La Nation, Concept Nomade, Cours 1 à 6



Introduction Générale

Pour les anglo-saxons la nation=peuple ; alors que pour un allemand la nation = kultur (c’est une culture ; peur de dire peuple puisque référence au nazisme, au XVIIIe ils parlaient d’un sang commun). La nation peut être donc soit un peuple (ethnos - peuple, ou démocratique – droits communs), soit une culture.
Pour nous, nation est un terme naturel descendant du latin « natio » (la naissance) ; mais pour les populations en Afrique ou en Chine (min zu : nation), le mot nation est neuf. En Chine, le peuple chinois n’existe pas vraiment puisque il y a des centaines de peuples, donc la nation pourrait être ce qui est sous le ciel (notion ancienne ; ciel : force cosmique qui protège – tian ra). Au Japon, on a des difficultés à définir une nation (mimzoku : peuple – ou kakutai : intraduisible).
Suivant l’interlocuteur, on parle de la même chose mais étrangeté du langage, et donc parfois une incompréhension.
Notion d’Etat-civilisation utilisé par les Indiens. Civilisation* : là où on mange de la même façon, au-delà des différences culturelles ; la civilisation est plus matérielle que la culture. Les Indiens d’aujourd’hui disent qu’il n’y a pas de nation en Inde, mais une civilisation qui recouvre une nation hétérogène.
Difficulté de traduction, de communication tient au fait que le concept évolue entre deux registres. Mémoires de Guerre de De Gaulle commencent « une certaine idée de la France, issu des sentiments et de la raison » à le concept de nation se situe entre l’affecte et la raison. Pour De Gaulle, la nation c’est une personne fictive – représente la nation par un personnage (All – dame blonde avec des tresses appelée Guermania), en France c’est Marianne. Ambigüe parce qu’au début elle représente la République (nation démocratique) puis ensuite la Nation. Elle vient du Limousin, et inventée pendant la Révolution, c’est la vierge Marie avec les attributs de la République.
La nation pose un problème de base puisqu’elle est entre l’affecte et la raison ; on prend alors conscience que la nation se situe entre la présence et la figure (cf : Yves Bonnefoy, poète). Pensée conceptuelle avec une division de l’analyse, et donc la raison (Aristote) à la quiddité ; soit comme un tout (Platon) à eccéité. Quand la pensée est conceptuelle, on est du côté de l’illusion – Bonnefoy n’aime pas les concepts parce qu’ils divisent la réalité. Des pays pensent de la même manière, en disant que le concept de nation (occidentale) est diviseur. Pour les autres souvent il y a une seule communauté, comme l’umma dans laquelle il n’y a pas de division politique.
Deux hyper-nations dans le monde : les Etats-Unis et la Chine – risque de guerre.
Phénomènes de nations abusives : infinité de petites nations qui se réveillent, et se réinvente. Ex des nations archivées (ex : Catalogne, Andalousie).
Ecarts entre la signification de la nation sont dus à la singularité de la modernité ; cette dernière a au moins trois versants en Occident.


I.                    L’histoire des concepts

Vient d’Allemagne, perfectionnée en Angleterre (Cambridge) – façon de faire qui se répand de plus en plus.
L’histoire des concepts est récente – philosophe Gadamer : fondateur de l’herméneutique* càd la quête des choses cachées que l’on voudrait révéler. Pour Gadamer, suivant la langue que l’on parle on est conditionné à un mode de pensée ; il pense néanmoins qu’il y a une réalité au-delà du langage, dite objective/indépendante du langage, il faudrait inventer une discipline intellectuelle qui permettrait de réfléchir sur le lien entre les concepts et le réel – travailler sur l’écart entre les deux. Gadamer reprend une expression inventée par Hegel : « l’histoire des concepts » (Bregriff geschichte).
Koselleck, poméranien – a écrit sur la mémoire, mais surtout connu pour une série de dictionnaires, notamment Dictionnaire histoire du langage politique et sociale. Il y aurait eu une « période de transition » (100 ans de 1750 en 1850) durant laquelle les concepts ont profondément changé de sens.
Ex : le père de la patrie en 1750 c’est le roi, le maire parce que référence à l’antiquité (Cicéron, Tite Live – patrie : où règne l’amour du bien commun) – donc le père commun c’est celui qui s’occupe du bien commun, c’est quelqu’un de vertueux (surtout pas qqn qui a créé un pays). En 1850, la patrie c’est un endroit qui est bien gouverné – registre de la terre des pères (Horace « il est doux de mourir pour sa patrie », pense à la petite patrie – géographie locale). Au final, les deux sens sont valables, mais la patrie n’est jamais utilisé pour désigner un pays/un royaume dans son ensemble. Pour parler du pays : « royaume de France » ou « la Nation ».
Au XIXe – personne n’est d’accord sur le sens des mots. Koselleck (1970s) veut clarifier le sens des concepts ; s’intéresse à la diachronie des concepts (nait-vie-meurt) et les nouveaux concepts (socialisme).
RQ : Les révolutions de la fin du XVIII pour réinventer le monde vont chercher dans l’ancien – les révolutionnaires français ont cherchés vers les Romains (Koselleck – le Futur passé). L’utopie est fabriquée avec les éléments du passé, éléments réinventés au service du présent.
Le mot clé de la RF : la « patrie », mais dans quel sens ? Horace ou Cicéron ? Plutôt Cicéron, toute patrie doit être une patrie commune (nous sommes tous frères) ; à partir de là la RF bricole, n’invente pas, d’où des dissonances. Pour Koselleck, cette période de transition est la clé pour comprendre la France contemporaine.
L’école de Cambridge bouscule l’idée de Koselleck – Wittgenstein (all), en 1912 s’installe à Cambridge, énonce un postulat important : un mot ou un concept n’a de sens qu’en fonction de son usage/contexte d’énonciation – le « jeu de langage ». John Austin, en 1962 écrit How to do things with words (Quand dire c’est faire),  on utilise certains concepts pour changer le monde – on peut changer le monde par les mots – il invente une notion : « l’acte de langage », notion performative du langage. Ces deux auteurs sont les ancêtres de l’école de Cambridge, mais aujourd’hui deux auteurs : John Pock et Quentin Skinner. Pocock, Le moment Machiavel, il croit que les concepts n’ont de sens que dans un contexte d’énonciation (Machiavel parle en fonction de Florence du XVe – le Prince, d’après Pocock n’est pas a-temporel). Skinner travaille sur le concept de liberté, elle a existé avant le libéralisme, et trouve ses racines dans le XVIIe ; la pensée politique anglaise (Locke) vient des jésuites espagnoles : pensée tyrannicide – Les fondements de la pensée politique moderne, Skinner. Les concepts ont un sens synchronique.
Le concept de Nation est modernité (contrairement à la Patrie, République, et Liberté).


II.                  L’entreprise des concepts nomades

Dictionnaire des concepts nomades : concept qui nait dans un pays et qui passe dans un autre en s’adaptant. L’intérêt du concept de nation en tant que concept nomade.
Bourdieu est mort en 2002 et avant de mourir avait consacré son séminaire sur la non-traductibilité des concepts en sciences sociales. Et en 2003, plusieurs de ses élèves, notamment Olivier Christin décide de réfléchir à ce que pourrait être un espace des sciences sociales européens en réfléchissant sur les mêmes concepts avec un seul langage. Pour arriver à cela, il faut dénaturaliser les modes de pensée – il existe une incompréhension parce que chacun appartient à un concept culturel précis qui donne un sens profond au concept. Christin : on va faire un dictionnaire, dans lequel on réfléchit sur la naissance des concepts (cf : école de Cambridge + Cassin, Le Vocabulaire Européens des Intraduisibles, 2004). Concepts intraduisibles, et donc on l’utilise dans sa langue d’origine (ex : Heimat).
Dictionnaire des concepts nomades, 2010, Christin : l’Ancien Régime crée sous la RF, puis bouge en All et en Russie, des pays dans lesquels le sens se modifie (pseudo-morphose : même corps mais sens différent). Le projet est de déraciné les concepts, étudier leur circulation, l’écart entre ce qu’il décrit et la réalité. Plus un concept est intraduisible plus il est intéressant, parce que cela veut dire que les sciences humaines peuvent encore améliorer leur compréhension du monde. Dictionnaire critiqué parce qu’il n’y a que le monde occidental dans ce livre – impression que l’Europe a tout inventé. Dans le dictionnaire, l’article sur l’Occident par Claude Prudhomme – pour les Romains : l’occident c’est là où le soleil meurt, alors que l’Orient là d’où vient toute chose. L’invention de l’Occident peut être daté du XIXe siècle. 
RQ : le tome2 du dictionnaire tient compte de cette critique en s’intéressant plus à la circulation mondiale.
Xavier Fernandez – meilleure critique du dictionnaire. Iberconcept (200 auteurs - dictionnaire)- l’Espagnol et l’Amérique Latine sont considérés comme négligeable dans l’invention du politique. Le but de ce livre est de montrer que le monde ibérique a inventé les choses avant les pays occidentaux européens (vrai). Entre 1815 et 1848 : aucune république en Europe, alors que tout le continent américain était des républiques.
Il y a des régions du monde qui refusent les concepts européens/occidentaux : comme la démocratie (qui divise l’opinion, et suppose l’opposition). Résistance majeure – et donc montre les limites de l’occident puisque ces catégories ne fonctionnent pas partout ; il est impossible de faire une carte de l’occident hormis si on utilise le nomadisme qui permet de déterminer les limites de l’occident – là où les concpets ne fonctionnent plus.
Post-colonial Studies – Chatterjee, professeur indien, critique le libre de Benedict Anderson qui écrit que tout nation est imaginée ; Chatterjee reproche Anderson de penser que tout le monde s’est construit en fonction de l’Europe. Arrêtez de nous faire croire qu’il y a une propagation planétaire du modèle européen. Une part des intellectuels refusent les concepts occidentaux (comme la nation, l’Etat).  Egalement valable pour l’Amérique Latine, qui essaie souvent d’inventer une autre forme du politique, notamment dans les Andes qui refusent la division du pouvoir càd l’exécutif, législatif, et judiciaire (le bon vivre).
Spivak, professeur à Columbia, née en 1941, assise en tailleur sur la table habillée en sari – pour elle les cultures n’existent pas, tout n’est qu’illusion. Elles existent qu’en temps de traduction – tout n’est que hybridisme – il faut travailler sur les traductions culturelles pour comprendre le monde. Le Pape des subaltern studies (femmes, noirs…).
L’intérêt de ces penseurs indiens est qu’ils nous obligent à faire bouger la notion d’aires culturelles. Il n’y aurait des aires que de transformation culturelle.


Chapitre 1 L’invention de la nation comme personne fictive

Nous ne sommes plus à considérer les concepts comme des essences intemporelles, où la nation serait la même ici et là. On a longtemps réfléchi à la diachronie comment il a changé à travers le temps, aujourd'hui notre intérêt se portera davantage sur le changement de sens en fonction  de son contexte géographique.
Eric Hobsbawm explique dans son ouvrage qu'on ne peut comprendre le XIXe et le XXe sans appréhender le concept de nation. Delannoi explique que l'on a l'impression de savoir ce que c'est mais pourtant on n’arrive pas à le décrire ;  en outre suivant le pays d'où l'on vient on ne va pas en avoir la même interprétation.
I.                    Une Heuristique (enquête sur les origines)

Recommandation 1735 de l'UE → S'intéresse en cela au concept de nation, en a été conclu la difficulté de la définition du concept de nation, voire l'impossibilité de le définir. Elle invite les Etats membres à être des entités civiques - demos - et multiculturelles, et à cesser de s'organiser en tant qu'Etat ethniqueethnos.
Ernest Renan considère que pour être une nation il faut oublier ses racines. Une nation en cela est une communauté d'oubli autrement les individus n'arriveront jamais à vivre ensemble. Benda par homothétie, considère que ceci a fonctionné au XIIIe soit le siècle de l'apogée de la chrétienté, la Respublica Christiana, qui se verra brisée par la peste noire.  L'Europe a existé au XIIe et XVIIIe siècles. Selon lui, il faudrait donc s'en rappeler pour trouver les racines de la nation européenne, une assise à la fois chrétienne et celle des Lumières. Qui ne s'est pas contredite dans la création de la communauté européenne, exemple du drapeau européen réalisé par le Dr Levy. Le seul dénominateur commun ayant été la chrétienté, les pères fondateurs ayant été de véritables démocrates chrétiens. Ernest Renan : « rien ne vaut un drame commun pour se sentir uni », l'Europe se fondera donc sur la mort de ses soldats lors de la 1GM.
Le Parlement européen n'arrive pas à dire ce qu'est la nation, et en aucun cas il n'a donc dit que l'Europe pourrait être une nation. Jurgen Habermas a développé la définition de la citoyenneté post-nationale, sans quoi il considère que la citoyenneté européenne et l'Union Européenne par extension ne pourra exister. Il considère en outre que les nations ethniques sont une pathologie, c'est pourquoi une citoyenneté qui ne fait pas référence à une nation est nécessaire. À Bruxelles, ce créneau est fortement mobilisé et commence à être mis en question en raison de l'intégration des nouveaux Etats de l'Est (telle la Roumanie qui s'appuie beaucoup sur sa roumanité, dans la mesure où celle-ci est multi-ethnique).
4 éléments d'accord sur la Nation :
·          La forme nationale dans son acception politique est contingente et récente. Cela signifie que nous sommes tous d'accord sur le fait qu'elles apparaissent à la fin du XVIIIe dans leur acception politique. En outre cela signifie que les nations pourraient totalement disparaître demain. Une sorte d'anomalie, car il y a des formes plus naturelles qui seraient la tribu, le royaume et/ou l'empire, et qui ont été beaucoup plus répandu au cours des âges.
·         Lorsqu'on évoque nation d'autres concepts surviennent à l'esprit : patrie, Etat (machinerie bureaucratique et frontières), peuple, démocratie, république. C'est là un danger d'amalgame et de confusion. Il existe par exemple des nations diasporiques qui vivent dans des Etats différents mais qui ont l'impression d'appartenir à un même Etat. L'association Etat et nation est en cela devenue incertaine. Aujourd'hui les phénomènes migratoires brouillent cet appareillement Etat et nation.
·         Les nations sont des communautés imaginées, les nations sont surtout des récits de la nation avec des héros, une histoire. En cela on est obligé d'admettre que le politique s'incline face à l'esthétique. Dès qu'on pense à la nation le registre politique l'emporte sur le registre esthétique, car la nation incarne d'abord une esthétique commune. Pour Aristote, ce qui fonde la cité est l'esthétique commune, cela signifie que tout le monde a la même conception du bien et du mal, du beau etc. et c'est cela qui permet à la cité de fonctionner (esthétique ici entendue donc en terme philosophique). Ceci empêchant le co référencement de certaines cultures. Cf. Eloge de l'ombre. Ainsi on pense cinéma national, histoire nationale. En cela l'affect est complètement du côté esthétique.
·         Le concept de nation a été inventé en occident. Aujourd'hui, il est utilisé sur toute la planète il n'en recouvre pas pour autant la même réalité : « ce n'est pas par ce que l'espèce est la même que la substance est la même ». Ce n'est pas par ce qu'on a l'espèce nation qu'on en la même substance, chacun y mettra la substance qu'il souhaite.
Nous avons tendance à penser en occident, que la nation y a été inventée et qu'il en a résulté une propagation planétaire au XIXe siècle (Benedict Anderson). Les tenants des « post-colonial studies » refusent cette conception. Chatterjee explique ainsi que l'Europe a voulu imposer son modèle de nations, mais il existait déjà des identités nationales multiples en Inde et en Afrique. Il cherche à comprendre la consonance et la concurrence entre ces deux modèles de nations. Il prendra le modèle de certains royaumes africains qui pour lui était des nations.
Gellner considère qu'il ne peut y avoir de nations que lorsqu'il y a nationalisme, en cela il considère que le nationalisme précède la nation voire la crée. Il renverse donc la dialectique selon laquelle la nation précèderait le nationalisme. Ainsi il ne considère pas que les nations existent depuis toujours elles sont le fruit de discours nationalistes.
Les nations aux confins de la civilisation
Hobsbawm par son intérêt pour le monde hispanique, explique qu'il est intéressant de réfléchir à la Castille, un des premiers royaumes européens où il n'est pas irréaliste d'y accoler la notion d'Etat-nation. D'autant plus que ce terme est un terme indigène en ESP. Toutefois il considère qu'il est difficile d'y voir un Etat nation. Plus encore, il explique qu'en ouvrant un dictionnaire ESP du XVIIe, Nation a plusieurs sens :
-           naissance
-          l'ensemble des habitants d'une province ou d'un royaume
-          Nation vient aussi du latin natio à savoir l'endroit où nous sommes nés, cela peut être un endroit très restreint tel qu’un village.
-          Désigne n'importe quel étranger.

Il faut comprendre ici, qu'en ESP en 1732 on a gardé le sens du latin nationes qui désigne les étrangers, soit les gens ou les gentils en vieux français. Ceci doit se comprendre de la manière suivante à savoir que les romains n'ont jamais voulu se définir par la naissance mais par la citoyenneté. Rome a inventé une citoyenneté de type demos, et désigne les étrangers par ethnos. Dans ce contexte il est méprisable de faire l'éloge de l'endroit où on est né autrement dit la petite patrie.
Dans l'Ancien Testament, le terme nation apparaît et est employé pour désigner les païens ou les étrangers. On parle de nation égyptienne par exemple. On trouve un discours contre l'idée de nation et de royauté en faveur de république naturelle qui est celle des tribus d'Israël, qui ne sont pas considérées comme une nation dans la Bible et où la monarchie est mal vue car seul le royaume de Dieu doit exister.
Dans le Nouveau Testament, Lavigne et Berten, apparaît 142 laos (peuple) et 163 fois le mot ethnos, qui lorsqu’il est au singulier renvoie aux israéliens, et quand il est au pluriel renvoie aux païens.
Pour un homme de l'antiquité il y a une vraie opposition entre civilisation et nation. Civilisation ayant avoir avec la citoyenneté, elle incarne quelque chose qui repose sur la citoyenneté et non sur l'origine ethnique. à En cela Rome était une civilisation, et les barbares étaient des nations qui ne vivaient pas sur la citoyenneté. La tradition juive à travers la Bible n'aimait pas la nation mais pourtant se définissent en tant qu'ethnos – il réside en cela un flou sur ce point, alors que nation élue ils refusent de se définir comme telle.

L'élaboration d'une persona ficta qualifiée de nation
Comment un personnage peut-il devenir l'hypostase de la nation ? Hans Kohn a essayé de repérer comment des identités collectives avaient pu émerger en Europe, dans son ouvrage il ne développe pas de réflexion sur le concept de Nation, mais les processus de renforcement des identités collectives. Il n'est donc intéressant que dans la formation des identités collectives en Europe, on ne peut pas les appeler nations au sens moderne, nous avons bien affaire à des peuples qui sont en train de s'identifier mais pas à proprement identifier comme des nations.
Dans l'optique d'identification de la nation au sens moderne, 1750-1850 est la fenêtre d'ouverture privilégiée d'apparition du concept de Nation. Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, 1756, fait l'éloge des civilisations, dont la civilisation française plus particulièrement et de l'Europe des élites cosmopolites qui parle français. Il parle alors des nations qui sont en marge de la civilisation. En cela, Voltaire a une lecture romaine de la nation, avec la civilisation des Lumières face à la nation des ottomans ou encore celle des chinois. On trouve une entrée patrie, au sens latin qui est à valoriser car il s'agit d'agir au service du bien commun. Quand il emploie l'expression de nation GB, il fait alors référence au peuple.
Pour Starobinski, Rousseau a été marqué par une expérience de jeunesse. Ce dernier a assisté à une fête appelée l'éblouissement de St Gervais, il va y voir une sorte de communauté naturelle extraordinaire. Il aurait eu l'idée du contrat social et de l'état de nature après avoir assisté à cet événement. Cette fête serait l'éblouissement des conditions naturelles où il n'y a pas de conditions ni de hiérarchie. Dès lors, Rousseau considèrera que la nation parfaite serait faite d'énergie et de rusticité, les vertus romaines donc. Il sera, en outre, inspiré par la république nobiliaire de Pologne où les nobles élisent leur roi. Il estime que l'Europe est trop civilisée donc décadente.
Dans les monarchies, il y a transsubstantiation des rois et de la nation. Le Roi est la Nation. A. Smith et chez tous les penseurs du XVIII siècle, lorsqu'on parle de la nation ne parle pas du roi mais de l'économie.

La modernité réside dans la Nation
Le meilleur marqueur de modernité est la Nation. Destutt de Tracy, Commentaires sur l'esprit des lois, selon lui Montesquieu est dans l'erreur car il décompose les gouvernements en 3 catégories : monarchique, républicain, despotique. La monarchie est supérieure à la république, car il suffit qu'un seul soit vertueux, or dans la république il faut que tous soient vertueux. Il est plus facile qu'un seul soit vertueux plutôt que tous, car il suffit qu'une minorité soit corrompue pour que la République soit détruite ou elle-même corrompue. Pour Destutt de Tracy, Montesquieu a tort d'opposer monarchie et république, il n'y a que deux types de gouvernements :
-          les gouvernements nationaux ou de droits communs (respect de la volonté générale)
-          les gouvernements spéciaux ou de droits particuliers (confisque la volonté générale)
Il prolonge en disant que le premier peut être une démocratie absolue, un gouvernement représentatif pur, peut être une aristocratie, ou une monarchie plus ou moins limitée ou illimitée. Il peut recouvrir la forme que l'on veut dès lors qu'il respecte la volonté générale, et en cela on peut le considérer comme gouvernement national.
Les gouvernements spéciaux, càd des gouvernements qui tournent le dos à la volonté générale et la confisque, or il existe des républiques pire que la monarchie dans cette confiscation de la volonté générale. La vraie opposition n'est donc pas entre République et Monarchie, car la monarchie était une république, elle a essayé d'imiter les vertus de Cicéron, imitant les substances de la République, mais n'a jamais voulu être la République en tant que forme. à Il ne faut pas confondre la forme républicaine et l'esprit républicain soit la vertu.
è La vraie opposition réside entre monarchie et une nation, car une monarchie n'a jamais pu être une nation. Par là il entend, qu'un Roi est désigné comme roi pour être arbitre entre gens qui parlent des langues différentes, aux coutumes différentes, en cela il ne peut être un roi national (France une agrégations de peuples – de nations au 16é siècle).
Pour De Tracy la nation est la nation telle que la Révolution FR l'invente : la noblesse et le clergé ne peuvent être la nation, car par nature sont cosmopolites. La nation est une immense nouveauté apparu à la fin du 18é siècle, car le tiers-état prétend du jour au lendemain incarné la souveraineté, on assiste alors à quelque chose de totalement inédit. Ce mouvement vient des USA, lors de la fin de la Guerre d'indépendance nord-américaine. Les US ont alors le sentiment de vivre quelque chose d'inédit, un peuple qui affirme sa souveraineté face au Roi George III. En France, on considère au contraire qu'il ne s'agit en rien de quelque chose d'inédit, mais une rébellion contre un roi tyrannique (cf. Raynal). T. PAINE explique qu'un peuple nouveau s'est créé : « nous sommes vraiment un autre peuple ». Raynal approuvera par la suite ce point, des gens se mettent ensemble et proclament nous le peuple, une nation s'est alors assemblée, mais comme jamais une nation ne s'est assemblée à savoir une nation égalitaire. Jefferson refuse pourtant l'insertion du terme nation dans la Constitution des USA.
Par la suite on cherchera à traduire les constitutions des treize colonies en FR, mais comment traduire certains mots/concepts qui y sont présents : utilise-t-on le terme patrie ou nation ? À aucun moment on ne traduira les termes connotés nation par nation, car on supposait que cela renverrait à quelque chose d'ancien et trahirait l'aspect inédit de l'évènement. Marcel Moss explique que les USA et les GB ont été des grands inventeurs pourtant ils n'ont jamais eu la prétention de leurs inventions envers la face du monde.

II.                  Tel Janus : un concept biface

A.      De la « Nation en armes » à la « Grande Nation »
1.       La portée de l’exemple américain
En 1786, Condorcet rédige L'influence de la Révolution Américaine, avec une réelle fascination du personnage vis à vis de l'expérience américaine, qui en réalité traduit une réelle fascination générale. Toutefois, comme l'a écrit François, la Révolution FR veut aller plus loin, Mirabeau et Ciliés. Depuis le 17é s. chaque colonie US avait un parlement, le parlementarisme y existe depuis le début des USA, une des revendications lors de la révolution fut de préserver cela alors que le Roi George III ne souhaitait qu'un seul parlement à Londres. Depuis l'origine les USA étaient donc fédéral. Là où la FR innove, Mirabeau et Ciliés veulent expulser la noblesse, l'Assemblée Nationale devant représenter toutes les régions de FR, la Monarchie ayant été fédérale (dans les assemblées de régions), la République n'en veut plus. Pour Guilhaumou l'expression assemblée nationale est l'évènement linguistique majeur du 18é s.
                Se développe alors le concept d'exceptionnalité française. Un paradoxe réside dans la Révolution FR car elle a voulu la régénération de la nation, elle a recours alors à deux moyens. Elle appelle à regarder en arrière, ou regarder devant càd l'homme nouveau, expression typique de la Révolution FR.
2.       Transferts franco-allemands
Aujourd'hui on parle de transfert culturel et non plus d'influence. On a des travaux sur la France et l'Allemagne.


a.       Nation au détriment de Vaterland et de Volk
Hambourg était fasciné par la Révolution Française. Le mot nation semble plus pathétique.

b.      les deux modes d'appropriation du concept
Il y a 2 modalités du transfert du concept :
-           soit une imitation pure et simple,
-          soit on continue à dire Volk et Vaterland mais on en change de sens (transfert par inversion) et on investit dans ses mots le sens qu'on en a en France.

c.       Analyse lexicale de L'esprit du temps d'Ersnt Moritz Arndt.
La bataille d'Iéna est essentielle, Napoléon vaincra 3 armées (autrichienne, prussienne, et russe).
Arndt a publié un tome 1 de l'esprit du Temps dans lequel le mot Nation apparaît plus de 100 fois et le mot vaterland peu, alors que dans son tome 2 (paru après la bataille d'Iéna) les proportions sont inversées.
Dans son livre il y a des expressions telles que «ennemi de la nation» «fête nationale»... c’est-à-dire des expressions inventées par la Révolution Française, mais alors utilisées via Volk ou Vaterland et non pas le mot nation à Donc à partir de 1806 le mot n'est plus utilisé.

3.       Deux idéotypes de la nation à nuancer
Pendant longtemps on opposait 2 types de Nations :
·         Française (Nation contrat)
·         Allemande (Nation génie/ ou romantique).
Depuis 200 ans l'opposition est très fréquente.
Les allemands opposent la Nation étatique* à la nation culturelle* → distinction datant de la fin du XIXe siècle (par Thoman Mann en 1918 par exemple). Idée que la Nation culturelle* repose sur une langue et donc ne meurt pas, contrairement à un Nation étatique.
è On voit alors l'opposition civilisation et culture. La France est une civilisation donc elle est mortelle, l'Allemagne en revanche est une culture et donc peut anéantir la France. Mais aujourd'hui cela n'a plus grand sens, puisque par exemple les français parlent français.
Opposition qui a longtemps fasciné les français qui y voyaient une supériorité : si la Nation repose sur un contrat et non sur une langue alors la France pouvait s'étendre à la planète (ce que pensait Jules Ferry). C’est dans ce sens, que les droits de l'homme et du citoyen ont été édictés pour tous les hommes.
è Opposition qui est artéfactuelle (pas authentique véritablement)
Herder a été placé en Satan par les Français pendant le 2GM, car il avait fait l'éloge de la langue allemande, qui selon lui était matrice de tout. Dans ses écrits, il y a l'idée que la langue allemande est celle qui permet à la pensée humaine d'aller le plus loin, langue qui est rustique et permet toutes les audaces alors que la langue française est fossilisée car est pleine de latin et de grec et est une langue morte.
Alain Renaud a étudié Herder qui a une conception de la nation pas si caricaturale que ça, il est un lecteur de Leibniz.
Leibniz avait imaginé que les Nations pourraient être des monades, c‘est à dire des totalités individualisées reposant sur une culture et une langue. Elles formeraient un cosmopolitique et elles s'aimeraient en gardant leur génie particulier, on a affaire à un monde rêvé de Leibniz où les cultures dialogueraient.
RQ : monade* : chez Leibniz, substance simple qui exprime l’univers dans la totalité, et qui est en relation avec toutes les autres nomades, dont l’ensemble toute entier constitue l’univers.
è Herder reproduit donc le modèle de Leibniz. Renaud démontre qu'Herder est exaspéré par l'universalisme des Français.
La révolution française a légiféré pour l'univers (la DDHC s'adresse à tous les hommes de l'univers), or la plupart des européens ne veulent pas de ce message universel.
Edmond Burke, Réflexion sur la Révolution en France, en 1790 → il dit que les anglais ne veulent pas des droits de l'homme inventés à Paris, et qu'ils ont déjà de l'avance sur le plan de la liberté.
Herder était fatigué par cette propagande de la révolution et de l'homme abstrait. Il est un chrétien des Lumières qui rêve de retrouver des peuples dans leur état naturel et au-dessus la fraternité chrétienne.
Fichte, Le discours à la nation allemande, 1813, livre très attaqué en France. Il dit qu’il est important que chaque peuple préserve sa langue et que le français est dangereux. Il faut que les allemands prennent conscience d’être une Nation selon lui, celle-ci ne doit pas reposer sur la langue mais sur un projet éducatif. Tous les hommes de bonne volonté peuvent donc être allemands, on peut donc devenir allemand.
Idée que le christianisme empêchera une guerre entre les allemands et les autres à l'avenir, provient du fait que les Allemands avaient peur que Napoléon détruise l'Europe. Pour éviter cela il faut se retourner vers la culture chrétienne du Moyen Age et faire face à l'abstraction des Français.
L'épisode des Jacobins de 1793 et 94 est très mal vécu en Europe, beaucoup d'Eglises ont été détruites. Les Jacobins s'appelaient « la montagne » et Paris était alors un volcan qui détruit des démons.
Herder et Fichte ne sont pas ceux qui ont créé le modèle de la nation romantique, ils rêvaient d'un cosmopolitisme des nations habité par un idéal chrétien.
Au moment de la création de l'Europe dans les années 1950 on discutera beaucoup de ces conceptions. Aujourd'hui on pense plus à Hegel, Grimm et Guillaume de Humboldt → selon eux, l'Allemagne est le seul pays capable de porter l'idée.
Winckelmann a inventé le mot d'esthétique. A la fin du XVIIIe, il voyage en Grèce et est persuadé que la Grèce a atteint le sublime (il oppose le  beau et le sublime). Il invente alors le concept de génie grec.  Selon lui, les grecs sont les 1ers à avoir pu concevoir l'essence unitaire d'une culture. Puisqu'il  y  a un génie grec il peut alors y avoir un génie allemand, seule l'Allemagne le peut créer ce génie.
è Raisonner sur les nations est donc un problème esthétique.
Nazisme : volonté de pousser plus loin la culture contre la civilisation.
Rosenberg - Le mythe du XXe siècle, les allemands sont les descendants de Sparte.
è Ces deux concepts de nation (français et allemand) ont donc été figés rétrospectivement à la veille de la guerre de 14. 


Chapitre 2 Le Nationalisme, une pathologie européenne

On parle du suicide de l'Europe, mais ne pourrait-on pas plutôt parler d'un suicide des Nations?


I.                    1914-1918 : le suicide des Nations ?

L'approche historienne de la guerre est née avec Pierre Renouvin qui a dominé l'histoire des RI en France à partir du premier conflit mondial, il a inventé la notion de force profonde*(=les pays entrent en guerre car il y a des forces profondes qui font qu'on est poussé à la guerre, forces qui se réveillent car il y a un élément qui fait cristalliser la haine). On résonne alors non plus sur les causes de la guerre mondiale mais sur ses origines.
L'assassinat de l'Archiduc à Sarajevo aurait pu ne pas aboutir à la guerre tandis que la haine entre français et allemand allait forcément aboutir à un affrontement.
Pendant longtemps la 1GM  était lu en fonction des grilles marxistes d'interprétation. Depuis les années 80 on a une autre histoire de la 1GM qui est surtout culturelle.
Nouvelle histoire qui s'intéresse au patriotisme des soldats et pose une question : comment cette guerre a-t-elle durée 4,5 ans et ne s'est pas arrêtée plus tôt? Qu'est ce qui fait tenir un poilu? Est ce l'idée de Nation ?
Antoine Prost met en avant l'argument que les soldats étaient patriotes mais doute que c'est une force morale qui les ai fait tenir. Certains se battent surtout par conscience professionnelle, d'autres par habitude.
Le courant majoritaire d'interprétation qui met en avant le concept inventé par Georges Mossela 1GM est l'aboutissement de la brutalisation des sociétés. Depuis 40 ans, les pays d'Europe ont installé des cultures de guerre qui a poussé à la brutallisation des sociétés.

Mitterrand, on ne peut fonder l'Europe sur des gloires communes mais on peut le faire sur un deuil commun, à savoir la 1GM. La France a perdu cette guerre, a eu beaucoup de morts et mettra du temps à s'en relever.

1.       L’unanimisme patriotique

a.       L’enthousiasme de 1914
Krumeich s'est penché sur les photos à la guerre de Berlin où les Allemands vont à la guerre comme à la fête. Ces photos ont été instrumentalisées pour mieux dénoncer les déchirements de la société intervenus après. D'autres ont utilisé ces photos pour dire « voilà à quoi conduit la Nation ». Pour lui on n’est pas sûr qu'il y ait eu un vrai enthousiasme en 1914 mais cela a été instrumentalisé. En tout cas  on peut voir l’euphorie dans les villes allemandes en juillet 1914.
En France témoignage de Julien Benda, en 1932 il avait réfléchi sur la Nation française → la volonté des français d'être une Nation ne s'est réalisée qu'au bout de 20 siècles, le 2 août 1914.
Même les plus grands des pacifistes deviennent nationalistes dès lors que le conflit explose.
Marc Ferro ; l'histoire de France n'est qu'une longue histoire de guerre civile. La 2GM est pour la France une guerre civile, la 1GM  serait la seule où il  aurait  eu une nation soudée.
En Russie. Beaucoup de livres russes (dont le Docteur Givago - prix Nobel) décrivent l'enthousiasme à la guerre. Tolstoï (aussi prix Nobel) décrit aussi cette ivresse du départ à la guerre.

b.       Une tentative d'explication 
En 1905, onde de choc en France, on a le sentiment à cette époque que la guerre mondiale va éclater. L’affaire Dreyfus est alors effacée par l'affaire de Tanger (en 1905, crise internationale opposant les puissances européennes au sujet de la colonisation du Maroc).
Système éducatif français, esprit revanchard et culture de guerre.
En 1871 on perd la guerre face à la Prusse, le chancelier Bismarck est venu avec le roi de Prusse et l'a couronné dans la galerie des glaces. A partir de ce moment-là, il y a eu une obsession en France de venger le pays et de reprendre l'Alsace-Lorraine. Cet esprit revanchard s'exprimera dans les manuels scolaires (on passe alors à des ancêtres gaulois et non francs – puisqu’il n’est pas pensable d’avoir des ancêtres communs avec les Allemands, sachant que Français et Allemands descendent des Francs). Comme par exemple, le manuel scolaire : « le tour de France par deux enfants » où on trouve l'idée qu'il faut reprendre l'Alsace et la lorraine.
Pour les livres scolaires allemands (1880 1890), on trouve l’idée que le territoire national allemand est un cimetière de slaves. On essaie de repousser les limites de la civilisation toujours plus à l'Est. On trouve aussi des passages sur la haine à la France. Ex : Goethe avait vu l'armée du directoire faire sauter les châteaux du Rhin.
Hasse, en 1905 était président des ligues pangermanistes* (mouvements secrets ayant pour mission d'étendre l'Allemagne dans le monde). Pour lui, les Nations d'Europe empêchaient l'Allemagne de croître, il était donc du devoir de l'Allemagne de se dégager des mains qui' l'étranglaient.
Woltmann écrivait lui un livre d'anthropologie, et comparait la taille de la tête pour parler d'intelligence et des capacités cérébrales des français qui n'étaient pas assez grandes.
En Russie le livre scolaire de Kovalevski, dit que les russes sont arrivés mille ans avant les germains en Europe du Nord. On décrit les slaves comme ceux  qui n'aiment pas la guerre mais  ils ont dû la faire pour se protéger, car ils ont été envahis soit par les scandinaves soit par les allemands.
En Italie, il y a à l'époque l'éloge de l'art romantique et un discours de la nation italienne, sachant que l’Unité italienne date de 1860.  A partir de ce moment, il y a un discours nationaliste d'un type nouveau. D'Anunzio est un poète qui réclame le retour de terres autrichiennes ; les intellectuels italiens font l'éloge de la Nation et de la guerre.
L'incapacité du pacifiste à faire contrepoids et à stopper les mouvements de brutalisation en marche.
·         La société de paix allemande (mouvement pacifiste allemand fondé en 1892) comptait 10 000 membres en 1914, mais ce mouvement était impuissant.
·         En France c'est Gustave Hervé qui est l'homme clé du pacifiste → il ne veut pas d'une guerre contre la Nation car les bourgeois s'en sortiraient et les paysans seraient ceux envoyés au front. Jean Jaurès est son «ennemi», il est aussi pacifiste mais est horrifié du fait qu’Hervé veuille une guerre pacifiste en France. Son pacifisme est absolu, contrairement à celui de Hervé.
La première grande enquête sociologique faite en France est l’enquête Agathon, en 1913 auprès de 2000 jeunes français par Henri Massis et Alfred Tarde. La question: comment voyez-vous le monde? Les jeunes détestent tous le dilettantisme (ils ont envie de travailler), ils ont un goût du sport (qui ne devient à la mode que dans les années 20) et un anti intellectualisme. Même année où paraît «à la recherche du temps perdu» de Proust.
è Guerre connotée comme vertueuse, la jeunesse a besoin d'une cause. Sentiment est le même partout en Europe, la jeunesse veut la guerre.

c.       la crispation du sentiment national
Une sorte d'ivresse de la fraternité qui est étonnante.
« L'appel aux armes » de Charles Péguy de 1913 → il parle d'un jeune soldat qui se heurte aux idées pacifistes de son père instituteur, et il est dégoûté par les lettres pacifistes que lui envoie son père, il lui répond alors que la guerre est divine. Sorte d'écho direct à l'enquête Agathon.
Louis Guilloux écrit des livres contemporains de la guerre ou après. Il est stupéfait de voir la jeunesse anglaise heureuse d'aller à la guerre.
→ Il y a des paradoxes à tout cela :
Ø  Blaise Cendrass a écrit «La main coupée», où il raconte comment il perd son bras. Il a fait la 1GM dans la légion étrangère où il a secouru la France (dans la légion étrangère sur les 18000 volontaires il y avait 17000 latino-américains). Quand les légions étrangères passent dans les villages français ils sont sifflés et traités de bouffeurs de gamelles, Cendrass est blessé par cette attitude. Dans la légion étrangère il n'y a pas de haine de l'Allemagne selon lui.
Ø  L'attitude des juifs dans différents pays qui s'engagent ...
o   Stefan Zweig (il est juif) incarne l'Europe d'avant 14, mais il veut faire la guerre pour défendre l'Autriche-Hongrie qui est son idéal.
o   Thomas Mann écrit des livres de patriotisme allemand
o   Durkheim en 1916 a écrit «l'Allemagne au-dessus de tout», il est d'une violence incroyable contre les allemands.
o   Isaac Singer qui a écrit «Acier et fer» en 1927, dit que pour les juifs, la guerre a été vécue comme une sorte de chance car la première guerre aurait pu mettre à mort l'idée de Nation en Europe et les communautés juives s'en sortiraient mieux.
Durcissement des stéréotypes, à partir de 1916, l'allemand est représenté par un cochon.

2.       Le dépassement de l’idée nationale

a.       1917 : tombeau des Nations ?
Deux empires alors : Russe et Autriche Hongrie. Différents types de discours. Ces deux empires sont devenus fragiles en 1914 car la 1GM est vécue comme un conflit entre Nation, or ces empires sont multinationaux, et ils vont s'effondrer. Faillite des Etats multinationaux.
L'empire Russe était fragile car l'esprit national était présent à l'intérieur de l'empire. Quand il y a eu des défaites militaires russes, les esprits nationaux se sont réveillés et l'empire s'est effondré. Quand Lénine parle des non-russes il parle de « Nation » alors que quand il parle de la Russie il ne parle pas de Nation. L'union soviétique a fonctionné comme l'empire romain.
En Autriche Hongrie, :
-          Thomas Masaryk, chef d'Etat Tchèque après la guerre de 14-18, ils rêvaient tous de s'émanciper de l'empire d'Autriche Hongrie.
-          En Serbie, le mouvement de la main noire a tout fait pour que les soldats serbes de l'armée autrichienne désertent.
Il faut noter que l'armée de l'empire d'Autriche Hongrie est au ¾ de non langue allemande, donc armée fragile.
Ces deux empires multinationaux étaient minés par l'idée nationale.
Paix de Brest Litovsk → Russie signe la paix en 1917 et abandonne les français. Les Allemands peuvent donc ramener leur armée du front Est vers le front Ouest, c'est ce qui fera durer la guerre jusqu'en 1918.
Usure du patriotisme dans les Etats nationaux eux même comme en Allemagne, en France et en Italie. Il existe une rupture entre le front et l'arrière. Divorce net en France entre ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas.
Question des mutineries : dues à Nivel (général fou), ses offensives donnaient des tonnes de morts à chaque fois ; Pétain donne l’ordre de mettre fin à ces offensives meurtrières.
En Italie, après la défaite contre l'Autriche en 1917, le pays s'effondre. La Pape Benoît XV veut aussi que l'Italie signe la paix. RQ : il y a eu beaucoup de déserteurs en Italie.
L'internationalisme se développe en même temps.

b.      le sacre du printemps
Beaucoup ont imaginé la 1GM avant qu'elle n'advienne. Entre 1880 et 1914 plus de 50 livres l'imaginent. Les livres anglais imaginent une guerre contre la France. En 1902, GB et France se rapprochent, les livres anglais imaginent alors une guerre navale entre GB et Allemagne.
Du côté français, les scénarios montrent une GB alliée à l'Allemagne contre la France, mais cette dernière avait le soutien de la Russie.
Quand on compare : les Anglais pensent que leur île sera envahie, l'Allemagne sera victorieuse, et la guerre sera rapide. L'Allemagne n'a pas imaginé qu'elle entrerait en guerre contre la GB.
è La guerre imaginée est une guerre entre Nations, tous ces livres prévoient que la cohésion nationale sera forte entre chaque pays
Made in Germany ou la guerre inéluctable des Nations industrielles. «Made in Germany» est un livre où est décrit ce pays scandaleux qui est en train de devenir la première puissance industrielle. Joe Chamberlane disait que l'avenir est sombre (1895) car l'Allemagne sera un pouvoir militaire naval insurmontable.
Dès 1904 l'Angleterre se prépare contre une guerre contre l'Allemagne (politique du containment).
Chansons populaires étonnantes, en Allemagne, le chant de la haine dit que son seul ennemi est l'Angleterre.
Antagonisme économiques secondaires: la France a peur que son économie soit contrôlée par l'économie allemande.
Au delà des nations, une guerre libératrice
«Le sacre du printemps» par un historien finlandais. Un opéra de Stravinsky avait fait scandale car des gens dansaient nus autour du Dieu de la guerre, il voulait montrer que le printemps et la guerre c'est la même chose. L'auteur du livre dit que la société est bloquée entre la promesse du progrès et la réalité économique (série de petites crises économiques avant 1914). Selon lui, une nostalgie pour le passé se met en place entre 1910 et 1914. Certains rêvent d'une Europe sans Nations, ce qui expliquerait un certain mysticisme. D'autres veulent aller au bout et faire la guerre, alors que certains veulent émigrer (7millions d'allemands sont partis).
Baisse séculaire des prix de 1820 à 1895, après ça les prix augmentent jusqu'en 1990. Il y a aussi une cause économique évidente à la première guerre mondiale.
Au lendemain de la 1GM,  l'idée nationale est défaite à l'Ouest et sanctifiée à l'Est. En 1991 il se passera la même chose, la Nation est connotée négativement à l'Ouest et positivement à l'Est.


II.                  Le Nazisme : un nationalisme a-historique

Il faut noter que l'idée de Nation est mise à mal avant la guerre mondiale. La génération des années 20 est nihiliste.
Italie et Allemagne sont les deux pays d'Europe où la Nation est le refuge ultime.
Elle, la Nation, doit plonger ses racines non pas dans l'Histoire mais dans le mythe.
L'Allemagne nazie est aussi une civilisation.
Marlis Steinert,  le nazisme est une contre-culture et non une culture, car il a voulu annuler 2000 ans de judéo-chrétienté, de civilisation. La question est la suivante : comment une Nation va essayer de remplacer la civilisation et se poser comme contre-culture ? Le nazisme fait appel au mythe germano nordique pour exalter la race germanique et l'anti raison, et en raison du crépuscule des Dieux. Pour les nazis, les vieux mythes germaniques pouvaient constituer une colonne vertébrale identitaire mais en le faisant, on observe une distorsion.
Rosenberg , pour lui les allemands ressemblent aux germains des sagas islandaises. Himler dira que les mythes doivent rester des mythes et le vrai modèle est la Rome antique ou Sparte pour l'Allemagne.
La manque de cohésion animique a fait perdre la guerre selon Ludendorff qui écrit « La Guerre Perdue ». Les nazis trouvent, dans son livre, des clés pour la guerre. La cohésion animique* est la cohésion des cœurs. Les français avaient plus envie de faire la 1GM que les allemands. La France avait un esprit de revanche, elle voulait reprendre la Lorraine.
Colonel Blau écrit « la propagande comme une arme», ce qui montre que l'Allemagne a compris que l'on gagne une guerre parce qu’on a une cohésion animique.

1.       Les signes du paganisme

a.       La revanche de l’irrationnel
Selon Dominique Pelassy, le nazisme est un néo paganisme. Il utilise la métaphore de la forêt, il considère qu’elle est permanente chez les nazis. Le nazisme a un symbole de masse pour s'identifier, qui est la forêt.  Le nazisme est dyonisiaque, elle fait appel au mythe.
Autre signe de paganisme est la conception du temps des nazis : n’est pas linéaire.
Hermann Rauschning a écrit «Hitler m'a dit», ce livre est très utile pour comprendre le nazisme. Rauschining était gouverneur (d'une ville aujourd'hui en Pologne), il fréquente Hitler et s'échappe d'Allemagne en 1935 pour se réfugier à Paris et écrit ce livre. Selon lui tout est mouvement dans le nazisme, l'action pour l'action est l'essence du nazisme.
Hitler a une doctrine dans la tête : la révolution perpétuelle. Il croit que l'histoire du monde évolue par pallier de 700 ans et qu’il doit franchir l'affranchissement définitif. Hitler croit que le temps est cyclique, sa conception du temps n'est pas linéaire (alors que la vision judéo-chrétienne est linéaire). Nazis croient en un temps païen, et conçoivent le Reich nazi comme un retour à un âge d'or. C'est ce qu'il appelle la révolution perpétuelle.
Une double régression (forêt et révolution perpétuelle) qui s'inscrit dans l'esprit du temps :
Bergson, Nietzsche et Einstein ont enseigné la relativité du temps, et le fait que le monde n'est pas stable et rassurant comme l'aurait voulu Descartes. Ils disent que le monde n'est pas stable et qu'on devrait retourner à l'affect, et être moins raisonnant (rationnel). Nietzsche nous dit que l'homme doit être apollinien et dionysiaque (?). Volonté d’un retour à l’antiquité, et à une conception cyclique du temps.
La génération du spiritualisme (Europe de 1900) célèbre le culte de l'action et de l'anti intellectualisme. A partir de 1890, tout cela est à la mode. 
RQ : Le nazisme est banal car d'autres gens s'intéressent aussi au temps cyclique et à la forêt.

b.      Symbolique et rituels païens
Hitler veut retrouver un temps mythique germanique, avec des symboles clairs.
La croix gammée est une obsession pour lui, il s'est rapproché de l'association Thulé créée fin du XIXe.  Thulé est une ville qui aurait des diamants, de l'or...etc. Dans cette société de Thulé se rassemblent des gens qui croient à la race aryenne, elle choisit la croix gammée dès l'origine.
Une autre société de l'ordre des germains choisit la croix gammée aussi (symbole cyclique). Symbole qui vient de l'Inde du Nord, qui signifie le cycle des réincarnations.
Karl Houshofer, spécialiste allemand du Japon. En voyant la croix gammée d'Hitler et celle venant du pangermanisme allemand, il fait remarquer à Hitler qu'il a choisi la mauvaise, celle du mauvais cycle des réincarnations. Dans le bouddhisme signifie le cercle des réincarnations. Les nazis y voient un symbole solaire. Ils créent un nouveau calendrier. Les nazis vont aussi célébrer le foyer païen.
Melita Maschmann a observé les mouvements nazis de jeunesse : pour se marier en étant nazi il fallait se marier devant un frêne (arbre de vie), et les mariés devaient se déguiser (rituel païen).
[Wagner : Siegfried est un héros, Dieu immortel, sauf si on le touche dans le dos à un endroit précis. Il est sur son cheval blanc, mais il doit faire face à un principe du mal et à un Dieu des forêts (Loki). Il reçoit une flèche dans le dos par Atli et meurt.]
Les anciens scandinaves ont un culte pour l'arbre de vie qu'est le frêne, qui est attaqué par un loup noir, il s'effondre et le ciel tombe sur les hommes, les Dieux meurent et c'est la fin des temps. Le monde repart ensuite.
RAPPEL : nazisme : le meilleur exemple d’un nationalisme a-historique, qui veut faire table rase de 2000 ans d’histoire judéo-chrétienne, de la démocratie athénienne. On fait appel aux mythes gemarno-nordique et à Sparte (partie de l’antiquité qui semble liée à leur expérience).
Rituels liés au feu, et au soleil (solstice d’hiver/d’été). Le foyer païen : il est important pour les nazis d’avoir une cheminée avec des runes nordiques pour montrer que le foyer est présent (la forge du Dieu Thor).

c.       Le sang et la terre
Les jeunes allemands doivent chanter des hymnes, réciter des poèmes à « notre habit épouse ta couleur, terre d’Allemagne » : retour à la terre mère [les uniformes cherchent à imiter la couleur des forêts]. Idée que l’All doit revenir au sang et à la terre.
Steihert : le nazisme est une contre-culture qui a peur de la modernité vue comme un arrachement à la terre. Le nazisme c’est donc le retour à l’ethnos, et à l’ancrage des racines. Elle appelle ça l’étreinte primitive du nazisme à la religion des racines.
RQ : référence au Brouet des Spartiates, potage sans viande, servi au banquet d’Hitler+ boisson : hydromel (mélange lait et miel) qui est une référence direct au néopaganisme à nourriture des Dieux. L’hydromel renvoie à la boisson des nordiques Eule (cf : Ale) – premier nom de la bière. Avant d’aller au combat, on ajoute des champignons hallucinogènes, et les vikings se pensent déjà aux portes de Walhalla – qui attaquent nus, et n’ont plus aucune peur (ils ont l’air de chercher la mort).
Tout ça intéresse les anthropologues : les nazis sont végétariens, et boit de l’hydromel.

d.      L’hétérogénéité du mouvement régressif :
Hitler est fasciné par le MA allemand – on a là un premier paradoxe :
-          Discours : « je veux une jeunesse intrépide, violente », un guerrier fauve. L’idéal du soldat allemand c’est le guerrier spartiate (le jeune spartiate doit tuer un homme pour devenir un homme, à l’âge de 13 ans). Ce concept est connecté à l’homme nouveau de Nietzsche.
-          Paradoxalement, il est fasciné par les chevaliers du MA. Son opéra préféré : Perçifal de Wagner. Perçeval : histoire de la quête du graal, pour le rapporter au roi Arthur. Pour cela il faut le sang pur. Hitler raconte à ses proches qu’il est fasciné par cette quête qui n’aboutit  que pour ceux qui ont le sang pur.
Certains historiens disent que Hitler a les idées brouillées, et ce paradoxe ce retrouve chez les SS. L’objectif de l’éducation SS (Les Damnés, 1960, Film de Visconti) est qu’ils deviennent des guerriers fous, ils s’appellent entre eux « loups » ; et Hitler se définit comme le chef de la meute – lycanthropie.
Ambivalence de la fonction féminine, autre paradoxe :
-          Les proches d’Hitler, voudrait que les femmes allemandes soient les femmes spartiates c’est-à-dire combattantes, avec poitrine et cuisses nus.
-          En même temps, le régime nazi, plus il avance, plus il démontre une misogynie – discours du 8/09/34 : émancipation féminine inventé dans l’intellect juif. Femme au foyer, mère porteuse.
Au total, le nazisme offre  un télescopage entre le néo-paganisme et christianisme médiéval.
Roman de Tottenhall, en 1934 : histoire d’une famille noble au XIIe en Rhénanie, dans une atmosphère de brouillard et d’orage. Cette famille noble capture les bêtes sauvages autour du château. Mais la forêt devient magique où les loups hurlent et les pâquerettes fleurissent. Et tout revient toujours au potage végétarien dans l’âtre. Les historiens disent que ce roman symbolise le nazisme : régression passif et sauvage, avec à la fois un machinisme chrétien – hétérogénéité des signes. Le Nazisme est un bric-à-brac et une contre-culture.

2.       Le développement d’une « contre-culture »

a.       Hitler
Hitler est obsédé par Richard Wagner. Rauschning (livre n°1 à détruire): « Hitler refusait le fait d’avoir des précurseurs, il ne faisait exception que pour Wagner » - il fait de Wagner un prophète (il est plus qu’un musicien), et se considère comme un second prophète qui complète l’œuvre de Wagner.
Il faut s’intéressé à un autre livre datant de 1938, (le plus lu en All) «Hitler, Mon ami d’enfance », Kubicek – en très grande partie rédigé par la commission chargée de la diffusion du nazisme – raconte ce que l’on veut que les Allemands sachent d’Hitler. Kubicek et Hitler, ont vécu ensemble (vrai) ; Kubicek apprenait la musique, et Hitler était jaloux parce qu’il peignait (et ne jouait pas) les monuments du Ring, à Vienne. Il avait un défaut de vision, avec ses aquarelles on voit que les perspectives sont fausses ; il les vend sur le Ring. Et un jour, un couple de juif passe, un homme riche se moque de la peinture de Adolf – blessure vive, et haine de classe (Adolf, fils de bonne, son père est agent des douanes tchèques). Ce livre : on voit ce que la Gestapo veut que l’on croit d’Hitler.
L’obsession pour Wagner : le dernier opéra à Berlin, alors que les troupes soviétiques bombardent, après la mort d’Hitler même, est un de Wagner (après la 2GM : compliqué de jouer du Wagner en France).
Christianisme et germanité sont incompatibles – fait répété par Hitler à contre-culture : nous voulons que l’homme soit un Dieu païen fauve ici sur terre.

b.      L’homme nouveau
Religiosité de « l’homme nouveau » - pas une innovation, puisque Mussolini l’a dit avant lui. Mussolini avant 36 était un modèle pour Hitler, mais ensuite il s’inquiète qu’Hitler aille plus loin que lui, c’est pourquoi il y ira jusqu’au « lo stato totale » ; ce qui veut dire que les italiens à toutes heures sont au service de l’Etat (loisirs et rêves également). C’est ce que va vouloir aussi Hitler : s’emparer de la totalité de l’individu, c’est ça l’homme nouveau.
Cet homme nouveau obéira à une nouvelle religion où « le désordre est créateur ». 
L’image que l’on a d’Hitler aujourd’hui : il avait un chaos mental incroyable  - il y a tout et son contraire. Une contre-culture au service d’une nation.

3.       Le Mythe contre l’Histoire

a.       Les ligues pan-germaniques
Société de Thulé, fin XIXe, fondée par un mécanicien de locomotive, Suggenbendorf ( ?), choisit la croix gammée comme symbole dans les années 1880. Les nazis sont tributaires des discours incroyables.
Un village dans le Harz, montage Thalé – fouilles archéologiques pour savoir si ce n’est pas là où se trouve la ville mythique de Thulé. Ces fouilles ont été filmé, et comme par hasard trouve des poteries avec des croix gammées (des fausses !!). Archéologie au service du régime, pour faire sortir du sol allemand les plus belles histoires sur l’origine des germains.
Rosenberg, le Mythe du XXe s, 1930, que Hitler lit, et déclare qu’il le veut comme conseiller personnel sur la vision du monde. Rosenberg, personnage complexe, un des rares à pouvoir rentrer dans son bureau pour lui parler des  mythes nordiques, et de Sparte. Pour lui – nouvelle guerre du Péloponèse : Sparte (All) contre Athènes (Londres, et Paris) – victoire de Sparte. Rosenberg, va forcer le trait  - les Spartiates étaient des blonds aux yeux bleus (Doriens) et les autres descendants des (ioniens, petits, bruns, cheveux crépus).

b.      Le triomphe de la science historique
Kossina, avant 1931, dans une revue, faisait l’éloge d’une race nordique qui aurait eu son berceau dans les pays nordiques, avec un élargissement en Iran et nord de l’Inde (faux : c’est l’inverse). Les élèves, notamment Merhat (historien au service du nazisme), et l’école des Mahurt ( ?) – sont mis à la place des professeurs dans les universités. On enseigne à partir de 33 : la préhistoire, considérant que l’histoire est contaminée par le judéo-christianisme.
Inventer les mythes par l’archéologie – Wirth : chérit par le régime, publie à la fin du XIXe Les Chronique de Oura Linda, qui raconte la vie des saxons avant qu’ils ne soient colonisé ; et en 1937, devient la lecture obligatoire à sont des FAUX !
Episode – Otto Rian, graal, Montségur – livre d’Alain Schnapp.
Faux sites archéologiques, et même des fouilles en Grèce en pleine guerre  pour essayer de trouver des croix gammées en Olympie ; également des sites vikings, Karnak…

c.       Les paradoxes de la construction mythique
Le thème de la leçon du christianisme : la logique nationale échappe au christianisme qui est une civilisation. On ne peut pas être à la fois en civilisation et une nation. Si on  est chrétien, on est un négateur des nations, donc un négateur de l’Allemagne. Mais Hitler admire secrètement le christianisme, ceci on le sait par Himmler à qui Hitler disait qu’il voulait que son règne dure 1000 ans (la seule institution qui dure si longtemps : le christianisme). Himmler, qui n’aime pas les mythes germano-nordiques, études de latins-grecs, et a une admiration pour les Jésuites (uniformes jésuites, pour imiter les Jésuites).
Fascination également pour les juifs : Hitler confie à ses proches qu’en fait le symétrique de l’Allemand, c’est le Juif (les deux races sont élues, mais l’une est excluante de l’autre). Les Juifs disent qu’ils sont LA nation par excellence, mais ce qui est inacceptable : nation errante (elle doit forcément être attaché au sol, la terre), et le judaïsme est coupable du christianisme (l’universalisme le plus destructeur des nations).
Animosité entre Rosenberg et Himmler (Schnapp) : ils ne peuvent pas se voir – lutte au sommet. Rosenberg dirige la ligue de combat pour la culture allemand – revue « L’héritage des germains » - explique l’âge d’or avant le christianisme. Himmler, a crée deux revues pour embéter Rosenberg – La Germanie, l’Héritage des Ancêtres Allemands à pour lui, les germains ont repris le flambeau de Rome ; la Weirmatch doit donc ressembler à l’armée romaine – convainc Hitler d’insérer des éléments de l’armée romaine.
Conclusion : Rosenberg, dans le Mythe du XXe, 1930, « nous commençons à rêver nos rêves fondamentaux». Il explique que bientôt aura lieu une guerre mythique entre le peuple all purifié et les slaves. Le XXe accouchera d’un nouveau mythe : la guerre des Dieux (les germains) face aux inférieurs, mais attention : nous risquons de disparaître (l’apocalyptique nazis). Les nazis n’auraient conçu leur guerre pas de manière rationnelle (victorieux/perdants), et le seul objectif était de purifier l’occident ; la victoire était ailleurs.
Discours, 4 décembre 1941, Goebbels dit qu’il y a deux Allemagnes – celle du chaos et de la dureté et celle de l’harmonie, du sentiment et de la beauté éternelle. Mais si l’une est notre ardent désir, l’autre est en attendant notre destin. En 41 : moment où la Wehrmacht assiège Moscou, et les Allemands sont complétement déprimés (moral ne remontera qu’en 44 – le nazisme n’est plus la raison centrale, mais la protection du fatherland, de l’Allemagne).
On a l’impression que l’attaque de l’URSS, qu’ils ne pouvaient pas la gagner : pourquoi ouvrir un deuxième front, on ne sait qu’on ne va pas la gagner ; mais le combat est autre.
Young (psychanalyste – dans son livre « Ma Vie » ; invente le mot « archétype » : il y a des mémoires collectives qui sont inscrit dans nos esprits, et qui se transmettent malgré nous – il traque le archétype), en 1936, Votan (article) ; Il dit qu’en 1936 j’ai écrit cet article en 36 (Votan, c’est Odin chez les scandinaves, Orphée chez les Grecs  c’est un Dieu errant – donné un œil pour la poésie = compréhension du nazisme ; c’est l’archétype) ; juifs et allemands sont deux peuples errants, et il y en a un de trop. La jeunesse allemande des années 20 : voyage beaucoup. Le Nazisme a mis au pas les Allemands (ils n’aiment pas ça) – se transforme en un transfert : il faut supprimer les juifs qui sont toujours errants. En 1952, Young dit qu’il avait raison. Va être très accusé.
Sur le mythe de l’homme nouveau : cette question intéresse les anthropologues mais aussi les historiens. Symbole de l’héroïsme – en 43 : les affiches ont toujours Sigfried en arrière-plan (courage), c’est un anti-héro (se fait tuer, il n’est pas invulnérable).
Polémique dans la revue des Annales, 1985 : entre George Dumezil (Collège de France, spécialiste des religions, 1939, Mythes et Dieux des Germains) et Carlo Ginzburg. Ce dernier accuse Dumezil de sympathie pour la culture nazie. Dumezil dit qu’il a l’impression d’une renaissance des Dieux Germaniques, se défend : vu qu’il est spécialiste des mythes, il fait juste la corrélation entre les deux.
Cette polémique montre que quand on sort la notion du mythe, on est en position délicate. Pour les sciences sociales actuelles, le mythe n’est pas rationnel ; oser dire que les nazis faisaient appel au mythe cela voulait dire qu’il était d’extrême droite.
Dans le Signe Nazi,  Hitler ressuscite les mythes au service d’une nation. Le fait de les avoir de nouveau mis sur le devant de la scène, peut être leur perte (comme les fresques mises en contact avec l’air libre). Ce n’est pas le cas !
è Cas d’hypernationalisme de la nation génie, nation romantique.


Chapitre 3  L’élargissement du champ des expériences à l’occident

Thomas Nipperdy, 1992 l’opposition classique entre les deux modèles de la nation (française, et allemande) ne tient pas. On ne devrait pas prendre la chose comme on le fait, on devrait approcher la nation par la socio-histoire, et non pas par la philo ou l’histoire culturelle, on a une autre vision des choses. Pour lui, la nation serait apparu à la fin du XVIIIe pour une autre nécessité que de passer un contrat républicain ou sauver une nation pure ; il y a une troisième voie : les liens sociaux en Europe, à la fin du XVIIIe se délitent (corporatifs, régionaux) parce que la modernité est à l’œuvre (grand commerce atlantique, l’invention de la personne) et bouscule les sociétés issues du MA. C’est à ce moment-là qu’il a fallu inventé quelque chose pour retisser du lien : la NATION ‘(pas parce que l’on avait besoin d‘une république, ou de sauver sa langue). Pour comprendre ça, il utilise la théorie commucationnelle de Carl Deutsch, 1983 : pour former une nation, il faut d’abord un système de communication (il faut se connaitre).
Se vérifie dans les cas historiques : notamment en Grèce, elle devient une nation entre 1921 et 1930, face à l’empire Ottoman. La déclaration d’indépendance Grecque, déclaration de Morée en 1922 : la nation grecque c’est un contrat (français – « nous les grecs », comme peuple politique) mais on dit aussi que la Grèce a toujours existé (lieu, et langue – conception allemande) àcas hybride.  Un des fondateurs, Rigas Velestinis, a imaginé la nation grecque en prenant pour modèle la constitution jacobine de 1793 ; mais il passe toute sa vie à faire publier les auteurs grecs de l’antiquité pour dire qu’ils ont aussi un génie grec. Quand il pense Grèce, il pense Grande nation – reprendre aux turcs les Etats voisins.
Congrès de Vérone, novembre 1822, durant lequel les gens du Congrès de Vienne s’inquiètent (Chateaubriand, Metternich). L’inquiétude c’est la Grèce : ils sont en train de dire deux choses horribles :
Ils aiment la RF
Leur langue et culture sont au-dessus des autres
Qui est au Congrès ? Configuration de l’Europe impériale : ne veut pas des Nations, ni de la République ; or la Grèce veut les deux en même temps. On ne donnera donc pas d’armes aux Grecs (pour lutter contre les Turcs). Chateaubriand devient fou furieux, alors qu’ils vous appellent au nom du Christianisme – vous la Sainte Alliance (tsar, orthodoxe, Empereur autrichien, le catholicisme, et le roi de Prusse, le protestantisme) : alors qu’ils essaient de se débarrasser du joug Ottoman (Massacre de Kio).
RQ : pour la Grèce  - on met un roi bavarois : drapeau grec aux couleurs de la Bavière
2e sujet de conversation, à Vérone : l’Espagne, et l’Amérique hispanique. Elle inquiète. Général Riego, envoyé en Amérique pour éviter que l’Amérique hispanique ne devienne indépendante ; au lieu de cela il fait un coup d’état – renverse Ferdinand VIIe et installe à Madrid un régime libéral, et remet en vigueur la constitution de Cadix de 1912 (prévoit une monarchie constitutionnelle : qu’est-ce que l’on fait ?  On bricole). A Vérone, la décision est prise d’en terminer avec l’Espagne, en 1923, envahie par la France (la place du Trocadéro : forteresse de Cadix ; expédition des 100 000 fils de Saint Louis). Napoléon a envahie l’Espagne, jusqu’en 1815, où Napoléon perd énormément d’hommes –on a peur de ce souvenir, et de souffrir ; mais non, puisqu’en quelques semaines, l’Espagne est reprise, Ferdinand de nouveau roi d’Espagne.
Mais à Vérone, Chateaubriand avait dit : on s’en occupe (il n’est pas possible d’autoriser le suffrage universel, ni la nation espagnole) mais il planifiait aussi de s’occuper de l’Amérique du Sud (pas le Mexique qui est à l’époque un Empire) : Argentine, Chili, Colombie (Pérou fidèle au roi d’Espagne).
A Vérone : cas incroyable de la Grèce, Espagne insolente qui ose dire « je suis une nation libérale », et l’Amérique du Sud où 6 pays s’instaurent républiques avec des nations indépendantes.
RQ : L’Amérique du Nord est épouvantable en soi, mais on sait que l’on ne peut pas l’attaquer. L’Angleterre essaie de reprendre l’Am du Nord 1912, échec.
Ces républiques sont perçues comme le seul endroit de la planète où la flamme de la RF continue à brûler, et où l’idée de nation continue de surgir.
Modèles successifs d’interprétation : en 25 ans, notre discours a changé, et on sait mieux ce qui s’est réellement passé. [RQ : Amérique Latine, crée en 1856 sous Nap III, concept pour créer un Empire Latin]. On a abandonné deux postulats :
On a longtemps pensé que dans ces pays, des nations existées qui avaient lieu à des Etats. Antécédence de la nation, elle existait sous l’Empire – on fait craquelé l’Empire, sont devenues indépendantes à avec ce raisonnement, le phénomène d’indépendance est un phénomène endogène (crée un Etat qui correspond à leur nation). Or FAUX – ce discours résulte d’une théologie (on plaque sur le passé, un concept présent) : les nations n’existaient pas avant 1808.  C’est plutôt l’inverse : mouvement d’émancipation, puis des Etats, puis finalement des nations autours de 1910. La Nation a mis du temps en Amérique du Sud, en retard par rapport à sa propre affirmation.
Ce discours est toujours dans les manuels scolaires en Amérique du Sud. Mais il n’existe plus au niveau scientifique.
 Idée que l’Espagne aurait tout inventé à Cadix en 1812 et qu’elle est la source pour les latinos-américains.
RQ : les Espagnols, alliés de Nap contre l’Angleterre, se sentent trahis par Nap (qu’ils admiraient) lorsqu’il décide d’envahir l’Espagne en mai 1808. Ensuite, il emmène Charles IV à Bayonne, qui abdique en faveur de son fils Ferdinand, puis dit à Ferdinand : abdique en ma faveur et une heure plus tard, il abdique en faveur de Joseph (son frère) à triple abdication de Bayonne. Joseph devient roi d’Espagne, homme des Lumières, un des chefs de la franc-maçonnerie (franc-maçons dans les élites espagnoles) – calcul pour voir l’arrivée des français comme une bénédiction – se comporte comme un homme des Lumières : crée le Prado, annule les fêtes religieuses à toute l’Espagne se soulève « Abats l’antichrist (Napoléon) » -- début de l’apocalypse. Joseph rentre d’urgence en France, alors qu’il avait le sentiment d’être aimé ; Napoléon est furieux, et s’en va en Espagne – 1809 : arrive avec la Grande Armée, et se passe mal pour les espagnols.
Saragosse – Vierge est apparue sur un pilier de marbre (El Pilar) de nouveau dès que les français arrivent – fin des temps : vierges de l’apocalypse. Toute l’Espagne se soulève : Saragosse avait sauvé l’Espagne en chassant Joseph, et Nap commence par attaqué Saragosse, et prend la ville (défendue par des femmes et des enfants – une des plus grande tuerie de la guerre d’Espagne) , puis la péninsule : laisse ses généraux ; les espagnols se retrouvent en Andalousie, et donc attaqué par Nap, et se réfugient à Cadix, une seule ville hors de portée, protégée par la flotte anglaise : 100 000 réfugiés  + là où la constitution va s’écrire par les députés.
Constitution au son des canons (Cadix est bombardé tous les jours par les canons Napoléon)- résistance +++ (géographie), l’Espagne est réduite à une ville ! Constitution : 1ière à prévoir le suffrage universel masculin, et est la 1ière constitution qui prévoit de définir la nation dans l’article 1 (3e après Rép Am, et la RF) à comme contre coup : Amérique du Sud. Ceci est également FAUX! 
Section 1 La singularité hispanique
François-Xavier GUERRA, la nation hispanique, le problème des origines, 1995. Auteur qui a démonté ces deux postulats de la nation que nous avons exposé plus haut. Fortement combattu d'ailleurs par historiens vénézuéliens.
Son importance tient à 2 motifs :
-          1) les nations aussi bien en ESP qu'en AL ont résulté d'un même phénomène. Du fait de l'invasion de Napoléon en ESP c'est tout un empire qui se désintègre et non pas uniquement l'ESP. La monarchie ESP ayant dominé le monde pendant 60 ans. Cette monarchie va se réduire, mais en 1808 une grande partie du monde est toutefois encore ESP. 
è L'invasion de NAP va porter un coup à cette monarchie. On assiste à un phénomène historique synchronique.
-          2) l'Atlantique n'existait pas, on avait à faire à l'Euramérique.
Un modèle qui privilégie le politique et le monde hispanique est un tout. Ces deux idées sont insupportables pour certains AL ex. Venezuela, qui veut montrer que la nation est le fruit du génie vénézuélien → Métanation

I.                    La marche la nation du monde hispanique

A.      Prolégomènes

1.       La nation espagnole se dresse face à l’arrogance des Lumières…
ALVARRES Junco : si on regarde le MA il n'y  a pas de nations en ESP, elle est plurielle. On y comptait des royaumes tq le royaume de Castille, royaume de Tolède (1ère monarchie ESP élective à la mort du Roi), royaume des Asturies (premier royaume de l'ESP de la reconquête suite aux invasions arabo-berbères en 711), royaume d'Aragon, royaume de Catalogne (un des plus puissants ac conquête de l'IT). L'ESP est donc un ensemble de royaumes qui disposent chacun d'un roi.
La préoccupation première était donc la crainte de la guerre entre ces derniers. Par le mariage d'Isabelle La Catholique, symbole d'union entre deux monarchies Castilles et Aragon, premier embryon d'ESP. Si on regarde bien les choses on est tout de même dans un ensemble de royaumes. Le semblant d'unité vient de l'extérieur.
Charles V admiration pour la monarchie FR, qui maîtrise les suzerains, le problème est  que l'ESP n'est pas la FR. Le Roi de FR a réussi à assujettir toutes les contrées qui étaient autour de l'île de France, Fr semblant de modèles qui est unitaire. La volonté de Charles V de ressembler à la France, lui a valu d’être renversé (parce que flamand), ensuite Philippe II essuiera à son tour des insurrections dans sa volonté de création d'une monarchie unitaire. La structure géologique de l'ESP (comme celle de l'Allemagne) est une chaîne de montagnes qui compartimentent des royaumes.
Alvarrès Junco explique que c'est la FR qui va inventer l'ESP par son mépris. De nombreux auteurs ont un discours empreint de mépris à l'égard de l'ESP (en témoigne l'Encyclopédie). Dans toutes les encyclopédies qui sortent à l'époque, on se moque à chaque fois de l'ESP qui est le recoin ultime de l'Europe, la plus arriérés d'Europe, les plus superstitieux. Idée qui s'accentue à la fin du 18é siècle (1770-80). Un fanatisme espagnol lié à cette marque de l'Islam qui a fait l'ESP.
En réaction, les espagnols exposent la réalité du caractère et de la nation espagnole. On voit alors apparaître cette idée de nation espagnole. Cette idée de nation a l'air d'être une idée culturelle, elle ne peut être politique dans la mesure où l'ESP est un ensemble de royaumes, qui acceptent de rendre hommage à un roi plus puissants que les autres. Dans chaque royaume pourtant il y a maintien de cortes.
è Ainsi, à cause de ces attaques des philosophes FR on commence à parler d'une ESP.
Intéressant aussi de noter que cette attaque qui est d'ordre culturelle, va essayer de contre carré la grande puissance culturelle de la FR (toutes les aristocraties parlent FR) qui balaye tout. On va alors reprendre toutes les critiques qui vont laisser apparaître cette idée de caractère ESP.
Les auteurs des lumières (FR+GB).
·         Buffon (FR) Sur l'histoire naturelle, étudie l'homme comme un animal. Il écrit sur les sortes d'hommes qui existent sur la planète, il catégorise les Américains du Sud comme des hommes/peuples dans l'enfance (// sous hommes).
·         Robertson (GB), Histoire de l'Amérique, sur l'Amérique ESP où là aussi les Américano-latins sont des peuples ds l'enfance. Les américains se défendent de l'idée contre laquelle ils seraient des peuples dans l'enfance. Il s'agit donc d'une réaction du monde hispanique qui transcende les frontières de l'ESP péninsulaires, car ici les réactions (face à GB) viendront surtout de l'Amérique Latine.

2.       Du patriotisme à la Nation : glissements sémantiques
Chaque royaume = une patrie. Au XVIe, les Espagnols se définissent par rapport à leur lieu de naissance (Cordoue, Barcelone etc.) et le royaume qui l'entoure. Dans l'Espagne d'Ancien Régime, il existe un patriotisme local très fort, avec bien entendu au-dessus un monarque plus grand que les autres qui est le roi des Espagnols.
En 1700, pas d'héritier pour ESP – Csq : Guerre de succession d'ESP. Paix d'Utrecht, idée de Louis XIV l'emporte, petit fils Philippe V devient roi, avec 500 personnes autrement dit toute la maisonnée de Versailles (cf. Palais du Prado – copie de Versailles). Long règne où il trouvera que cette ESP composée de royaumes ne va pas, il va essayer de mettre au pas chacun de ces royaumes, les plus récalcitrants étant celui d'Aragon, celui de la Catalogne.
Rois d'ESP se prennent pour des rois de FR dans un pays qui n'est pas la FR, ambition de créer une nation politique. Ce courant spontané des intellectuels ESP va aider ces ambitions (intelligencia espagnole).
Feijoo explique ce qu'est la patrie et la nation, il essaie de créer une nation et une patrie ESP (// Montesquieu ESP). Pr lui il ne faut pas construire une nation qui serait habitée par la passion. Autrement dit il ne faut pas que l'ESP soit habitée par la passion nationale (fierté d'appartenance à un peuple), il faut qu'on se sente patrie au sens Cicéron, il faut que tous se considèrent comme frère, en outre, il ne faut pas aimer la petite patrie (égoïsme). Il faut aimer ce que prônait Cicéron soit la patria commis, un patriotisme qui repose sur le triomphe d'Aristote et de Jésus Christ, aussi appelé le patriotisme du 18é siècle.
 Au moment où se met en place cet amour du bien commun, que surviennent les critiques des Lumières. Les ESP sont donc obligés de définir le caractère ESP par la culture. 1780-90 on commence à parler de la nation espagnole. Cette nation ESP étant à la fois politique et culturelle (car les élites doivent réagir vis à vis des Lumières). Aussi ce qu'on appelait patriotisme à l'époque de Feijoo devient nation, toutefois ce patriotisme n'est pas mort, il y a une sorte d'agrégation avec ce nouveau concept de nation.
è Il s'agit donc à la fois d'œuvrer pour le christianisme et le bien commun, tout en agissant en fonction d'un caractère ESP (courage espagnol), ceci avec une appartenance au-delà de la petite patrie.

3.       1806-1808 : patriotisme politique et Nation espagnole
La GB ne va cesser d'attaquer l'ESP militairement, puisqu’elle veut s'emparer de toute l'Amérique. L'Espagne est donc obligée de protéger ses colonies. Face aux attaques GB permanentes, ce discours de patriotisme/nation surgit.
En 1806, l'ESP n'a plus de flotte, corps expéditionnaire considérable (30 000 hommes) qui attaquent Buenos Aires et Montevideo. Les colons sur place prendront les armes pour lutter, faisant émerger un sentiment d'appartenance collective. Organisation en milices → défaite militaire GB.
1807 : naissance d'un sentiment nouveau, celui de la patrie américaine qui s'est soulevée pour sauver la nation espagnole. Cette victoire de Buenos Aires et Montevideo va être célébrée dans toute l'Amérique Latine. A ce moment-là on commence à parler de la nation AL qui a sauvé la nation. Encore aujourd'hui on considère en Argentine que la naissance de la nation argentine résulte du siège de Buenos Aires et de la victoire AL.
Idée nationale aura commencé à se cristalliser en 1792-95 avec l’invasion FR.

B.      La nation espagnole « super omnia »

1.       Face à Napoléon : une « guerre domestique »
Lors de son invasion, Napoléon parie sur le fait que les ESP vont l'accueillir à bras ouvert. Il parie sur les élites des Lumières, autrement dit des francisés (ex. GOYA). A Madrid, la présence des FR était perçue comme un moyen de moderniser l'ESP tout d'un coup, rêvant d'en finir avec l'inquisition, les corridas, c’est-à-dire pour faire de l'ESP un pays des Lumières. Cet espoir va s'évanouir très rapidement, l'essentiel des ESP va refuser cette présence FR, encore  plus avec l'arrivée des troupes NAP en 1809 à  en résultera tout un pays en guerre au nom de « vive la patrie ».
Beaucoup d'auteurs ont réfléchi sur « vive la patrie », dont Pierre VILLARD spécialiste de l'ESP → pourquoi crier la patrie et non la nation ?
Cette guerre est une guerre épouvantable, dura 6 ans, 100aine de milliers de morts, on parle à l'époque d'une guerre domestique* (GC), mouvement de guérillas (petites guerres). Certains auteurs, comme Capmany observe la guerre et la catégorise de guerre de religions, car c'est une guerre domestique à mort qui ne s'était vu que dans le cadre des guerres de religions. C’est dans un tel contexte que la nation espagnole a pris un vrai sens.

2.       Le monisme de la constitution de Cadix
Ce qui reste d'ESP se réfugie à Cadix, où on écrit une fameuse constitution. 300 députés réunis dans une Eglise. La Régence (qui remplace le Roi emprisonné en FR) a fait venir des députés qui représentent les américains de l'empire ESP, de l'empire des Amériques (ils seront 64). On y définira la constitution pour tous les ESP. Se posera la question de l'égalité de la représentation.
Les ESP péninsulaires ne voudront représenter que les « pieds noirs », or les AL voudront l'intégration des droits pour tous les ESP (noirs, métisses, indiens, blancs) qui réunissent représentent près de 60 millions de personnes.
Question de ce que doit être la nation se pose, de l'abolition de l'esclavage. Ensemble de paradoxes se produisent. Mars 1812 la constitution est rédigée et proclamée, intéressante mais pourtant ignorée encore aujourd'hui. Celle constitution a légiféré pour l'ensemble de l'empire (ESP+AL), par elle est devient une super nation → super omnia.
Cette constitution abolit les royaumes, en ESP comme en AL. On touche là à qqe chose d'extraordinaire, on s'aperçoit qu'il y avait des royaumes en ESP et en AL dans la tête des députés. Les royaumes américains étaient à égalité avec les monarchies péninsulaires, l'Atlantique n'existant pas. Il y a là tricherie, les royaumes existent peut ê dans la tête des constituants mais n'existaient pas administrativement, car il y existait des vice-royautés avec des fonctionnaires ESP. La constitution de Cadix énonce en outre qu'il ne doit plus y avoir de vice-royautés en AL, soit plus d'artefact administratif mis en place au 18é s., ils souhaitent une seule et grande nation ESP avec des municipalités où les maires seront élus.
En 1812 on a voulu faire table rase de tous les passés successifs de l'ESP et de l'AL. Le monisme tentative radicale de toute effacer.

3.       Le déni américain
Les AL qui n'ont plus de roi au-dessus de leur tête on fait marcher la rétrocession de la souveraineté*, en référence au vieux droit wisigoth → les municipalités se proclament junte souveraine tant qu'il n'y aura pas de nouveau roi : premier mouvement des juntes.
PB : les vices rois sont toujours là et prétendent incarner la souveraineté, la commence la guerre d'indépendance, un certains nombres de juntes vont déposer les vices rois (exception faite de celui de Lima). Il s'en suivra une guerre des villes contre les autres, chacune des juntes voulant imposer sa souveraineté qu'elle considère plus souveraine que les autres soit une GV généralisée. Ceci durera jusqu'en 1814.
En 1812, arrive la Constitution de Cadix, refusée de tous au nom de la proclamation de leur récente souveraineté. Seuls Lima, Cuba, Colombie appliqueront cette constitution. La tentative de Cadix échoue car les AL n'en veulent pas. Ils se considèrent dans la continuité des USA, en vue d'une république, admiratrice des USA.
L'AL va se doter de république, autrement des avances d'idées par rapport à des sociétés qui sont très traditionnelles en face des ESP qui sont convaincus d'incarner la modernité à travers leur monarchie constitutionnelle.
En 1815 : ESP redevenue une monarchie absolue aidée par la GB et le retour du Roi Philippe.

C.      Caractérisation de la nation hispano-américaine

1.       L’écho du cercle de Saint Germain
A partir de 1815, il n'y a plus de républiques en Europe, il n'y a plus non plus de nations en Europe. L'Europe est désormais composée d'empires. Les seules nations dans le monde, qui de surcroit s'en proclament et se proclament républiques : les nations américaines.
Entre 1815-48 on comprend tout l'intérêt que constitue l'AL pr un européen qui s'interroge sur la nation et la République. D'ailleurs des milliers de GB, FR, ESP iront voir ce qui se passe en US/AL voire combattre en US/AL. L'Amérique hispanique était en cela une sorte de laboratoire. Beaucoup d'hispano-américain viennent voir ce qu'il reste de la nation en Europe. Pour ce faire ils se rendent soit à Londres (émigrés ESP de l'épisode de Cadix) ou à Paris (Saint-Germain-en-Laye où se trouve le salon de Lafayette).
Lafayette anime ce salon, à ses côtés Benjamin Constant et Destude de Tracy, soit des reliques de la Révolution FR. Les AL veulent créer des nations, et s'interrogent sur la pertinence de la république, en référence à De Tracy. Il y a l'idée que la République = la Guerre Civile. Se pose la question d'un devenir en monarchie constitutionnelle. Les AL les plus radicaux au lieu d'aller à Londres ou à Paris, se rendent à Philadelphie, avec la possibilité d'une République Fédérale. Les AL cherchent à comprendre lequel des deux fédéralismes Hamilton ou Jefferson est le meilleur.

2.       Par antonomase : des nations républicaines
Les AL rêvent de la monarchie constitutionnelle tout en sachant qu'ils ne pourront pas ne pas être républicains.
Les années 1830-40's, l'AL est composée de républiques qui sont en train de construire l'E mais qui ne sont pas encore des nations. Ces républiques se disent que si elles adoptent le régime le plus moderne au monde, se pose un pb : qui nommer comme prince ou roi dans la mesure où il n'y a pas de dynasties ? La FR et GB propose quelques dynasties, les FR proposent le prince d'Orléans en 1829 candidat pour devenir le Roi de Colombie. Mais si les libertadors deviennent prince, ou si on met un prince européen, la liberté sera certaine mais l'indépendance elle ne le sera pas par le système de Metternich.
Ces nations en construction vont décider de rester à jamais des républiques par peur de perdre l'indépendance, à contre-coeur car l'esprit du siècle était la monarchie constitutionnelle (Benjamin Constant). La république est/sera une machine à Guerre civile.

3.       Une individuation difficile
Sur quelle colonne fondée la nation ? Rien ne distingue les AL les uns des autres, exception faite de qqes détails, qui ne peuvent porter la définition d'une nation. Il n'y a en outre pas de différences ethniques dans les individus inclus dans la sphère publique.
Les nations en Amérique hispanique commencent par des pactes entre cités. Toutes ces villes qui ont pris l'indépendance après s'être affrontée ont du s'allier, elles commencèrent donc à s'allier face aux contingents ESP (à l'image des ligues de la Grèce antique). Une alliance purement politique, rien de culturelle. Une logique contractuelle qui est à l'origine de la nation (à partir de 1811) s'affirmant face au danger du débarquement massif du corps expéditionnaire ESP en 1815.
A partir de 1826-30, les villes alliées ne voudront pas d'un modèle d'une seule nation continentale (Bolivar), ce qui donnera lieu à des compétitions entre ces villes, qui penseront/donneront un embryon de nation. Ces pays sont des nations mort-nées, car elles résultent d'un agglomérat de régions qui n'avaient rien à faire les unes avec les autres mais qui vont devoir vivre ensemble. Ces agglomérats marchent car il y a un hiatus spatial soit une géographie infranchissable, ces agglomérats ne peuvent se comprendre qu'à la lumière de cela. La géographie au-delà commande.
En 1811, plusieurs habitants de Caracas Bogota, pensent prendre un principe du droit romain pour fonder la nation soit uti jus possidetis « ce qui t'appartenait t'appartiendra ». La meilleure façon de décider AL les limites de circonscription de justice ESP deviennent les limites administratives. Le pb réside dans le fait que les évêchés ne correspondaient pas avec les audiences, ce qui conduira à des guerres pour savoir à qui appartiendront certaines villes qui ne coïncidaient pas avec les évêchés (Pasto et Popayan par exemple entre Pérou et Colombie).

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