Relations Europe - Amérique 21 - 11 (cours 3)


La Révolution Américaine, revue par Assassin's creed.



Le Républicanisme affirmé est donc aussi une critique du républicanisme ancien. Dans un premier temps, les Fédéralistes adressent une critique aux démocraties anciennes qui étaient pétries par les passions humaines, les luttes d’intérêts et les factions. On la décrivait comme des démocraties turbulentes un peu comme Platon l’avait déjà dit. En revanche, cela n’applique en rien un régime démocratique ou aristocratique puisque la base est populaire. Avec cette base populaire acquise en Amérique, mais pas en Grèce antique, cela permet aux USA de s’appuyer sur des mœurs devant aboutir à une république commerçante. Il faut donc absolument utiliser, former et orienter les intérêts et les capacités. Pour arriver à ce résultat, il faut multiplier les relations entre les hommes. Les auteurs du fédéralisme défendent donc fermement un système national et fédéral. Ce qu’ils considèrent essentiels dans leur « gouvernement complexe », c’est que la nouvelle Constitution veut préserver la base populaire de sa légitimité en la dotant d’un pouvoir fédéral de l’Union qui soit fort et énergique. De cette manière, on conserve l’unité de la République. La force de l’Union doit dépasser celle des États. Pour un fédéraliste, la formation de la République fédérale est le meilleur moyen d’étendre la sphère du gouvernement populaire.

Ce qui est original dans ce fédéralisme de 1787, ce sont deux nouveautés qui favorisent le passage de la petite République à la grande République commerciale. La vertu civique antique n’est plus de mise aux USA, d’autres valeurs prennent le dessus dans la participation de l’Union. Le participationisme de la Grèce antique est dépassé dans le cas des USA. Le citoyen moderne est aussi un individu et peut sortir de la politique s’il le souhaite. Par extension on peut y voir une séparation classique entre espace privé et espace public.


Le pouvoir de l’Union s’exerce à la fois sur les États fédéraux et sur les individus. L’individu est donc intégrer à un espace plus vaste encore que celui de son État fédéral. L’individu n’agit plus seulement localement mais peut agir au sein de groupes supérieurs à son état. Le système politique des USA était censé réduire la multiplication des factions en multipliant les niveaux d’influence des citoyens.

Dans le jeu des factions politiques de ce nouvel État, The Federalist propose ???. Dans une vision économiciste des fondateurs, Madison insiste beaucoup sur l’importance des divisions dans l’inégalité et l’étendue des propriétés. De plus, il souligne les dangers que constituerait la domination d’une majorité pauvre et indigente pour les plus riches de la nation. D’autres causes de division existent et sont placés sur le même plan : les dissenssions religieuses, l’attachement à un chef prestigieux ou ambitieux, … A chaque fois, Madison oppose minorité et majorité. Peu importe que les gens soient pauvres ou riches, le risque c’est la tyrannie de la majorité. L’analyse marxiste de la Constitution semble alors perdre de son prestige.
Autre critique des fédéralistes, le pluralisme serait bénéfique par lui-même. Or Madison considère les factions comme un mal. Pour lui, « la liberté est à la faction ce que l’air est au feu ». Donc la faction est le produit de la liberté et de la nature humaine. Or la diversité des opinions vient de la faiblesse de l’intelligence humaine qui n’engendre pas une ??? absolue ???. L’importance des factions apparaît donc comme un mal nécessaire. Pour tenter de neutraliser ce mal nécessaire, il faut éviter de vouloir le saisir à la source pour ne pas toucher à la liberté.
Pour The Federalist, dans les conditions contemporaines de la politique, il y a plusieurs moyens d’endiguer cette multiplication des factions. Le premier est le caractère fédéral de la Constitution dans la mesure où, par son ampleur spatiale, il élargit l’esprit public. La prise en compte des intérêts locaux exprimés dans les factions, est articulée et élargie grâce à l’échelle nationale qui est beaucoup plus vaste. La Constitution fédérale est une voie pour répondre aux deux appels et exigences politiques qu’expriment les factions : assumer l’intérêt particulier et construire un système tel que l’opinion publique doit tenir compte des intérêts généraux de la nation. Le second moyen pour réduire cela est de pousser à la multiplication des factions pour éviter que l’une d’entre elle ne rassemble toutes les adhésions. En multipliant les luttes entre factions, on réduit le risque que celles-ci s’allient. De plus les tendances n’ont plus de limitation certaine ce qui rend difficile l’identification de leurs capacités et de leurs forces.
La théorie des factions a favorisé le fédéralisme en combinant un héritage anglais qui s’exprimait dans l’Union, où les représentants exercent leur pouvoir de délibération avec une certaine indépendance à l’égard de leurs électeurs. Cela évite de servir un intérêt particulier avec le fait que les sénateurs ressemblent aussi à leurs électeurs. La Révolution française en revanche visera la réduction des factions.
Reconnaissant la réalité du pouvoir donc ses divisions, ses limites et ses contrepoids, sont des idées éminemment libérales. Enfin un intérêt incontournable pour eux est la protection des individus. Expérience pratique et théorique se complètent donc dans The Federalist : la théorie du système fédéral, l’étude du mouvement des factions, celle des pouvoirs qui sont présents dans un système de ce type, ... Il faut donner son énergie au régime représentatif pour réaliser les objectifs de cette République. Pour garantir la sécurité de la république contre les ennemis extérieurs, l’exécutif est alors là pour répondre aux situations d’urgence quand le législatif est là pour combiner la prise en compte des intérêts particuliers et celle des intérêts de l’Union. Le Président a une capacité de réponse immédiate mais n’est dangereux que s’il possédait des pouvoirs relativement étendus. Il fallait donc limiter ses pouvoirs. Quant au pouvoir judiciaire, il s’impose comme celui qui peut « déclarer nul, les actes législatifs contraire à la Constitution. » Il s’agit donc d’établir un contrôle de constitutionnalité des lois par tous les tribunaux avec en autorité supérieure la Cour Suprême. Il y a des niveaux de vigilance du pouvoir judiciaire. La volonté du peuple devant dépasser la volonté de la législature, la Constitution fruit de la volonté du peuple, peut prendre le dessus sur certaines lois.

L’importance de The Federalist en matière de doctrine politique vient du fait qu’il a exploré plusieurs questions de la doctrine politique libérale moderne. Tout d’abord, régulièrement débattue, la question de la combinaison entre la logique libérale de la représentation et la logique démocratique de l’égalité. La souveraineté populaire est la seule source du pouvoir légitime mais paradoxalement, elle ne peut jamais s’incarner. En effet, la logique de représentation libérale ne s’exprime que dans une fragmentation et une diversification des pouvoirs et des institutions représentatives, tout en répondant au problème de la souveraineté populaire (on est trop nombreux et pas tous disponibles pour faire de la politique). Peuple et représentés sont alors maintenus à distance de la politique et ne sont pas obliger d’y participer constamment.
Autre question, celle des limites devant être données aux jeux de l’opposition des intérêts. Ces intérêts ne peuvent s’harmoniser spontanément mais doivent faire l’enjeu d’un jeu politique sans excès et hors logique commerçante. A une question politique, il faut répondre par une logique politique. On ne peut pas se fier à un système politique dans la mesure où précisément, il n’est pas rationnel. La politique n’apporte pas de solutions mais propose des choix. L’économie ne peut pas répondre à un enjeu politique en offrant une solution économique. Les intérêts en politique ne s’analysent pas de manière économiste. La solution sera organisée selon des principes libéraux et de limitation. « On l’a remarqué souvent, il semblait réservé au peuple de ce pays par sa conduite et son exemple : … », le système politique élaboré doit se faire en fonction de ce que l’on veut et de la fin qu’on désire.
On a donc une mise en place politique qui donne une place aux vaincus (les antifédéralistes avec le Bill of Rights) et aux vainqueurs, tout en restant mesuré. D’ailleurs par la suite, on va voir aux USA une culture politique du compromis qui veut articuler les différends divers entre les tendances politiques en place. La crise de la guerre civile est par exemple à la fois un compromis et une décision supérieure de l’Union. En effet, l’Union abolit radicalement l’esclavage mais laisse aussi aux États le droit de rédiger leurs constitutions. Il y a négociation permanente aussi entre les différentes branches du pouvoir pouvant prendre la forme d’une évolution avec certains pouvoirs qui semblent prendre le dessus sur d’autres pouvoirs (comme l’opposition entre Roosevelt et la Cour Suprême).

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