L'Euramérique - cours 7 et 8 (complet)

Section 2 De la politique indigène

Les indiens ont longtemps été mis à distance, par le biais de l'indigénisme. Arguedas évoque beaucoup les indiens dans ses romans, au XXe.
Ce courant indigéniste est condamné par des auteurs car considéré comme une sous-branche de l'orientalisme. Il existe une autre façon de mettre l'indien à distance : en faire le sujet d'une utopie politique, ce qui est typique des années 1820, 1830.
Maria Tegui écrit un livre, Sept essais d'interprétation de la réalité péruvienne, dans lequel elle décrit un rêve, celui de l'empire socialiste des incas, elle fait des indiens un prétexte à une lutte des classes qui va au-delà des Andes.
Dans les années 30/40, des latino-américains disent que la réalité de leur continent n'est pas d'opposer l'indien aux autres mais de dire « nous sommes métisses ». Des mouvements politiques latino-américains s'opposent alors à l'indigénisme et à l'indien utopique au service de la lutte des classes, parce qu'ils sont des républiques et qu'ils veulent construire la démocratie et qu'il ne peut y avoir de communauté séparée.
Haya de la Torre crée au Pérou le mouvement de l'Apra, qui va se répandre dans tout le continent. Ce mouvement est perçu comme un radicalisme de gauche par d’autres, ailleurs.
è Haga de la Torre et Maria Tegui sont ennemis mais ils dialogueront beaucoup.
Donc soit :
-          on met l'indien à distance,
-          on nie toute existence à l'indien,
-          on adopte un autre discours qui est dominant aujourd'hui dans les sciences sociales qui est de dire qu'il faut comprendre les indiens dans leur réalité sociale et dans leur relation avec les autres groupes.
On parle des indiens et ce dans leur relation complexe avec les autres acteurs des sociétés latino-américaines.
François Bourricaud dans les années 50 nous apprend à voir les indiens dans leurs relations complexes avec les métisses et les blancs. Selon lui, ils sont fascinés par l'univers des blancs et ils ont le rêve de s'incorporer à la sphère publique des créoles. Le vrai rêve des indiens n'est pas d'exister de façon séparée mais de s'incorporer au “mainstream”.

I.                    De la politique Indiana à l’indianisme politique

A.      Solorzano et l’incorpiration des indiens

Solorzano est un auteur colonial (il est madrilène), en 1647 il écrit «Politica Indiana», il veut réfléchir sur le politique dans les indes occidentales, ie l'Amérique. Selon lui, avec les rois d'Espagne et depuis les nouvelles lois, il a été dit que les indiens devaient être libres et qu'ils étaient des vassaux de la couronne de Castille.
Solorzano rappelle qu’en 1542 Charles Quint envoie en Amérique des personnes pour remettre de l'ordre. Il rappelle aussi que les indiens doivent être libres et ne répondent que du roi d'Espagne. Il cite la politique d'Aristote, « un homme à la capacité naturelle de devenir citoyen » et tout indien doit devenir citoyen s'il le désire.
RQ : Huancavelica est une ville du Pérou où il y a beaucoup de mercure, les espagnols l'exploitaient au XVIe, mais les vapeurs de mercure étaient très dangereuses et beaucoup d'indiens mourraient.
Matienzo disait en 1567 qu'il était légitime qu'il y ait en Amérique deux Républiques :
·          l'une pour les espagnols,
·         l'autre pour les indiens.
è Les espagnols doivent vivre dans des villes, ils se comporteront comme des romains, mais les indiens sont exclus de la citoyenneté et doivent vivre à la campagne.
En 1572, le roi Philippe II, fait envoyer en Amérique Toledo qui deviendra vice-roi du Pérou et déclarera la guerre aux créoles blancs du Pérou càd les fils des conquistadores et il interdit les encomiendas. Il y aura beaucoup de morts. Les indiens combattent du coté de Toledo et aimeront le roi d'Espagne, jusqu'aux guerres d'indépendances au début du XIXème, époque à laquelle les créoles étaient à la reconquête et essayaient à nouveau d'assujettir les indiens.
Solorzano dit qu'il ne doit y avoir qu'une république – « La République est une ». Il était un auteur dérangeant pour les créoles.

B.      L’hypocrisie de l’égalitarisme républicain

1.       Au moment des guerres d'indépendances, les leaders indépendantistes invoquent beaucoup les indiens.
Idéalisation de l'indien. Au moment des indépendances et au début des républiques on met à distance l'indien en en faisant une référence archéologique. L'indien réel reste un indien pauvre.
Toutes les nouvelles républiques proclament l'égalitarisme républicain.
Le nationalisme créole ne veut des indiens que s'ils sont rejetés dans un passé lointain et glorieux. Les Incas oui, les Indiens non (Mendez).

2.        Degregori : les blancs ont inventé la ventriloquie
Les Blancs parlent à la place des Indiens.
Fondement invisible, les constitutions disent que tout le monde est à égalité, mais ceci ne signifie pas qu'un apartheid social n'est pas exécuté au quotidien.
Il y a toujours aujourd'hui dans les Andes et en Amérique centrale, la survivance de la «cascade ethnique du mépris» (expression de Pierre Chaunu) – une hiérarchie implicite.

3.       Années 70/80 : le multiculturalisme
Valérie Robin et Carmen Salazar : à partir des années 70, l'idéologie multiculturaliste a fait son entrée en Amérique latine et notamment dans les Andes (pas du tout au Mexique)/ les indiens étaient les grands perdants de la cascade du mépris et ils voient dans le multiculturalisme l'occasion de réexister.

C.      L’indianisme politique ou politique indigène ?

1.       Au tournant des années 90 - création de l'indianisme politique
L’indianisme politique* : est le fait de revendiquer ses racines originaires. Le mot indigénisme n'est plus correct mais indianisme renvoie au multiculturalisme et au fait que chaque peuple doit exister en communautés séparées.
L'indianisme politique, sur lequel s'est penché Poupeau.

2.       Un obstacle : la catégorie de l'indien
Dans les années 90, ceux qui commençaient à dire qu'ils en étaient fiers (être indien), mais cela renvoie à une abstraction.
En effet, la catégorie de l'indien est une abstraction puisque l'Indien n'existe pas, il y a DES indiens. L'indien comme artefact est une invention jésuite du XVIème siècle.

3.       Eléments de conjoncture
Il y a en ce moment un président au Pérou: Humala. Il s'est fait élire en disait qu'il était le vrai péruvien parmi les candidats, en fait son nom de famille est d'origine finlandaise, il était colonel de l'armée et avait rasé des villages. Il va y avoir à nouveau des élections présidentielles et sans doute que sa femme se présentera.
En Bolivie, le président Evo Morales, n'a pas arrêté de faire l'éloge des indiens Aymaras, qui selon lui sont leurs ancêtres. Il dit que les Incas les ont envahis, ie les ancêtres des péruviens mais ils ont résister...blablabla : discours nationaliste anti-péruvien qui se fonde sur un passé réinventé. Or la langue aymara serait en fait originaire du nord du Pérou. Grande colère de Morales. Discours indianiste inventé.
Massacre d'indiens au Pérou en 2009 (Bagua) : des indiens avec des sarbacanes ont tué des policiers et des indiens sont morts aussi. L'ancien président du Pérou (pour lui les indiens n'existent pas), lors des évènements, dit que les indiens ne sont pas des gens de première classe, ie le Pérou a le droit d'exploiter du pétrole en Amazonie et le faible taux d'indien ne peut empêcher les millions d'autres péruviens de le faire.

II.                  Un modèle d’interprétation

A.      La nécessaire clarification des catégories

1.       Au Pérou : la question de l’auto-identification
Carmen Salazar a essayé d'inventer une méthode sociologique pour essayer de répondre à cette question, à savoir : comment se définissent les indiens. Beaucoup (au Pérou?) se disent Runa (ie un homme) face à Misti (le nom que donnent les indiens à tous ceux qui ne sont pas indiens, soit des hommes). Ensuite les gens, pour se définir, évoquent le village dont ils viennent, pour enfin se dire paysans.
A aucun moment ils ne diront qu'ils sont indiens, car le mot est très péjoratif dans les Andes.

2.       En Bolivie : l'avènement d'une idéologie indianiste
En Bolivie les indiens sont fiers d'être indiens et évoquent l'ethnie à laquelle ils appartiennent. Le mouvement Katariste a inventé « je suis campesino-indigena ». Il y a donc une forte revendication de ce qui est indien et il n'y a pas les problèmes d'auto identification qu'il y a au Pérou.

3.       En Amazonie : l'acceptation du terme indigène
L’Amazonie est la seule région où les gens disent qu'ils sont indigènes. Il y a des communautés natives en Amazonie, qui ont chacun leur langue, leur religion... sans doute parce qu'il n'y a pas ce passé divisé entre république espagnole et république indienne.

B.      Le déni d’une ethnicisation de l’analyse

1.       Une culture métisse avant tout
Bourricaud : les indiens sont fascinés par les métisses. Le rêve des indiens est de devenir aussi riches que les métisses et d'être les leaders du corps social. Selon lui, beaucoup d'indiens rêvent du statut social du métisse ; pour lui les indiens n'existaient déjà plus dans les années 50.
Poupeau et Dualtu travaillent pour le Mouvement pour le Socialisme (parti d'Evo Morales), un parti qui se dit socialiste et qui provient d'une mouvance syndicale.

2.       L'exemple des hautes terres
Révolution nationaliste de 1952 en Bolivie : lutte contre l'exploitation des mines de cuivre par les nord-américains, révolution marxiste et nationaliste. Viennent alors les idées du parti d'Evo Morales. Ils troquent le marxisme contre l'indianisme, ce que Poupeau appelle le « nationalisme pluriculturel », mais ce sont les mêmes dirigeants nationalistes.
Aidecep, ils ont un leader qui s'appelle Alberto Pissango. Ce dernier s'est présenté aux élections présidentielles en 2011 comme représentant tous les indiens d'Amazonie. RQ : il était marxiste il y a 15 ans et plus du tout aujourd'hui.
Ce n'est pas parce que les leaders de ces mouvements disent qu'ils sont indigènes que l'on doit les croire et qu'on doit croire à l'ethnicisation de leur mouvement. Ce sont les même gens et les mêmes structures.

C.      L’évolution de leadership indigène

1. Vies parallèles : Victor Hugo Cardenas et Evo Morales
Cardenas est un fondateur du mouvement katariste (vouloir le retour de l'empire incas), au point d'être traité de traitre par les mouvements syndicaux boliviens en 1994.
Morales vient des milieux syndicalistes, il est métisse et a grandi au milieu des Quechuas. En 2008, il s'est fait intronisé chef de tous les indiens de Bolivie.
è Cardenas est un vrai indien qu'on traite de traitre alors que Morales est un faux indien qui change au grès du vent.
Le leadership indigène n'est pas aux mains des indigènes en Bolivie mais aux mains des métisses qui se font passer pour indigènes.

3.       Miguel Palacin et la ré-indianisation de la CONOCAMI
Depuis 2006 il se prend pour un indien et rend un culte à la déesse terre, alors qu'avant il était communiste. Il a réinventé le leadership indigène.

4.       le nouveau profil des leaders amazoniens
JP Chaumeil : les leaders indigènes amazoniens étaient encore des adventistes (secte protestante) il y a vingt ans, qui prônaient une façon de faire de la politique influencée par les USA, sorte de vertu protestante. Aujourd'hui, les mêmes leaders ne sont plus adventistes mais indianistes et certains se disent chamanes.
La fabrique de la politique amazonienne conjugue l'ancestral et le moderne. Il y a dans ce cas une vraie fabrique du politique.
Pratiques occidentales non marxistes aujourd'hui. Impression que le rêve de Solorzano est en train de se réaliser, les indigènes se présentent aux élections présidentielles.
Les israélitas du Pérou sont des indiens persuadés que la fin du monde est proche. Ils s'habillent comme Joseph et Marie.

Epilogue : Entre esthétique et politique : l'américanisation du monde (Dépassement)

« Américanisation »* est un terme connoté négativement dès l'avant-guerre. Robert Aron parle du «cancer américain », c’est l'Amérique qui a inventé le règne de la machine, elle oblige tout le monde à adopter un mode de vie fondé sur la pure consommation, remplaçant le règne de l'esprit.
Dans les années 50 apparaît le terme d'antiaméricanisme* qui se développera (avec la guerre du Vietnam notamment).
RQ : Les historiens ont réfléchi sur l'américanisation sous l'angle de l'Amérique du Nord surtout.
JM Guéhenno, écrit avant le 11 septembre, en 1999 : Américanisation du monde ou mondialisation de l'Amérique ? Selon lui, l'exceptionnalisme Américain est l'idée selon laquelle les Américains pensent ils sont les seuls à incarner le progrès du monde et la mondialisation est un tremplin à l'extension universelle de ce modèle américain.
Modèle de l'Amérique dans lequel la communauté de choix doit primer sur la communauté de mémoire. L'Amérique rêve d'étendre la communauté de choix américaine à la terre entière, selon lui. Une fois la Californie conquise, l'Amérique projetterait sa frontière à la planète entière. Répandre son modèle sur la planète provoquera des haines et contre-feux, qui sont le revivalisme des cultures propres au nom des communautés de mémoires.
Dernière nuance entre West et America est importante ; selon lui on a tort de confondre américanisation et occidentalisation du monde. RQ : tous les auteurs précités quand ils disent occidentalisation du monde ne pensent qu'à l'Europe et Amérique du nord mais où est passé le Sud ? On oublie que la 1ère mondialisation a été Ibérique, si on l'oublie c'est un peu à cause de la Chine.
T. Brooke, l'Histoire Globale* (Global Studies qui ignorent l'amérique du sud) c’est l'histoire du monde qui s'est jouée entre l'Europe du Nord et la Chine au XVII. Les historiens réécrivent l'histoire moderne et la pensent en fonction d'une dualité Europe du nord/Chine. Le monde Ibérique est totalement absent de son livre.

Les Post Colonial Studies mettent l'accent sur l'Inde et l'Afrique et essaient de réécrire l'histoire du colonialisme à partir de l'Inde et l'Afrique à partir de logique du XIXème, or l'Amérique latine s'est libérée au XIXème, donc elle n'intéresse pas les post colonial studies.

Concept de l'américanisation du monde : l'Europe a fait la conquête de l'Amérique au XVIe, conquête qui a transporté un modèle de civilisation en Amérique Latine, qui a rencontré des civilisations indigènes et il y a eu un phénomène de métissage des références, plus ou moins fort. Ce métissage a donné lieu à des circulations hémisphériques d'inventions (métallurgie, musique, théologie, droit...)
Aussi, ce laboratoire américain ré-exporte ce qu'il a inventé pas simplement vers l'Europe, mais aussi vers l'Asie et l'Afrique.

I.                    Un humanisme euraméricain

L'humanisme* n'est pas qu'européen. L'Europe trouve dans l'Amérique une source d'inspiration utopique, qui se mondialisera aussi.

A.      au XVIème siècle : un humanisme synchrone

En 2009, les latino-américains, notamment les péruviens, ont célébré les 400 ans d'un livre considéré comme un des grands livres américains à savoir Les Commentaires Royaux de Garcilaso de la Vega, El Inca (car il y en a deux). Beaucoup de fierté.
Depuis 1996 l'UNESCO organise une journée du livre, le 23 avril, en référence au jour où 3 grands écrivains sont morts, en 1616 →  Shakespeare, Cervantes, et Garcilaso de la Vega.
A Barcelone il y a une coutume le 23 avril, qui est d'offrir une rose quand on achète un livre. Le directeur général de l'UNESCO en 96 choisit donc cette date étant la mort de ces 3 auteurs estimés comme l'un des plus grands biens mondiaux.
Garcilaso aurait pensé l'universalisme, le métissage, le multiculturalisme... Il est un passeur de civilisations extraordinaire ; il plaque les romains sur les incas et sera lu dans toute l'Europe.
è L’Amérique est donc très présente : derrière Don Quichotte se cache peut être la Colombie.
Tommaso Campanella en 1623 écrit la Cité du Soleil qui est très connu aussi.
Rome de Plume et Civitas Mexicus : le postulat d'un humanisme connecté.
Guzinski a travaillé sur un livre de Cervantes de Salazar qui compare Mexico à Rome, toujours à l'avantage de Mexico. Il dit que le Mexique est plus grand que la Grande Grèce des anciens grecs, que la ville de Mexico est plus belle que Venise. L'union de l'Europe et Amérique a réussi quelque chose de meilleur que les villes de l'ancien monde à le métissage entre l'Europe et l'Amérique crée quelque chose de supérieur. Mexico serait la 1ere ville métisse du monde mais une ville qui reexporte vers l'Asie. Cervantes de Salazar peut être considéré comme un humaniste américain.

Alexandra Russo réfléchit sur la façon dont les humanistes italiens ont créé le musée Picolini à Rome, ainsi que sur leur fascination pour les pièces d'art précolombiennes qui ressemblent à des pièces d'art d'antiquité romaine et grecque.
è Dialogue des 2 antiquités qui structure la possibilité d'un humanisme euroaméricain.

B.      L'argument du supplément d'humanité

Les Latino-américains sont de plus en plus conscients de pouvoir dialoguer sur un plan d'égalité avec les européens à propos de l'humanisme.
Edgard Montiel est un péruvien qui fut pendant longtemps secrétaire général de l'UNESCO. Il écrit plusieurs livres, notamment Une nouvelle Athènes en Amérique ; vers 1930 ce sujet est une obsession et Bogota se fait appeler la nouvelle Athènes
Alfonso Reyes, le Mexique va inventer un nouvel humanisme riche du métissage mexicain, riche de la Grèce ancienne et de l'héritage précolombien et mexicain.
Vasconcelos participe à l'Athénée de Mexico, il est fasciné par la Grèce et l'Inde du nord et il dit que l'Amérique va permettre un nouvel humanisme à la planète.
A Buenos Aire, Victoria Ocampo a fait venir des quantités d'hommes dont Roger Caiyua qui fera connaître en France l'Amérique Latine à son retour.
Belaunde rêvait que Lima soit la nouvelle Athènes du monde libre
L'humanisme métisse* c’est l’idée selon laquelle l'Europe est fichue car elle est devenue fasciste et qu’elle ignore la démocratie alors que l'Amérique, elle, met son métissage au service de l'idéal démocratique. Arciniegas incarne dans les années 40 cette idée.
L'humanisme métisse fascine les européens en Amérique latine à ce moment-là.
Des auteurs des années 60/70 : Octavio Paz, Carlos Fuentes, Asturias - tirent à nouveau la couverture vers la latinité ; et émettent la possibilité d’une autre mondialisation qui pourrait être latine selon Fuentes. Garcia Marquez est sensible à un humanisme d'en bas, ie métisse, pour lui l'Amérique latine peut seulement offrir un supplément d'humanité.
Mario Vargas Llosa reste au dialogue élite blanche-Europe.
è Il y a un humanisme américain

II.                  Vent d’ouest : utopies politiques contemporaines

A.      Mythologies révolutionnaires

L'Europe a été fascinée par l'Amérique latine. En France, M. Segura, dans La faucille et le Condor, essaie de repérer trois conjonctures durant lesquelles l’Europe s’est intéressé à l'Amérique Latine :
·         De 1950-1962 : période durant laquelle les français passent du bon sauvage au bon révolutionnaire
·         De 1962 à 1975 : les français ne parlent que de l'Amérique latine et l'auteur qui symbolise ce discours est Régis Debray
·         Jusqu'en 1985, période de décomposition, car les français découvrent la réalité du régime cubain et une série d'essais sont publiés, dénonçant Cuba par exemple ou le Chili d'Allende
·         Autre période allant de 94 à aujourd'hui où il y a une nouvelle fascination pour l'Amérique Latine car en 94 Régis Debray, José Bové, Manu Chao vont voir l'EZNL.
Le mythe du Che occupe une place de 1er rang : en réalité il illustre l'américanisation des élites européennes et mondiales. Façon américaine de faire la révolution. En 1997, ce sont les 30 ans de la mort du Che. Le culte du Che est lancé en France en 1979 par Jean Cau.
Pablo Taïbo s'en est pris aux Français en leur disant d'arrêter de penser que l'Amérique latine leur appartient et qu'ils sont capables de la comprendre.
De Sandino au «sous commandant» Marcos (79-97) : De la grange et Rico → le commandant Marcos était un mythe dans les années 90 en Europe.
Révolutions contemporaines
Chavez a des origines qui a légitimement fasciné les Vénézuéliens et les Européens. Quand il accède en 1999 au pouvoir, tout le monde est sous le charme. Chavez a installé une sorte de démocratie raciale, ce qui a fait réfléchir ceux qui avaient admiré Chavez au début (comme Habel). Il a ensuite déconcerté quand il a commencé à se prendre pour le christ.
Les mythologies révolutionnaires permettent d'affirmer le postulat d'américanisation du monde. Ces révolutions ne se sont pas vraiment propagées.

B.      Modèles alternatifs

D'autres éléments d'américanisation :
Ø  un autre catholicisme :
La théologie de la libération, d’Alves - Modèle américain de christianisme beaucoup plus populaire pourrait devenir un christianisme mondial.
Il y a aussi des sectes ultra catholiques en Amérique latine, notamment au Brésil.
Ø  une autre démocratie :
Il est étonnant de voir qu’au Chili de 64 à 70, le président démocrate-chrétien, Frey a voulu inventer la révolution dans la liberté comme nouvelle façon de gouverner.  En France certains voulaient que cela se répande à travers la planète.
Ø  un autre bien vivre :
Nos élites se passionnent aujourd'hui pour l'Equateur de Rafael Correa. Président qui en est à son 3ème mandat, et a lancé une révolution citoyenne qui s'exerce dans le domaine des chauffeurs de taxi, il a fermé 14 universités. Correa est un intellectuel issu des milieux d'affaires, il est le doyen du concept du buen vivir.
En 2008, une nouvelle constitution a mis au centre la notion de bien vivre*, notion définie comme biocentrique et qui met au centre la notion de terre mère - Sumak Kawsay.
La République de l'Equateur prend une voie alternative de gouvernement avec ce bien vivre. Il a créé un ministère du développement humain, chargé d'apprendre aux équatoriens le bien vivre. Mais pour cela il a besoin d'argent et il a donc donné une partie de l'Amazonie aux compagnies pétrolières et emprunte en Chine.
L'Amérique latine a inventé la théorie de la libération, a peut-être inventé un type de social-démocratie qui a fasciné les européens.

Epilogue de l’épilogue : l'Amérique Latine, muse de l'Europe...et du monde
Le jazz est l'un des meilleurs exemples d'américanisation du monde, il y a aussi le tango, la salsa - en Amérique latine les chanteurs s'exportent bien.
Art pictural américain aussi → Frida Kalo, peintre argentin Berni...

Le cinéma aussi → cinéma latino-américain a un écho mondial aujourd'hui, cubain. A voir : 79 primaveras, Batallia en el cielo. 

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