Relations Europe - Amérique 28 - 11 (cours 4)


 Relire la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.



La Révolution Française est apparue comme un évènement fondateur dans la définition de la nature humaine. Cela a bouleversé les racines sur la manière d’appréhender la politique. Hegel a d’ailleurs formulé le lien entre l’évènement que représente la Révolution française et ???, comme la raison qui prime sur la politique et par ailleurs un évènement marqué par les Lumières, un ???. L’expérience de la Révolution Française s’est alors suivie de la période de Terreur. Un lever de soleil suivi d’un évènement effroyable selon Hegel.
On peut résumer cette Révolution à trois éléments significatifs : un aboutissement celui de la philosophie des Lumières, la première tentative pour donner un fondement rationnel à l’État, et, par son impact effroyable, elle fait aussi apparaître les limites de l’abstraction moderne.

L’influence des Lumières joue beaucoup sur la compréhension de la Révolution française. La culture politique est donc en amont de cette révolution. C’est une culture politique rationaliste dont parlent très explicitement les acteurs de la Révolution Française. Deux tendances complémentaires s’y retrouvaient : une rationalisation de l’organisation sociale qui devait se faire par un renforcement de l’État et la recherche d’une garantie de la liberté par le biais d’une destruction des contraintes purement arbitraires qui pesaient sur la liberté dans l’ordre ancien. Cette conception de la politique se retrouve dans un texte fondamental, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC).
Ainsi Cesare Beccaria voit dans le rationalisme une prééminence indiscutable de la loi. En effet, la loi est pour lui la meilleure garantie politique contre l’arbitraire mais aussi la plus impérieuse pour moderniser la politique car elle dépasse les combats pour des intérêts personnels. Dans la DDHC, on rend compte du droit naturel, des droits inhérents à la nature humaine et qui s’impose à celle-ci. Un autre aspect de la DDHC est plus légicentriste, la loi doit déterminer les droits inaliénables. A partir de là, il y a un aspect plus important où les relations entre la Révolution Française et  l’esprit anglo-américains sont complexes. Les acteurs de 1789 jugent qu’il existe des droits naturels qui ne se résument pas à l’ordre politique. Le droit naturel dépasse le droit positif qui est établi par les lois. Les acteurs ont donc une certaine liberté vis-à-vis des anglo-écossais qui avaient théorisé cela. Cela ne les rend pas moins réticents à la reprise des questionnements anglais, ils y sont même carrément réticents. On peut selon eux, établir une politique avec une cohérence ??? On a donc un radicalisme qui pose question sur la source de l’autorité. On sent une notion volontariste qui passe par la volonté générale. Le contrat social doit être le projet dont l’idée permet de construire la société.

Face à cette position légicentriste française, certains acteurs vont soulever quelques enjeux. On retrouve alors le britannique Edmund Berke et Thomas Payne, même si les Anglais sont plutôt favorables à la Révolution Française censé libérer la France de son carcan absolutiste et ultracatholique. En 1790, Berke publie ses réflexions sur la Révolution de France. En 1791, Payne lui réplique dans Les Droits de l’Homme.
Pour Berke, la révolution Française n’est pas héritière des pensées et des Révolutions anglaises et américaines. Berke établit immédiatement une dénonciation de la philosophie des Droits de l’Homme comme abstraction révolutionnaire. Si pour Berke, libéral whig, tous les hommes ont des droits naturels, seuls les droits garantis sont valables car ils sont le fruit des aléas. A la politique de la raison, il oppose l’idée que les seules libertés heureuses qui sont concrètes peuvent être imposées. Selon lui, on veut volontairement reconstruire tout l’ordre social politique. La critique de Berke consiste à montrer les méfaits des Français qui s’appuient sur la raison et non sur l’expérience, un manque de prudence selon lui qui pourrait amener de graves conséquences. La Terreur y est déjà un risque potentiel.
Autre critique de Berke, la révolution Française s’est présentée dans l’urgence, dans une situation exceptionnelle. Or cette situation est devenue le moteur politique de toute la Révolution, l’urgence est devenue une situation normale.
Appuyé sur l’apologie de la tradition, Berke défend l’idée que l’ordre social et politique ne peut être reconstruit intégralement car il est transcendant. Cet aspect s’impose vite comme une des origines du romantisme en politique.

Thomas Payne, en réponse à Berke, sera très virulent en insistant sur le fait que Berke avait avant soutenu les Américains dans leur Révolution. Payne va donc s’opposer à l’intégralité de la position de Berke en considérant que la Révolution Française est dans la continuité des la Révolution anglaise et américaine. Les Droits de l’Homme constituent en plus le principe même de la politique libérale. La Révolution Française achève ce que l’Amérique a commencé, la preuve que l’État n’a rien de transcendant, qu’il peut être construit de toute pièce par les hommes et à partir des objectifs de ces mêmes hommes.
Lorsque les membres de l’Assemblée Constituante ont refusé toutes les discriminations statutaires, alors, on affirme réellement la liberté.

Berke tente donc un compromis entre la tradition et les nouvelles idées venues des Lumières. Payne à l’inverse plaide pour une émancipation socio-politique totale, venue de la raison et qui doit supprimer les préjugés d’une histoire qui est de toute manière à rejeter. La grandeur de la Révolution pour Payne annonce une reconstruction complète de l’ordre politique sur une base hyperindividualiste qu’est l’autonomie individuelle.


François Furet et Patrice Guéniffey, deux historiens français conservateurs, se demandent comment on est passé des Droits de l’Homme à la Terreur. Pour Berke, le jacobinisme était une conséquence naturelle atroce de l’agression dont était victime la tradition. Pour ceux qui partagent son point de vue, la Terreur puis l’Empire napoléonien furent des retours du despotisme d’Ancien Régime. Par cet avis, ils retournent contre eux l’accusation de traditionalisme. En déclarant que ce despotisme revenait de l’Ancien Régime, ils inscrivent la Révolution française dans une continuité.
Face à cela, les Jacobins robespierristes vont affirmer que certains principes, notamment la représentation nationale, sont des principes aristocratiques (une petite minorité des meilleurs dirigent la nation). Pour les adversaires, parmi les principes de 1789, il y a une centralité de l’individu. Sous la Terreur du jacobinisme on a retrouvé l’idée qu’il y avait un équilibre a recherché entre les individus et le peuple.
(transition invisible ?) L’Homme nouveau exprime l’idée d’une obsession de la table rase. Il y a alors une rupture radicalisée entre 1789 et 1793. Enfin la notion de rupture est développée par les libéraux mais aussi des gens comme Benjamin Constant, plus proche du socialisme, qui vont mettre un terme à la révolution en 1793 avec une constitution très sociale et aboutissement de la révolution française. Pour eux, l’État a pour fonction essentielle la protection de la liberté et de la propriété. Les partisans de 1793 valorisent le dépassement des intérêts particuliers. Les Jacobins vont faire une critique paradoxale de l’abstraction de 1789 puisqu’ils vont fonder leur action politique sur la nécessité de régénérer l’homme avec comme base, la mise en pratique formelle de l’égalité.
Le souci de cette controverse, c’est la forme politique que va prendre ces conceptions. Hannah Arendt va alors illustrer tout cela. (et alors ???)
Kant quant à lui va prendre une position libérale en considérant qu’il y a une libération dans la position du citoyen mais récuse l’idée qu’il y a un droit de résistance. En effet, selon lui, le droit ne peut exister que dans un ordre juridique déjà établit. Or il y a une séparation entre le droit et la morale qui est un système politique rationnel. C’est dans cet espace que se jouent les passions humaines.
Or on a un évènement politique ??? une difficulté insurmontable. La pensée qui va se diffuser dans le reste de l’Europe depuis l’Allemagne est aussi inspirée par une évolution de la Révolution de 1789. Suivant la liberté incarnée dans la révolution française, ils ont une position proches de celle de Payne. Là où une autre présence ??? ils vont passer à des conceptions plus particularistes. Cela prendra notamment pied dans les États-nations d’Europe centrale qui considèrent que leur objectif premier est l’extension au détriment des voisins.

Dans la Révolution américaine, on trouve fondamentalement des débats en son sein qui révèlent des positions nourries par des principes semblables dans le camp des fédéralistes ou antifédéralistes. Dans la révolution Française en revanche, on a deux tendances qui se croisent : celui des Droit de l’Homme et celui de la Terreur. Certains pensent que la vérité de la Révolution se trouve dans les principes individualistes, d’autres estimant que la Terreur sous Robespierre montre bien que l’unité de la nation ne peut venir par l’individualisme issu des Terreurs. On a donc deux types de groupes qui pensent qu’il y a une rupture entre 1789 et 1793 ( et Jacobins) et deux autres groupes qui ne voient pas cette rupture ( et ).

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