est très péjoratif dans les Andes.

2.       En Bolivie : l'avènement d'une idéologie indianiste
En Bolivie les indiens sont fiers d'être indiens et évoquent l'ethnie à laquelle ils appartiennent. Le mouvement Katariste a inventé « je suis campesino-indigena ». Il y a donc une forte revendication de ce qui est indien et il n'y a pas les problèmes d'auto identification qu'il y a au Pérou.

3.       En Amazonie : l'acceptation du terme indigène
L’Amazonie est la seule région où les gens disent qu'ils sont indigènes. Il y a des communautés natives en Amazonie, qui ont chacun leur langue, leur religion... sans doute parce qu'il n'y a pas ce passé divisé entre république espagnole et république indienne.

B.      Le déni d’une ethnicisation de l’analyse

1.       Une culture métisse avant tout
Bourricaud : les indiens sont fascinés par les métisses. Le rêve des indiens est de devenir aussi riches que les métisses et d'être les leaders du corps social. Selon lui, beaucoup d'indiens rêvent du statut social du métisse ; pour lui les indiens n'existaient déjà plus dans les années 50.
Poupeau et Dualtu travaillent pour le Mouvement pour le Socialisme (parti d'Evo Morales), un parti qui se dit socialiste et qui provient d'une mouvance syndicale.

2.       L'exemple des hautes terres
Révolution nationaliste de 1952 en Bolivie : lutte contre l'exploitation des mines de cuivre par les nord-américains, révolution marxiste et nationaliste. Viennent alors les idées du parti d'Evo Morales. Ils troquent le marxisme contre l'indianisme, ce que Poupeau appelle le « nationalisme pluriculturel », mais ce sont les mêmes dirigeants nationalistes.
Aidecep, ils ont un leader qui s'appelle Alberto Pissango. Ce dernier s'est présenté aux élections présidentielles en 2011 comme représentant tous les indiens d'Amazonie. RQ : il était marxiste il y a 15 ans et plus du tout aujourd'hui.
Ce n'est pas parce que les leaders de ces mouvements disent qu'ils sont indigènes que l'on doit les croire et qu'on doit croire à l'ethnicisation de leur mouvement. Ce sont les même gens et les mêmes structures.

C.      L’évolution de leadership indigène

1. Vies parallèles : Victor Hugo Cardenas et Evo Morales
Cardenas est un fondateur du mouvement katariste (vouloir le retour de l'empire incas), au point d'être traité de traitre par les mouvements syndicaux boliviens en 1994.
Morales vient des milieux syndicalistes, il est métisse et a grandi au milieu des Quechuas. En 2008, il s'est fait intronisé chef de tous les indiens de Bolivie.
è Cardenas est un vrai indien qu'on traite de traitre alors que Morales est un faux indien qui change au grès du vent.
Le leadership indigène n'est pas aux mains des indigènes en Bolivie mais aux mains des métisses qui se font passer pour indigènes.

3.       Miguel Palacin et la ré-indianisation de la CONOCAMI
Depuis 2006 il se prend pour un indien et rend un culte à la déesse terre, alors qu'avant il était communiste. Il a réinventé le leadership indigène.

4.       le nouveau profil des leaders amazoniens
JP Chaumeil : les leaders indigènes amazoniens étaient encore des adventistes (secte protestante) il y a vingt ans, qui prônaient une façon de faire de la politique influencée par les USA, sorte de vertu protestante. Aujourd'hui, les mêmes leaders ne sont plus adventistes mais indianistes et certains se disent chamanes.
La fabrique de la politique amazonienne conjugue l'ancestral et le moderne. Il y a dans ce cas une vraie fabrique du politique.
Pratiques occidentales non marxistes aujourd'hui. Impression que le rêve de Solorzano est en train de se réaliser, les indigènes se présentent aux élections présidentielles.
Les israélitas du Pérou sont des indiens persuadés que la fin du monde est proche. Ils s'habillent comme Joseph et Marie.

Epilogue : Entre esthétique et politique : l'américanisation du monde (Dépassement)

« Américanisation »* est un terme connoté négativement dès l'avant-guerre. Robert Aron parle du «cancer américain », c’est l'Amérique qui a inventé le règne de la machine, elle oblige tout le monde à adopter un mode de vie fondé sur la pure consommation, remplaçant le règne de l'esprit.
Dans les années 50 apparaît le terme d'antiaméricanisme* qui se développera (avec la guerre du Vietnam notamment).
RQ : Les historiens ont réfléchi sur l'américanisation sous l'angle de l'Amérique du Nord surtout.
JM Guéhenno, écrit avant le 11 septembre, en 1999 : Américanisation du monde ou mondialisation de l'Amérique ? Selon lui, l'exceptionnalisme Américain est l'idée selon laquelle les Américains pensent ils sont les seuls à incarner le progrès du monde et la mondialisation est un tremplin à l'extension universelle de ce modèle américain.
Modèle de l'Amérique dans lequel la communauté de choix doit primer sur la communauté de mémoire. L'Amérique rêve d'étendre la communauté de choix américaine à la terre entière, selon lui. Une fois la Californie conquise, l'Amérique projetterait sa frontière à la planète entière. Répandre son modèle sur la planète provoquera des haines et contre-feux, qui sont le revivalisme des cultures propres au nom des communautés de mémoires.
Dernière nuance entre West et America est importante ; selon lui on a tort de confondre américanisation et occidentalisation du monde. RQ : tous les auteurs précités quand ils disent occidentalisation du monde ne pensent qu'à l'Europe et Amérique du nord mais où est passé le Sud ? On oublie que la 1ère mondialisation a été Ibérique, si on l'oublie c'est un peu à cause de la Chine.
T. Brooke, l'Histoire Globale* (Global Studies qui ignorent l'amérique du sud) c’est l'histoire du monde qui s'est jouée entre l'Europe du Nord et la Chine au XVII. Les historiens réécrivent l'histoire moderne et la pensent en fonction d'une dualité Europe du nord/Chine. Le monde Ibérique est totalement absent de son livre.

Les Post Colonial Studies mettent l'accent sur l'Inde et l'Afrique et essaient de réécrire l'histoire du colonialisme à partir de l'Inde et l'Afrique à partir de logique du XIXème, or l'Amérique latine s'est libérée au XIXème, donc elle n'intéresse pas les post colonial studies.

Concept de l'américanisation du monde : l'Europe a fait la conquête de l'Amérique au XVIe, conquête qui a transporté un modèle de civilisation en Amérique Latine, qui a rencontré des civilisations indigènes et il y a eu un phénomène de métissage des références, plus ou moins fort. Ce métissage a donné lieu à des circulations hémisphériques d'inventions (métallurgie, musique, théologie, droit...)
Aussi, ce laboratoire américain ré-exporte ce qu'il a inventé pas simplement vers l'Europe, mais aussi vers l'Asie et l'Afrique.

I.                    Un humanisme euraméricain

L'humanisme* n'est pas qu'européen. L'Europe trouve dans l'Amérique une source d'inspiration utopique, qui se mondialisera aussi.

A.      au XVIème siècle : un humanisme synchrone

En 2009, les latino-américains, notamment les péruviens, ont célébré les 400 ans d'un livre considéré comme un des grands livres américains à savoir Les Commentaires Royaux de Garcilaso de la Vega, El Inca (car il y en a deux). Beaucoup de fierté.
Depuis 1996 l'UNESCO organise une journée du livre, le 23 avril, en référence au jour où 3 grands écrivains sont morts, en 1616 →  Shakespeare, Cervantes, et Garcilaso de la Vega.
A Barcelone il y a une coutume le 23 avril, qui est d'offrir une rose quand on achète un livre. Le directeur général de l'UNESCO en 96 choisit donc cette date étant la mort de ces 3 auteurs estimés comme l'un des plus grands biens mondiaux.
Garcilaso aurait pensé l'universalisme, le métissage, le multiculturalisme... Il est un passeur de civilisations extraordinaire ; il plaque les romains sur les incas et sera lu dans toute l'Europe.
è L’Amérique est donc très présente : derrière Don Quichotte se cache peut être la Colombie.
Tommaso Campanella en 1623 écrit la Cité du Soleil qui est très connu aussi.
Rome de Plume et Civitas Mexicus : le postulat d'un humanisme connecté.
Guzinski a travaillé sur un livre de Cervantes de Salazar qui compare Mexico à Rome, toujours à l'avantage de Mexico. Il dit que le Mexique est plus grand que la Grande Grèce des anciens grecs, que la ville de Mexico est plus belle que Venise. L'union de l'Europe et Amérique a réussi quelque chose de meilleur que les villes de l'ancien monde à le métissage entre l'Europe et l'Amérique crée quelque chose de supérieur. Mexico serait la 1ere ville métisse du monde mais une ville qui reexporte vers l'Asie. Cervantes de Salazar peut être considéré comme un humaniste américain.

Alexandra Russo réfléchit sur la façon dont les humanistes italiens ont créé le musée Picolini à Rome, ainsi que sur leur fascination pour les pièces d'art précolombiennes qui ressemblent à des pièces d'art d'antiquité romaine et grecque.
è Dialogue des 2 antiquités qui structure la possibilité d'un humanisme euroaméricain.

B.      L'argument du supplément d'humanité

Les Latino-américains sont de plus en plus conscients de pouvoir dialoguer sur un plan d'égalité avec les européens à propos de l'humanisme.
Edgard Montiel est un péruvien qui fut pendant longtemps secrétaire général de l'UNESCO. Il écrit plusieurs livres, notamment Une nouvelle Athènes en Amérique ; vers 1930 ce sujet est une obsession et Bogota se fait appeler la nouvelle Athènes
Alfonso Reyes, le Mexique va inventer un nouvel humanisme riche du métissage mexicain, riche de la Grèce ancienne et de l'héritage précolombien et mexicain.
Vasconcelos participe à l'Athénée de Mexico, il est fasciné par la Grèce et l'Inde du nord et il dit que l'Amérique va permettre un nouvel humanisme à la planète.
A Buenos Aire, Victoria Ocampo a fait venir des quantités d'hommes dont Roger Caiyua qui fera connaître en France l'Amérique Latine à son retour.
Belaunde rêvait que Lima soit la nouvelle Athènes du monde libre
L'humanisme métisse* c’est l’idée selon laquelle l'Europe est fichue car elle est devenue fasciste et qu’elle ignore la démocratie alors que l'Amérique, elle, met son métissage au service de l'idéal démocratique. Arciniegas incarne dans les années 40 cette idée.
L'humanisme métisse fascine les européens en Amérique latine à ce moment-là.
Des auteurs des années 60/70 : Octavio Paz, Carlos Fuentes, Asturias - tirent à nouveau la couverture vers la latinité ; et émettent la possibilité d’une autre mondialisation qui pourrait être latine selon Fuentes. Garcia Marquez est sensible à un humanisme d'en bas, ie métisse, pour lui l'Amérique latine peut seulement offrir un supplément d'humanité.
Mario Vargas Llosa reste au dialogue élite blanche-Europe.
è Il y a un humanisme américain

II.                  Vent d’ouest : utopies politiques contemporaines

A.      Mythologies révolutionnaires

L'Europe a été fascinée par l'Amérique latine. En France, M. Segura, dans La faucille et le Condor, essaie de repérer trois conjonctures durant lesquelles l’Europe s’est intéressé à l'Amérique Latine :
·         De 1950-1962 : période durant laquelle les français passent du bon sauvage au bon révolutionnaire
·         De 1962 à 1975 : les français ne parlent que de l'Amérique latine et l'auteur qui symbolise ce discours est Régis Debray
·         Jusqu'en 1985, période de décomposition, car les français découvrent la réalité du régime cubain et une série d'essais sont publiés, dénonçant Cuba par exemple ou le Chili d'Allende
·         Autre période allant de 94 à aujourd'hui où il y a une nouvelle fascination pour l'Amérique Latine car en 94 Régis Debray, José Bové, Manu Chao vont voir l'EZNL.
Le mythe du Che occupe une place de 1er rang : en réalité il illustre l'américanisation des élites européennes et mondiales. Façon américaine de faire la révolution. En 1997, ce sont les 30 ans de la mort du Che. Le culte du Che est lancé en France en 1979 par Jean Cau.
Pablo Taïbo s'en est pris aux Français en leur disant d'arrêter de penser que l'Amérique latine leur appartient et qu'ils sont capables de la comprendre.
De Sandino au «sous commandant» Marcos (79-97) : De la grange et Rico → le commandant Marcos était un mythe dans les années 90 en Europe.
Révolutions contemporaines
Chavez a des origines qui a légitimement fasciné les Vénézuéliens et les Européens. Quand il accède en 1999 au pouvoir, tout le monde est sous le charme. Chavez a installé une sorte de démocratie raciale, ce qui a fait réfléchir ceux qui avaient admiré Chavez au début (comme Habel). Il a ensuite déconcerté quand il a commencé à se prendre pour le christ.
Les mythologies révolutionnaires permettent d'affirmer le postulat d'américanisation du monde. Ces révolutions ne se sont pas vraiment propagées.

B.      Modèles alternatifs

D'autres éléments d'américanisation :
Ø  un autre catholicisme :
La théologie de la libération, d’Alves - Modèle américain de christianisme beaucoup plus populaire pourrait devenir un christianisme mondial.
Il y a aussi des sectes ultra catholiques en Amérique latine, notamment au Brésil.
Ø  une autre démocratie :
Il est étonnant de voir qu’au Chili de 64 à 70, le président démocrate-chrétien, Frey a voulu inventer la révolution dans la liberté comme nouvelle façon de gouverner.  En France certains voulaient que cela se répande à travers la planète.
Ø  un autre bien vivre :
Nos élites se passionnent aujourd'hui pour l'Equateur de Rafael Correa. Président qui en est à son 3ème mandat, et a lancé une révolution citoyenne qui s'exerce dans le domaine des chauffeurs de taxi, il a fermé 14 universités. Correa est un intellectuel issu des milieux d'affaires, il est le doyen du concept du buen vivir.
En 2008, une nouvelle constitution a mis au centre la notion de bien vivre*, notion définie comme biocentrique et qui met au centre la notion de terre mère - Sumak Kawsay.
La République de l'Equateur prend une voie alternative de gouvernement avec ce bien vivre. Il a créé un ministère du développement humain, chargé d'apprendre aux équatoriens le bien vivre. Mais pour cela il a besoin d'argent et il a donc donné une partie de l'Amazonie aux compagnies pétrolières et emprunte en Chine.
L'Amérique latine a inventé la théorie de la libération, a peut-être inventé un type de social-démocratie qui a fasciné les européens.

Epilogue de l’épilogue : l'Amérique Latine, muse de l'Europe...et du monde
Le jazz est l'un des meilleurs exemples d'américanisation du monde, il y a aussi le tango, la salsa - en Amérique latine les chanteurs s'exportent bien.
Art pictural américain aussi → Frida Kalo, peintre argentin Berni...

Le cinéma aussi → cinéma latino-américain a un écho mondial aujourd'hui, cubain. A voir : 79 primaveras, Batallia en el cielo. 

Transitions démocratiques dans les PECOs - cours 1 à 4 (complet)


-          Transition et démocratisation en Roumanie, Illusions, mythes et challenges, Miscoiu
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I.                    Etapes de la transition

Pas de consensus dans l’analyse politique concernant le phénomène de la transition, et plus particulièrement les étapes parcourues par les pays de la région dans ce processus de transition ; on s’accorde quand même sur le fait qu’il y a eu 4 grandes périodes, et 8 étapes de passation de pouvoir au sein de la première période.
4 Grandes périodes :
-          1989-1991 : période où l’on a le processus de passation du pouvoir lui-même et la transformation des systèmes communistes en systèmes en voie de démocratisation
-            1991-1995 : « post-communisme » (Leslie HOLMES
-  1996-2008 : consolidation démocratique ; les institutions ont promu un processus de transformation réelle ; étape au cours de laquelle les PECO ont adhérés à l’UE, à l’OTAN, à OSCE et cie – intégration euro-atlantique.
-          2008- aujourd’hui : étape du recul démocratique, inflexion dans le processus de démocratisation plus marqué dans certains pays, retour de pratiques autoritaires, autosuffisance des élites, chute de la participation citoyenne, mais en même temps une hausse de la contestation/de la rébellion politique.
La passation de pouvoir* (1988-1991) a connu 8 sous-étapes, lors de cette période. En 1988-89, les régimes politiques de l’Europe centrale et orientale étaient très différents, mais on peut identifier deux types de régimes communistes qui ont donné lieu à deux processus de démocratisation différents :
·         Régimes totalitaires
·         Régimes autoritaires
Différence entre totalitarisme et autoritarisme consiste en la nature du totalitarisme.          
                   
Ø  Les régimes totalitaires :
Le totalitarisme* suppose un contrôle total de la société par les structures dirigeantes, cela veut dire que dans l’ensemble des pays totalitaires il y a eu un chef de l’Etat qui exercé un contrôle sous les services secrets, ces derniers exercés un contrôle sur le parti unique, et le parti unique, à travers sa fusion avec les structures de l’Etat exercé un contrôle presque total sur les sociétés.
è Totalitarisme se caractérise par :
o   La verticale du pouvoir, et notamment par la relation entre le chef de l’Etat et un groupe très restreint issu des services secrets présents dans toutes les institutions.
o   Le fait que le régime niait la séparation entre le public et le privé. Le contrôle total du régime s’exerçait à la fois sur l’espace public et l’espace privé. Sur l’espace privé à travers le contrôle de la vie familiale (nb d’enfance, éducation…), des pratiques religieuses (la plupart idéologiquement interdites par l’Etat – ex : Albanie où l’Etat avait démoli l’ensemble des lieux de culte, mosquées et églises).
o   Tendance à l’isolationnisme (en Roumanie, liquidation totale des dettes extérieures aux frais de la population)

Ø  Régimes autoritaires
Les régimes autoritaires* étaient aussi pyramidaux, mais généralement il y avait un leadership collectif (chef de l’Etat, chef du parti, chef du gouvernement, président/chef du Parlement, ministres) qui exerçait une gestion collective. Il y avait des limites dans le contrôle de la société.
L’exemple le plus pertinent est la Hongrie –
·         absence de liberté d’expression MAIS il y avait quand même une certaine tolérance par rapport aux initiatives privées, système de mandataires càd d’auto-entrepreneurs qui avaient des petites et moyennes entreprises dans des domaines d’intérêt local.
·         Et du point de vue économique, il y avait une certaine sensibilité par rapport aux conditions de vie, càd que dans la plupart des pays totalitaires on manquait de tout, alors que dans les pays autoritaires, une certaine d’abondance, au moins pour subvenir aux besoins de base (rien à voir avec l’Occident, mais tout de même).
è Rhétorique du socialisme, mais aussi des éléments pour que la population ne sente pas bafouée par le système.
Donc en 1989, situations tellement différentes entre les régimes autoritaires et totalitaires, les étapes de passation de pouvoir ont été également différentes.

Les 8 étapes de la passation de pouvoir :

-          1e  étape : crise du leadership ; dans la totalité de ces pays les leaders étaient des dinosaures, installés au pouvoir dans les années 50 (en Hongrie, Imre Kadar depuis 1956, en Roumanie Ceaucescu depuis 65). Cette crise consiste en l’émergence au sein de  ces régimes des factions contestataires ; la contestation était de deux types :
o   Soit on critiquait le régime parce qu’il était trop violent, trop autoritaire, trop lié au début du communisme en Europe de l’Est. Critique les excès autoritaires du régime (majorité).
o   Soit on critiquait les dérives du régime par rapport à la doctrine initiale du communisme de l’Europe de l’Est. Notamment dans les pays autoritaires, il y avait des branches de l’armée qui étaient critiques dans les instances des régimes parce que devenu trop mou, trop faible, trop ouvert.

Dans chaque pays, on a traité la contestation d’une manière différentes ; les autoritaires ont eu tendance à l’absorber en essayant de coopter au pouvoir les contestataires (ont eu une part de pouvoir plus importante – ex : Tchéquoslovaquie, 1980s, encourage les 2e et 3e échelons du parti à rejoindre la capitale et de s’intégrer au gouvernement à renouveau politique) ; brusquement la contestation devient caduque.

Dans les pays totalitaires, stratégie de casser la contestation intérieure, au fur et à mesure que la contestation gagnait du terrain, on chassait du gouvernement et du parti les gens qui étaient perçus comme des félons. En Bulgarie, dans les années 80 on a coupé en deux le parti, et on a envoyé à la campagne des anciens ministres, membres du comité  central – punition.
è Evincer les contestataires.
Les deux stratégies, à long terme, a posé problème, en 1985, en URSS changement de pouvoir au sens où Gorbatchev avait décidé d’imposer des réformes radicales, dont :
§  Glastnost (la transparence)
§  Perestroïka (restructuration)
è Tout le monde était sur le cul.
è Il impose ses réformes, et donne un exemple à l’Europe de l’Est, à travers ses discours renonce aux interventions si émeutes il y a, si le régime est mis en question. A partir de ce moment-là, toutes les forces centrifuges du parti font pression sur les dinosaures. Double jeu : carte nationaliste par rapport à l’URSS, mais était certain de rester au pouvoir parce que l’Armée Rouge interviendrait de toute manière (ex : à Prague en 1968) – ce petit jeu ne fonctionne plus en 1985, puisque le système s’ouvre et se modifie. Fin des dinosaures, tous ceux qui voulaient le pouvoir dans les PECOs pouvaient les pousser dehors.

è Changement 1988-89 : pas uniquement une pression occidentale, pas uniquement une émeute grassroot ; il faut lire 1989 aussi comme une série de coups à l’intérieur des partis communistes.
Ccl Etape 1 : crise du leadership évidente à partir du moment où rien de garantissait plus le maintien, par tous les moyens, des leaders historiques des partis communistes. Les pressions deviennent de plus en plus importantes, et dans certains cas on va connaitre des alliances « bizarres ».

-          2e étape (plus marqué chez les autoritaires) : étape des tables rondes.

Alliance contre-nature entre les réformistes (dans certains cas les puschistes des PC) qui voulaient le pouvoir, et les éléments de l’opposition.
Opposition mixte :
o   Opposants d’avant 1985 : représentants de grandes familles politiques qui avaient dirigé les pays dans l(entre-deux guerres, et qui étaient durant le régime communiste, soient à l’étranger, soient incarcérés.
o   Ecrivains, anciens journalistes, intellectuels au sens large qui d’une manière plus ou moins composée avaient contestés contre les régimes 
è Niveau de la contestation, et répercussion : très différents suivant les pays.
§  Tchécoslovaquie, écrivains regroupés, Chartre de 1977, mouvement protestataire intellectuel contre le régime pour ses abus, et exigeaient des élections libres et la démocratisation. V.Havel (devenu ensuite président).
Phénomène organisé, et d’une certaine façon, les moyens de contrôle du régime étaient plus limités (une certaine tolérance).
§  Bulgarie ou Albanie, l’ensemble du phénomène contestataire consisté en 2-3poèmes publiés, des lettres ouvertes … Très individuel, et les répercussions très dures (évincés, emprisonnés, assassinés).
è Les contestataires de 1989 avait reçus un nom générique de « dissidents » (réalités très différentes).
o   Groupes émergents : réalité complexe, généralement des groupes formés des petits responsables locaux du PC, des hommes d’affaires (parfois des trafiquants), plus en plus des anciens des services secrets avec l’avantage de connaitre très bien l’ensemble des réalités socio-économiques du pays ainsi qu’un réseau.
De la part des réformistes, et de l’opposition on a une prétention au dialogue. On demande officiellement aux piliers du régime de réunir autour de ces tables rondes l’ensemble des acteurs intéressés par le changement. Pologne début 1989, Roumanie début 1990 (mort de Ceaucescu) – on organise ces tables rondes pour discuter de l’avenir des pays.
Ces tables rondes étaient perçues au début par les régimes communistes comme étant une opportunité, parce que l’URSS n’était plus là comme garant, il fallait donc trouver une autre variante pour se légitimer ; si les régimes communistes prétendaient qu’ils étaient ouverts pour écouter les autres, tout en gardant la main mise sur le système – alors dans quelques mois la situation allait se calmer, et donc le système serait le même à stratégie vouée à l’échec ; les PC se sont trompés sur le mécontentement qui existait à l’égard de la situation économique, sociale et politique.
Les tables rondes sont devenues rapidement une sorte de spectacle où on tirait à bout portant sur les tenants du régime coco ; quand la presse internationale a eu accès aux premières tables polonaises, tout le monde a vu le gouffre entre les dinosaures et les nouvelles forces communistes, ces derniers étant bien plus fort dans la négociation. Effet boule de neige qui a bousculé tous les régimes communistes ; et donc les TR ont eu comme principale résultat la délégitimation des régimes communistes, tout en montrant la différence en matière d’intention, et de capacités, tout en montrant la mauvaise foi des leaders des PC par rapport aux efforts qu’ils étaient censé faire au sein de ces TR.
Ces discussions,  d’abord organisés de manière chaotique, ont engagé le passage à la 3e étape.

-          3e étape : suppression du rôle dirigeant des PC.

Toutes les constitutions des PECOs  avaient repris cette formule imposée par Staline dans la constitution de l’URSS, or c’est en invoquant ce rôle dirigeant que les représentants du pouvoir ont voulu manipuler les TR. La pression a été tellement grande, que par exemple en Pologne en aout 1989 on a supprimé par décret (de la table ronde) la formule du rôle dirigeant des PC. Cette suppression a été symboliquement, et pratiquement très importante ; ex : Hongrie et Tchécoslovaquie, TR sans le PC.
Dans les pays totalitaires : situation un peu différente.
§  Bulgarie : Simulation de TR, mais décisions annulées, état d’urgence déclaré à plusieurs reprises
§  Roumanie : pas de TR avant déc 89 ; on dû avoir un coup d’Etat et une invasion de la foule des locaux du gouvernement et du PC, suivi par la condamnation, et procès sommaire de Ceauscescu, en déc 89 exécuté. Au pouvoir : une sorte de combinaison entre les réformateurs et l’opposition.
§  Albanie : régime résiste plus longtemps, 1ières TR en 1991, suivi par une guerre civile. Autre temporalité.
A travers la suppression du rôle dirigeant du PC, on arrive à changer le centre du pouvoir en créant des structures, pas légales du point du vue du système coco, mais émanant de demandes populaires.

-          4e étape : les décisions prises dans les TR et les décrets du pouvoir ont permis la législation du pluralisme politique.

Ex en Pologne, en 1989, de facto Solidarnose (parti politique), et fin 89 officialisation du pluralisme, avec notamment une loi des partis politiques.
Les PC au pouvoir avaient tenté de faire une manipulation au sens qu’au sein même des PC, il y avait un faux pluralisme. Dans les années 1940 on avait constitué des partis ouvriers (correspondait plus ou moins au PC), des partis agrairiens (toujours dirigés par les PC, mais mission : stimuler l’enracinement du coco dans les milieux ruraux), ensuite pour des raisons de légitimisation on faisait semblant qu’il y avait des élections, avec plusieurs candidats (un de chaque).
Dans d’autres pays, on a gardé des factions, anciennes dissidentes dans les années 30-40 ; comme par exemple des partis socio-démocrates qui avaient ralliés les dirigeants communistes et qui ont été tolérés, toujours pour simuler un pluralisme politique ;
Là où ce faux pluralisme, le PC au pouvoir a voulu considérer que c’était suffisant, il ne faut pas inventer d’autres partis. ECHEC. A travers des décrets, et décisions des TR on instaure un véritable pluralisme ; généralement ce phénomène se déroule en Hongrie dès janv 89 avec un mouvement civique (sorte de parti qui veut candidater aux élections), et seulement fin 91 en Albanie avec une loi de pluralisme.

-          5e étape : changements au sein des PC - Scissions qui ont lieu notamment en engendrant deux tendances :
§  Les réformistes qui prennent le nom de parti social-démocrate (parti socialiste/parti réformiste), et se constituent en parti en tant que tel
§  Les conservateurs, gardent le nom de PC, mais dans la plupart des cas Parti du travail, parti socialiste du travail, parti de gauche…
Entre ces deux groupes commencent des guerres sur le patrimoine du PC revendiqué par les deux côtés, et à l’exception notable de la Tchécoslovaquie où le coco était plus enraciné dans le monde ouvrier depuis l’entre-deux-guerres qui garde l’existence d’un PC encore aujourd’hui, dans tous les pays le vocabulaire banni le mot de communisme auquel on rattache aux régimes autoritaires et totalitaires ; même les pro-staliniens changent de nom (pour se séparer du régime de l’oppression précédent).

-          6e étape : premières élections libres.

Dans tous ces pays, il y avait même avant 89 des élections qui étaient des célébrations du pouvoir et des leaders. Le moment de l’élection était festif, où l’on faisait une certaine allégeance au pouvoir en place.  Cette tradition de célébration, explique le fait que lors des premières élections organisées, les PC n’obtiennent pas des résultats si mauvais par rapport à leur réputation – ex : en Bulgarie, malgré les fraudes, le PC a remporté les élections. Idem en Roumanie, le FSN (néo-coco) gagne. Célébration du pouvoir en place – reproduction plus que le changement.
Suite à ces élections, confirmation de l’héritage différent entre les pays autoritaires, et totalitaires. Dans les anciens régimes autoritaires, ce sont les partis d’opposition qui gagnent avec un réel changement du pouvoir. Tandis que dans les anciens pays totalitaires (Bulgarie, Roumanie, Albanie, ex-URSS : Russie, Ukraine, Moldavie), ce sont souvent les héritiers du PC qui gagnent ces 1ières élections ; l’alternance est repoussé vers 1995-96. 

-          7e étape : changement du nom de l’Etat.

Génériquement les Etats s’appelaient « Républiques/socialiste/populaire/démocratique de » ; par des décrets à valeur constitutionnelle, le nouveau pouvoir change le nom en supprimant les adjectifs cités ci-dessus ; unicité absolument : Roumanie avec un article qui interdisait un retour à la monarchie, les autres s’appellent la « République de ».
Drapeau où l’on enlève l’emblème communiste/socialiste (étoile rouge, faucille/marteau).

-          8e étape : émergence d’une nouvelle constitution.

Processus très compliqué, notamment parce que toute nouvelle constitution doit répondre à un paradoxe : si on décide l’adoption d’une nouvelle constitution complètement neuve par rapport à celle en place, on est devant l’inégalité ; toute constitution contient des articles régissant la façon dont elle peut être amendée mais aucune constitution ne prévoit la situation de sa propre suppression/remplacement parce qu’elle est censée donner un ordre.
Certains pays ont donc décidé de garder la constitution communiste en place en lui apportant certains amendements, notamment la Hongrie et la Pologne (champions de la transition) :
o   Enlève : rôle dirigeant du PC, autoritarisme
o   ajoute : pluralisme, DH, propriété privée
Dans d’autres pays on a dû ériger le Parlement en pouvoir constituant – tâche dévolu au 1er Parlement élu après 1989 dans un délai de 6 mois à 1 an ; deux variantes :
o   retour à la constitution d’avant 1945 : possible dans la plupart des cas si on voulait une république parlementaire
o   création de constitution sur les modèles de la France, de la Belgique, et dans une moindre mesure des EU, ou l’Autriche. Dans ces cas de figures, on a installé des régimes semi-présidentiels avec un président élu au suffrage universel.
On peut comprendre pourquoi on voulait des constitutions neuves : pour instaurer un nouveau type de régimes dans ces pays-là, cela a ouvert la voie pour ces pays (Roumanie, Lituanie) a une vive contestation de la part des experts en droit constitutionnel qui même aujourd’hui considère que le pouvoir constitutionnel était nul de droit. Ceci dit, au début des années 90, au plus tard 93, on a de nouvelles constitutions post-communistes qui étaient généralement démocratiques, certes imparfaites, mais ressemblaient bien aux constitutions des Etats où la démocratie fonctionnait.

è Cette 8e étape marque la fin de la première période. 
Conclusion sur la période 1989-1991 : T.G Ash donne principe de « réfolution » càd le réformisme des jeunes communistes, et les révolutions populaires qui étaient authentiques et qui ont parfois terminées dans des bains de sang. Chacun visait d’une certaine façon le changement, avec des suites différentes. Il y avait sans doute des factions qui voulaient garder le système tout en l’améliorant, et pour cela il fallait évincés les dinosaures ; et très certainement une vague révolutionnaire, authentique, parfois poussée par l’occident qui visait la transformation démocratique dans ces pays.

II.                  Partis et acteurs politiques dans les PECOs

Généralement après l’instauration du pluralisme, on a des groupements politiques. 1995, Russie, parti gagnant avec moins de 21% des voies, le PCR, et il y avait 28 partis de représentés en tout. Emiettement qui montre que tout citoyen voulait concevoir son parti.
Le système était très permissif avec des conditions favorables pour la création de partis. Et au début, notamment en 90, lorsque l’on a créée la plupart des partis politiques, il y avait une réticence à l’usage du mot « parti » pour plusieurs raisons :
-          Le Parti était forcément le PC, et donc pour rompre le lien avec le PC on évitait l’usage du mot parti en soi
-          Beaucoup de factions/groupes qui étaient créées en illégalité avant 1989 et qui ont poursuivi leurs activités politiques ; puisqu’interdits, ils ne pouvaient pas s’appeler parti donc : alliance, union, front, forum, cercle, groupe…
-          Par rapport à la politique : réticence, parce que toutes politiques devaient être liée d’une manière ou d’un autre au PC et au pouvoir.
Donc les groupes émergents n’étaient pas des partis, avec un émiettement important, avec grosso-modo trois types de partis selon leurs origines :

·         Partis qui résultaient de la scission des PC, généralement les réformistes, et les conservateurs communistes qui avaient créés chacun un voire 2 ou 3 partis. Ils se prétendaient de gauche, et sans faire référence au communisme, ils gardaient certains éléments du passé (anti-fascisme).

·         Partis « historiques » càd de l’entre-deux-guerres qui avaient été refondés en 89-90, généralement les leaders étaient des leaders des organisations de jeunesse de l’entre-de-guerre ou des années 40 ; les plus fortunés d’entre eux étaient en exiles à Paris, Londres ou NYC, période dans laquelle ils avaient gardés un parti en diaspora (libéral, conservatrice, paysanne, socio-démocrate…). Revenir au pays : transposé les structures maintenus pendant cette période au pays d’origine.
Avantage : expérience politique, légitimité, argent
Inconvénient : âge, absence de faculté adaptabilité (partis pendant longtemps, avec des accents, méconnaissance de leurs pays d’origine).
Rôle important dans les années 90 parce qu’ils représentaient de vrais maillons entre l’Occident et l’Orient, facilitant les contacts. A la fin des années 90, les personnes partent, le parti survit mais ont dû changer.

·         Partis émergents souvent issus de l’activité de certains dissidents opposés au régime communiste qui portaient des noms comme : le forum civique (Tchq), forum démocratique (hongrie) … Mouvements citoyens qui avaient des objectifs très réformateurs. Généralement ont fait des alliances avec les partis historiques tout en étant majoritaire par rapport aux  partis hérités des PC.
Se revendiquent du centre-droit, et s’opposent aux héritiers du PC.

Point de différence majeure avec l’Europe occidentale : généralement, on dit parti de droite/parti de gauche ; la droite étant normalement conservatrice et la gauche réformiste ; sauf que dans les pays de l’Europe centrale et orientale, les sens ont été inversés. Les conservateurs étant ceux qui voulaient conserver le communisme en temporisant les réformes, reposant sur un électorat plus rural, paradoxalement plus ancré dans la pratique religieuse (donc la gauche), et les réformistes voulaient réformer en mettant en place l’européanisation, libéralisation, intégration internationale avec un électorat urbain, libéral et moins religieux (donc à droite).
è Donc dans les PECOs clivage entre les réformateurs (droite) et les néo-communistes (gauche).
è Temporalité très différentes

Dans chacun de ces pays, une concentration politique càd une baisse du nombre de partis et l’émergence des cartels qui s’enracinent. Ce phénomène a trois grandes raisons :

-          Liées à la législation : en 1990, un système proportionnel (mandats en fonction de votes), avec des seuils électoraux de 3% (si pas ce score : n’entre pas au Parlement), sans cela émiettement des représentants au Parlement : on passe de 25 partis à 11-15 partis au Parlement. En 2013 : seuils de 5-6% (prohibitifs pour les petits partis), et des systèmes mixtes voire majoritaires (comme les législatives en France) – ce qui a comme conséquence une réduction du nombre de partis au Parlement (2-3 grandes coalitions).
-          Liées à la relation entre l’argent, les médias et les partis politiques : à la fois individus parlementaires voire chefs des partis parlementaires qui sont propriétaires des trust médias et qui à travers ceux-ci contrôlent la politique.
-          Liées à l’Européanisation : s’associer aux partis européens. Les grands groupes du parlement européens (Parti socialiste, groupe alliances des libéraux, les écologistes, la nouvelle gauche, nationalistes/souverainiste, parti populaire européen) se sont associer avec les partis locaux selon leurs idéologies politiques, avec quelques adaptations. Cette tendance a cerné les repères idéologiques dans la région, même si les différences gauche/droite entre Ouest et Est restent importantes.

III.                Institutions et relations inter-institutionnelles
Les types de regimes :

A.      Régime présidentiel 

Le peuple élit au suffrage universel le président et le parlement qui sont indépendants par rapport à l'autre.
Le Président est chef de l'Etat et du gouvernement, il incarne lui et le cabinet/gouvernement, le pouvoir exécutif, ils en ont la responsabilité. Le Président est seul responsable de la nomination des membres du cabinet.
Le Parlement a un mandat indépendant par rapport au Président, pour la garantir, on organise des élections à des moments différents. Le Parlement et lui seul incarne le pouvoir législatif.
On dit qu'entre les deux il y a une séparation rigide mais en réalité il existe une interaction entre les : les propositions de lois émanent de l’exécutif mais il n'a pas la possibilité d'outre passer le Parlement, il ne peut légiférer à sa place.
La Président peut dissoudre l'Assemblée et le législatif ne peut pas déterminer la démission ou la suspension de l’exécutif, or cas exceptionnel de l'impeachment où le président est jugé par le Parlement, il s'agit d'un contrôle collectif ultime exercé sur le Président. Il n'y a pas la motion de censure ici afin de déterminer la démission ou recomposition de l'exécutif.
Le législatif exerce la fonction de contrôle de l'exécutif à travers des rapports, des cessions de question réponses, et des commissions d'enquête.
Ce système fonctionne aux USA, dans beaucoup de pays d'Amérique Latine (n'ont donc pas de premier ministre). De manière démocratique cela fonctionne uniquement aux USA, puisqu’en Amérique Latine le Président exerce souvent un contrôle sur le législatif, le pouvoir est personnalisé. Il fait aussi rajouter qu'aux USA, le système fédéral limite le pouvoir réel du Président et du Congrès et  évite ainsi la possibilité de faire des abus de pouvoir.

B.      Système à dominante parlementaire

Deux types :
Ø  monarchie constitutionnelle
Ø  république parlementaire.
Dans la monarchie constitutionnelle le monarque est chef de l'Etat mais pas du gouvernement, son rôle est quasiment symbolique. Le seul organisme élu par le peuple est le Parlement qui détermine l'exécutif au sens où la majorité parlementaire qui résulte des élections décide sur une proposition de PM, le souverain accepte ou non la proposition et il peut former son exécutif alors.
Ensuite le PM et son cabinet doivent obtenir le vote de confiance du Parlement pour devenir gouvernement officiel.
Les relations inter-institutionnelles sont ici plus complexes.
Dans les républiques parlementaires : compétences de représentation aussi du chef de l'Etat et l'élection du président se fait soit par le parlement soit par un corps élargi qui peut regrouper des représentants des Etats fédéraux, des autorités locales.
Ici les relations les plus importantes sont entre le Parlement et l'exécutif.

Relations inter-institutionnelles :
·         Relation entre le Parlement et l'exécutif dans son ensemble, ie le cabinet.
Généralement les ministres sont membres du Parlement, ils sont en relation étroite avec les groupes parlementaires et sont présents pour défendre la politique de l'exécutif devant le Parlement. On dit que les relations de séparation de pouvoirs sont flexibles car il y a cette possibilité d'être ministre et membre du Parlement.
Les conditionnements sont mutuels : le Parlement a ici la motion de censure mais l'exécutif peut faire des élections anticipées (tout en démissionnant en bloc et en empêchant la formation d'une autre majorité). Les parlementaires, une fois élus, n'aiment pas avoir à affronter de nouvelles élections et  le gouvernement essaiera d'empêcher le passage d'une motion de censure.
è L’exécutif et le Parlement doivent être tout le temps en contact et en collaboration, si la relation se casse alors il y a une instabilité que les deux partis veulent éviter.

·         Relation entre le PM et son exécutif
Après la 2GM on a voulu installer des systèmes où l'exécutif est collectif et le PM est une émanation de cette collectivité en étant une sorte de premier fonctionnaire du pays. Le PM était à l'écoute de l'exécutif et s'il y avait des distensions au sein de l'exécutif soit le ministre pas d'accord avec le gouvernement démissionnait, soit le PM à  Politique consensualiste ici.
Après les années 80, la situation a changé, on voit l'émergence d’un PM comme étant  l’incarnation du pouvoir, les constitutions ne changent pas en soi mais les rapports informels changent.
Avant les élections les partis présentent, avant leur programme, leur candidat à la fonction de PM. Si le candidat à la fonction de PM représente son parti, alors le collectif est soumis à la volonté du PM qui désigne alors tous les ministres et les remplace éventuellement.
L'exécutif a perdu la primauté qu'il avait sur le PM ; la compétition est aujourd'hui plus importante que la logique consensualiste d'avant.
Margareth Thatcher a inauguré ce changement en GB fin des 70, en bouleversant la donne.

·         Relation PM et Parlement
PM est membre du Parlement,  rares sont les cas où il ne l’est pas, souvent c’est le chef de file de la majorité, c’est pourquoi il s’intéresse à ce qui se passe au Parlement : pour rendre des comptes et guider la majorité, en imposant son point de vue devant des Parlementaires qui pourraient avoir d’autres visions.
C’est pourquoi : quand motion de censure, c’est d’abord le PM qui est visé, et c’est toujours lui qui doit refuser la motion devant le parlement. Sa présence permet deux choses :
-          Le maintien de la majorité parlementaire – vote selon la consigne du parti majoritaire ; fonction nécessaire notamment en cas de courte majorité
-          Permet d’imposer la politique gouvernementale – les Parlements mettent l’accent sur l’initiative parlementaire, et non pas seulement travailler sur les projets de lois du gouvernement, mais proposer des lois soi-même. Dans les cas, où faible majorité, toujours risque d’une multiplication des initiatives parlementaires (qui ne viennent pas du gouvernement) qui peuvent mettre en danger le gouvernement. Logique de la priorité législative : les parlementaires doivent d’abord discuter les projets qui viennent du gouvernement (présent dans toutes les constitutions) – mais c’est en général la décision du bureau du Parlement (si courte majorité, si opposants…) à encore plus important que le PM dirige la politique de manière directe au Parlement.
Système république parlementaire et monarchie constitutionnelle.
Choisit par la Rép Tchèque et la Hongrie.

C.       Semi-présidentiel – régime mixte

Le régime français dans lequel le peuple élit le président qui est uniquement chef de l’Etat, et le Parlement qui incarne le pouvoir législatif. On a un PM qui est chef de l’exécutif (différence du régime présidentiel) et le Président à une nature double en étant à la fois chef de l’Etat donc garant des institutions et rôle d’arbitre entre les pouvoirs mais en même temps il est une partie du pouvoir exécutif (dirige ce qui se passe au gouvernement, nominations ministérielles…). PM s’applique surtout de l’application des lois alors que l’initiation des lois et lignes politiques sont fixés par le Président.
Comme dans le système Parlementaire, le PM doit avoir une majorité au Parlement. Il y a la motion de censure par le biais de laquelle la majorité gouvernementale peut être renversée.
Dans ce système, à la différence du syst présidentiel, il y a la possibilité de la dissolution, dans certaines conditions ; et donc il y a un conditionnement réciproque – pression sur le Parlement.
Ce système a été inauguré durant la Ve Rép française avec une double volonté :
-          Avoir un père de la Nation – parternalisme. Personnage fort capable de décider en politique et de représenter la République
-          Maintenir la représentation et la démocratie parlementaire
Le compromis trouvé à renforcer le rôle du président mais finalement n’a pas annulé le rôle du Parlement ; or on a vu quels sont les rapports de pouvoir en période de cohabitation – avec un président d’un parti, et une majorité parlementaire y compris PM qui appartient à un autre parti. Dans ces périodes-là, le système se « de-présidentialise »  et devient plus proche du système des républiques parlementaires.
Cette logique d’avoir à la fois un paternalisme, et un jeu parlementaire a été pour les PECOs un modèle très séduisant, les mêmes arguments ont été invoqués :
-          le fait que la culture démocratique était très fragile et donc il fallait renforcer les institutions,
-          qu’ils avaient des cultures politiques parternalistes ; il fallait un repère fort
-          la capacité de défendre le pays – on pensait qu’un personnage qui détenait les fonctions régaliennes au sein de l’Etat pouvait mieux gérer les menaces. Contexte non-neutre : dictatures pendant plus de 50 ans, et il y avait des revendications territoriales entre pays voisins, et on ne savait pas ce qu’il allait se passer en URSS…
On choisit ce régime pour ces raisons ; majorité des PECO ont choisi ce régime.

IV.                De la démocratisation au recul démocratique ?

A.      Conditionnalité

Les PECO se sont orientés, dans les années 90, vers l’UE, l’OTAN, OSCE, Conseil de l’Europe… Et quand le problème de l’élargissement de l’UE et de l’OTAN s’est posé – il y a eu la stratégie de conditionnalité : l’adhésion est conditionnée par une série de critères. Cas de figure déséquilibré, l’Europe centrale était économiquement affaiblie, politiquement marginalisée, et la conditionnalité était l’adoption d’un acquis – les PECO ne pouvaient pas vraiment négociés ; c’est bien dans le sens où ils ont dû brûler les étapes et appliqués des systèmes contraignants/
Ex : système judiciaire a fait l’objet de conditions – avant d’autres pays (comme l’Autriche/Italie/Espagne) ont a imposé dans les constitutions une garantie de l’indépendance de la justice. Les conseils supérieurs de la magistrature (CSM), crées avant l’Europe de l’Ouest en Europe de l’Est étaient censé garantir l’indépendance de la justice par rapport à la politique.
Schéma classique selon lequel le système repose sur le ministre de la justice et les procureurs sont parties de l’exécutif parce que soumis aux ordres du ministre – catastrophe dans les PECO : justice politisée, et dépendante de la ligne gouvernementale. Donc CSM dont dépendaient la nomination des procureurs.
Problèmes qui a priori sont plus graves que dans l’ouest – schéma classique du ministre/procureur, mais source d’abus, on renonce donc à ce système pour créer ces CSM qui imposent des règles plus strictes et plus neutres (solution innovatrice) ; modèle qui est peu à peu repris par les pays de l’Ouest.

Critères d’adhésion non-négociables par les PECO – critères de Copenhague, Sommet de Copenhague ; 2 types de critères.
·         Politico-institutionnels : Existence de la démo, de l’Etat de droit, des DH et des minorités
·         Socio- Economiques : marché fonctionnel, capacité de faire face aux pressions et aux forces du marché international notamment européen

En plus de ces critères généraux, on a imposé des feuilles de route – des check lists pour chaque pays, avec détail des critères d’adhésion. Elles deviennent opérationnelles à partir de 1995, et à partir du moment où le pays concerné obtient le statut officiel de candidat, ces feuilles de route sont complétés par des dossiers de négociation, ces derniers contiennent les critères imposés, et les exceptions possibles. Entre 95 et 2002, pour 8 PECO (2005 pour la Bul/Rou), on a négocié chaque dossier et bouclé un à un. En 2002 : Hongrie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Rép Tchèque + 3 pays baltes. En 2005 pour adhésion en 2007 de la Roumanie et de la Bulgarie.
Adhésion de la Suède, de l’Autriche et de la Finlande à l’UE en 1995 – même période où mise en place des critères très durs – et on se rend compte que les fameux critères de Copenhague ne sont pas remplis pour l’Autriche par exemple, mais c’était une autre base de négociation ; idem pour la Grèce.
RQ : émeutes anti-UE lors des négociations en Slovaquie (pas de référendum, mais apparemment 65% contre) – surtout du fait d’une séries de réformes structurelles très dures.
è Processus très déséquilibré entre les deux Europes : celle invitée, et celle qui doit toujours se prouver capable.
Pas assez exploitée la piste du traumatisme de l’adhésion pour ces pays, après crise de 2008 : sorte de revanche des sentiments nationaux blessés par le communisme, et par le processus d’adhésion qui n’a pas mené au « paradis attendu ».

B.      Recul démocratique
Deux lectures majeures de la transition :

1.       Lecture classique/orthodoxe

Le processus de transition est progressif, continu. On admet qu’il y ait quelques phases de stagnation, mais processus progressif qui se dirige vers une intensification de la démocratisation.
Ce processus serait fait d’une manière homogène dans les différents domaines de la transition ; c’est-à-dire que l’on a :
-          du point de vue économique une libéralisation de plus en plus prononcée, l’horizon final étant l’élimination complète de toutes traces de dirigisme, de planification, d’interventionnisme. Plus c’est libéral, moins c’est contrôlé, mieux c’est, plus démocratique c’est.
-          Du point de vue social : une libéralisation par rapport aux contraintes du passé ; ex : début des années 90, le revenu minimal est considéré comme un aspect du communisme, et devait être supprimé. Ouverture du marché du travail et par un min de contraintes imposées aux entreprises.
-          Du point de vue politique concomitant avec les autres, où l’on encourage le pluralisme, la diversité, l’Etat de droit
La démocratisation est un processus quasi-linéaire, elle peut être interrompue par un coup d’état ou dictature, mais c’est naturellement un processus linéaire. L’auteur favori des transitologues est F.Fukumaya : il n’y a plus d’obstacle au triomphe du capitalisme libéral, tôt ou tard chaque système en sera parce que c’est inscrit dans la nature de l’être humain, c’est l’homme qui est et vit dans les règles du libéral ; et l’intervention du politique lors du temps communiste a changé cet ordre naturel.
Processus d’occidentalisation : les normes propres à un monde occidental, imaginaire /projeté/idéalisé doivent être les normes des PECOs tout en marquant ainsi le succès de la transition. Bizarre ces normes sont imposées en matière économique, et partiellement en matière politique ; ces normes peuvent faire exception en matière sociale et culturelle. On devine les points de résistance : exceptionnalité culturelle – poids de la religion, traitement des minorités…
Ccl : lecture qui se concentre peu sur le « comment » faut faire – lecture surtout dans les années 1990, mais dans certains pays des Balkans aussi dans les années 2000

2.       Lecture critique de la 1ier lecture

Lecture classique pose des problèmes :

·         Liés au dogme du progrès : concept très vaguement traité, et réduit au progrès économique lui-même généralement réduit aux marqueurs visibles du progrès économique (les dépenses courantes des ménages, nombre de voiture par habitant…), or ces marqueurs montrent une poussée de la consommation évidente, mais ne montrent pas un développement à long terme, ne montre pas une tendance à l’investissement profitable à long terme.
Aujourd’hui : développement socio-économique plus en rapport avec le long-terme.
·         Absence de contextualisation : on décrit une généralité mais finalement on ne veut pas observer la temporalité différente ; d’après la lecture orthodoxe 1989-90 est l’année zéro, et tous les Etats sont mesurés en fonction de cette ligne de départ, ce qui ne correspond pas à la réalité (ex : Bulgarie a commencé en août 1991). Décontextualise et on crée une théorie de la transition qui ne correspond pas à la réalité, les départs sont différents, et les stratégies de départ étaient également différentes.

Faudrait proposer une ligne de lecture plus réaliste, selon laquelle :

La transition est loin d’être un processus linéaire ; il connaît de la stagnation, mais aussi du recul dans certains domaines (y compris économique) ; 2008 : crise et recul réel dans la liberté d’initiative des entrepreneurs (plus les moyens pour soutenir le réseau de PME, mesures législatives qui limite la création de nouvelles entreprises qui ne paraissaient pas suffisamment rentables)
Certitude : il n’y a pas de système institutionnel vraiment à l’abris du recul démocratique ; phénomène dans la majorité des situations déjà connues au sein de différents systèmes institutionnels.
-          1990-95 : post communisme
-          Après 95 : consolidation démocratique
-          A partir de 2008 : signes d’une sorte de recul

Mécanisme causal du recul :
o   L’adhésion à l’UE : a mis fin aux possibilités liés à la conditionnalité (une fois dedans, le statut dans l’UE ne peut pas être remis en question : pas de contrôle), et donc il y a pour les chefs d’Etats des possibilités d’abuser du système en général
o   Crises après 2008, a donné dans les PECOs, la cure d’austérité la plus sévère que cette zone n’a jamais connu, traduit dans les institutions par une sorte de néo-autoritarisme pour implémenter ces mesures d’austérité. Nécessité d’imposer d’une main forte ce « remède »
è Entre ces deux éléments : image d’un recul démocratique dans la région
Rappel :
·         Depuis 2007 tous les PECOs (sauf Croatie en 2013) sont dans  l’UE
·         Juillet/aout 2008 : déclenchement de la crise
·         2e moitié de 2009 : effets de la crise dans les PECOs
·         Entre 2009 et 2012 : au plus haut de l’application des mesures d’austérité

Deux grandes dimensions du recul :

Ø  Institutionnelle :
On trouve deux phénomènes intéressants :
o   Rééquilibrage institutionnel qui consiste en la remise en place de « la verticale du pouvoir » (Poutine) : au sein de tout système politique Président/PM, il y a des gouvernements et des majorités très disciplinées, et il faut avoir des oppositions coopérantes qui aident les gouvernements/PM dans la mise en place des politiques anti-austérités.  Borisov : verticalité du pouvoir  - se comporter comme un chef d’armée, récompenser ceux qui agissent bien, et punir ceux qui ne le font pas – logique de la discipline politique.
Concrètement : passe par la réduction du nombre d’un côté, et de la capacité de l’autre côté des institutions qui étaient des contre-pouvoirs ; corps discipliné : alors on ne peut admettre d’être remis en question par ses propres « soldats ».
Ex : Rou et Slov, 2011,  faire en sorte que les conseils économiques et sociaux (CES) ne soient plus obligatoirement consultés lorsqu’on adopte une certaine loi. Le CES, lien avec Bruxelles, devait être consulté pour chaque mesure de nature sociale ou économique.
Hongrie : par la loi on limite les possibilités pour que la Cour constitutionnelle puisse se prononcer en matière législative. Avant tous pouvait la saisir lorsque l’Etat abusait.
è Mesures qui réduisent la capacité institutionnelle de résistance à un gouvernement.

o   Révision des procédures législatives notamment qui tiennent à la prise de décision.
§  Le plus fréquent : les ordonnances d’urgence qui existent dans la plupart des constitutions des PECOs et qui visent notamment l’habilitation du gouvernement d’agir quand urgence il y a. Initialement elles étaient conçues pour catastrophes naturelles, les guerres, ou situations imprévues. Souvent définition floue des domaines de compétence de l’Etat dans le cadre de ces ordonnances, et donc vu les cultures politiques de ces pays, on a commencé à gouverner par ordonnances d’urgence.
Ex : Serbie, 2011, 2/3 des lois étaient en fait des ordonnances d’urgence du gouvernement, parce que le caractère urgent n’a pas été défini dans la constitution, et dans la pratique très vague.
Ces ordonnances prennent effet immédiatement, elles arrivent comme des propositions de lois devant le Parlement, mais il faut savoir que dans le gouvernement adopte dans une aprem 60 mesures d’urgence, et Parlement doit les débattre pour les intégrer dans une loi, il est toujours trop tard. Mais comme elles prennent effet directement, lors de son introduction dans le Journal Officiel, c’est toujours trop tard.
§  Prise de responsabilité (art 49.3 dans la Constitution fr) : le gouvernement prend la responsabilité devant le Parlement. « Accordez-moi votre confiance avec la loi en l’état sinon je quitte » : gouvernement qui héroïquement assume la responsabilité d’un projet de loi pour limiter la crise ou relancer l’éco, qui osera alors dans le Parlement osera aller contre pour faire chuter le gouvernement, avec une nouvelle perte de temps… Culture politique du conformisme.
Ex : 2009, Hongrie, 2 fois ; 2010, Roumanie, 5 fois ; 2011, Rep Tchq, 4 fois – généralement des projets de lois qui prévoyaient des coupures massives de fonds pour le syst universitaires.
Cynisme de l’opposition : si coupable de la chute du gouvernement, on ne sera pas élu ensuite.
è Crise comme alibi afin de passer outre le processus des institutions démocratiques 
§  « nous avons besoin d’avoir des institutions pleines d’énergie qui agissent plus qu’elles ne débattent », 2010, Basescu
§  « l’UE n’a rien à nous enseigner de toute façon nous sommes au sein de l’UE, et l’UE est vraiment tout ce que nous voulons faire d’elle », 2011, Klaus – conditionnalité inverse.
è Manière de faire les choses qui détermine un discours selon lequel les parlements deviennent des institutions caduques ; et qu’il faut trouver d’autres manières pour être plus efficace.
Ccl dimension institutionnelle du recul démocratique : on a à la fois la suppression d’institution ou la réduction de leur efficacité (cours constitutionnelles), et des changements empiriques des procédures (abus d’ordonnances d’urgence). Les cours constitutionnelles au début des années 90 étaient très contrôlées du point de vue politique, et n’ont pas réagi aux 1ières ordonnances d’urgence alors qu’il n’y avait d’urgence. Jurisprudence : la cour fixe l’urgence, et essaie de recontextualiser l’urgence.   
     
Ø  Politico-culturelle : culture politique

a)      Fin du consensualisme
Avec la crise et à l’abris des critiques de l’UE, tous les démons de la post-transition sont réanimés, et l’heure n’est plus au consensus mais à la confrontation ; cette dernière divise la société en deux blocs :
-          Nous : les sauveurs, ceux qui font la guerre à la crise, les courageux qui imposent des mesures impopulaires, les efficaces, les gens du bon sens
-          Eux : les élites corrompues, les néo-communistes, parfois les athées, les mous
La rhétorique de l’anti-corruption acquiert un aspect héroïque ; le seul consensus doit se faire autour du combat contre la crise, et nous avons besoin de réprimander les ennemis de ce combat, tout ce qui ne correspond pas à la lutte anti-crise, ce qui en généralement reste dans uen logique de l’assistanat, d’absences de mesures braves.
Volonté de mettre un terme au consensualisme ; ex : de la Hongrie, on passe en moins de 5 ans de 10 à 3 partis au Parl, et si avant on avait besoin d’obtenir un consensus – aujourd’hui on a un parti à 60% ; le consensus est donc devenu inutile.

b)      La personnalisation de la politique
De plus en plus les individus comptent plus que les institutions ; certes la vertical du pouvoir suppose la remise en ordre des instituions, mais au sommet une institution unipersonnelle : le PM ou le Président. Ordre des institutions par le biais des personnages, qui ont par leur nature ont la capacité de faire de l’ordre. Certains parlent du néo-maschisme : les hommes forts qui reviennent pour remettre de l’ordre là où les autres ont échoué. Le PM de la Hongrie, « un chat est un chat, un paresseux est un paresseux, un patriote est un patriote, un dirigeant est un dirigeant » - chaque est à sa place.
Personnalisation qui passe aussi par l’abandon des tabous politiques, et l’un des tabous c’est celui de la participation de la famille à la politique ; avant 89, tous les leaders politiques de l’Europe de l’Est avait imposé leurs familles sans exceptions dans les partis et instances de l’Etat. Ensuite il fallait éliminer cette « maladie » - au point que certains chefs d’Etat faisaient en sorte que leurs familles apparaissent dans l’espace public. Après les évènements de 2007-08, la famille est de retour dans la politique, il y a une tolérance de plus en plus élevée dans l’opinion publique pour un regroupement familial en politique –
Ex : sondage, 2011, Pologne : 2/3 acceptent la présence de la famille en politique, même si postes de direction, pour des raisons d’abord économiques, ils feraient la même chose s’il y avait possibilité. Ex : frères Kaczynski : un président et l’autre PM ; Necas en Rep Tchq : embauche sa femme, sa maitresse et sa fille au gouvernement. Fille du président roumain Basescu au Parlement européen.
Abandon du politique correct : vulgarisation de la manière dont les politiques s’expriment ; avant 2008, dans la plupart des pays – Conseil du combat contre la discrimination, organismes publics capables de proposer des sanctions contre ceux qui commettent des infractions contre les minorités ; ils avaient une activité effective, et plutôt prise au sérieux, les gouvernements payaient les amendes, et s’excusaient. Mais après 2008, on constate que ces conseils ont perdu leur poids, et le public est beaucoup plus tolérant par rapport à toute forme de discrimination, surtout verbal, dans l’espace public. En Bulgarie, en 2012, contre les Roms ; en Hongrie, vice-PM « le politiquement correct était une invention judéo-américaine ».

c)       Recul du pluralisme
Entre 2008 et 2012, le nb de partis parlementaires baisse en Hongrie de 50%, en Roumaine de 25%, en Tchéquie de 18%, et en Slovénie de 25%. Phénomène de concentration, voire hyperconcentration, voire jusqu’au bipartitisme, ou tripartitisme.
Chute du taux de confiance dans les parlements : 12% en Bug, 13% en Slovaquie, de 17% en Lituanie en 2011. Pas assez personnalisé, et pas assez efficace. Le PM, Fico en Slovaquie, populiste de gauche disait en 2012 « tandis que nous luttons contre la crise, eux (les parlementaires) dorment toujours » -- l’association principale qui se fait dans l’opinion publique : parlementaire=dormir. Généralement c’est la cause principale pour ce genre d’attitude autoritaire de la part de l’exécutif.
Un point important : immunité parlementaire, invoqué comme étant derrière l’affranchissement et la corruption des parlementaires ; dans la région, plus de 2/3 de la population est favorable à la suppression de cette immunité (quelqu’elle soit) : ce qui a d’ailleurs été fait en Roumanie où le PM a réussi à imposer dans le texte constitutionnel la suppression de l’article de cette immunité, et le lendemain 15% des Parlementaires ont été arrêtés.
Limitation des options électorales : au sens où dans la plupart de ces pays, élections locales ou régionales, les grands partis ont imposé des règles concernant le vote uninominal, l’élection direct parfois à un tour… un peu partout on a Président général, maire et président de la région contrôle les fonds et souvent les parlementaires qui doivent candidater sur parfois des circonscriptions très réduites.
Très peu de nouveaux partis/nouvelles initiatives arrivent à pénétrer dans le système politique, d’autant plus du fait de la personnalisation du pouvoir ; ce qui n’est pas le cas dans les années 90, où c’était plus proportionnel.

d)      La concentration des médias
Au début des années 2000 : vraiment un pluralisme des médias, multiplication des sources, et une concurrence réelle entre les chaines/journaux. A la fin des années 2000, à cause de la crise, on a un regroupement politico-médiatique – la Hongrie passe de 10 groupes en 2001 à 5 groupes en 2009, et à 2 en 2012.
Aussi politisation (cf : abandon des tabous) : émergence de propriétaires de médias qui sont soit parlementaires soit ministres… COUAC ! L Ex : Slovénie, sur 4 groupes médias importants, 3 sont gérés par des patrons qui sont aussi parlementaires – au lieu de l’information on a du lobby, du chantage et des pressions… 

Conclusion : A la fin des années 2000 : concentration politique/éco/médias, processus à travers lequel des fonctions autrefois dispersées se concentrent autour des têtes de l’exécutif dû à la fois par la tolérance, et par les résultats de cette rhétorique de la crise. Durant la crise : rhétorique sur l’Etat d’exception, la manière de justifier avec moins de coût cette réappropriation de ce qui était dispersé,  a été de dire que la situation est limite, et que les procédures normales ne s’appliquent plus : il faut créer la possibilité d’agir, de manière musclée, ici et maintenant. A travers ces mécanismes, beaucoup d’éléments gagnés durant les années 90 reculent… Mais si après cette période de crise : exceptionnalité prolongée ? Ou continuation ? Risque : état d’exception tellement favorable pour certains secteurs ne sera jamais abandonné.

VI.  Cas de la Roumanie, 20 ans après : réflexions sur une transition qui s’éternise

-          Le nouveau régime et la transition
-          Vers une consolidation de la démocratie roumaine
Mécanismes causaux de transition – presque les mêmes que dans certains autres PECO, si on se rappelle de la différence entre régimes totalitaires et autoritaires. Roumanie, totalitaire, et tout ce qui se passe en politique depuis 89 pourrait être compris uniquement si mit en relation avec les évènements de Déc 89 à les traits du régime et de la société postrévolutionnaire.

A.      « L’AR » et la « Révolution »

L’Ancien Régime : Roumanie dans les années 80, caractéristiques particulières :
·         Le néostalinisme « oriental » au sens où au début des années 70, Nicolae Ceausescu avait effectué une visite en Chine et en Corée du Nord, et s’est fait imprégné par le culte de la personnalité là-bas ; le 1er des leaders en Europe centrale qui veut copier et reproduire ce modèle du culte de la personnalité. Ceci a marqué fortement ce pays, jusqu’en 95. Ceci se manifeste par une omniprésence du leader (portraits, célébrations), et peu à peu de sa femme et de sa famille au sens large qui s’étend sur tout le pays.
·         La terreur de la Securitate – service secret du régime, omniprésent (seul celui de l’All de l’est rivalisait avec celle-ci) 
·         Hiérarchies très rigides à l’intérieur du pays et du PC – lui-même de plus en plus soumis à la Terreur de la Securitate. PC : 3 millions de membres, régit par cette hiérarchie stricte.

è Conséquence :
o   l’absence de toute forme de société civile, même informelle parce qu’écrasée ; même les réunions entre amis étaient surveillées, les intellectuels surveillés. Un seul sursaut plus important, de nature social : grèves de 1987 de Brasov violemment révoltés, tous les ouvriers ont été arrêtés, interrogés, 20aine morts.
RQ : même temps, en Pologne, milliers de personnes à Gdansk, police qui n’ose pas intervenir.
o   Pauvreté extrême – Ceausescu liquide la dette extérieure à la charge de la population + restrictions sévères de l’électricité et de l’alimentation à tolérance du trafic au noir qui devenait la source de nourriture de base à la fois pour la population et pour les bases branches du parti.
Le lien : Peuple<Parti<Securitate<Ceausescu
Paternalisme autoritaire inculqué dans la conscience collective.
Les prémisses de la « Révolution » :
En l’absence d’une contestation collective, il n’y a pas eu des contre-projets de société, pas de débats concernant l’avenir ; très peu de gens s’attendaient à la chute du régime en 1989. A la différence d’autres pays, il n’y a pas eu de synthèse des projets de société, il y a une sorte de trou noir face à l’imprévu des évènements de décembre 89. Quand les évènements se précipitent, il y a deux factions :
·         Les anticommunistes : souvent anciens dissidents, citoyens ordinaires, et des anciens politiciens de l’entre-deux-guerres… ces gens voulaient vraiment changer le régime, et lustrer (éliminer) les anciens communistes, de la vie publique au moins. Dosages : radicalité avec l’élimination de tous les membres (3 millions), mais pas faisable, et fut édulcorée avec l’élimination uniquement des têtes du Parti (l’appareil).
·         La faction anti-Ceausescu au sein du parti : anciens du Parti qui ont été exclu dans les années 70-80, du moins mis à l’écart avec l’octroi de petites fonctions en province, qui neutralisaient les dissidents. Veulent reprendre la main sur le Parti en changeant la direction du Parti, arrêter le culte de la personnalité et les privations, tout en maintenant le régime en le transformant, il n’est pas question d’abandonner le socialisme, mais adaptation à l’instar de Gorbatchev.
La Révolution : on peut dire qu’il y a eu deux -à « les évènements de décembre 89 »
·         Mouvement de rue anticommuniste (comme dans les autres PECOs), animé par des journalistes, des essayistes, des représentants des Etats occidentaux (radio free Europe émettait depuis Munich – messages qui mobilisent les individus). Mouvement authentique.
·         Complot anti-Ceausescu opéré par une alliance entre une partie de son entourage (sa garde rapprochée, des agents promus) et des apparatchiks réformistes, soutenus par des leaders de l’armée – au moment où les généraux de l’armée basculent et soutiennent le mouvement complotiste et révolutionnaire, tout à basculer pour Ceausescu : n’a plus de pouvoir sur l’armée
Couple du Dictateur fuit la Capitale le 22 déc., trahit par un commandant, incarcérés, jugés, et fusillés. Le Comité du Front du Salut National (C-FSN) s’installe au pouvoir. Ceci est une structure mixte avec des réformistes communistes, des intellos dissidents, des révolutionnaires et complotistes anti-Ceausescu (« traitres »). Ce Comité se crée rapidement sans avoir une autre légitimité que leur présence devant les caméras de télévision. Du 22 déc à la fin déc, c’est lui, de manière consensuel assure le fonctionnement du pays.
Mais après l’exécution des Ceausescu (décision unanime pour les éliminer), une alliance est constituée au sein du C-FSN entre les communistes réformistes, les révolutionnaires et les traitres (majorité) contre les dissidents et les autres révolutionnaires (contre le régime communiste). Le nouveau leader du groupe dominant : Ion Iliescu, un ancien dirigeant du PC des années 70, bonne réputation parmi les communistes, proches des gens, capable, compétences techniques ; mais le 22 décembre il déclare que « la construction du socialisme allait continuer en Roumanie » à remplace une élite pour une autre. Mais il a rapidement de changer de discours en faisant l’amalgame entre le socialisme à la Roumaine et la démocratie.

B.      Le Nouveau régime et la transition 

26 déc 1989 : le CFSN supprime la Constitution coco de 1965, une institution qui s’auto-institutionnalise, puisqu’elle n’a aucune légitimité autre de celle d’avoir été ceux qui ont investi les bâtiments de télévision, et transmission nationale.  Le C-FSN proclame les libertés publiques et la séparation des pouvoirs, le PCR hors la loi pour se légitimer soi-même ; le CFSN se proclame comme l’émanation des révolutions, et se présente comme un contre-pouvoir contre l’ancien PC (alors qu’il est une continuation du socialisme). De cette façon, Iliescu a pu mettre la main sur les restes du PC, tout en se lavant les mains sur les actes passés du PC.
Décrets constitutionnels du CFSN : les principes transitoires ; un des décrets permet la liberté d’expression, et le pluralisme : les partis traditionnels de l’entre-deux guerres rétablis : le Parti National libéral (PNL), et le Parti National Paysan (PNP), et d’autres partis dont l’Union Démocratique des Hongrois de Roumanie et son « homologue » roumain – le Parti de l’Unité Nationale des Roumains (mouvement nationaliste – PUNR).
Dans les premiers mois de 1990, le Front du Salut s’arroge le pouvoir, s’organise et emploie notamment les réseaux d’Ion Iliescu ; la contestation du FSN commence. En fév 90, le FSN décide de se porter candidat aux élections générales de mai – l’opposition se déchaine contre cette décision, et de ce fait le FSN se crée comme Parti politique et non plus à la tête du pouvoir. A sa place est crée le Conseil Provisoire de l’Union Nationale, avec des représentants de l‘opposition mais le FSN reste dominant – il garde le contrôle sur les élections.
RQ : d’un point de vue social, 1990 : enthousiasme consumériste des Roumains, émergence du secteur privé, notamment commercial, importations massives.
En mars 90 : 1er affrontements ethniques entre les Hongrois (minoritaires) et les Roumains. A Targu Mures (50-50) : affrontements de rue… Conséquence : rétablissement des services secrets, sous la forme de Secrets d’information (SRI – héritier de la Securitate). La Securitate en 89 avait été mis sous contrôle de l’armée,  et les anciens convainquent les autorités de réinstaller ces services secrets avec les anciens à la tête du système, certes plus proches d’Iliescu, mais pareil.
Pour les élections de 90, Iliescu + FSN avaient le contrôle de l’unique antienne de télé nationale et la radio publique, d’une grande partie de la presse écrite, et contrôle les structure locales du pouvoir qui organisées les élections de cette façon le FSN a pu tirer son épingle du jeu, en se disant héritier de la Révolution de 1989 alors que c’est l’héritier du PCR.
è Clivage anticommunistes (contre Iliescu ; veulent changer en profondeur le régime : fin de la Securitate, limogeage des patrons du communisme) contre les néocommunistes (plus rural, électorat prisonnier d’Iliescu)
è Le pays fonctionnera pendant très longtemps sur ce clivage
Conséquence : premières élections remportées par le FSN (66% aux législatives, et 84% pr Iliescu au 1er tout de la présidentielle). Mais contestation immédiate, en dénonçant la fraude lors des élections ;occupation de la Place de l’Université à Bucarest (appelés « hooligans » par Iliescu) et affrontements généralisés mi-juin ; appareil de la police peut préparer pour ces interventions a été repoussé par les foules, et lorsqu’une partie de la foule a voulu prendre le contrôle de la télé (comme ils avaient renversé Ceausescu) Iliescu fait appel aux milliers de mineurs du bassin du Jiu càd des brigades très liées au régime, bénéficiaient de conditions spéciales (pas de loyer à payer, ni l’électricité). Ces masses fidélisées sont appelés à Bucarest (les Minériades), et vont faire de l’ordre, tabassent la foule, des dizaines de morts… Iliescu les remercie, et va faire appels à eux à plusieurs reprises, les Minériades, et la dernière intervention se déroule en 1999.
Juin 1990, les jeux sont fait, toute opposition est mise à l’écart, le régime renforce ses positions, et à tout intérêt à ralentir l’adoption d’une nouvelle constitution, qui se fait uniquement en 1991 (largement approuvé), s’inspire de la constitution française, belge. Généralement démocratique, mais en même temps la nouvelle Constitution ne garantissait pas la séparation effective des pouvoirs : Président/PM attributions ambiguës, deux chambres du Parlement ont les mêmes attributions (reprendre les mêmes lois deux fois, selon les mêmes règles) – ralentissement du processus législatifs, et créer juste des postes à lié au fait que la constitution prévoit l’immunité parlementaire généralisée jusqu’à la révision de 2003, càd qu’à part le flagrant délit (meurtre/délit commit en temps réel) le parquet ne pouvait pas toucher les élus mêmes si largement soupçonnés Cette immunité a profité pour les parlementaires, qui en ont profité pour s’enrichir de manière illégales, dans les conditions où il n’y avait pas d’incompatibilité entres les statuts de parlementaire et homme d’affaire à long terme : image calamiteuse du Parlement.
Avec cette constitution, la Roumaine est une République nationale unitaire, avec un syst semi-présidentiel, une structure administrative centralisée (42 départements comme sous le PC). La plus grande faiblesse est l’incertitude concernant la séparation des attributions entre le Prés et le PM : ingérence permanente du Président dans le Gouvernement sans être effectivement responsable, s’il participe il doit présider, mais il fait comme il veut ; responsabilisation +culpabilisation du PM : si impopulaire, limogé après une période de grâce.
Ce système de main mise du CFSN sur le pays se poursuit jusqu’en 1991, mais début 1992, élections locales prévues pour fév, générales (lég + prés) pour sept – les contestations au sein du régime : en mars 1992, le FSN se déchire en deux : Petre Roman puis Basescu – parti démocrate (utilise le nom de FSN) contre le Front démocratique du Salut National dirigé par Iliescu via Nastase (président du Parti). Scission au moment des élections – la population est déroutée, et une alliance de l’opposition, la Conventions Démocratique Roumanie (CDR) dépasse les deux FSN.
En Sept 92, le résultat des élections est indécis :
-          FDSN 28% - Iliescu
-          CDR 20%
-          FSN 10% (Roman)
-          Nationaliste 12%
-          Hongrois 7,5%
-          Socialistes 3,5%
Ces résultats permettent au FDSN  reste aux commandes et impose le « quadrilatère rouge » - coalition notamment avec les nationalistes pour avoir une courte majorité, mais peuvent rester jusqu’en 1996. Nicolae Vacaroiu nommé PM, ancien bureaucrate communiste, et jusqu’en 1996 la nouvelle majorité n’est réformiste que partiellement réformiste – stabilité macro-politique, partiellement macro-économique. Changements progressifs, mais n’ont pas donné lieu à de grandes  réformes, on gagne en stabilité, mais retard sur la transition (par rapport aux autres PECO qui ont changé le système) à consensualisme tiède.
+ : orientation progressive vers l’UE et les EU à partir de 1994.
La période 92-96 c’est la consolidation de vieille-nouvelle élite : anciens officiers de la Securitate, communistes du second échelon, enrichis par la complicité de l’Etat (subventions, faveurs fiscales, privatisations « sélectives ») --- cette élite va mettre beaucoup de pression lors de la transition, elle va commencer à jouer politiquement pour regarder ses propres positions.
Elections de 1996 : en 96, le régime sortant, avait déjà 6 ans au gouvernement, et ces élections ont été considéré comme une 2e révolution, puisque large victoire de la coalition de la Convention Démocratique, allié à la frange réformiste du FSN (Petre Roman) et au parti de la minorité hongroise. Le FDSN (rebaptisé PDSR) tombe à 22% et n’est plus dans le gouvernement. Iliescu perd au 2e tour  de la présidentielle face au prof anticoco, Constantinescu, discours moraliste lié à la corruption et aux valeurs authentiques du régime était censé avoir bafoué.

C.      Vers la consolidation de la démocratie roumaine ?

Le nouveau et très hétérogène gouv. par Victor Ciorbea a primus la réforme morale et l’occidentalisation, mais a échoué puisque les structures bureaucratiques et les « nouveaux riches » apposés à la réforme se sont avérés trop puissants.
En 1997, 1ière grandes dissensions au sein de la coalition, et en 98, pressions des partenaires pour changer le PM considéré comme dépassé par les évènements ; 2 changements de PM en 1 an : Ciorbea remplacé par Radu Vasile (début 98), déstabilisé et remplacé à son tour par le gouv de la Banque Centrale, Mugur Isarescu (fin 99), un indépendant politiquement ayant un mandat technique : remettre l’économie sur pied.
Ces réformes ont affecté le niveau de vie, avec une inflation de 120% en 97 du fait de l’ouverture des marché ; la Roumanie adhère à la Communauté centrale européenne de libre-échange (Tch, Hon, Pol) et donc ouvre les frontières notamment en matière agricole, mais compétitivité trop basse (production agricole diminue de 50%). Entre 96 et 99 : chute économique, et atomisation sociale (industrie) à échec de la coalition, discréditée et donc renforcement du FDSN/PDSR d’Iliescu et sursaut spectaculaire du parti nationaliste de la Grande Roumanie, dirigé par le charismatique Corneliu Vadim Tudor (ami de JM Le Pen).
Les élections de 2000 : occasion de protester contre le gouvernement sortant, balayé par la population aux urnes ; avec en tête le parti de Iliescu (nommé Parti Social Démocrate – 37%), et extrême droite en 2e position avec 22% (à la Prés – Vadim obtient 28% au 1e tour, battu au 2e).
Le paysage politique est moins consolidé démocratiquement qu’en 1990. Le 2e tour publiscite Iliescu, puisque tous refuse le Parti nationaliste, et donc Iliescu élut président ; Le PSD est majoritaire ;  le nouveau gouvernement PSD dirigé par Adrian Nastase, réformateur, a été nettement pro-occidental dans la politique étrangère : pro UE et Otan. Péché : sa cupidité, et restaure/renforce sa clientèle – l’image de l’oligarque s’imprime durablement dans la conscience collective.
Toutefois la période 2000-2004 a été calme, le gouvernement ayant minutieusement travaillé pour s’approprier les ressources économiques et les médias (copinage avec les oligarques).
è Croissance économique enclenchée en 2001, stable en 2002-04.
En 2004 : on s’attendait à l’élection du PSD. Changement constitutionnel en 2003, référendum populaire n’aurait pas rempli les conditions nécessaires (moins de 50% de la population a voté)… Révision timide, mais renforcement du présidentialisme, avec un mandat de 5 ans pour le Président (Nastase qui était candidat pour 2004), mais ce changement a donné lieu à des guerres interminables de cohabitation inaboutie, menace de suspension du président etc…
2003 : adhésion à l’OTAN ; progrès des négociations avec l’UE, avec une adhésion prévue pour 2007 (bilan socio-économique ok).
è PSD était sur d’être réélu : mais les scandales de corruption explosent et le contrôle des médias par le gouvernement est vivement condamné à victoire inattendue de Traian Basescu (PD, 51,5%), successeur de Petre Roman, élu et réélu maire de Bucarest, discours populiste et généralement musclé, sorte de héros populaire qui lutte contre le régime élitiste de Nastase, tout en jouant sur le fait que le parti de la minorité hongroise avait décidé de soutenir Nastase – joue sur le côté national roumain.
Néanmoins, pour les législatives : courte majorité du PSD.
Le Prés compose une majorité très limitée : son Alliance pour la Justice et la Vérité (D.A : libéraux et démocrates) + Parti hongrois (a trahi au dernier moment) + petit Parti humaniste (anc.allié du PSD) = 52%.
Le libéral Calin Pepescu Tarisceanu est nommé PM, mais les présidences des deux chambres sont perdues suite à des combines et tractations.
Fin 2004 : gouvernement ayant une courte majorité, PM libéral.
Début 2005 – PSD : Iliescu renversé par Mircea Geoana, devient président du parti ;
Le cours des réformes est applaudi par l’UE – et janvier 07, Roumanie adhère l’UE avec un gouvernement reposant sur cette alliance..
Après janvier 2007, juste après l’adhésion (n’y a plus de conditionnalité, et donc plus possibilité de faire pression) les couteaux sont tirés : conflit entre Prés et PM ; le PM chasse les démocrates du Prés et forme un gouvernement minoritaire appuyé par le parti d’opposition du PSD qui n’était pas près à des élections anticipées (changements internes). Entre temps Basescu cherche à contrôler toutes les institutions, notamment les services secrets et les parquets. Et le nouveau cours de la PE est très favorable aux EU, et de moins en moins européen.
Le système commence a montré ses limites dans le cadre des cohabitations. En 2007, avec le départ des démocrates, le PM forme une coalition anti-présidentielle qui accuse le président d’avoir violé la constitution (vulgarité du langage… ) et arrive à suspendre le président (via le Parlement) ; mais faut un référendum populaire pour rendre la démission du président effective.
Basescu se place en victime, surfant sur la vague populiste, et la population rejette largement la suspension du président. Revient au palais et s’alimente de ce soutien. De fait que les 1iere élections européennes, en 2007 montre un avantage pour le Parti de Basescu.
2008 : élections parlementaire, gouvernement libéral sortant minoritaire, opposition PSD qui avait appuyait les libéraux, et l’opposition paradoxalement est le parti du président (chassé du gouvernement). Nov 2008, remise entre PSD et PD. Basescu propose aux socio-démocrates une coalition avec les siens, le PD – unir les forces contre la crise, et pour neutraliser le PSD. Grande coalition ; le PSD accepte la nomination d’Emil Boc (PD), proche de Basescu alors que ça aurait du être un gars du PSD.
Grande coalition qui gère de manière chaotique au début 2009, fond de crise. Emergence de la politique présidentielle en famille. Suite au scandale concernant une possible fraude électorale, le PSD quitte le gouvernement fin sept et promeut son leader Mircea Geoana candidat à la présidentielle.
Nov-déc : campagne très sale, coups bas, « dossiers », démagogie --- émergence du nouveau leader des libéraux, Antonescu (20% au 1er tour) qui soutient Geoana (31%) au 2e tour face à Basescu (34%). Entre les deux tours, coalition entre les libéraux et les socio-démocrates pour mettre un terme au régime Basescu. Ce dernier est devant la campagne de ses rêves, avait tout planifié, sauf peut-être le retour des libéraux, la coalition Libéraux-socio-démocrate à Basescu joue le héros face à cette coalition qui représente la corruption et le clientélisme, et utilise le discours anti-communiste et la rhétorique réformiste de la rupture pour remporter avec quelques 70 000 voix d’écart (moins de 0,5%) au 2e tour de la présidentielle face à Geoana ; suspicions de fraudes massives, notamment à l’étranger.
Paysage parlementaire inchangé, mais Basescu remagouille pour créer une coalition : Boc reconduit comme PM, cabinet à faible majorité (PDL, Hongrois, transfuges du PSD et du PNL, qui forment l’UNPR « progressistes »).
2010 : période la plus rude de réformes d’austérité, ordonnances d’urgence accaparent le système législatif qui touchent à tout : les retraites, les salaires (diminué de 25% tous les salaires des fonctionnaires). Rhétorique capitaliste néolibéral, et modèle chinois/russe pour l’éco. Période d’austérité. RQ : très courte majorité au Parlement, donc ne passe par les lois.
L’opposition se regroupe, de manière naturelle, en 2011 : Union Sociale-Libérale (PNL+PSD). Généralement, faible mobilisation de la population malgré les mesures très dures ; uniquement en 2012, pour des enjeux très particuliers.
Fév 2012, Gouvernement change : Boc est remplacé par Ungureanu (proche de Basescu), chef des services secrets extérieurs et commence à utiliser les expressions poutiniennes ‘rétablir la verticale du pouvoir » - première mesures : offensive contre l’évasion fiscale, renforcement des structure de contrôle, image positive mais changement trop tard, puisque élections locale en sept 2012. Pression de la part de maires de l’Union Social-libéral le Parlement bascule – motion de censure qui fait basculer le gouvernement. A la surprise générale, Basescu accepte de nommer Victor Ponta (PSD) comme PM (proposé par une Union Social-Libéral qui représente 60% au Parlement).
Juin USL remporte haut la main les élections locales. Basescu attaque : Ponta sur son plagiat pour sa thèse de droit – bras de fer. 1iere commission : plagiat, et 3e commission : pas plagiat. Honte publique reste entière, mais légalement pas de conséquence pour Ponta.
Fin juin – ancien PM Nastase, condamné à la prison ferme pour corruption tente de se suicider et est incarcéré (le seul PM a avoir été incarcéré sans sursis à la prison ferme, en Europe) et tente de se suicider (échec). Décision de l’USL, une fois de plus de limoger le président de Basescu (présidentielle en nov 2014).
Juillet : suspension à une large majorité par le Parlement de Basescu – suspension considéré comme bidon par les « occidentaux », puisque normalement pour trahison (pas le cas), ou pour violation de l’Etat de droit (plus nuancé) à pression sur les leaders d’USL pour limiter cette suspension ; Référendum nécessaire, avec participation de plus de 50% pour être validé : Basescu – logique de démobilisation. Réfé fin juillet, 80% pour la destitution mais que 48% présents, donc invalidé et Basescu réinstallé après tractations devant la Cour Constitutionnelle.
Malgré tout l’USL, aux élections parlementaires gagnent à 60%, le parti de Basescu ne remporte que 17%. Majorité sans précédent, Ponta est reconduit dans sa fonction de PM, Basescu se retrouve avec une majorité plus hostile (pas le cas de la Cour Constitutionnelle : nommé lorsque Basescu était majoritaire). Réformes, mais de plus en plus contradictoires.
Début 2013 : frictions dans le couple PD et PSD, qui n’arrive plus à être une union. Jusqu’en janv 14, où les libéraux quittent le gouvernement, afin de se positionner pour les présidentielles de nov 2014. Cohabitations calamiteuses : décalage entre prés/lég – 1 an avant – blocage. USL déclarée morte. Coup de théâtre, Tariceanu fonde un parti libéral dissident qui reste au gouvernement et est élu Président du Sénat.
Majorité : socio-démocrate et leurs satellites y compris les nouveaux libéraux ;
Conclure – tableau 2014 : tandis que le monde politique se déchire, le salaire moyen est de 400 euros, endettement au FMI et à la BM (20 milliard d’euros), étiage du pouvoir d’achat ; système hospitalier en ruines (pas de service public en vérité….). La conditionnalité de l’UE n’a pas fonctionné après 2007.

UE : nouveau système de surveillance répond aux situations telles que celle de la Roumanie.