La Révolution Américaine, revue par Assassin's creed.
Le Républicanisme
affirmé est donc aussi une critique du républicanisme ancien. Dans un premier
temps, les Fédéralistes adressent une critique aux démocraties anciennes qui
étaient pétries par les passions humaines, les luttes d’intérêts et les
factions. On la
décrivait comme des démocraties turbulentes un peu comme Platon l’avait déjà dit. En
revanche, cela n’applique en rien un régime démocratique ou aristocratique
puisque la base est populaire. Avec cette base populaire acquise en Amérique,
mais pas en Grèce antique, cela permet aux USA de s’appuyer sur des mœurs
devant aboutir à une république commerçante. Il faut donc absolument utiliser, former et orienter les intérêts et
les capacités. Pour arriver à ce résultat, il faut multiplier les relations
entre les hommes. Les auteurs du fédéralisme défendent donc fermement un
système national et fédéral. Ce qu’ils considèrent essentiels dans leur
« gouvernement complexe », c’est que la nouvelle Constitution veut préserver la base populaire de sa
légitimité en la dotant d’un pouvoir fédéral de l’Union qui soit fort et
énergique. De cette manière, on conserve l’unité de la République. La force
de l’Union doit dépasser celle des États. Pour un fédéraliste, la formation de
la République fédérale est le meilleur moyen d’étendre la sphère du
gouvernement populaire.
Ce qui est original
dans ce fédéralisme de 1787, ce sont deux
nouveautés qui favorisent le passage de la petite République à la grande
République commerciale.
La vertu civique antique n’est plus de mise aux USA, d’autres valeurs prennent
le dessus dans la participation de l’Union. Le participationisme de la Grèce antique est dépassé dans le cas des
USA. Le citoyen moderne est aussi un individu et peut sortir de la politique
s’il le souhaite. Par extension on peut y voir une séparation classique
entre espace privé et espace public.
Le pouvoir de
l’Union s’exerce à la fois sur les États fédéraux et sur les individus.
L’individu est donc intégrer à un espace plus vaste encore que celui de son État
fédéral.
L’individu n’agit plus seulement localement mais peut agir au sein de groupes supérieurs
à son état. Le système politique des USA
était censé réduire la multiplication des factions en multipliant les niveaux
d’influence des citoyens.
Dans
le jeu des factions politiques de ce nouvel État, The Federalist propose ???. Dans une vision économiciste des
fondateurs, Madison insiste beaucoup sur
l’importance des divisions dans l’inégalité et l’étendue des propriétés. De
plus, il souligne les dangers que constituerait la domination d’une majorité
pauvre et indigente pour les plus riches de la nation. D’autres causes de
division existent et sont placés sur le même plan : les dissenssions
religieuses, l’attachement à un chef prestigieux ou ambitieux, … A chaque fois, Madison oppose minorité et
majorité. Peu importe que les gens
soient pauvres ou riches, le risque c’est la tyrannie de la majorité.
L’analyse marxiste de la Constitution semble alors perdre de son prestige.
Autre critique des
fédéralistes, le pluralisme serait bénéfique par lui-même. Or Madison considère
les factions comme un mal.
Pour lui, « la liberté est à la
faction ce que l’air est au feu ». Donc la faction est le produit de
la liberté et de la nature humaine. Or la diversité des opinions vient de la
faiblesse de l’intelligence humaine qui n’engendre pas une ???
absolue ???. L’importance des
factions apparaît donc comme un mal nécessaire. Pour tenter de neutraliser ce
mal nécessaire, il faut éviter de vouloir le saisir à la source pour ne pas
toucher à la liberté.
Pour The Federalist, dans les conditions contemporaines
de la politique, il y a plusieurs moyens d’endiguer cette multiplication des
factions. Le premier est le caractère fédéral de la Constitution dans la mesure
où, par son ampleur spatiale, il élargit l’esprit public. La prise en compte des intérêts
locaux exprimés dans les factions, est articulée et élargie grâce à l’échelle
nationale qui est beaucoup plus vaste. La Constitution fédérale est une voie
pour répondre aux deux appels et exigences politiques qu’expriment les
factions : assumer l’intérêt particulier et construire un système tel que
l’opinion publique doit tenir compte des intérêts généraux de la nation. Le second moyen pour réduire cela est de
pousser à la multiplication des factions pour éviter que l’une d’entre elle ne
rassemble toutes les adhésions. En multipliant les luttes entre factions,
on réduit le risque que celles-ci s’allient. De plus les tendances n’ont plus
de limitation certaine ce qui rend difficile l’identification de leurs
capacités et de leurs forces.
La théorie des
factions a favorisé le fédéralisme
en combinant un héritage anglais qui s’exprimait dans l’Union, où les
représentants exercent leur pouvoir de délibération avec une certaine
indépendance à l’égard de leurs électeurs. Cela évite de servir un intérêt
particulier avec le fait que les sénateurs ressemblent aussi à leurs électeurs.
La Révolution française en revanche
visera la réduction des factions.
Reconnaissant
la réalité du pouvoir donc ses divisions, ses limites et ses contrepoids, sont
des idées éminemment libérales. Enfin un intérêt incontournable pour eux est la
protection des individus. Expérience pratique et théorique se complètent donc
dans The Federalist : la théorie
du système fédéral, l’étude du mouvement des factions, celle des pouvoirs qui
sont présents dans un système de ce type, ... Il faut donner son énergie au
régime représentatif pour réaliser les objectifs de cette République. Pour garantir la sécurité de la république
contre les ennemis extérieurs, l’exécutif est alors là pour répondre aux
situations d’urgence quand le législatif est là pour combiner la prise en
compte des intérêts particuliers et celle des intérêts de l’Union. Le
Président a une capacité de réponse immédiate mais n’est dangereux que s’il
possédait des pouvoirs relativement étendus. Il fallait donc limiter ses
pouvoirs. Quant au pouvoir judiciaire, il s’impose comme celui qui peut « déclarer nul, les actes législatifs
contraire à la Constitution. » Il
s’agit donc d’établir un contrôle de constitutionnalité des lois par tous les
tribunaux avec en autorité supérieure la Cour Suprême. Il y a des niveaux
de vigilance du pouvoir judiciaire. La volonté du peuple devant dépasser la
volonté de la législature, la Constitution fruit de la volonté du peuple, peut
prendre le dessus sur certaines lois.
L’importance de The Federalist en matière de doctrine
politique vient du fait qu’il a exploré plusieurs questions de la doctrine
politique libérale moderne. Tout d’abord, régulièrement débattue, la question
de la combinaison entre la logique libérale de la représentation et la logique
démocratique de l’égalité.
La souveraineté populaire est la seule source du pouvoir légitime mais
paradoxalement, elle ne peut jamais s’incarner. En effet, la logique de
représentation libérale ne s’exprime que dans une fragmentation et une
diversification des pouvoirs et des institutions représentatives, tout en
répondant au problème de la souveraineté populaire (on est trop nombreux et pas
tous disponibles pour faire de la politique). Peuple et représentés sont alors
maintenus à distance de la politique et ne sont pas obliger d’y participer
constamment.
Autre question,
celle des limites devant être données aux jeux de l’opposition des intérêts. Ces intérêts ne peuvent
s’harmoniser spontanément mais doivent faire l’enjeu d’un jeu politique sans
excès et hors logique commerçante. A une question politique, il faut répondre
par une logique politique. On ne peut pas se fier à un système politique dans
la mesure où précisément, il n’est pas rationnel. La politique n’apporte pas de
solutions mais propose des choix. L’économie ne peut pas répondre à un enjeu
politique en offrant une solution économique. Les intérêts en politique ne
s’analysent pas de manière économiste. La solution sera organisée selon des
principes libéraux et de limitation. « On
l’a remarqué souvent, il semblait réservé au peuple de ce pays par sa conduite
et son exemple : … », le système politique élaboré doit se faire
en fonction de ce que l’on veut et de la fin qu’on désire.
On a donc une mise
en place politique qui donne une place aux vaincus (les antifédéralistes avec le
Bill of Rights) et aux vainqueurs, tout
en restant mesuré. D’ailleurs par la suite, on va voir aux USA une culture
politique du compromis qui veut articuler les différends divers entre les
tendances politiques en place. La crise de la guerre civile est par exemple à
la fois un compromis et une décision supérieure de l’Union. En effet, l’Union
abolit radicalement l’esclavage mais laisse aussi aux États le droit de rédiger
leurs constitutions. Il y a négociation permanente aussi entre les différentes
branches du pouvoir pouvant prendre la forme d’une évolution avec certains
pouvoirs qui semblent prendre le dessus sur d’autres pouvoirs (comme
l’opposition entre Roosevelt et la Cour Suprême).
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