Sociologie politique de l'Europe du Sud 10 - 12 (cours 8, fin)



L’avenir de l’Europe du Sud


I.                   Le court terme de la décennie 2010

1.      Une période de stagnation pour l’Europe du Sud

Ce terme de stagnation semble parfois critique mais est bien moins lourd de sens que lorsqu’on parle de « crise », d’ « effondrement », … Ce d’autant plus que la situation économique n’est plus si mauvaise que ça. Le terme de stagnation est donc plus approprié.

On constate donc une stabilisation économique. Il est vrai qu’on ne connait pas de véritable essor économique comme d’autres régions du monde, mais pour autant nous ne sommes pas tant en crise que cela.
La stabilisation de l’État est aussi en cours avec des États d’Europe du Sud fragiles mais pas défaillant ou somalisé. Un cas d’école d’affaiblissement rapide de l’État serait la Centrafrique en 2013. Cette question de l’État fragile peut s’appliquer un peu partout (comme en Argentine).
Plus positif, on constate un maintien du cadre européen. En dépit des critiques, l’UE est parvenue à maintenir tous les pays en son sein et cela en dépit des secousses qui ont eu lieu. Personne n’a quitté l’UE ou même l’euro quand bien même on s’est retrouvé dans des situations très délicates (comme la Grèce à une certaine époque). De plus, cette attitude devrait stabiliser les États pour encore un certain temps. Ce n’est peut être pas glorieux pour l’Europe du Sud, mais cela demeure ???
Autre question, celle des migrations. Les pays d’Europe du Sud sont des pays d’émigration de la population locale, tout en recevant des immigrés venus de pays du Sud, qu’ils s’installent dans le pays, ou qu’ils fassent de ce pays un pays de transition. Ce sujet est assez particulier et plus ou moins récent.

2.      Panorama

La Grèce a longtemps été menacée de sortir de l’euro, comme nous l’annonçait de nombreux observateurs. On pensait aussi que le pays tomberait aux mains des néonazis. Finalement rien de tout cela n’est arrivé mais il faut reconnaître qu’on a un peu avancé dans ce sens. Il est donc évident qu’il faudra encore plusieurs années pour stabiliser la Grèce et reconstruire l’État. Il faudra aussi relancer l’économie grecque ainsi que réduire l’influence de ces partis néonazis. Ainsi, on va peut être voir prochainement un parti de gauche arriver au pouvoir en Grèce. Cela stabilisera-t-il le pays ou relancera-t-il des contestations, rien n’est clair mais il semble que la stabilisation soit plutôt l’ordre du jour.

L’Italie aussi semble avoir un avenir plus clair. En effet, on quitte l’ère politique de Silvio Berlusconi. Alors certes, il s’agit dans l’immédiat d’une crise politique, avec un éclatement de la droite italienne en 4 partis en 2013 et une réorganisation de tous les acteurs. Cependant le pays est dirigé plutôt correctement avec une alternance entre centre-gauche et centre-droit depuis quelques années. Plus flou qu’en Grèce, on sent cependant une potentielle stabilisation politique à moyen terme notamment du fait que la nouvelle élite politique (de droite comme de gauche) souhaite stabiliser l’État. Sous l’influence de Berlusconi, on avait un parti en conflit perpétuel avec l’État (justice, législatif, …). Cette élite politique adversaire de l’État demeure encore un peu comme avec Beppe Grillo.

L’Espagne qui a été très déstabilisée par la crise de l’euro est en cours de reconstruction économique. L’État est toujours affaibli mais cela l’amène a traité de front sa constitution et son rapport entre État central et autonomie des régions. L’État central ne veut plus être affaibli mais certaines régions veulent plus d’autonomie, notamment la Catalogne. La discussion est tendue mais ouverte. Il reste peu probable que la Catalogne devienne autonome et il semble plus certain que l’État central se solidifie. La stabilisation actuelle semble être positive mais on ne sait jamais.

Pour le Portugal, même problème, la relative fragilité de l’État. Ceci dit, le pays ne va pas éclater en différentes régions, c’est encore un État centralisé donc d’une certaine stabilité. Le problème principal à trois facettes : un problème économique notamment au Nord du Portugal, l’émigration forte des jeunes Portugais diplômés au Brésil et en Angola, et enfin une instabilité politique forte avec des leaders politiques qui alternent très rapidement.

Le cas de Chypre enfin est un des États les plus affaiblis par la crise européenne et pourtant c’est un de ceux dont on parle le moins. L’aide économique européenne fut considérable pour la population (18 milliards pour un million d’habitants). En plus de cela, depuis 2011, le pays est sous la tutelle du l’UE de même que son économie est sous la perfusion de la BCE. Tout cela est complété par la situation géopolitique très problématique de Chypre. Troubles économiques, politiques et géopolitiques, on peut croire que ce n’est que dans les prochaines décennies que ces problèmes seront résolus.


II.                Le long-terme : décennie 2020 - 2030

1.      Les perspectives régionales

Première perspective régionale, la Méditerranée su Sud qui n’a pas d’organisation régionale efficace. On a eu l’Union Pour la Méditerranée (UPM) en 2008, qui s’est suivie d’une crise des États du Sud puis des Révolutions Arabes. Le projet demeure donc enterré pour le moment mais reviendra peut être plus tard. En attendant, il faut régler des problèmes comme l’éclatement de la Libye, la guerre en Syrie ou l’instabilité en Égypte et en Tunisie.

Deuxième question importante, celle de l’environnement et du réchauffement climatique qui menace les pays d’Europe du Sud. Ainsi, ces pays se retrouvent de plus en plus soumis à un stress hydrique. La question de l’eau est donc un souci d’inquiétude pour ses pays avec les risques de sécheresses et d’aridité.

Troisième question de long terme, les grands flux migratoires Sud – Nord qui existent toujours. A l’échelle mondiale, ces flux sont ridicules, cependant pour les pays concernés cela est un problème majeur menant parfois à de graves affrontements entre communautés comme en Grèce ou en Italie. Ce phénomène se double d’une immigration de transit ou d’installation, compliquées par les territoires particuliers (îles grecques, Malte, Lampedusa, Gibraltar, Iles Canaries, …).

2.      Etude de cas

Dans le cas de la Turquie, on peut reprendre ces trois enjeux. La Turquie est dans une zone de pays un peu déstabilisés mais sa stabilité participe à celle de la région avec la population la plus élevée de la Méditerranée avec l’Égypte. Une coopération euro-méditerranéenne ne peut se faire qu’autour de la géopolitique turque. Sur le plan technique ou environnemental, la Turquie n’est pas en pointe. Pour l’enjeu démographique, la Turquie est centrale. On y trouve des migrants subsahariens mais aussi arabes et plus récemment, des réfugiés syriens.

Pour la Grèce, la stabilisation ne se fera qu’à long-terme et sa place dans la coopération euro-méditerranéenne sera importante. Pour l’aspect environnemental en revanche, le pays repassera. Enfin la question migratoire est difficile avec des bidonvilles de réfugiés, des camps assez glauques et la construction d’un mur à la frontière turque.

L’Italie, comme l’Égypte et la Turquie, devrait être un membre important dans une coopération euro-méditerranéenne. Sur les questions environnementales et migratoires, le pays n’en fait pourtant pas des priorités. Sur le cas de Lampeduza, l’Italie a fait appel à l’UE pour venir l’aider.

L’Espagne a aussi sa place dans un fonctionnement euro-méditerranéen de par sa place dans cet espace, de par son passage entre l’Afrique et l’Europe, de par ses colonies en Afrique, de par ses territoires dispatchés (îles Canaries). Le pays est donc dans une zone problématique mais demeure une clé de cet espace euro-méditerranéen quand les autres questions urgentes auront été réglées. Les migrations sont un enjeu important pour ce pays avec une pluralité de migrations qui existent dans ce pays (de tourisme, de transit, d’installation, …).

Le Portugal pour ses grandes perspectives lointaines reste un État en retrait géopolitiquement notamment pour la question euro-méditerranéenne, et se centre davantage sur ses liens avec ses anciennes colonies. Les politiques publiques envers l’environnement existent mais restent assez faibles (la preuve en est, la mauvaise gestion des incendies de forêts chaque été). Enfin à propos de la migration, on a aussi un enjeu classique avec émigration portugaise vers l’Angola et le Brésil quand traditionnellement, c’était l’inverse.


L’enjeu des décennies suivantes seront donc la consolidation interne des États d’Europe du Sud puis dans un cadre externe, une géopolitique plus vaste tourné vers la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’État est donc une question interne mais aussi externe.

Relations Europe - Amérique 29 - 11 (cours 5, fin)


Tocqueville himself.




La démocratie selon Tocqueville


Longtemps sous-estimé, Alexis de Tocqueville publie son ouvrage en 1835 et étudie spécifiquement le cas de la démocratie américaine car la France d’alors regarde avec intérêt cette démocratie, qu’elle tente plus ou moins d’imiter. Le premier volume a  connu un certain succès, le second passera inaperçu. Il publiera de manière posthume un ouvrage comparatiste entre les deux cotés de l’Atlantique. Après la mort de Tocqueville, son œuvre est regardée de manière assez distante car lui est un homme sortie de l’aristocratie légitimiste mais qui reconnaît la puissance démocratique. Il fait donc face à une méfiance aigüe des courants conservateurs et des courants socialistes. D’autant plus de méfiance de la part des Socialistes du fait de son origine sociale. La démocratie qui se définit par un renouvellement constant entre la pratique démocratique et sa théorie. C’est un peu le contraire de Karl Marx.
Le succès de l’œuvre de Tocqueville vient de la manière dont il introduit une nouvelle approche de la démocratie. Tocqueville a fait l’objet d’un réinvestissement avec Raymond Aron qui écrit Les étapes de la pensée sociologique, où Tocqueville devient un élément essentiel dans l’établissement de la science sociologique. Il théorise effectivement l’expérience américaine, puis se questionne sur les particularités de l’homme démocratique avant de finir sur ???. Pour Tocqueville, le régime démocratique est un mouvement inéluctable mais qui comporte des risques, l’un est inhérent à la démocratie, le second est d’ordre géopolitique.

Lors de son voyage aux USA en 1831 avec son ami Gustave de Beaumont (un conservateur), Tocqueville doit étudier le système pénitentiaire américain pour établir une comparaison avec la France. Il en profite aussi pour échapper à un régime politique français qu’il n’apprécie pas. Il va considérer la démocratie comme un fait social total dont les conséquences sont diffusées dans toute la société. On a alors là, une approche de la démocratie libérale différente de la problématique classique. En effet, Tocqueville veut comprendre les tendances de la démocratie en elle-même sans se référer aux tendances politiques qu’elle provoque pour un régime monarchique ou aristocratique. Dans son premier livre il déclare vouloir rendre compte de ce fait « fait providentiel », un « fait générateur dont chaque fait particulier semble descendre ».
Séduit par un système mi-fédéral, mi-national, Tocqueville cherche une réponse pour savoir comment réaliser une institution politique pour ??? tout en évitant les maux d’une situation centralisatrice caractéristique de la France ? » (à vérifier). Inspiré par The Federalist, Tocqueville espère que la situation américaine va permettre de réaliser un gouvernement républicain à l’échelle d’un grand pays. Pour lui, ce projet est réalisable puisque cela tient d’un fait absent des républiques anciennes. En effet, à défaut de se réunir sur l’agora, les nouveaux citoyens s’appuient sur des vertus venant de la sphère privée (commerce, échanges, …). On a un nouveau type de démocratie, très éloigné de la démocratie antique ou ancienne. L’égalité des conditions n’est pas étrangère à tout cela, en effet, elle est au cœur des relations humaines et donc du système politique. D’autre part, des traits de la politique américaine proviennent des circonstances particulières que connaît le pays.
Il analyse alors l’omnipotence de la majorité de la démocratie, un risque démocratique où le gouvernement reçoit une force irrésistible puisque tout son pouvoir vient de la société et donc de la majorité. La tyrannie de la majorité à selon Tocqueville des racines plus profonde que le système politique. Le ressort le plus profond du pouvoir de la majorité aux USA c’est la puissance de l’opinion. Les corps intermédiaires entre la hiérarchie et les individus ayant disparus, il n’y a plus de distance entre l’individu et la société : l’individu est directement engagé dans la société. Les dangers de la démocratie américaine ne viennent pas des restes de l’Ancien Régime, mais sont bien inhérents à la démocratie elle-même et à l’égalité des conditions. L’égalisation des conditions détruit les liens anciens de protection et de dépendance des milieux aristocratiques. L’égalité, base de la démocratie, ne peut alors pas faire appel à des modes de régulation. Il faut donc potentiellement trouver des procédures pour créer du lien social entre les hommes sans contredire le principe d’égalité. Il faut dans l’idéal trouver un remplaçant aux anciens systèmes de dépendance. Ces contrepoids au pouvoir de la majorité sont le pouvoir judiciaire, l’institution du jury, la presse, … Autant d’instruments, créés par des individus libres et devant canaliser l’énergie démocratique. En outre, cela favorise la participation à la vie publique.

Si les USA sont bien un modèle démocratique, les Américains ne sont pas pour autant des êtres de la démocratie. En effet, deux autres peuples sont entrés en conflit avec les Américains : les Indiens et les Noirs.
Dans un chapitre sur les races (bien que Tocqueville soit peu d’accord avec les théories raciales de Gobineau, le terme « race » est à l’époque très usité), il démontre que l’expansion de l’Union a conduit à un déracinement violent des Indiens, les poussant à une disparition quasi-totale. Du point de vue américain, les rapports avec les Indiens étaient du domaine des relations internationales. Les Indiens n’étaient pas compris dans la société démocratique sauf qui furent convertis mais ils étaient rares. La supériorité technique des Blancs et la forte incompatibilité entre sociétés indiennes et société américaine les a conduit à la disparition des Indiens.
Les Noirs pour leur part, représentent l’extrême inégalité qui domine dans une société qui revendique pourtant l’égalité. Première conséquence perverse de cette population amenée dans la société américaine par le maintien de l’esclavage, c’est que cela va faire une discrimination visible entre les populations. Il anticipe alors les évènements en considérant que l’affranchissement des Noirs sera plus dur que l’affranchissement antique. De plus l’égalitarisme a pour effet paradoxal de renforcer la volonté des Blancs les plus pauvres à se différencier des esclaves Noirs. On voit donc bien comment la démocratie ne possède pas intrinsèquement le développement du racisme, mais que cela relève bien de conditions de développement propres aux USA.
L’autre problème lié à l’esclavage, c’est la construction d’un ordre très particulier dans les États du Nord et les États du Sud. C’est là une autre menace assez grande pour l’Union, l’opposition entre la société du Nord et celle du Sud. Cette opposition prendra corps lors de la Civil War.

Tocqueville souligne de manière originale qu’avec les notions de liberté et d’égalité, la démocratie développe un dynamisme social qui fait du statut des individus un statut révisable, où le maître et son serviteur peuvent évoluer socialement. Cette « égalité imaginaire » par ses effets est plus importante que les inégalités réelles qui demeurent dans la société démocratique mais qui sont différentes des autres régimes. Ce rapport entre égalité imaginaire et inégalités réelles développe donc une incertitude dans les rapports sociaux.
Tocqueville va comprendre que la société démocratique peut créer des rapports de pouvoir sur ses propres principes. Les libéraux trouvent impossible de limiter la revendication égalitaire à l’égalité des droits, il faut une égalité sociale et cognitive en plus. Mais pour Tocqueville, il demeure un écart permanent entre les principes et la réalité de ce régime.
Le second volume de De la démocratie en Amérique explore systématiquement la tension entre cette « égalité imaginaire » et les inégalités réelles. En effet, la démocratie imprègne le monde intellectuel, modifie les sentiments des Américains et changent leurs mœurs. L’esprit démocratique a introduit l’importance des causes générales. Toutes libertés à l’action supprime le regard sur la conjoncture et ???.
L’approche de Tocqueville fait qu’il discerne un risque important dans l’égalitarisme politique sans pour autant en faire un obstacle inévitable ou insurmontable. L’égalisation sous un pouvoir tutélaire peut parfois aboutir à ??? par privatisation des intérêts et plus généralement, tout ce qui permet de surveiller la production des lois qui peuvent encadrer voir supprimer ???.

Dans son ouvrage L’Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville insère une critique du despotisme et de l’esprit révolutionnaire qui sont parfois à l’encontre de la démocratie. Tocqueville possède deux thèses pessimistes.
La première est qu’en France on trouve une continuité entre France d’Ancien Régime et nouvelle France. La Révolution parachève pour lui la centralisation et le nivellement social développés par la monarchie absolue. Développés par les adversaires de la Révolution qui disaient ainsi que cette Révolution n’apportait rien, l’idée est donc reprise par Tocqueville. Les institutions nées de la Révolution ont quand même des spécificités. L’Ancien Régime avait une règlementation minutieuse, rigide et peu applicable concrètement. La Révolution apporte un progrès puisque l’exécution des lois devient plus efficace. Cependant, la Révolution a conservé des dispositifs anciens fortement antilibéraux, donc un potentiel despotisme administratif. La Révolution Française a donc tout de même détruit tout ce qui se rattachait aux institutions féodales.
Autre point, la Révolution est quelque chose d’assez étrange puisqu’elle articule deux traits qui peuvent s’opposer, son radicalisme sans précédent, tout en étant incapable de stabiliser un corps politique. Dés le second régime, l’universalité est inscrit dans les textes français quand les USA soulignaient les traits faisant de la Révolution américaine un cas spécifiquement américain sous bien des points. L’abstraction revendiquée par l’opinion publique éclairée vient de ce que les intellectuels du XVIII° siècle n’avaient eu aucune expérience politique. De plus, les privilèges de la noblesse qui demeuraient depuis des siècles reposaient sur du vent depuis Louis XIV, ils n’avaient plus de réalité tangible. De ce fait, ces privilèges deviennent intolérables pour la bourgeoisie montante. A cela s’ajoute le fait que le plus souvent, les Révolutions naissent quand la situation économique s’améliore, mais pas la situation des libertés. Certains sociologues parlent de ce phénomène comme la « loi de Tocqueville ».
L’originalité mais aussi le risque de la Révolution Française, c’est l’esprit révolutionnaire qui peut parfois prendre le dessus sur l’esprit démocratique.

Relations Europe - Amérique 28 - 11 (cours 4)


 Relire la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.



La Révolution Française est apparue comme un évènement fondateur dans la définition de la nature humaine. Cela a bouleversé les racines sur la manière d’appréhender la politique. Hegel a d’ailleurs formulé le lien entre l’évènement que représente la Révolution française et ???, comme la raison qui prime sur la politique et par ailleurs un évènement marqué par les Lumières, un ???. L’expérience de la Révolution Française s’est alors suivie de la période de Terreur. Un lever de soleil suivi d’un évènement effroyable selon Hegel.
On peut résumer cette Révolution à trois éléments significatifs : un aboutissement celui de la philosophie des Lumières, la première tentative pour donner un fondement rationnel à l’État, et, par son impact effroyable, elle fait aussi apparaître les limites de l’abstraction moderne.

L’influence des Lumières joue beaucoup sur la compréhension de la Révolution française. La culture politique est donc en amont de cette révolution. C’est une culture politique rationaliste dont parlent très explicitement les acteurs de la Révolution Française. Deux tendances complémentaires s’y retrouvaient : une rationalisation de l’organisation sociale qui devait se faire par un renforcement de l’État et la recherche d’une garantie de la liberté par le biais d’une destruction des contraintes purement arbitraires qui pesaient sur la liberté dans l’ordre ancien. Cette conception de la politique se retrouve dans un texte fondamental, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC).
Ainsi Cesare Beccaria voit dans le rationalisme une prééminence indiscutable de la loi. En effet, la loi est pour lui la meilleure garantie politique contre l’arbitraire mais aussi la plus impérieuse pour moderniser la politique car elle dépasse les combats pour des intérêts personnels. Dans la DDHC, on rend compte du droit naturel, des droits inhérents à la nature humaine et qui s’impose à celle-ci. Un autre aspect de la DDHC est plus légicentriste, la loi doit déterminer les droits inaliénables. A partir de là, il y a un aspect plus important où les relations entre la Révolution Française et  l’esprit anglo-américains sont complexes. Les acteurs de 1789 jugent qu’il existe des droits naturels qui ne se résument pas à l’ordre politique. Le droit naturel dépasse le droit positif qui est établi par les lois. Les acteurs ont donc une certaine liberté vis-à-vis des anglo-écossais qui avaient théorisé cela. Cela ne les rend pas moins réticents à la reprise des questionnements anglais, ils y sont même carrément réticents. On peut selon eux, établir une politique avec une cohérence ??? On a donc un radicalisme qui pose question sur la source de l’autorité. On sent une notion volontariste qui passe par la volonté générale. Le contrat social doit être le projet dont l’idée permet de construire la société.

Face à cette position légicentriste française, certains acteurs vont soulever quelques enjeux. On retrouve alors le britannique Edmund Berke et Thomas Payne, même si les Anglais sont plutôt favorables à la Révolution Française censé libérer la France de son carcan absolutiste et ultracatholique. En 1790, Berke publie ses réflexions sur la Révolution de France. En 1791, Payne lui réplique dans Les Droits de l’Homme.
Pour Berke, la révolution Française n’est pas héritière des pensées et des Révolutions anglaises et américaines. Berke établit immédiatement une dénonciation de la philosophie des Droits de l’Homme comme abstraction révolutionnaire. Si pour Berke, libéral whig, tous les hommes ont des droits naturels, seuls les droits garantis sont valables car ils sont le fruit des aléas. A la politique de la raison, il oppose l’idée que les seules libertés heureuses qui sont concrètes peuvent être imposées. Selon lui, on veut volontairement reconstruire tout l’ordre social politique. La critique de Berke consiste à montrer les méfaits des Français qui s’appuient sur la raison et non sur l’expérience, un manque de prudence selon lui qui pourrait amener de graves conséquences. La Terreur y est déjà un risque potentiel.
Autre critique de Berke, la révolution Française s’est présentée dans l’urgence, dans une situation exceptionnelle. Or cette situation est devenue le moteur politique de toute la Révolution, l’urgence est devenue une situation normale.
Appuyé sur l’apologie de la tradition, Berke défend l’idée que l’ordre social et politique ne peut être reconstruit intégralement car il est transcendant. Cet aspect s’impose vite comme une des origines du romantisme en politique.

Thomas Payne, en réponse à Berke, sera très virulent en insistant sur le fait que Berke avait avant soutenu les Américains dans leur Révolution. Payne va donc s’opposer à l’intégralité de la position de Berke en considérant que la Révolution Française est dans la continuité des la Révolution anglaise et américaine. Les Droits de l’Homme constituent en plus le principe même de la politique libérale. La Révolution Française achève ce que l’Amérique a commencé, la preuve que l’État n’a rien de transcendant, qu’il peut être construit de toute pièce par les hommes et à partir des objectifs de ces mêmes hommes.
Lorsque les membres de l’Assemblée Constituante ont refusé toutes les discriminations statutaires, alors, on affirme réellement la liberté.

Berke tente donc un compromis entre la tradition et les nouvelles idées venues des Lumières. Payne à l’inverse plaide pour une émancipation socio-politique totale, venue de la raison et qui doit supprimer les préjugés d’une histoire qui est de toute manière à rejeter. La grandeur de la Révolution pour Payne annonce une reconstruction complète de l’ordre politique sur une base hyperindividualiste qu’est l’autonomie individuelle.


François Furet et Patrice Guéniffey, deux historiens français conservateurs, se demandent comment on est passé des Droits de l’Homme à la Terreur. Pour Berke, le jacobinisme était une conséquence naturelle atroce de l’agression dont était victime la tradition. Pour ceux qui partagent son point de vue, la Terreur puis l’Empire napoléonien furent des retours du despotisme d’Ancien Régime. Par cet avis, ils retournent contre eux l’accusation de traditionalisme. En déclarant que ce despotisme revenait de l’Ancien Régime, ils inscrivent la Révolution française dans une continuité.
Face à cela, les Jacobins robespierristes vont affirmer que certains principes, notamment la représentation nationale, sont des principes aristocratiques (une petite minorité des meilleurs dirigent la nation). Pour les adversaires, parmi les principes de 1789, il y a une centralité de l’individu. Sous la Terreur du jacobinisme on a retrouvé l’idée qu’il y avait un équilibre a recherché entre les individus et le peuple.
(transition invisible ?) L’Homme nouveau exprime l’idée d’une obsession de la table rase. Il y a alors une rupture radicalisée entre 1789 et 1793. Enfin la notion de rupture est développée par les libéraux mais aussi des gens comme Benjamin Constant, plus proche du socialisme, qui vont mettre un terme à la révolution en 1793 avec une constitution très sociale et aboutissement de la révolution française. Pour eux, l’État a pour fonction essentielle la protection de la liberté et de la propriété. Les partisans de 1793 valorisent le dépassement des intérêts particuliers. Les Jacobins vont faire une critique paradoxale de l’abstraction de 1789 puisqu’ils vont fonder leur action politique sur la nécessité de régénérer l’homme avec comme base, la mise en pratique formelle de l’égalité.
Le souci de cette controverse, c’est la forme politique que va prendre ces conceptions. Hannah Arendt va alors illustrer tout cela. (et alors ???)
Kant quant à lui va prendre une position libérale en considérant qu’il y a une libération dans la position du citoyen mais récuse l’idée qu’il y a un droit de résistance. En effet, selon lui, le droit ne peut exister que dans un ordre juridique déjà établit. Or il y a une séparation entre le droit et la morale qui est un système politique rationnel. C’est dans cet espace que se jouent les passions humaines.
Or on a un évènement politique ??? une difficulté insurmontable. La pensée qui va se diffuser dans le reste de l’Europe depuis l’Allemagne est aussi inspirée par une évolution de la Révolution de 1789. Suivant la liberté incarnée dans la révolution française, ils ont une position proches de celle de Payne. Là où une autre présence ??? ils vont passer à des conceptions plus particularistes. Cela prendra notamment pied dans les États-nations d’Europe centrale qui considèrent que leur objectif premier est l’extension au détriment des voisins.

Dans la Révolution américaine, on trouve fondamentalement des débats en son sein qui révèlent des positions nourries par des principes semblables dans le camp des fédéralistes ou antifédéralistes. Dans la révolution Française en revanche, on a deux tendances qui se croisent : celui des Droit de l’Homme et celui de la Terreur. Certains pensent que la vérité de la Révolution se trouve dans les principes individualistes, d’autres estimant que la Terreur sous Robespierre montre bien que l’unité de la nation ne peut venir par l’individualisme issu des Terreurs. On a donc deux types de groupes qui pensent qu’il y a une rupture entre 1789 et 1793 ( et Jacobins) et deux autres groupes qui ne voient pas cette rupture ( et ).