L’avenir
de l’Europe du Sud
I.
Le court terme de
la décennie 2010
1.
Une période de stagnation pour l’Europe du Sud
Ce
terme de stagnation semble parfois critique mais est bien moins lourd de sens
que lorsqu’on parle de « crise », d’ « effondrement »,
… Ce d’autant plus que la situation économique n’est plus si mauvaise que ça.
Le terme de stagnation est donc plus approprié.
On constate donc
une stabilisation économique.
Il est vrai qu’on ne connait pas de véritable essor économique comme d’autres
régions du monde, mais pour autant nous ne sommes pas tant en crise que cela.
La stabilisation de
l’État est aussi en cours avec des États d’Europe du Sud fragiles mais pas
défaillant ou somalisé.
Un cas d’école d’affaiblissement rapide de l’État serait la Centrafrique en 2013. Cette question de l’État fragile peut
s’appliquer un peu partout (comme en Argentine).
Plus positif, on
constate un maintien du cadre européen. En dépit des critiques, l’UE est parvenue à
maintenir tous les pays en son sein et cela en dépit des secousses qui ont eu
lieu. Personne n’a quitté l’UE ou même l’euro quand bien même on s’est retrouvé
dans des situations très délicates (comme la Grèce à une certaine époque). De
plus, cette attitude devrait stabiliser les États pour encore un certain temps.
Ce n’est peut être pas glorieux pour l’Europe du Sud, mais cela
demeure ???
Autre question,
celle des migrations.
Les pays d’Europe du Sud sont des pays d’émigration de la population locale,
tout en recevant des immigrés venus de pays du Sud, qu’ils s’installent dans le
pays, ou qu’ils fassent de ce pays un pays de transition. Ce sujet est assez
particulier et plus ou moins récent.
2.
Panorama
La Grèce a longtemps été menacée de
sortir de l’euro, comme nous l’annonçait de nombreux observateurs. On pensait
aussi que le pays tomberait aux mains des néonazis. Finalement rien de tout
cela n’est arrivé mais il faut reconnaître qu’on a un peu avancé dans ce sens.
Il est donc évident qu’il faudra encore
plusieurs années pour stabiliser la Grèce et reconstruire l’État. Il faudra
aussi relancer l’économie grecque ainsi que réduire l’influence de ces partis
néonazis. Ainsi, on va peut être voir prochainement un parti de gauche
arriver au pouvoir en Grèce. Cela stabilisera-t-il le pays ou relancera-t-il
des contestations, rien n’est clair mais il semble que la stabilisation soit
plutôt l’ordre du jour.
L’Italie aussi semble avoir un avenir
plus clair. En effet, on quitte l’ère
politique de Silvio Berlusconi. Alors
certes, il s’agit dans l’immédiat d’une crise politique, avec un éclatement de
la droite italienne en 4 partis en 2013 et
une réorganisation de tous les acteurs. Cependant le pays est dirigé plutôt
correctement avec une alternance entre centre-gauche et centre-droit depuis
quelques années. Plus flou qu’en Grèce, on
sent cependant une potentielle stabilisation politique à moyen terme
notamment du fait que la nouvelle élite politique (de droite comme de gauche)
souhaite stabiliser l’État. Sous l’influence de Berlusconi, on avait un parti
en conflit perpétuel avec l’État (justice, législatif, …). Cette élite
politique adversaire de l’État demeure encore un peu comme avec Beppe Grillo.
L’Espagne qui a été très déstabilisée par la crise de l’euro est en cours de
reconstruction économique. L’État est toujours affaibli mais cela l’amène a
traité de front sa constitution et son rapport entre État central et autonomie
des régions. L’État central ne veut plus être affaibli mais certaines régions
veulent plus d’autonomie, notamment la Catalogne. La discussion est tendue mais
ouverte. Il reste peu probable que la Catalogne devienne autonome et il semble
plus certain que l’État central se solidifie. La stabilisation actuelle semble
être positive mais on ne sait jamais.
Pour le Portugal,
même problème, la relative fragilité de l’État. Ceci dit, le pays ne va pas
éclater en différentes régions, c’est encore un État centralisé donc d’une
certaine stabilité. Le problème
principal à trois facettes : un problème économique notamment au Nord du
Portugal, l’émigration forte des jeunes Portugais diplômés au Brésil et en
Angola, et enfin une instabilité politique forte avec des leaders politiques
qui alternent très rapidement.
Le cas de Chypre
enfin est un des États les plus affaiblis par la crise européenne et pourtant c’est un de ceux
dont on parle le moins. L’aide économique européenne fut considérable pour la
population (18 milliards pour un million d’habitants). En plus de cela, depuis 2011,
le pays est sous la tutelle du l’UE de même que son économie est sous la
perfusion de la BCE. Tout cela est complété par la situation géopolitique très
problématique de Chypre. Troubles économiques, politiques et géopolitiques,
on peut croire que ce n’est que dans les prochaines décennies que ces problèmes
seront résolus.
II.
Le
long-terme : décennie 2020 - 2030
1.
Les perspectives régionales
Première
perspective régionale, la Méditerranée su Sud qui n’a pas d’organisation
régionale efficace. On
a eu l’Union Pour la Méditerranée (UPM) en 2008,
qui s’est suivie d’une crise des États du Sud puis des Révolutions Arabes. Le
projet demeure donc enterré pour le moment mais reviendra peut être plus tard. En
attendant, il faut régler des problèmes comme l’éclatement de la Libye, la
guerre en Syrie ou l’instabilité en Égypte et en Tunisie.
Deuxième question
importante, celle de l’environnement et du réchauffement climatique qui menace
les pays d’Europe du Sud.
Ainsi, ces pays se retrouvent de plus en plus soumis à un stress hydrique. La
question de l’eau est donc un souci d’inquiétude pour ses pays avec les risques
de sécheresses et d’aridité.
Troisième question
de long terme, les grands flux migratoires Sud – Nord qui existent toujours. A l’échelle mondiale, ces flux
sont ridicules, cependant pour les pays concernés cela est un problème majeur
menant parfois à de graves affrontements entre communautés comme en Grèce ou en
Italie. Ce phénomène se double d’une immigration de transit ou d’installation,
compliquées par les territoires particuliers (îles grecques, Malte, Lampedusa,
Gibraltar, Iles Canaries, …).
2.
Etude de cas
Dans le cas de la
Turquie, on peut reprendre ces trois enjeux. La Turquie est dans une zone de pays un peu
déstabilisés mais sa stabilité participe à celle de la région avec la
population la plus élevée de la Méditerranée avec l’Égypte. Une coopération
euro-méditerranéenne ne peut se faire qu’autour de la géopolitique turque. Sur
le plan technique ou environnemental, la Turquie n’est pas en pointe. Pour
l’enjeu démographique, la Turquie est centrale. On y trouve des migrants
subsahariens mais aussi arabes et plus récemment, des réfugiés syriens.
Pour la Grèce, la stabilisation ne se fera
qu’à long-terme et sa place dans la coopération euro-méditerranéenne sera
importante. Pour l’aspect environnemental en revanche, le pays repassera. Enfin
la question migratoire est difficile avec des bidonvilles de réfugiés, des
camps assez glauques et la construction d’un mur à la frontière turque.
L’Italie, comme l’Égypte et la Turquie,
devrait être un membre important dans une coopération euro-méditerranéenne. Sur
les questions environnementales et migratoires, le pays n’en fait pourtant pas
des priorités. Sur le cas de Lampeduza, l’Italie a fait appel à l’UE pour venir
l’aider.
L’Espagne a aussi sa place dans un
fonctionnement euro-méditerranéen de par sa place dans cet espace, de par son
passage entre l’Afrique et l’Europe, de par ses colonies en Afrique, de par ses
territoires dispatchés (îles Canaries). Le pays est donc dans une zone
problématique mais demeure une clé de cet espace euro-méditerranéen quand les
autres questions urgentes auront été réglées. Les migrations sont un enjeu
important pour ce pays avec une pluralité de migrations qui existent dans ce
pays (de tourisme, de transit, d’installation, …).
Le Portugal pour ses grandes perspectives
lointaines reste un État en retrait géopolitiquement notamment pour la question
euro-méditerranéenne, et se centre davantage sur ses liens avec ses anciennes
colonies. Les politiques publiques envers l’environnement existent mais restent
assez faibles (la preuve en est, la mauvaise gestion des incendies de forêts
chaque été). Enfin à propos de la migration, on a aussi un enjeu classique avec
émigration portugaise vers l’Angola et le Brésil quand traditionnellement,
c’était l’inverse.
L’enjeu des
décennies suivantes seront donc la consolidation interne des États d’Europe du
Sud puis dans un cadre externe, une géopolitique plus vaste tourné vers la
Méditerranée, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’État est donc une
question interne mais aussi externe.