Introduction Générale
Pour les anglo-saxons la nation=peuple ; alors que pour un allemand la nation = kultur (c’est une culture ; peur de dire peuple puisque référence au nazisme, au XVIIIe ils parlaient d’un sang commun). La nation peut être donc soit un peuple (ethnos - peuple, ou démocratique – droits communs), soit une culture.
Pour nous, nation est un terme naturel descendant du latin « natio » (la
naissance) ; mais pour les populations en Afrique ou en Chine (min
zu : nation), le mot nation est neuf. En Chine, le peuple chinois n’existe
pas vraiment puisque il y a des centaines de peuples, donc la nation pourrait
être ce qui est sous le ciel (notion ancienne ; ciel : force cosmique
qui protège – tian ra). Au Japon, on a des difficultés à définir une nation
(mimzoku : peuple – ou kakutai : intraduisible).
Suivant l’interlocuteur, on parle de la même chose mais étrangeté du
langage, et donc parfois une incompréhension.
Notion d’Etat-civilisation utilisé par les Indiens. Civilisation* : là
où on mange de la même façon, au-delà des différences culturelles ; la
civilisation est plus matérielle que la culture. Les Indiens d’aujourd’hui
disent qu’il n’y a pas de nation en Inde, mais une civilisation qui recouvre
une nation hétérogène.
Difficulté de traduction, de communication tient au fait que le concept
évolue entre deux registres. Mémoires de Guerre de De Gaulle commencent
« une certaine idée de la France, issu des sentiments et de la
raison » à le concept de nation se situe entre
l’affecte et la raison. Pour De Gaulle, la nation c’est une personne
fictive – représente la nation par un personnage (All – dame blonde avec des
tresses appelée Guermania), en France c’est Marianne. Ambigüe parce qu’au début
elle représente la République (nation démocratique) puis ensuite la Nation.
Elle vient du Limousin, et inventée pendant la Révolution, c’est la vierge
Marie avec les attributs de la République.
La nation pose un problème de base puisqu’elle est entre l’affecte et la
raison ; on prend alors conscience que la nation se situe entre la présence et la figure
(cf : Yves Bonnefoy, poète). Pensée conceptuelle avec une division de
l’analyse, et donc la raison (Aristote) à la quiddité ; soit comme un tout (Platon) à eccéité. Quand la pensée est conceptuelle, on est
du côté de l’illusion – Bonnefoy n’aime pas les concepts parce qu’ils divisent
la réalité. Des pays pensent de la même manière, en disant que le concept de
nation (occidentale) est diviseur. Pour les autres souvent il y a une seule
communauté, comme l’umma dans laquelle il n’y a pas de division politique.
Deux hyper-nations dans le monde : les Etats-Unis et la Chine – risque
de guerre.
Phénomènes de nations abusives : infinité de petites nations qui se
réveillent, et se réinvente. Ex des nations archivées (ex : Catalogne,
Andalousie).
Ecarts entre la signification de la nation sont dus à la singularité de la
modernité ; cette dernière a au moins trois versants en Occident.
I.
L’histoire
des concepts
Vient d’Allemagne, perfectionnée en Angleterre (Cambridge) – façon de faire
qui se répand de plus en plus.
L’histoire des concepts est récente – philosophe Gadamer : fondateur
de l’herméneutique* càd la quête des choses
cachées que l’on voudrait révéler. Pour Gadamer, suivant la langue que l’on
parle on est conditionné à un mode de pensée ; il pense néanmoins qu’il y
a une réalité au-delà du langage, dite objective/indépendante du langage, il
faudrait inventer une discipline intellectuelle qui permettrait de réfléchir
sur le lien entre les concepts et le réel – travailler sur l’écart entre les
deux. Gadamer reprend une expression inventée par Hegel :
« l’histoire des concepts » (Bregriff geschichte).
Koselleck, poméranien – a écrit sur la mémoire, mais surtout connu pour une
série de dictionnaires, notamment Dictionnaire histoire du langage politique et
sociale. Il y aurait eu une « période de transition » (100 ans de
1750 en 1850) durant laquelle les concepts ont profondément changé de sens.
Ex : le père de la patrie en 1750 c’est
le roi, le maire parce que référence à l’antiquité (Cicéron, Tite Live –
patrie : où règne l’amour du bien commun) – donc le père commun c’est
celui qui s’occupe du bien commun, c’est quelqu’un de vertueux (surtout pas qqn
qui a créé un pays). En 1850, la patrie c’est un endroit qui est bien gouverné
– registre de la terre des pères (Horace « il est doux de mourir pour sa
patrie », pense à la petite patrie – géographie locale). Au final, les
deux sens sont valables, mais la patrie n’est jamais utilisé pour désigner un
pays/un royaume dans son ensemble. Pour parler du pays : « royaume de
France » ou « la Nation ».
Au XIXe – personne n’est d’accord sur le sens des mots. Koselleck (1970s)
veut clarifier le sens des concepts ; s’intéresse à la diachronie des
concepts (nait-vie-meurt) et les nouveaux concepts (socialisme).
RQ : Les révolutions de la fin du XVIII pour réinventer le monde vont
chercher dans l’ancien – les révolutionnaires français ont cherchés vers les
Romains (Koselleck – le Futur passé).
L’utopie est fabriquée avec les éléments du passé, éléments réinventés au
service du présent.
Le mot clé de la RF : la « patrie », mais dans quel
sens ? Horace ou Cicéron ? Plutôt Cicéron, toute patrie doit être une
patrie commune (nous sommes tous frères) ; à partir de là la RF bricole,
n’invente pas, d’où des dissonances. Pour Koselleck, cette période de
transition est la clé pour comprendre la France contemporaine.
L’école de Cambridge bouscule l’idée de Koselleck – Wittgenstein (all), en
1912 s’installe à Cambridge, énonce un postulat important : un mot ou un
concept n’a de sens qu’en fonction de son usage/contexte d’énonciation – le
« jeu de langage ». John Austin, en 1962 écrit How to do things with words (Quand dire c’est faire), on utilise certains concepts pour changer le
monde – on peut changer le monde par les mots – il invente une notion :
« l’acte de langage », notion performative du langage. Ces deux
auteurs sont les ancêtres de l’école de Cambridge, mais aujourd’hui deux
auteurs : John Pock et Quentin Skinner. Pocock, Le moment Machiavel, il croit que les concepts n’ont de sens que
dans un contexte d’énonciation (Machiavel parle en fonction de Florence du XVe
– le Prince, d’après Pocock n’est pas a-temporel). Skinner travaille sur le
concept de liberté, elle a existé avant le libéralisme, et trouve ses racines
dans le XVIIe ; la pensée politique anglaise (Locke) vient des jésuites
espagnoles : pensée tyrannicide – Les
fondements de la pensée politique moderne, Skinner. Les concepts ont un
sens synchronique.
Le concept de Nation est modernité (contrairement à la Patrie, République,
et Liberté).
II.
L’entreprise
des concepts nomades
Dictionnaire des concepts nomades : concept qui nait dans un pays et qui passe dans un autre en s’adaptant. L’intérêt du concept de nation en tant que concept nomade.
Bourdieu est mort en 2002 et avant de mourir avait consacré son séminaire
sur la non-traductibilité des concepts en sciences sociales. Et en 2003,
plusieurs de ses élèves, notamment Olivier Christin décide de réfléchir à ce
que pourrait être un espace des sciences sociales européens en réfléchissant
sur les mêmes concepts avec un seul langage. Pour arriver à cela, il faut
dénaturaliser les modes de pensée – il existe une incompréhension parce que
chacun appartient à un concept culturel précis qui donne un sens profond au
concept. Christin : on va faire un dictionnaire, dans lequel on réfléchit
sur la naissance des concepts (cf : école de Cambridge + Cassin, Le
Vocabulaire Européens des Intraduisibles, 2004). Concepts intraduisibles, et
donc on l’utilise dans sa langue d’origine (ex : Heimat).
Dictionnaire des concepts nomades,
2010, Christin : l’Ancien
Régime crée sous la RF, puis bouge en All et en Russie, des pays dans lesquels
le sens se modifie (pseudo-morphose : même corps mais sens différent). Le
projet est de déraciné les concepts, étudier leur circulation, l’écart entre ce
qu’il décrit et la réalité. Plus un concept est intraduisible plus il est
intéressant, parce que cela veut dire que les sciences humaines peuvent encore
améliorer leur compréhension du monde. Dictionnaire critiqué parce qu’il n’y a
que le monde occidental dans ce livre – impression que l’Europe a tout inventé.
Dans le dictionnaire, l’article sur l’Occident par Claude Prudhomme – pour les
Romains : l’occident c’est là où le soleil meurt, alors que
l’Orient là d’où vient toute chose. L’invention de l’Occident peut être
daté du XIXe siècle.
RQ : le tome2 du dictionnaire tient compte de cette critique en
s’intéressant plus à la circulation mondiale.
Xavier Fernandez – meilleure critique du dictionnaire. Iberconcept (200
auteurs - dictionnaire)- l’Espagnol et l’Amérique Latine sont considérés comme négligeable
dans l’invention du politique. Le but de ce livre est de montrer que le monde
ibérique a inventé les choses avant les pays occidentaux européens (vrai).
Entre 1815 et 1848 : aucune république en Europe, alors que tout le
continent américain était des républiques.
Il y a des régions du monde qui refusent les concepts
européens/occidentaux : comme la démocratie (qui divise l’opinion, et
suppose l’opposition). Résistance majeure – et donc montre les limites de
l’occident puisque ces catégories ne fonctionnent pas partout ; il est
impossible de faire une carte de l’occident hormis si on utilise le
nomadisme qui permet de déterminer les limites de l’occident – là où les
concpets ne fonctionnent plus.
Post-colonial Studies – Chatterjee, professeur indien, critique le libre de
Benedict Anderson qui écrit que tout nation est imaginée ; Chatterjee
reproche Anderson de penser que tout le monde s’est construit en fonction de
l’Europe. Arrêtez de nous faire croire qu’il y a une propagation planétaire du
modèle européen. Une part des intellectuels refusent les concepts occidentaux
(comme la nation, l’Etat). Egalement
valable pour l’Amérique Latine, qui essaie souvent d’inventer une autre forme
du politique, notamment dans les Andes qui refusent la division du pouvoir càd
l’exécutif, législatif, et judiciaire (le bon vivre).
Spivak, professeur à Columbia, née en 1941, assise en tailleur sur la table
habillée en sari – pour elle les cultures n’existent pas, tout n’est
qu’illusion. Elles existent qu’en temps de traduction – tout n’est que
hybridisme – il faut travailler sur les traductions culturelles pour comprendre
le monde. Le Pape des subaltern studies (femmes, noirs…).
L’intérêt de ces penseurs indiens est qu’ils nous obligent à faire bouger
la notion d’aires culturelles. Il n’y aurait des aires que de transformation
culturelle.
Chapitre 1 L’invention de la nation comme
personne fictive
Nous ne sommes plus à considérer les concepts comme des essences
intemporelles, où la nation serait la même ici et là. On a longtemps réfléchi à
la diachronie comment il a changé à travers le temps, aujourd'hui notre intérêt
se portera davantage sur le changement de sens en fonction de son contexte géographique.
Eric Hobsbawm explique dans son ouvrage qu'on ne peut comprendre
le XIXe et le XXe sans appréhender le concept de nation. Delannoi explique que
l'on a l'impression de savoir ce que c'est mais pourtant on n’arrive pas à le
décrire ; en outre suivant le pays
d'où l'on vient on ne va pas en avoir la même interprétation.
I.
Une
Heuristique (enquête sur les origines)
Recommandation
1735 de l'UE → S'intéresse en cela au concept de nation, en a été conclu la
difficulté de la définition du concept de nation, voire l'impossibilité de le
définir. Elle invite les Etats membres à être des entités civiques - demos - et multiculturelles, et à cesser
de s'organiser en tant qu'Etat ethnique
– ethnos.
Ernest Renan considère que pour être une nation il faut oublier ses racines.
Une nation en cela est une communauté d'oubli autrement les
individus n'arriveront jamais à vivre ensemble. Benda par homothétie, considère
que ceci a fonctionné au XIIIe soit le siècle de l'apogée de la chrétienté, la Respublica
Christiana, qui se verra brisée par la peste noire. L'Europe a existé au XIIe et XVIIIe siècles.
Selon lui, il faudrait donc s'en rappeler pour trouver les racines de la nation
européenne, une assise à la fois chrétienne et celle des Lumières. Qui ne
s'est pas contredite dans la création de la communauté européenne, exemple du
drapeau européen réalisé par le Dr Levy. Le seul dénominateur commun ayant été
la chrétienté, les pères fondateurs ayant été de véritables démocrates
chrétiens. Ernest Renan : « rien ne vaut un drame commun pour se
sentir uni », l'Europe se fondera donc sur la mort de ses soldats lors de
la 1GM.
Le Parlement
européen n'arrive pas à dire ce qu'est la nation, et en aucun cas il n'a donc
dit que l'Europe pourrait être une nation. Jurgen Habermas a développé la définition
de la citoyenneté post-nationale, sans quoi il considère que la citoyenneté
européenne et l'Union Européenne par extension ne pourra exister. Il considère
en outre que les nations ethniques sont une pathologie, c'est pourquoi une citoyenneté qui ne fait
pas référence à une nation est nécessaire. À Bruxelles, ce
créneau est fortement mobilisé et commence à être mis en question en raison de
l'intégration des nouveaux Etats de l'Est (telle la Roumanie qui s'appuie
beaucoup sur sa roumanité, dans la mesure où celle-ci est multi-ethnique).
4 éléments
d'accord sur la Nation :
·
La forme nationale dans
son acception politique est contingente et récente. Cela signifie que nous
sommes tous d'accord sur le fait qu'elles apparaissent à la fin du XVIIIe dans
leur acception politique. En outre cela signifie que les nations pourraient
totalement disparaître demain. Une sorte d'anomalie, car il y a des formes plus
naturelles qui seraient la tribu, le royaume et/ou l'empire, et qui ont été
beaucoup plus répandu au cours des âges.
·
Lorsqu'on évoque nation d'autres concepts surviennent à
l'esprit : patrie, Etat (machinerie bureaucratique et frontières),
peuple, démocratie, république. C'est là un danger d'amalgame et de confusion. Il existe par exemple des
nations diasporiques qui vivent dans des Etats différents mais qui ont
l'impression d'appartenir à un même Etat. L'association Etat et nation est en
cela devenue incertaine. Aujourd'hui les phénomènes migratoires brouillent cet
appareillement Etat et nation.
·
Les nations sont des communautés imaginées, les nations
sont surtout des récits de la nation avec des héros, une histoire. En cela on
est obligé d'admettre que le politique s'incline face à l'esthétique. Dès qu'on
pense à la nation le registre politique l'emporte sur le registre esthétique,
car la nation incarne d'abord une esthétique commune. Pour Aristote, ce
qui fonde la cité est l'esthétique commune, cela signifie que tout le monde a la même conception du bien
et du mal, du beau etc. et c'est cela qui permet à la cité de fonctionner
(esthétique ici entendue donc en terme philosophique). Ceci empêchant le co
référencement de certaines cultures. Cf. Eloge de l'ombre. Ainsi on pense
cinéma national, histoire nationale. En cela l'affect est complètement du côté
esthétique.
·
Le concept de nation a été inventé en occident.
Aujourd'hui, il est utilisé sur toute la planète il n'en recouvre pas pour
autant la même réalité : « ce n'est pas par ce que l'espèce est
la même que la substance est la même ». Ce n'est pas par ce qu'on a
l'espèce nation qu'on en la même substance, chacun y mettra la substance qu'il
souhaite.
Nous avons
tendance à penser en occident, que la nation y a été inventée et qu'il en a
résulté une propagation planétaire au XIXe siècle (Benedict Anderson). Les
tenants des « post-colonial studies » refusent cette conception.
Chatterjee explique ainsi que l'Europe a
voulu imposer son modèle de nations, mais il existait déjà des identités nationales multiples en Inde et en Afrique. Il
cherche à comprendre la consonance et la concurrence entre ces deux modèles de
nations. Il prendra le modèle de certains royaumes africains qui pour lui était
des nations.
Gellner
considère qu'il ne peut y avoir de nations que lorsqu'il y a nationalisme, en
cela il considère que le nationalisme précède la nation voire la crée. Il
renverse donc la dialectique selon laquelle la nation précèderait le
nationalisme. Ainsi il ne considère pas que les nations existent depuis
toujours elles sont le fruit de discours nationalistes.
Les nations aux confins de la
civilisation
Hobsbawm par
son intérêt pour le monde hispanique, explique qu'il est intéressant de
réfléchir à la Castille, un des premiers royaumes européens où il n'est pas
irréaliste d'y accoler la notion d'Etat-nation. D'autant plus que ce terme est
un terme indigène en ESP. Toutefois il considère qu'il est difficile d'y voir
un Etat nation. Plus encore, il explique qu'en ouvrant un dictionnaire ESP du
XVIIe, Nation a plusieurs sens :
-
naissance
-
l'ensemble des habitants d'une province ou d'un royaume
-
Nation vient aussi du latin natio à savoir l'endroit où
nous sommes nés, cela peut être un endroit très restreint tel qu’un village.
-
Désigne n'importe quel étranger.
Il faut
comprendre ici, qu'en ESP en 1732 on a
gardé le sens du latin nationes qui désigne les étrangers, soit les
gens ou les gentils en vieux français. Ceci doit se comprendre de la manière
suivante à savoir que les romains
n'ont jamais voulu se définir par la naissance mais par la citoyenneté. Rome a inventé une citoyenneté de type demos,
et désigne les étrangers par ethnos. Dans ce contexte il est
méprisable de faire l'éloge de l'endroit où on est né autrement dit la
petite patrie.
Dans l'Ancien
Testament, le terme nation apparaît et est employé pour désigner les païens ou
les étrangers. On parle de nation égyptienne par exemple. On trouve un
discours contre l'idée de nation et de royauté en faveur de république naturelle
qui est celle des tribus d'Israël, qui ne sont pas considérées comme une nation
dans la Bible et où la monarchie est mal vue car seul le royaume de Dieu doit
exister.
Dans le
Nouveau Testament, Lavigne et Berten, apparaît 142 laos (peuple) et 163
fois le mot ethnos, qui lorsqu’il est au singulier renvoie aux
israéliens, et quand il est au pluriel renvoie aux païens.
Pour un
homme de l'antiquité il y a une vraie
opposition entre civilisation et nation. Civilisation ayant avoir avec la citoyenneté, elle incarne quelque
chose qui repose sur la citoyenneté et non sur l'origine ethnique. à En cela
Rome était une civilisation, et les barbares étaient des nations qui ne
vivaient pas sur la citoyenneté. La tradition juive à travers la Bible n'aimait
pas la nation mais pourtant se définissent en tant qu'ethnos – il réside en
cela un flou sur ce point, alors que nation élue ils refusent de se définir
comme telle.
L'élaboration d'une persona ficta qualifiée
de nation
Comment un
personnage peut-il devenir l'hypostase de la nation ? Hans Kohn a essayé de repérer comment des
identités collectives avaient pu émerger en Europe, dans son ouvrage il ne
développe pas de réflexion sur le concept de Nation, mais les processus de renforcement des identités
collectives. Il n'est donc intéressant que dans la formation des identités
collectives en Europe, on ne peut pas les appeler nations au sens moderne, nous
avons bien affaire à des peuples qui sont en train de s'identifier mais pas à
proprement identifier comme des nations.
Dans
l'optique d'identification de la nation au sens moderne, 1750-1850 est la fenêtre d'ouverture privilégiée d'apparition du
concept de Nation. Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des
nations, 1756, fait l'éloge des civilisations, dont la civilisation
française plus particulièrement et de l'Europe des élites cosmopolites qui
parle français. Il parle alors des nations qui sont en marge de la
civilisation. En cela, Voltaire a une
lecture romaine de la nation, avec la civilisation des Lumières face à la
nation des ottomans ou encore celle des chinois. On trouve une entrée patrie, au
sens latin qui est à valoriser car il s'agit d'agir au service du bien commun.
Quand il emploie l'expression de nation GB, il fait alors référence au peuple.
Pour
Starobinski, Rousseau a été marqué par une expérience de jeunesse. Ce dernier a
assisté à une fête appelée l'éblouissement de St Gervais, il va y voir une
sorte de communauté naturelle extraordinaire. Il aurait eu l'idée du contrat
social et de l'état de nature après avoir assisté à cet événement. Cette fête
serait l'éblouissement des conditions naturelles où il n'y a pas de conditions
ni de hiérarchie. Dès lors, Rousseau considèrera que la nation parfaite
serait faite d'énergie et de rusticité, les vertus romaines donc. Il sera, en outre, inspiré par la
république nobiliaire de Pologne où les nobles élisent leur roi. Il estime que
l'Europe est trop civilisée donc décadente.
Dans les
monarchies, il y a transsubstantiation
des rois et de la nation. Le Roi est la Nation. A. Smith et chez tous les
penseurs du XVIII siècle, lorsqu'on parle de la nation ne parle pas du roi mais
de l'économie.
La modernité réside dans la Nation
Le meilleur
marqueur de modernité est la Nation. Destutt de Tracy, Commentaires sur
l'esprit des lois, selon lui Montesquieu
est dans l'erreur car il décompose les gouvernements en 3 catégories :
monarchique, républicain, despotique. La monarchie est supérieure à la
république, car il suffit qu'un seul soit vertueux, or dans la république il
faut que tous soient vertueux. Il est plus facile qu'un seul soit vertueux
plutôt que tous, car il suffit qu'une minorité soit corrompue pour que la République
soit détruite ou elle-même corrompue. Pour
Destutt de Tracy, Montesquieu a tort d'opposer monarchie et république, il
n'y a que deux types de
gouvernements :
-
les
gouvernements nationaux ou de droits communs (respect de la volonté générale)
-
les
gouvernements spéciaux ou de droits particuliers (confisque
la volonté générale)
Il prolonge en disant que le premier peut être une démocratie
absolue, un gouvernement représentatif pur, peut être une aristocratie, ou une
monarchie plus ou moins limitée ou illimitée. Il peut recouvrir la forme que
l'on veut dès lors qu'il respecte la volonté générale, et en cela on peut le
considérer comme gouvernement national.
Les gouvernements spéciaux, càd des gouvernements qui tournent le dos à
la volonté générale et la confisque, or il existe des républiques pire que la
monarchie dans cette confiscation de la volonté générale. La vraie opposition
n'est donc pas entre République et Monarchie, car la monarchie était une
république, elle a essayé d'imiter les vertus de Cicéron, imitant les
substances de la République, mais n'a jamais voulu être la République en tant
que forme. à Il ne faut pas confondre la forme
républicaine et l'esprit républicain soit la vertu.
è La vraie
opposition réside entre monarchie et une nation, car une monarchie n'a jamais
pu être une nation. Par là il entend, qu'un Roi est désigné comme roi pour être
arbitre entre gens qui parlent des langues différentes, aux coutumes
différentes, en cela il ne peut être un roi national (France une agrégations de
peuples – de nations au 16é siècle).
Pour De Tracy la nation est la nation telle que
la Révolution FR l'invente : la noblesse et le clergé ne peuvent être
la nation, car par nature sont cosmopolites. La nation est une immense
nouveauté apparu à la fin du 18é siècle, car le tiers-état prétend du jour au lendemain incarné la souveraineté,
on assiste alors à quelque chose de totalement inédit. Ce mouvement vient des
USA, lors de la fin de la Guerre d'indépendance nord-américaine. Les US ont
alors le sentiment de vivre quelque chose d'inédit, un peuple qui affirme sa
souveraineté face au Roi George III. En France, on considère au contraire qu'il
ne s'agit en rien de quelque chose d'inédit, mais une rébellion contre un roi
tyrannique (cf. Raynal). T. PAINE explique qu'un
peuple nouveau s'est créé : « nous sommes vraiment un autre
peuple ». Raynal approuvera par la suite ce point, des gens se mettent ensemble et proclament nous le peuple, une nation
s'est alors assemblée, mais comme jamais une nation ne s'est assemblée à
savoir une nation égalitaire. Jefferson refuse pourtant l'insertion du terme
nation dans la Constitution des USA.
Par la suite
on cherchera à traduire les constitutions des treize colonies en FR, mais
comment traduire certains mots/concepts qui y sont présents : utilise-t-on
le terme patrie ou nation ? À aucun moment on ne traduira les termes
connotés nation par nation, car on supposait que cela renverrait à quelque
chose d'ancien et trahirait l'aspect inédit de l'évènement. Marcel Moss
explique que les USA et les GB ont été des grands inventeurs pourtant ils n'ont
jamais eu la prétention de leurs inventions envers la face du monde.
II.
Tel Janus :
un concept biface
A.
De la « Nation en armes » à la « Grande
Nation »
1.
La portée de l’exemple américain
En 1786,
Condorcet rédige L'influence de la Révolution Américaine, avec une
réelle fascination du personnage vis à vis de l'expérience américaine, qui en
réalité traduit une réelle fascination générale. Toutefois, comme l'a écrit
François, la Révolution FR veut aller plus loin, Mirabeau et Ciliés. Depuis le
17é s. chaque colonie US avait un parlement, le parlementarisme y existe depuis
le début des USA, une des revendications lors de la révolution fut de préserver
cela alors que le Roi George III ne souhaitait qu'un seul parlement à Londres.
Depuis l'origine les USA étaient donc fédéral. Là où la FR innove, Mirabeau et
Ciliés veulent expulser la noblesse, l'Assemblée Nationale devant représenter
toutes les régions de FR, la Monarchie ayant été fédérale (dans les assemblées
de régions), la République n'en veut plus. Pour Guilhaumou l'expression assemblée
nationale est l'évènement linguistique majeur du 18é s.
Se développe alors le concept d'exceptionnalité française. Un
paradoxe réside dans la Révolution FR car elle a voulu la régénération de la
nation, elle a recours alors à deux moyens. Elle appelle à regarder en arrière,
ou regarder devant càd l'homme nouveau, expression typique de la Révolution FR.
2. Transferts franco-allemands
Aujourd'hui on parle de transfert culturel et non plus d'influence. On a des travaux sur la France et l'Allemagne.
a.
Nation
au détriment de Vaterland et de Volk
Hambourg était fasciné par la Révolution Française. Le mot nation semble
plus pathétique.
b.
les
deux modes d'appropriation du concept
Il y a 2 modalités du transfert du concept :
-
soit une imitation pure et simple,
-
soit on
continue à dire Volk et Vaterland mais on en change de sens (transfert par inversion) et on investit
dans ses mots le sens qu'on en a en France.
c.
Analyse
lexicale de L'esprit du temps d'Ersnt Moritz Arndt.
La bataille d'Iéna est essentielle, Napoléon vaincra 3 armées (autrichienne,
prussienne, et russe).
Arndt a publié
un tome 1 de l'esprit du Temps dans
lequel le mot Nation apparaît plus de 100 fois et le mot vaterland peu, alors
que dans son tome 2 (paru après la bataille d'Iéna) les proportions sont
inversées.
Dans son livre il y a des expressions telles que «ennemi de la nation» «fête
nationale»... c’est-à-dire des expressions inventées par la Révolution Française,
mais alors utilisées via Volk ou Vaterland et non pas le mot nation à Donc à partir de 1806 le mot n'est plus utilisé.
3.
Deux
idéotypes de la nation à nuancer
Pendant longtemps on opposait 2 types de Nations :
·
Française (Nation
contrat)
·
Allemande (Nation
génie/ ou romantique).
Depuis 200 ans l'opposition est très fréquente.
Les allemands opposent la Nation étatique* à la nation culturelle* → distinction datant de la fin du XIXe siècle
(par Thoman Mann en 1918 par
exemple). Idée que la Nation culturelle* repose
sur une langue et donc ne meurt pas, contrairement à un Nation étatique.
è On voit alors l'opposition civilisation et
culture. La France est une civilisation donc elle est mortelle, l'Allemagne en
revanche est une culture et donc peut anéantir la France. Mais aujourd'hui cela
n'a plus grand sens, puisque par exemple les français parlent français.
Opposition qui a longtemps fasciné les français qui y voyaient une
supériorité : si la Nation repose sur un contrat et non sur une langue
alors la France pouvait s'étendre à la planète (ce que pensait Jules Ferry).
C’est dans ce sens, que les droits de l'homme et du citoyen ont été édictés
pour tous les hommes.
è Opposition qui est artéfactuelle (pas authentique
véritablement)
Herder a été placé en Satan par les Français pendant le 2GM,
car il avait fait l'éloge de la langue allemande, qui selon lui était matrice
de tout. Dans ses écrits, il y a l'idée que la langue allemande est celle qui
permet à la pensée humaine d'aller le plus loin, langue qui est rustique et
permet toutes les audaces alors que la langue française est fossilisée car est
pleine de latin et de grec et est une langue morte.
Alain Renaud a étudié Herder qui a une conception de la nation pas si
caricaturale que ça, il est un lecteur de Leibniz.
Leibniz avait imaginé que les Nations pourraient être des
monades, c‘est à dire des totalités individualisées reposant sur une culture et
une langue. Elles formeraient un cosmopolitique et elles s'aimeraient en gardant
leur génie particulier, on a affaire à un monde rêvé de Leibniz où les
cultures dialogueraient.
RQ : monade* :
chez Leibniz, substance simple qui exprime l’univers dans la totalité, et qui
est en relation avec toutes les autres nomades, dont l’ensemble toute entier
constitue l’univers.
è Herder reproduit donc le modèle de Leibniz. Renaud démontre qu'Herder est exaspéré
par l'universalisme des Français.
La révolution française a légiféré pour l'univers (la DDHC s'adresse à tous
les hommes de l'univers), or la plupart des européens ne veulent pas de ce
message universel.
Edmond Burke, Réflexion
sur la Révolution en France, en 1790 → il dit que les anglais ne veulent
pas des droits de l'homme inventés à Paris, et qu'ils ont déjà de l'avance sur
le plan de la liberté.
Herder était fatigué par cette propagande de la révolution et de l'homme abstrait.
Il est un chrétien des Lumières qui rêve de retrouver des peuples dans leur
état naturel et au-dessus la fraternité chrétienne.
Fichte, Le
discours à la nation allemande, 1813, livre très attaqué en France. Il dit
qu’il est important que chaque peuple préserve sa langue et que le français est
dangereux. Il faut que les allemands prennent conscience d’être une Nation
selon lui, celle-ci ne doit pas reposer sur la langue mais sur un projet
éducatif. Tous les hommes de bonne volonté peuvent donc être allemands, on
peut donc devenir allemand.
Idée que le christianisme empêchera une guerre entre les allemands et les
autres à l'avenir, provient du fait que les Allemands avaient peur que Napoléon
détruise l'Europe. Pour éviter cela il faut se retourner vers la culture
chrétienne du Moyen Age et faire face à l'abstraction des Français.
L'épisode des Jacobins de 1793 et 94 est très mal vécu en Europe, beaucoup
d'Eglises ont été détruites. Les Jacobins s'appelaient « la montagne »
et Paris était alors un volcan qui détruit des démons.
Herder et Fichte ne sont pas ceux qui ont créé le modèle de la
nation romantique, ils rêvaient d'un cosmopolitisme des nations habité par
un idéal chrétien.
Au moment de la création de l'Europe dans les années 1950 on discutera
beaucoup de ces conceptions. Aujourd'hui
on pense plus à Hegel, Grimm et
Guillaume de Humboldt → selon eux, l'Allemagne est le seul pays capable de
porter l'idée.
Winckelmann a inventé le mot d'esthétique. A la fin du
XVIIIe, il voyage en Grèce et est persuadé que la Grèce a atteint le sublime
(il oppose le beau et le sublime). Il
invente alors le concept de génie grec. Selon lui, les grecs sont les 1ers à avoir pu concevoir l'essence unitaire d'une culture. Puisqu'il y a un
génie grec il peut alors y avoir un génie allemand, seule l'Allemagne le peut
créer ce génie.
è Raisonner sur les nations est donc un problème
esthétique.
Nazisme : volonté de pousser plus loin la culture contre la civilisation.
Rosenberg - Le mythe
du XXe siècle, les allemands sont les descendants de Sparte.
è Ces deux concepts de
nation (français et allemand) ont donc été figés rétrospectivement à la veille
de la guerre de 14.
Chapitre 2 Le Nationalisme, une pathologie
européenne
On parle du suicide de l'Europe, mais ne pourrait-on pas plutôt parler d'un
suicide des Nations?
I.
1914-1918 :
le suicide des Nations ?
L'approche historienne de la guerre est née avec Pierre
Renouvin qui a dominé l'histoire des RI en France à partir du premier
conflit mondial, il a inventé la notion de force profonde*(=les pays entrent en guerre car il y a des forces
profondes qui font qu'on est poussé à la guerre, forces qui se réveillent car
il y a un élément qui fait cristalliser la haine). On résonne alors non plus
sur les causes de la guerre mondiale mais sur ses origines.
L'assassinat de l'Archiduc à Sarajevo aurait pu ne pas aboutir à la guerre
tandis que la haine entre français et allemand allait forcément aboutir à un
affrontement.
Pendant longtemps la 1GM était lu en
fonction des grilles marxistes d'interprétation. Depuis les années 80 on a une autre
histoire de la 1GM qui est surtout culturelle.
Nouvelle histoire qui s'intéresse au patriotisme des soldats et pose une question :
comment cette guerre a-t-elle durée 4,5 ans et ne s'est pas arrêtée plus tôt? Qu'est
ce qui fait tenir un poilu? Est ce l'idée de Nation ?
Antoine Prost met en avant l'argument que les soldats étaient
patriotes mais doute que c'est une force morale qui les ai fait tenir. Certains se battent surtout par
conscience professionnelle, d'autres par habitude.
Le courant majoritaire d'interprétation qui met en avant le concept
inventé par Georges Mosse → la 1GM
est l'aboutissement de la brutalisation
des sociétés. Depuis 40 ans, les pays d'Europe ont installé des
cultures de guerre qui a poussé à la brutallisation des sociétés.
Mitterrand, on ne peut fonder l'Europe sur des gloires
communes mais on peut le faire sur un deuil commun, à savoir la 1GM. La France
a perdu cette guerre, a eu beaucoup de morts et mettra du temps à s'en relever.
1.
L’unanimisme
patriotique
a.
L’enthousiasme
de 1914
Krumeich s'est penché sur les photos à la guerre de Berlin où les Allemands vont à
la guerre comme à la fête. Ces photos ont été instrumentalisées pour mieux
dénoncer les déchirements de la société intervenus après. D'autres ont utilisé
ces photos pour dire « voilà à quoi conduit la Nation ». Pour lui on n’est
pas sûr qu'il y ait eu un vrai enthousiasme en 1914 mais cela a été
instrumentalisé. En tout cas on peut
voir l’euphorie dans les villes allemandes en juillet 1914.
En France témoignage de Julien
Benda, en 1932 il avait réfléchi sur la Nation française → la volonté
des français d'être une Nation ne s'est réalisée qu'au bout de 20 siècles, le 2
août 1914.
Même les plus grands des pacifistes deviennent nationalistes dès lors que
le conflit explose.
Marc Ferro ; l'histoire de France n'est qu'une longue
histoire de guerre civile. La 2GM est pour la France une guerre civile, la
1GM serait la seule où il aurait eu une nation soudée.
En Russie. Beaucoup de livres russes (dont le Docteur Givago - prix Nobel)
décrivent l'enthousiasme à la guerre. Tolstoï
(aussi prix Nobel) décrit aussi cette ivresse du départ à la guerre.
b.
Une
tentative d'explication
En 1905, onde de choc en France, on a le sentiment à cette époque que la
guerre mondiale va éclater. L’affaire Dreyfus est alors effacée par l'affaire
de Tanger (en 1905, crise internationale opposant les puissances européennes au
sujet de la colonisation du Maroc).
Système éducatif français, esprit revanchard et culture de guerre.
En 1871 on perd la guerre face à la Prusse, le chancelier Bismarck est venu
avec le roi de Prusse et l'a couronné dans la galerie des glaces. A partir de
ce moment-là, il y a eu une obsession en France de venger le pays et de
reprendre l'Alsace-Lorraine. Cet esprit revanchard s'exprimera dans les manuels
scolaires (on passe alors à des ancêtres gaulois et non francs – puisqu’il
n’est pas pensable d’avoir des ancêtres communs avec les Allemands, sachant que
Français et Allemands descendent des Francs). Comme par exemple, le manuel
scolaire : « le tour de France par deux enfants » où on
trouve l'idée qu'il faut reprendre l'Alsace et la lorraine.
Pour les livres scolaires allemands (1880 1890), on trouve l’idée que le
territoire national allemand est un cimetière de slaves. On essaie de repousser
les limites de la civilisation toujours plus à l'Est. On trouve aussi des
passages sur la haine à la France. Ex : Goethe avait vu l'armée du
directoire faire sauter les châteaux du Rhin.
Hasse, en 1905 était président des ligues pangermanistes* (mouvements secrets ayant pour
mission d'étendre l'Allemagne dans le monde). Pour lui, les Nations d'Europe
empêchaient l'Allemagne de croître, il était donc du devoir de l'Allemagne de
se dégager des mains qui' l'étranglaient.
Woltmann écrivait lui un livre d'anthropologie, et
comparait la taille de la tête pour parler d'intelligence et des capacités
cérébrales des français qui n'étaient pas assez grandes.
En Russie le livre scolaire de Kovalevski, dit que les russes sont arrivés
mille ans avant les germains en Europe du Nord. On décrit les slaves comme ceux
qui n'aiment pas la guerre mais ils ont dû la faire pour se protéger, car ils
ont été envahis soit par les scandinaves soit par les allemands.
En Italie, il y a à l'époque l'éloge de l'art romantique et un discours de
la nation italienne, sachant que l’Unité italienne date de 1860. A partir de ce moment, il y a un discours nationaliste
d'un type nouveau. D'Anunzio est un poète qui réclame le retour de terres
autrichiennes ; les intellectuels italiens font l'éloge de la Nation et de
la guerre.
L'incapacité du pacifiste à faire contrepoids et
à stopper les mouvements de brutalisation en marche.
·
La société de
paix allemande (mouvement pacifiste allemand fondé en 1892) comptait 10 000
membres en 1914, mais ce mouvement était impuissant.
·
En France
c'est Gustave Hervé qui est l'homme
clé du pacifiste → il ne veut pas d'une guerre contre la Nation car les
bourgeois s'en sortiraient et les paysans seraient ceux envoyés au front. Jean Jaurès est son «ennemi», il est
aussi pacifiste mais est horrifié du fait qu’Hervé veuille une guerre pacifiste
en France. Son pacifisme est absolu, contrairement à
celui de Hervé.
La première grande enquête sociologique faite en France est l’enquête
Agathon, en 1913 auprès de 2000 jeunes français par Henri Massis et
Alfred Tarde. La question: comment
voyez-vous le monde? Les jeunes détestent tous le dilettantisme (ils
ont envie de travailler), ils ont un goût du sport (qui ne devient à la mode
que dans les années 20) et un anti intellectualisme. Même année où paraît «à la
recherche du temps perdu» de Proust.
è Guerre connotée comme vertueuse, la jeunesse a
besoin d'une cause. Sentiment est le même partout en Europe, la jeunesse
veut la guerre.
c.
la
crispation du sentiment national
Une sorte d'ivresse de la fraternité
qui est étonnante.
« L'appel aux armes » de Charles Péguy de 1913 → il parle d'un jeune
soldat qui se heurte aux idées pacifistes de son père instituteur, et il est
dégoûté par les lettres pacifistes que lui envoie son père, il lui répond alors que la guerre est divine.
Sorte d'écho direct à l'enquête Agathon.
Louis Guilloux écrit des livres contemporains de la guerre ou
après. Il est stupéfait de voir la
jeunesse anglaise heureuse d'aller à la guerre.
→ Il y a des paradoxes à tout cela :
Ø
Blaise Cendrass a écrit «La main coupée», où
il raconte comment il perd son bras. Il a fait la 1GM dans la légion étrangère
où il a secouru la France (dans la légion étrangère sur les 18000 volontaires
il y avait 17000 latino-américains). Quand les légions étrangères passent
dans les villages français ils sont sifflés et traités de bouffeurs de gamelles,
Cendrass est blessé par cette attitude. Dans la légion étrangère il n'y a pas
de haine de l'Allemagne selon lui.
Ø
L'attitude
des juifs dans différents pays qui s'engagent ...
o
Stefan Zweig
(il est juif) incarne l'Europe d'avant 14, mais il veut faire la guerre pour
défendre l'Autriche-Hongrie qui est son idéal.
o
Thomas Mann
écrit des livres de patriotisme allemand
o
Durkheim en
1916 a écrit «l'Allemagne au-dessus de tout», il est d'une violence incroyable
contre les allemands.
o
Isaac Singer qui
a écrit «Acier et fer» en 1927, dit que pour les juifs, la guerre a été vécue
comme une sorte de chance car la première guerre aurait pu mettre à mort l'idée
de Nation en Europe et les communautés juives s'en sortiraient mieux.
Durcissement des stéréotypes, à partir de 1916, l'allemand est représenté
par un cochon.
2.
Le
dépassement de l’idée nationale
a.
1917 : tombeau
des Nations ?
Deux empires alors : Russe et Autriche
Hongrie. Différents types de
discours. Ces deux empires sont devenus fragiles en 1914 car la 1GM est vécue
comme un conflit entre Nation, or ces empires sont multinationaux, et
ils vont s'effondrer. Faillite des Etats multinationaux.
L'empire Russe était fragile
car l'esprit national était présent à l'intérieur de l'empire. Quand il y a eu
des défaites militaires russes, les esprits nationaux se sont réveillés et
l'empire s'est effondré. Quand Lénine parle des non-russes il parle de « Nation »
alors que quand il parle de la Russie il ne parle pas de Nation. L'union
soviétique a fonctionné comme l'empire romain.
En Autriche Hongrie, :
-
Thomas Masaryk, chef d'Etat Tchèque après la
guerre de 14-18, ils rêvaient tous de s'émanciper de l'empire d'Autriche
Hongrie.
-
En Serbie, le
mouvement de la main noire a tout fait pour que les soldats serbes de l'armée autrichienne
désertent.
Il faut noter que l'armée de l'empire d'Autriche Hongrie est au ¾ de non
langue allemande, donc armée fragile.
Ces deux empires multinationaux étaient minés par l'idée nationale.
Paix de Brest Litovsk →
Russie signe la paix en 1917 et abandonne les français. Les Allemands peuvent
donc ramener leur armée du front Est vers le front Ouest, c'est ce qui fera
durer la guerre jusqu'en 1918.
Usure du patriotisme dans les Etats nationaux eux même comme en Allemagne, en France et en Italie. Il
existe une rupture entre le front et l'arrière. Divorce net en France entre
ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas.
Question des mutineries : dues à Nivel (général fou), ses offensives
donnaient des tonnes de morts à chaque fois ; Pétain donne l’ordre de
mettre fin à ces offensives meurtrières.
En Italie, après la défaite contre l'Autriche en 1917, le pays s'effondre.
La Pape Benoît XV veut aussi que l'Italie signe la paix. RQ : il y a eu
beaucoup de déserteurs en Italie.
L'internationalisme se développe en même temps.
b.
le sacre du
printemps
Beaucoup ont imaginé la 1GM avant qu'elle n'advienne. Entre 1880 et 1914
plus de 50 livres l'imaginent. Les livres anglais imaginent une guerre contre
la France. En 1902, GB et France se rapprochent, les livres anglais imaginent
alors une guerre navale entre GB et Allemagne.
Du côté français, les scénarios montrent une GB alliée à l'Allemagne contre
la France, mais cette dernière avait le soutien de la Russie.
Quand on compare : les Anglais pensent que leur île sera envahie,
l'Allemagne sera victorieuse, et la guerre sera rapide. L'Allemagne n'a pas
imaginé qu'elle entrerait en guerre contre la GB.
è La
guerre imaginée est une guerre entre Nations, tous ces livres prévoient que la cohésion
nationale sera forte entre chaque pays
Made in Germany ou la guerre inéluctable des Nations industrielles. «Made
in Germany» est un livre où est décrit ce pays scandaleux qui est en train de
devenir la première puissance industrielle. Joe Chamberlane disait que
l'avenir est sombre (1895) car l'Allemagne sera un pouvoir militaire naval
insurmontable.
Dès 1904 l'Angleterre se prépare contre une guerre contre l'Allemagne
(politique du containment).
Chansons populaires étonnantes, en Allemagne, le chant de la haine dit que
son seul ennemi est l'Angleterre.
Antagonisme économiques secondaires: la France a peur que son économie soit
contrôlée par l'économie allemande.
Au delà des nations, une guerre
libératrice
«Le sacre du printemps» par un historien finlandais. Un opéra de Stravinsky
avait fait scandale car des gens dansaient nus autour du Dieu de la guerre, il
voulait montrer que le printemps et la guerre c'est la même chose. L'auteur du
livre dit que la société est bloquée entre la promesse du progrès et la
réalité économique (série de petites crises économiques avant 1914). Selon
lui, une nostalgie pour le passé se met en place entre 1910 et 1914. Certains
rêvent d'une Europe sans Nations, ce qui expliquerait un certain mysticisme.
D'autres veulent aller au bout et faire la guerre, alors que certains veulent
émigrer (7millions d'allemands sont partis).
Baisse séculaire des prix de 1820 à 1895, après ça les prix augmentent
jusqu'en 1990. Il y a aussi une cause
économique évidente à la première guerre mondiale.
Au lendemain de la 1GM, l'idée nationale est défaite à l'Ouest et
sanctifiée à l'Est. En 1991 il se passera la même chose, la Nation est
connotée négativement à l'Ouest et positivement à l'Est.
II.
Le
Nazisme : un nationalisme a-historique
Il faut noter que l'idée de Nation est mise à
mal avant la guerre mondiale. La
génération des années 20 est nihiliste.
Italie et Allemagne sont les deux pays d'Europe où la Nation est le refuge
ultime.
Elle, la Nation, doit plonger ses racines non pas dans l'Histoire mais dans
le mythe.
L'Allemagne nazie est aussi une civilisation.
Marlis Steinert, le nazisme est une contre-culture et non
une culture, car il a voulu annuler 2000 ans de judéo-chrétienté, de
civilisation. La question est la suivante : comment une Nation va essayer
de remplacer la civilisation et se poser comme contre-culture ? Le nazisme
fait appel au mythe germano nordique
pour exalter la race germanique et l'anti raison, et en raison du crépuscule
des Dieux. Pour les nazis, les vieux mythes germaniques pouvaient
constituer une colonne vertébrale identitaire mais en le faisant, on observe
une distorsion.
Rosenberg , pour lui les allemands ressemblent aux germains
des sagas islandaises. Himler dira
que les mythes doivent rester des mythes et le vrai modèle est la Rome antique
ou Sparte pour l'Allemagne.
La manque de cohésion animique a fait perdre la guerre selon Ludendorff qui écrit « La
Guerre Perdue ». Les nazis trouvent, dans son livre, des clés pour la
guerre. La cohésion animique* est la cohésion
des cœurs. Les français avaient plus envie de faire la 1GM que les allemands.
La France avait un esprit de revanche, elle voulait reprendre la Lorraine.
Colonel Blau écrit « la propagande comme une arme», ce qui
montre que l'Allemagne a compris que l'on gagne une guerre parce qu’on a une
cohésion animique.
1.
Les
signes du paganisme
a.
La
revanche de l’irrationnel
Selon Dominique Pelassy, le
nazisme est un néo paganisme. Il
utilise la métaphore de la forêt, il considère qu’elle est permanente chez les nazis. Le nazisme a
un symbole de masse pour s'identifier, qui est la forêt. Le nazisme est dyonisiaque, elle fait appel
au mythe.
Autre signe de paganisme est la conception
du temps des nazis : n’est pas linéaire.
Hermann Rauschning a écrit
«Hitler m'a dit», ce livre est très utile pour comprendre le nazisme. Rauschining
était gouverneur (d'une ville aujourd'hui en Pologne), il fréquente Hitler et s'échappe
d'Allemagne en 1935 pour se réfugier à Paris et écrit ce livre. Selon lui tout est mouvement dans le nazisme, l'action
pour l'action est l'essence du nazisme.
Hitler a une doctrine
dans la tête : la révolution
perpétuelle. Il croit que l'histoire du monde évolue par pallier de 700 ans
et qu’il doit franchir l'affranchissement définitif. Hitler croit que le
temps est cyclique, sa conception du temps n'est pas linéaire (alors que la
vision judéo-chrétienne est linéaire). Nazis croient en un temps païen, et
conçoivent le Reich nazi comme un retour à un âge d'or. C'est ce qu'il appelle
la révolution perpétuelle.
Une double régression (forêt et révolution perpétuelle) qui s'inscrit dans
l'esprit du temps :
Bergson,
Nietzsche et Einstein ont enseigné
la relativité du temps, et le fait que
le monde n'est pas stable et rassurant comme l'aurait voulu Descartes. Ils
disent que le monde n'est pas stable et qu'on devrait retourner à l'affect, et
être moins raisonnant (rationnel). Nietzsche nous dit que l'homme doit être
apollinien et dionysiaque (?). Volonté d’un retour à l’antiquité, et à une
conception cyclique du temps.
La génération du spiritualisme (Europe de 1900) célèbre le culte de l'action et de l'anti
intellectualisme. A partir de 1890, tout cela est à la mode.
RQ : Le nazisme est banal car d'autres gens s'intéressent aussi au temps
cyclique et à la forêt.
b.
Symbolique et
rituels païens
Hitler veut retrouver un temps mythique germanique, avec des symboles
clairs.
La croix gammée est une obsession pour lui, il s'est rapproché de
l'association Thulé créée fin du XIXe. Thulé
est une ville qui aurait des diamants, de l'or...etc. Dans cette société de
Thulé se rassemblent des gens qui croient à la race aryenne, elle choisit la
croix gammée dès l'origine.
Une autre société de l'ordre des germains choisit la croix gammée
aussi (symbole cyclique). Symbole qui vient de l'Inde du Nord, qui signifie le cycle
des réincarnations.
Karl Houshofer, spécialiste
allemand du Japon. En voyant la croix gammée d'Hitler et celle venant du
pangermanisme allemand, il fait remarquer à Hitler qu'il a choisi la mauvaise,
celle du mauvais cycle des réincarnations. Dans le bouddhisme signifie le
cercle des réincarnations. Les nazis y voient un symbole solaire. Ils créent un
nouveau calendrier. Les nazis vont aussi célébrer le foyer païen.
Melita Maschmann a observé les
mouvements nazis de jeunesse : pour se marier en étant nazi il fallait se
marier devant un frêne (arbre de vie), et les mariés devaient se déguiser (rituel
païen).
[Wagner : Siegfried est un héros, Dieu immortel, sauf si
on le touche dans le dos à un endroit précis. Il est sur son cheval blanc, mais
il doit faire face à un principe du mal et à un Dieu des forêts (Loki). Il
reçoit une flèche dans le dos par Atli et meurt.]
Les anciens scandinaves ont un culte pour l'arbre de vie qu'est le frêne, qui
est attaqué par un loup noir, il s'effondre et le ciel tombe sur les hommes,
les Dieux meurent et c'est la fin des temps. Le monde repart ensuite.
RAPPEL : nazisme : le meilleur exemple d’un nationalisme
a-historique, qui veut faire table rase de 2000 ans d’histoire
judéo-chrétienne, de la démocratie athénienne. On fait appel aux mythes
gemarno-nordique et à Sparte (partie de l’antiquité qui semble liée à leur expérience).
Rituels liés au feu, et au soleil (solstice d’hiver/d’été). Le foyer
païen : il est important pour les nazis d’avoir une cheminée avec des
runes nordiques pour montrer que le foyer est présent (la forge du Dieu Thor).
c.
Le
sang et la terre
Les jeunes allemands doivent chanter des hymnes, réciter des poèmes à « notre habit épouse ta couleur, terre
d’Allemagne » : retour à la terre mère [les uniformes cherchent à
imiter la couleur des forêts]. Idée que l’All doit revenir au sang et à la
terre.
Steihert : le nazisme est une contre-culture qui a
peur de la modernité vue comme un arrachement à la terre. Le nazisme c’est donc
le retour à l’ethnos, et à l’ancrage des racines. Elle appelle ça l’étreinte
primitive du nazisme à la religion des
racines.
RQ : référence au Brouet des Spartiates, potage sans viande, servi au
banquet d’Hitler+ boisson : hydromel (mélange lait et miel) qui est une
référence direct au néopaganisme à nourriture des Dieux. L’hydromel renvoie à la boisson des nordiques Eule
(cf : Ale) – premier nom de la bière. Avant d’aller au combat, on ajoute
des champignons hallucinogènes, et les vikings se pensent déjà aux portes de
Walhalla – qui attaquent nus, et n’ont plus aucune peur (ils ont l’air de
chercher la mort).
Tout ça intéresse les anthropologues : les nazis sont végétariens, et
boit de l’hydromel.
d.
L’hétérogénéité
du mouvement régressif :
Hitler est fasciné par le MA allemand – on a là un premier paradoxe :
-
Discours :
« je veux une jeunesse intrépide, violente », un guerrier fauve.
L’idéal du soldat allemand c’est le guerrier spartiate (le jeune spartiate doit
tuer un homme pour devenir un homme, à l’âge de 13 ans). Ce concept est
connecté à l’homme nouveau de Nietzsche.
-
Paradoxalement,
il est fasciné par les chevaliers du MA. Son opéra préféré : Perçifal de
Wagner. Perçeval : histoire de la quête du graal, pour le rapporter au roi
Arthur. Pour cela il faut le sang pur. Hitler raconte à ses proches qu’il est
fasciné par cette quête qui n’aboutit
que pour ceux qui ont le sang pur.
Certains historiens disent que Hitler a les idées brouillées, et ce
paradoxe ce retrouve chez les SS. L’objectif de l’éducation SS (Les Damnés,
1960, Film de Visconti) est qu’ils deviennent des guerriers fous, ils
s’appellent entre eux « loups » ; et Hitler se définit comme le
chef de la meute – lycanthropie.
Ambivalence de la fonction féminine, autre paradoxe :
-
Les proches
d’Hitler, voudrait que les femmes allemandes soient les femmes spartiates
c’est-à-dire combattantes, avec poitrine et cuisses nus.
-
En même
temps, le régime nazi, plus il avance, plus il démontre une misogynie –
discours du 8/09/34 : émancipation féminine inventé dans l’intellect juif.
Femme au foyer, mère porteuse.
Au total, le nazisme offre un
télescopage entre le néo-paganisme et christianisme médiéval.
Roman de Tottenhall, en 1934 : histoire d’une famille noble au XIIe en
Rhénanie, dans une atmosphère de brouillard et d’orage. Cette famille noble
capture les bêtes sauvages autour du château. Mais la forêt devient magique où
les loups hurlent et les pâquerettes fleurissent. Et tout revient toujours au
potage végétarien dans l’âtre. Les historiens disent que ce roman symbolise le
nazisme : régression passif et sauvage, avec à la fois un machinisme
chrétien – hétérogénéité des signes. Le Nazisme est un bric-à-brac et une
contre-culture.
2.
Le
développement d’une « contre-culture »
a.
Hitler
Hitler est obsédé par Richard Wagner.
Rauschning (livre n°1 à détruire): « Hitler refusait le fait
d’avoir des précurseurs, il ne faisait exception que pour Wagner » - il
fait de Wagner un prophète (il est plus qu’un musicien), et se considère comme
un second prophète qui complète l’œuvre de Wagner.
Il faut s’intéressé à un autre livre datant de 1938, (le plus lu en All)
«Hitler, Mon ami d’enfance », Kubicek
– en très grande partie rédigé par la commission chargée de la diffusion du
nazisme – raconte ce que l’on veut que les Allemands sachent d’Hitler. Kubicek
et Hitler, ont vécu ensemble (vrai) ; Kubicek apprenait la musique,
et Hitler était jaloux parce qu’il peignait (et ne jouait pas) les monuments du
Ring, à Vienne. Il avait un défaut de vision, avec ses aquarelles on voit que
les perspectives sont fausses ; il les vend sur le Ring. Et un jour, un
couple de juif passe, un homme riche se moque de la peinture de Adolf –
blessure vive, et haine de classe (Adolf, fils de bonne, son père est agent des
douanes tchèques). Ce livre : on voit ce que la Gestapo veut que l’on
croit d’Hitler.
L’obsession pour Wagner : le dernier opéra à Berlin, alors que les troupes
soviétiques bombardent, après la mort d’Hitler même, est un de Wagner (après la
2GM : compliqué de jouer du Wagner en France).
Christianisme et germanité sont incompatibles – fait répété par Hitler à contre-culture : nous voulons que l’homme
soit un Dieu païen fauve ici sur terre.
b.
L’homme
nouveau
Religiosité de « l’homme nouveau » - pas une innovation, puisque
Mussolini l’a dit avant lui. Mussolini avant 36 était un modèle pour Hitler,
mais ensuite il s’inquiète qu’Hitler aille plus loin que lui, c’est pourquoi il
y ira jusqu’au « lo stato totale » ; ce qui veut dire que les
italiens à toutes heures sont au service de l’Etat (loisirs et rêves
également). C’est ce que va vouloir aussi Hitler : s’emparer de la
totalité de l’individu, c’est ça l’homme nouveau.
Cet homme nouveau obéira à une nouvelle religion où « le désordre est
créateur ».
L’image que l’on a d’Hitler aujourd’hui : il avait un chaos mental
incroyable - il y a tout et son contraire. Une contre-culture au service
d’une nation.
3.
Le
Mythe contre l’Histoire
a.
Les
ligues pan-germaniques
Société de Thulé, fin XIXe, fondée par un mécanicien de locomotive,
Suggenbendorf ( ?), choisit la croix gammée comme symbole dans les années
1880. Les nazis sont tributaires des discours incroyables.
Un village dans le Harz, montage Thalé – fouilles archéologiques pour
savoir si ce n’est pas là où se trouve la ville mythique de Thulé. Ces fouilles
ont été filmé, et comme par hasard trouve des poteries avec des croix gammées
(des fausses !!). Archéologie au service du régime, pour faire sortir du
sol allemand les plus belles histoires sur l’origine des germains.
Rosenberg, le Mythe du XXe s,
1930, que Hitler lit, et déclare qu’il le veut comme conseiller personnel sur
la vision du monde. Rosenberg, personnage complexe, un des rares à pouvoir
rentrer dans son bureau pour lui parler des
mythes nordiques, et de Sparte. Pour lui – nouvelle guerre du
Péloponèse : Sparte (All) contre Athènes (Londres, et Paris) – victoire de
Sparte. Rosenberg, va forcer le trait -
les Spartiates étaient des blonds aux yeux bleus (Doriens) et les autres
descendants des (ioniens, petits, bruns, cheveux crépus).
b.
Le
triomphe de la science historique
Kossina, avant 1931, dans une revue, faisait l’éloge d’une race nordique
qui aurait eu son berceau dans les pays nordiques, avec un élargissement en
Iran et nord de l’Inde (faux : c’est l’inverse). Les élèves, notamment
Merhat (historien au service du nazisme), et l’école des Mahurt ( ?) –
sont mis à la place des professeurs dans les universités. On enseigne à partir
de 33 : la préhistoire, considérant que l’histoire est contaminée par le
judéo-christianisme.
Inventer les mythes par l’archéologie – Wirth : chérit par le régime, publie à la fin du XIXe Les Chronique de Oura Linda, qui raconte
la vie des saxons avant qu’ils ne soient colonisé ; et en 1937, devient la
lecture obligatoire à sont des
FAUX !
Episode – Otto Rian, graal, Montségur – livre
d’Alain Schnapp.
Faux sites archéologiques, et même des fouilles en Grèce en pleine
guerre pour essayer de trouver des croix
gammées en Olympie ; également des sites vikings, Karnak…
c.
Les
paradoxes de la construction mythique
Le thème de la leçon du christianisme : la logique nationale échappe au
christianisme qui est une civilisation. On ne peut pas être à la fois en
civilisation et une nation. Si on est
chrétien, on est un négateur des nations, donc un négateur de l’Allemagne. Mais
Hitler admire secrètement le christianisme, ceci on le sait par Himmler à qui
Hitler disait qu’il voulait que son règne dure 1000 ans (la seule institution
qui dure si longtemps : le christianisme). Himmler, qui n’aime pas les
mythes germano-nordiques, études de latins-grecs, et a une admiration pour les
Jésuites (uniformes jésuites, pour imiter les Jésuites).
Fascination également pour les juifs : Hitler confie à ses proches
qu’en fait le symétrique de l’Allemand, c’est le Juif (les deux races sont
élues, mais l’une est excluante de l’autre). Les Juifs disent qu’ils sont LA
nation par excellence, mais ce qui est inacceptable : nation errante (elle
doit forcément être attaché au sol, la terre), et le judaïsme est coupable du
christianisme (l’universalisme le plus destructeur des nations).
Animosité entre Rosenberg et Himmler (Schnapp) : ils ne peuvent pas se voir – lutte au sommet. Rosenberg
dirige la ligue de combat pour la culture allemand – revue « L’héritage
des germains » - explique l’âge d’or avant le christianisme. Himmler, a
crée deux revues pour embéter Rosenberg – La Germanie, l’Héritage des Ancêtres
Allemands à pour lui, les
germains ont repris le flambeau de Rome ; la Weirmatch doit donc
ressembler à l’armée romaine – convainc Hitler d’insérer des éléments de
l’armée romaine.
Conclusion : Rosenberg,
dans le Mythe du XXe, 1930,
« nous commençons à rêver nos rêves fondamentaux». Il explique que bientôt
aura lieu une guerre mythique entre le peuple all purifié et les slaves. Le XXe
accouchera d’un nouveau mythe : la guerre des Dieux (les germains) face
aux inférieurs, mais attention : nous risquons de disparaître
(l’apocalyptique nazis). Les nazis n’auraient conçu leur guerre pas de manière
rationnelle (victorieux/perdants), et le seul objectif était de purifier
l’occident ; la victoire était ailleurs.
Discours, 4 décembre 1941, Goebbels dit qu’il y a deux Allemagnes –
celle du chaos et de la dureté et celle de l’harmonie, du sentiment et de la
beauté éternelle. Mais si l’une est notre ardent désir, l’autre est en
attendant notre destin. En 41 : moment où la Wehrmacht assiège Moscou, et
les Allemands sont complétement déprimés (moral ne remontera qu’en 44 – le
nazisme n’est plus la raison centrale, mais la protection du fatherland, de
l’Allemagne).
On a l’impression que l’attaque de l’URSS, qu’ils ne pouvaient pas la
gagner : pourquoi ouvrir un deuxième front, on ne sait qu’on ne va pas la
gagner ; mais le combat est autre.
Young (psychanalyste – dans son livre « Ma
Vie » ; invente le mot « archétype » : il y a des
mémoires collectives qui sont inscrit dans nos esprits, et qui se transmettent
malgré nous – il traque le archétype), en 1936, Votan (article) ; Il dit qu’en 1936 j’ai écrit cet article en
36 (Votan, c’est Odin chez les scandinaves, Orphée chez les Grecs c’est un Dieu errant – donné un œil pour la
poésie = compréhension du nazisme ; c’est l’archétype) ; juifs et
allemands sont deux peuples errants, et il y en a un de trop. La jeunesse
allemande des années 20 : voyage beaucoup. Le Nazisme a mis au pas
les Allemands (ils n’aiment pas ça) – se transforme en un transfert : il
faut supprimer les juifs qui sont toujours errants. En 1952, Young dit qu’il
avait raison. Va être très accusé.
Sur le mythe de l’homme nouveau : cette question intéresse les
anthropologues mais aussi les historiens. Symbole de l’héroïsme – en
43 : les affiches ont toujours Sigfried en arrière-plan (courage), c’est
un anti-héro (se fait tuer, il n’est pas invulnérable).
Polémique dans la revue des Annales,
1985 : entre George Dumezil (Collège de France, spécialiste des religions,
1939, Mythes et Dieux des Germains)
et Carlo Ginzburg. Ce dernier accuse Dumezil de sympathie pour la culture
nazie. Dumezil dit qu’il a l’impression d’une renaissance des Dieux
Germaniques, se défend : vu qu’il est spécialiste des mythes, il fait
juste la corrélation entre les deux.
Cette polémique montre que quand on sort la notion du mythe, on est en
position délicate. Pour les sciences sociales actuelles, le mythe n’est pas
rationnel ; oser dire que les nazis faisaient appel au mythe cela voulait
dire qu’il était d’extrême droite.
Dans le Signe Nazi, Hitler ressuscite les mythes au service d’une
nation. Le fait de les avoir de nouveau mis sur le devant de la scène, peut
être leur perte (comme les fresques mises en contact avec l’air libre). Ce
n’est pas le cas !
è Cas d’hypernationalisme de la nation génie, nation
romantique.
Chapitre 3
L’élargissement du champ des expériences à l’occident
Thomas Nipperdy, 1992
l’opposition classique entre les deux modèles de la nation (française, et
allemande) ne tient pas. On ne devrait pas prendre la chose comme on le fait,
on devrait approcher la nation par la socio-histoire, et non pas par la philo
ou l’histoire culturelle, on a une autre vision des choses. Pour lui, la nation
serait apparu à la fin du XVIIIe pour une autre nécessité que de passer un
contrat républicain ou sauver une nation pure ; il y a une troisième
voie : les liens sociaux en Europe, à la fin du XVIIIe se délitent
(corporatifs, régionaux) parce que la modernité est à l’œuvre (grand commerce
atlantique, l’invention de la personne) et bouscule les sociétés issues du MA.
C’est à ce moment-là qu’il a fallu inventé quelque chose pour retisser du
lien : la NATION ‘(pas parce que l’on avait besoin d‘une république, ou de
sauver sa langue). Pour comprendre ça, il utilise la théorie commucationnelle
de Carl Deutsch, 1983 : pour
former une nation, il faut d’abord un système de communication (il faut se
connaitre).
Se vérifie dans les cas historiques : notamment en Grèce, elle devient
une nation entre 1921 et 1930, face à l’empire Ottoman. La déclaration
d’indépendance Grecque, déclaration de Morée en 1922 : la nation grecque
c’est un contrat (français – « nous les grecs », comme peuple
politique) mais on dit aussi que la Grèce a toujours existé (lieu, et langue –
conception allemande) àcas hybride. Un des fondateurs, Rigas Velestinis, a
imaginé la nation grecque en prenant pour modèle la constitution jacobine de
1793 ; mais il passe toute sa vie à faire publier les auteurs grecs de
l’antiquité pour dire qu’ils ont aussi un génie grec. Quand il pense Grèce, il
pense Grande nation – reprendre aux turcs les Etats voisins.
Congrès de Vérone, novembre 1822, durant lequel les gens du Congrès de
Vienne s’inquiètent (Chateaubriand, Metternich). L’inquiétude c’est la
Grèce : ils sont en train de dire deux choses horribles :
Ils aiment la RF
Leur langue et culture sont au-dessus des autres
Qui est au Congrès ? Configuration de l’Europe impériale : ne
veut pas des Nations, ni de la République ; or la Grèce veut les deux en
même temps. On ne donnera donc pas d’armes aux Grecs (pour lutter contre les
Turcs). Chateaubriand devient fou furieux, alors qu’ils vous appellent au nom
du Christianisme – vous la Sainte Alliance (tsar, orthodoxe, Empereur
autrichien, le catholicisme, et le roi de Prusse, le protestantisme) :
alors qu’ils essaient de se débarrasser du joug Ottoman (Massacre de Kio).
RQ : pour la Grèce - on met un
roi bavarois : drapeau grec aux couleurs de la Bavière
2e sujet de conversation, à Vérone : l’Espagne, et
l’Amérique hispanique. Elle inquiète. Général Riego, envoyé en Amérique pour
éviter que l’Amérique hispanique ne devienne indépendante ; au lieu de
cela il fait un coup d’état – renverse Ferdinand VIIe et installe à Madrid un
régime libéral, et remet en vigueur la constitution de Cadix de 1912 (prévoit
une monarchie constitutionnelle : qu’est-ce que l’on fait ? On bricole). A Vérone, la décision est prise
d’en terminer avec l’Espagne, en 1923, envahie par la France (la place du
Trocadéro : forteresse de Cadix ; expédition des 100 000 fils de
Saint Louis). Napoléon a envahie l’Espagne, jusqu’en 1815, où Napoléon perd
énormément d’hommes –on a peur de ce souvenir, et de souffrir ; mais non,
puisqu’en quelques semaines, l’Espagne est reprise, Ferdinand de nouveau roi
d’Espagne.
Mais à Vérone, Chateaubriand avait dit : on s’en occupe (il n’est pas
possible d’autoriser le suffrage universel, ni la nation espagnole) mais il
planifiait aussi de s’occuper de l’Amérique du Sud (pas le Mexique qui est à
l’époque un Empire) : Argentine, Chili, Colombie (Pérou fidèle au roi
d’Espagne).
A Vérone : cas incroyable de la Grèce, Espagne insolente qui ose dire
« je suis une nation libérale », et l’Amérique du Sud où 6 pays
s’instaurent républiques avec des nations indépendantes.
RQ : L’Amérique du Nord est épouvantable en soi, mais on sait que l’on
ne peut pas l’attaquer. L’Angleterre essaie de reprendre l’Am du Nord 1912,
échec.
Ces républiques sont perçues comme le seul endroit de la planète où la
flamme de la RF continue à brûler, et où l’idée de nation continue de surgir.
Modèles successifs d’interprétation : en 25 ans, notre discours a changé, et on sait mieux ce qui s’est réellement
passé. [RQ : Amérique Latine, crée en 1856 sous Nap III, concept pour
créer un Empire Latin]. On a abandonné deux postulats :
On a longtemps pensé que dans ces pays, des nations existées qui avaient
lieu à des Etats. Antécédence de la nation, elle existait sous l’Empire – on
fait craquelé l’Empire, sont devenues indépendantes à avec ce raisonnement, le phénomène d’indépendance
est un phénomène endogène (crée un Etat qui correspond à leur nation). Or
FAUX – ce discours résulte d’une théologie (on plaque sur le passé, un
concept présent) : les nations n’existaient pas avant 1808. C’est plutôt l’inverse : mouvement
d’émancipation, puis des Etats, puis finalement des nations autours de 1910. La
Nation a mis du temps en Amérique du Sud, en retard par rapport à sa propre
affirmation.
Ce discours est toujours dans les manuels scolaires en Amérique du Sud.
Mais il n’existe plus au niveau scientifique.
Idée que l’Espagne aurait tout
inventé à Cadix en 1812 et qu’elle est la source pour les latinos-américains.
RQ : les Espagnols, alliés de Nap contre l’Angleterre, se sentent
trahis par Nap (qu’ils admiraient) lorsqu’il décide d’envahir l’Espagne en mai
1808. Ensuite, il emmène Charles IV à Bayonne, qui abdique en faveur de son
fils Ferdinand, puis dit à Ferdinand : abdique en ma faveur et une heure
plus tard, il abdique en faveur de Joseph (son frère) à triple abdication de Bayonne. Joseph devient roi
d’Espagne, homme des Lumières, un des chefs de la franc-maçonnerie
(franc-maçons dans les élites espagnoles) – calcul pour voir l’arrivée des
français comme une bénédiction – se comporte comme un homme des Lumières :
crée le Prado, annule les fêtes religieuses à toute l’Espagne se soulève « Abats
l’antichrist (Napoléon) » -- début de l’apocalypse. Joseph rentre
d’urgence en France, alors qu’il avait le sentiment d’être aimé ; Napoléon
est furieux, et s’en va en Espagne – 1809 : arrive avec la Grande Armée,
et se passe mal pour les espagnols.
Saragosse – Vierge est apparue sur un pilier de marbre (El Pilar) de
nouveau dès que les français arrivent – fin des temps : vierges de
l’apocalypse. Toute l’Espagne se soulève : Saragosse avait sauvé l’Espagne
en chassant Joseph, et Nap commence par attaqué Saragosse, et prend la ville
(défendue par des femmes et des enfants – une des plus grande tuerie de la
guerre d’Espagne) , puis la péninsule : laisse ses généraux ; les
espagnols se retrouvent en Andalousie, et donc attaqué par Nap, et se réfugient
à Cadix, une seule ville hors de portée, protégée par la flotte anglaise :
100 000 réfugiés + là où la constitution va s’écrire par les
députés.
Constitution au son des canons (Cadix est bombardé tous les jours par les
canons Napoléon)- résistance +++ (géographie), l’Espagne est réduite à une
ville ! Constitution : 1ière à prévoir le suffrage
universel masculin, et est la 1ière constitution qui prévoit de
définir la nation dans l’article 1 (3e après Rép Am, et la RF) à comme contre coup : Amérique du Sud. Ceci
est également FAUX!
Section
1 La singularité hispanique
François-Xavier GUERRA, la nation hispanique, le problème des origines,
1995. Auteur qui a démonté ces deux postulats de la nation que nous avons
exposé plus haut. Fortement combattu d'ailleurs par historiens vénézuéliens.
Son importance tient à 2 motifs :
-
1) les nations aussi bien en ESP qu'en AL ont
résulté d'un même phénomène. Du fait de l'invasion de Napoléon en ESP c'est
tout un empire qui se désintègre et non pas uniquement l'ESP. La monarchie ESP
ayant dominé le monde pendant 60 ans. Cette monarchie va se réduire, mais en
1808 une grande partie du monde est toutefois encore ESP.
è L'invasion
de NAP va porter un coup à cette monarchie. On assiste à un phénomène
historique synchronique.
-
2) l'Atlantique n'existait pas, on avait à faire à
l'Euramérique.
Un modèle qui privilégie le politique et le monde hispanique est un tout.
Ces deux idées sont insupportables pour certains AL ex. Venezuela, qui veut
montrer que la nation est le fruit du génie vénézuélien → Métanation
I.
La marche la nation du monde hispanique
A.
Prolégomènes
1.
La
nation espagnole se dresse face à l’arrogance des Lumières…
ALVARRES Junco : si on regarde le MA il n'y a pas de
nations en ESP, elle est plurielle.
On y comptait des royaumes tq le royaume de Castille, royaume de Tolède (1ère
monarchie ESP élective à la mort du Roi), royaume des Asturies (premier royaume
de l'ESP de la reconquête suite aux invasions arabo-berbères en 711), royaume
d'Aragon, royaume de Catalogne (un des plus puissants ac conquête de l'IT).
L'ESP est donc un ensemble de royaumes
qui disposent chacun d'un roi.
La préoccupation première était
donc la crainte de la guerre entre ces
derniers. Par le mariage d'Isabelle La Catholique, symbole d'union entre
deux monarchies Castilles et Aragon, premier embryon d'ESP. Si on regarde bien
les choses on est tout de même dans un ensemble de royaumes. Le semblant d'unité vient de l'extérieur.
Charles V admiration pour la monarchie FR, qui maîtrise les suzerains, le
problème est que l'ESP n'est pas la FR.
Le Roi de FR a réussi à assujettir toutes les contrées qui étaient autour de
l'île de France, Fr semblant de modèles qui est unitaire. La volonté de Charles
V de ressembler à la France, lui a valu d’être renversé (parce que flamand),
ensuite Philippe II essuiera à son tour des insurrections dans sa volonté de
création d'une monarchie unitaire. La structure géologique de l'ESP (comme
celle de l'Allemagne) est une chaîne de
montagnes qui compartimentent des royaumes.
Alvarrès Junco explique que c'est la FR qui va inventer l'ESP par son mépris. De nombreux
auteurs ont un discours empreint de mépris à l'égard de l'ESP (en témoigne
l'Encyclopédie). Dans toutes les encyclopédies qui sortent à l'époque, on se
moque à chaque fois de l'ESP qui est le recoin ultime de l'Europe, la plus arriérés d'Europe, les plus
superstitieux. Idée qui s'accentue à la fin du 18é siècle (1770-80). Un
fanatisme espagnol lié à cette marque de l'Islam qui a fait l'ESP.
En réaction, les espagnols exposent la réalité du caractère
et de la nation espagnole. On voit alors apparaître cette idée de nation espagnole. Cette idée de nation a l'air d'être une idée culturelle, elle ne peut être politique dans la mesure
où l'ESP est un ensemble de royaumes, qui acceptent de rendre hommage à un roi
plus puissants que les autres. Dans chaque royaume pourtant il y a maintien de cortes.
è
Ainsi, à cause
de ces attaques des philosophes FR on commence à parler d'une ESP.
Intéressant aussi de noter que cette attaque qui est d'ordre culturelle, va
essayer de contre carré la grande puissance culturelle de la FR (toutes les
aristocraties parlent FR) qui balaye tout. On va alors reprendre toutes les
critiques qui vont laisser apparaître cette idée de caractère ESP.
Les auteurs des lumières
(FR+GB).
·
Buffon (FR) Sur l'histoire naturelle, étudie l'homme comme un animal. Il
écrit sur les sortes d'hommes qui existent sur la planète, il catégorise les Américains
du Sud comme des hommes/peuples dans l'enfance (// sous hommes).
·
Robertson (GB), Histoire de l'Amérique, sur l'Amérique ESP où là aussi les
Américano-latins sont des peuples ds l'enfance. Les américains se défendent de
l'idée contre laquelle ils seraient des peuples dans l'enfance. Il s'agit donc
d'une réaction du monde hispanique qui transcende les frontières de l'ESP
péninsulaires, car ici les réactions (face à GB) viendront surtout de l'Amérique
Latine.
2.
Du
patriotisme à la Nation : glissements sémantiques
Chaque royaume = une patrie. Au XVIe, les Espagnols se définissent par
rapport à leur lieu de naissance (Cordoue, Barcelone etc.) et le royaume qui
l'entoure. Dans l'Espagne d'Ancien Régime, il existe un patriotisme local très
fort, avec bien entendu au-dessus un
monarque plus grand que les autres qui est le roi des
Espagnols.
En 1700, pas d'héritier pour ESP
– Csq : Guerre de succession d'ESP.
Paix d'Utrecht, idée de Louis
XIV l'emporte, petit fils Philippe V
devient roi, avec 500 personnes autrement dit toute la maisonnée de
Versailles (cf. Palais du Prado – copie de Versailles). Long règne où il
trouvera que cette ESP composée de royaumes ne va pas, il va essayer de mettre
au pas chacun de ces royaumes, les plus récalcitrants étant celui d'Aragon,
celui de la Catalogne.
Rois d'ESP se prennent pour des rois de FR dans un pays qui n'est pas la
FR, ambition de créer une nation
politique. Ce courant spontané des
intellectuels ESP va aider ces
ambitions (intelligencia espagnole).
Feijoo explique ce qu'est la patrie et la nation, il essaie de
créer une nation et une patrie ESP (// Montesquieu ESP). Pr lui il ne faut pas construire une nation qui
serait habitée par la passion. Autrement dit il ne faut pas que l'ESP soit
habitée par la passion nationale (fierté d'appartenance à un peuple), il faut qu'on se sente patrie au sens
Cicéron, il faut que tous se considèrent comme frère, en outre, il ne faut pas
aimer la petite patrie (égoïsme). Il faut
aimer ce que prônait Cicéron soit la
patria commis, un patriotisme qui repose sur le triomphe
d'Aristote et de Jésus Christ, aussi appelé le patriotisme du 18é siècle.
Au moment où se met en place cet
amour du bien commun, que surviennent les critiques
des Lumières. Les ESP sont donc obligés de définir le caractère ESP par la
culture. 1780-90 on commence à parler de la nation espagnole. Cette
nation ESP étant à la fois politique et culturelle (car les élites doivent
réagir vis à vis des Lumières). Aussi ce qu'on appelait patriotisme à l'époque
de Feijoo devient nation, toutefois ce patriotisme n'est pas mort, il y a une
sorte d'agrégation avec ce nouveau concept de nation.
è Il s'agit donc à la fois d'œuvrer pour le christianisme et le bien commun, tout en agissant
en fonction d'un caractère ESP (courage espagnol), ceci avec une
appartenance au-delà de la petite patrie.
3.
1806-1808 :
patriotisme politique et Nation espagnole
La GB ne va cesser d'attaquer l'ESP militairement, puisqu’elle veut
s'emparer de toute l'Amérique. L'Espagne est donc obligée de protéger ses
colonies. Face aux attaques GB permanentes, ce discours de patriotisme/nation surgit.
En 1806, l'ESP n'a plus de flotte, corps expéditionnaire considérable (30
000 hommes) qui attaquent Buenos Aires et Montevideo. Les colons sur place prendront les armes pour lutter, faisant émerger
un sentiment d'appartenance collective.
Organisation en milices → défaite
militaire GB.
1807 : naissance d'un sentiment nouveau, celui de
la patrie américaine qui s'est soulevée
pour sauver la nation espagnole. Cette victoire de Buenos Aires et
Montevideo va être célébrée dans toute l'Amérique Latine. A ce moment-là on commence à parler de la nation AL
qui a sauvé la nation. Encore aujourd'hui on considère en Argentine que la
naissance de la nation argentine résulte du siège de Buenos Aires et de la
victoire AL.
Idée nationale aura commencé à se cristalliser en 1792-95 avec l’invasion
FR.
B.
La
nation espagnole « super omnia »
1.
Face
à Napoléon : une « guerre domestique »
Lors de son invasion, Napoléon parie sur le fait que les ESP vont
l'accueillir à bras ouvert. Il parie sur les élites des Lumières, autrement dit
des francisés (ex. GOYA). A Madrid, la présence des FR était perçue comme un
moyen de moderniser l'ESP tout d'un coup, rêvant d'en finir avec
l'inquisition, les corridas, c’est-à-dire pour faire de l'ESP un pays des
Lumières. Cet espoir va s'évanouir très rapidement,
l'essentiel des ESP va refuser cette
présence FR, encore plus avec l'arrivée
des troupes NAP en 1809 à en résultera tout un pays en guerre au nom de « vive la patrie ».
Beaucoup d'auteurs ont réfléchi sur « vive la patrie », dont
Pierre VILLARD spécialiste de l'ESP
→ pourquoi crier la patrie et non la nation ?
Cette guerre est une guerre épouvantable, dura 6 ans, 100aine de milliers de morts, on parle à l'époque d'une guerre domestique* (GC), mouvement de guérillas (petites guerres). Certains auteurs, comme Capmany observe la guerre et la
catégorise de guerre de religions, car c'est une guerre domestique à mort qui
ne s'était vu que dans le cadre des guerres de religions. C’est dans un tel
contexte que la nation espagnole a pris un vrai sens.
2.
Le
monisme de la constitution de Cadix
Ce qui reste d'ESP se réfugie à Cadix, où on écrit une fameuse
constitution. 300 députés réunis dans une Eglise. La Régence (qui remplace le
Roi emprisonné en FR) a fait venir des députés qui représentent les américains de l'empire ESP, de l'empire des
Amériques (ils seront 64). On y
définira la constitution pour tous les ESP. Se posera la question de l'égalité de la représentation.
Les ESP péninsulaires ne
voudront représenter que les
« pieds noirs », or les AL voudront l'intégration des droits pour
tous les ESP (noirs, métisses, indiens, blancs) qui réunissent représentent
près de 60 millions de personnes.
Question de ce que doit être la nation se pose, de
l'abolition de l'esclavage. Ensemble
de paradoxes se produisent. Mars 1812 la
constitution est rédigée et proclamée,
intéressante mais pourtant ignorée encore aujourd'hui. Celle constitution a
légiféré pour l'ensemble de l'empire
(ESP+AL), par elle est devient une super nation → super omnia.
Cette constitution abolit les
royaumes, en ESP comme en AL. On touche là à qqe chose d'extraordinaire, on
s'aperçoit qu'il y avait des royaumes en ESP et en AL dans la tête des députés.
Les royaumes américains étaient à égalité avec les monarchies péninsulaires,
l'Atlantique n'existant pas. Il y a là tricherie, les royaumes existent peut ê
dans la tête des constituants mais n'existaient pas administrativement, car il
y existait des vice-royautés avec des
fonctionnaires ESP. La constitution de Cadix énonce en outre qu'il ne doit
plus y avoir de vice-royautés en AL, soit plus d'artefact administratif mis en
place au 18é s., ils souhaitent une seule et grande nation ESP avec des
municipalités où les maires seront élus.
En 1812 on a voulu faire table rase
de tous les passés successifs de l'ESP et de l'AL. Le monisme → tentative
radicale de toute effacer.
3.
Le
déni américain
Les AL qui n'ont plus de roi au-dessus de leur tête on
fait marcher la rétrocession de la
souveraineté*, en référence au vieux droit wisigoth → les municipalités se
proclament junte souveraine tant qu'il
n'y aura pas de nouveau roi : premier mouvement des juntes.
PB : les vices rois sont
toujours là et prétendent
incarner la souveraineté, la commence la
guerre d'indépendance, un certains nombres de juntes vont déposer les vices
rois (exception faite de celui de Lima). Il s'en suivra une guerre des villes contre les autres, chacune des juntes voulant imposer sa souveraineté qu'elle
considère plus souveraine que les autres soit une GV généralisée. Ceci durera jusqu'en 1814.
En 1812, arrive la Constitution de
Cadix, refusée de tous au nom de la proclamation de leur récente
souveraineté. Seuls Lima, Cuba, Colombie
appliqueront cette constitution. La tentative de Cadix échoue car les AL
n'en veulent pas. Ils se considèrent dans la continuité des USA, en vue d'une
république, admiratrice des USA.
L'AL va se doter de république, autrement des avances d'idées par rapport à des
sociétés qui sont très traditionnelles en face des ESP qui sont convaincus
d'incarner la modernité à travers leur monarchie constitutionnelle.
En 1815 : ESP redevenue une monarchie absolue aidée par la GB et le
retour du Roi Philippe.
C.
Caractérisation
de la nation hispano-américaine
1.
L’écho
du cercle de Saint Germain
A partir de 1815, il n'y a plus
de républiques en Europe, il n'y a plus non plus de nations en Europe. L'Europe
est désormais composée d'empires. Les seules nations dans le monde, qui de
surcroit s'en proclament et se proclament républiques : les nations
américaines.
Entre 1815-48 on comprend tout l'intérêt
que constitue l'AL pr un européen qui s'interroge sur la nation et la
République. D'ailleurs des milliers de GB, FR, ESP iront voir ce qui se passe
en US/AL voire combattre en US/AL. L'Amérique hispanique était en cela une sorte de laboratoire. Beaucoup
d'hispano-américain viennent voir ce qu'il reste de la nation en Europe. Pour
ce faire ils se rendent soit à Londres (émigrés ESP de l'épisode de Cadix) ou à
Paris (Saint-Germain-en-Laye où se trouve le salon de Lafayette).
Lafayette anime ce salon, à ses côtés Benjamin Constant et Destude de Tracy, soit des reliques de la
Révolution FR. Les AL veulent créer des nations, et s'interrogent sur la
pertinence de la république, en référence à De Tracy. Il y a l'idée que la République
= la Guerre Civile. Se pose la question d'un devenir en monarchie
constitutionnelle. Les AL les plus radicaux au lieu d'aller à Londres ou à
Paris, se rendent à Philadelphie, avec la possibilité d'une République
Fédérale. Les AL cherchent à comprendre lequel des deux fédéralismes Hamilton
ou Jefferson est le meilleur.
2.
Par
antonomase : des nations républicaines
Les AL rêvent de la monarchie
constitutionnelle tout en sachant qu'ils ne pourront pas ne pas être
républicains.
Les années 1830-40's, l'AL est
composée de républiques qui sont en
train de construire l'E mais qui ne sont
pas encore des nations. Ces républiques se disent que si elles adoptent le
régime le plus moderne au monde, se pose un pb : qui nommer comme prince
ou roi dans la mesure où il n'y a pas de dynasties ? La FR et GB propose
quelques dynasties, les FR proposent le prince d'Orléans en 1829 candidat pour
devenir le Roi de Colombie. Mais si les libertadors deviennent prince,
ou si on met un prince européen, la liberté sera certaine mais l'indépendance
elle ne le sera pas par le système de Metternich.
Ces nations en construction vont
décider de rester à jamais des républiques par peur de perdre l'indépendance,
à contre-coeur car l'esprit du siècle était la monarchie constitutionnelle
(Benjamin Constant). La république est/sera une machine à Guerre civile.
3.
Une
individuation difficile
Sur quelle colonne fondée la nation ? Rien ne distingue les AL les uns des autres, exception faite de
qqes détails, qui ne peuvent porter la définition d'une nation. Il n'y a en
outre pas de différences ethniques dans
les individus inclus dans la sphère publique.
Les nations en Amérique hispanique
commencent par des pactes entre cités. Toutes ces villes qui ont pris l'indépendance après s'être affrontée ont
du s'allier, elles commencèrent donc à s'allier face aux contingents ESP (à
l'image des ligues de la Grèce antique). Une alliance purement politique, rien de culturelle. Une logique contractuelle qui est à l'origine
de la nation (à partir de 1811) s'affirmant face au danger du débarquement massif du corps expéditionnaire ESP en
1815.
A partir de 1826-30, les villes alliées ne voudront pas d'un modèle d'une seule nation continentale
(Bolivar), ce qui donnera lieu à des compétitions
entre ces villes, qui penseront/donneront un embryon de nation. Ces pays sont des nations mort-nées, car
elles résultent d'un agglomérat de régions qui n'avaient rien à faire les unes
avec les autres mais qui vont devoir vivre ensemble. Ces agglomérats marchent car il y a un hiatus spatial
soit une géographie infranchissable,
ces agglomérats ne peuvent se comprendre qu'à la lumière de cela. La géographie
au-delà commande.
En 1811, plusieurs habitants
de Caracas Bogota, pensent prendre
un principe du droit romain pour
fonder la nation soit uti jus
possidetis → « ce qui t'appartenait t'appartiendra ».
La meilleure façon de décider AL les
limites de circonscription de justice ESP deviennent les limites
administratives. Le pb réside dans le fait que les évêchés ne correspondaient pas avec les audiences,
ce qui conduira à des guerres pour savoir à qui appartiendront certaines villes
qui ne coïncidaient pas avec les évêchés (Pasto et Popayan par exemple entre
Pérou et Colombie).
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