The federalist, évidemment.
Relations Europe-Amérique
Révolution
américaine
Révolution
française
Pensée
politique européenne
Pensée
capitaliste et libérale
Dans le cadre des
USA, il y a ce moment fondateur qu’est la Révolution américaine puisque la pensée politique qui
y fut développée montre l’expérience qui s’y déploie et la richesse presque
philosophique qu’on y trouve. Selon le texte du Fédéraliste, le fait qu’il n’y ait pas de texte fondateur
aussi puissant pour l’Union Européenne, peut expliquer que l’UE ne soit pas
aussi forte que les USA.
La Révolution
américaine est à la croisée des chemins, dernière des révolutions libérales anglaises et en
même temps, l’origine de la première démocratie moderne. Cela a fait apparaître
cette révolution comme un moment important. Les Français lui reprochaient
cependant d’être une révolution en manque de rationalité. Jusqu’alors les USA
sont un pays modéré, démocratique et fidèle aux traditions libérales. Mais pour
l’Europe, les USA apparaissent aussi comme le lieu où l’on trouve l’ensemble des
défauts de la modernité démocratique. D’un
coté on n’a une image quelque peu négative de ce pays et de l’autre, on a
l’élaboration d’un système politique lié étroitement à une réflexion doctrinale
profonde toujours présente dans le débat américain actuelle. Cette
réflexion doctrinale est liée étroitement aux textes fondateurs (depuis la
déclaration d’indépendance de 1776 à la
Constitution de 1787. L’interprétation qu’on
donne de cette Révolution est ??? Ainsi Alexis de Tocqueville a produit un ouvrage en
deux tomes, le premier sur la démocratie américaine et le second sur la
démocratie moderne.
Tout
débute avec l’opposition aux Anglais sur certains points doctrinaux et continue
avec la guerre de sécession de 1861 à 1865.
Les historiens se questionnent beaucoup sur le tournant constitutionnel de 1787 et quelles sont les idées des pères
fondateurs par la suite.
En 1776 est donc publiée la déclaration
d’indépendance.
Le contexte de guerre laisse penser que cette première manifestation de volonté
d’indépendance ne peut être uniquement modérée. Du coup, le texte défend les droits des colons mais se double d’une forme
d’utopie qui vise à régénérer la forme politique.
En effet, on trouve
une nette influence radicale qui vient des Whigs anglais (un parti politique anglais
opposé aux traditionnalistes des Tories). Dans ce courant des Whigs, on voulait
garder l’esprit de liberté de la constitution anglaise. En conséquence, ils
défendaient certains éléments de l’ancienne constitution anglaise. Mais les
plus radicaux des Whigs considéraient que ce qui donnait la légitimité à la
Constitution n’était pas tant ce qui faisait le régime mixte classique (à la
fois une monarchie et des éléments populaires). Le cœur de la doctrine des Whigs repose sur cette intuition centrale,
un pessimisme sur la nature humaine. Il y a une tension extrême entre la
liberté et le pouvoir. Au début du XVIII°
siècle, deux pamphlétaires expliquent que « Tout ce qui est bon pour le peuple est mauvais pour le pouvoir et tout
ce qui est bon pour le pouvoir est mauvais pour le peuple. ». Pouvoir
contre liberté, telle est la conception des Whigs à ce moment là. C’est donc la
revendication d’un contrôle de l’activité du pouvoir qui est réclamé par les
Whigs. Ils souhaitent que le peuple ne soit pas soumis au pouvoir, ce qui est
une vision libertaire de la société. Les opprimés du peuple doivent participer
au pouvoir pour ne pas être totalement opprimés. La séparation entre les gouvernés et les gouvernants n’est pas
fondamentalement remise en cause par les Whigs, mais ceux-ci tente de réguler
cette dualité.
Contextuellement,
en 1776, le conflit entre les colons et les
Anglais repose (entre autres) sur un refus de payer des impôts puisque les représentants des
colonies n’avaient même pas pu exprimer leur point de vue à la Chambre des
Communes. Selon eux, aucun impôt n’est
légitime s’il n’est consenti par un législateur, législateur qui doit avoir
aussi une preuve qu’il représente bien une partie de la population. Cette
définition vient directement de la tradition anglaise mais en même temps,
comme cette analyse date un peu, alors on peut aussi y voir une rupture avec la
tradition anglaise. Le Parlement britannique qui a voté ces impôts devient
l’adversaire des colons qui vont tenter de modifier de leur côté leur régime
politique pour mieux être représentés.
Le
régime anglais pourtant moderne à l’époque, reste cependant très oligarchique.
La théorie de la représentation anglaise repose sur l’opinion d’Edmund Burke qui reconnaît
la légitimité de la Révolution américaine mais critiquera très durement la
Révolution française. Pour les anglais,
la fonction des parlementaires est de délibérer et de représenter la totalité
du pays. Pour autant, ils n’ont pas besoin d’obéir aux instructions des
électeurs, mais plus se conformer aux instructions de « la vérité et de la
nature » selon Burke. Pour le Parlement, les taxes ont été votées légalement
et sont consenties par celui-ci. Or puisque le Parlement y consent et qu’il
représente la totalité du royaume (sans pour autant suivre l’avis du peuple),
alors les Américains doivent l’accepter. Cette
représentation virtuelle, fait que les représentants doivent avoir quelque
chose en commun avec ceux qu’ils représentent. Pour que les Américains soient
bien représentés, il aurait fallut au moins que la condition sociale,
culturelle et politique des Américains soit comparable à celle de la
Grande-Bretagne. Les représentants dans
l’esprit des Américains, doivent ressembler à ceux qu’ils représentent.
Cela est d’autant plus vrai que le Parlement a voté ces taxes sans qu’il y ait
de représentants Américains, a fortiori sans qu’il y ait d’Américains. Du coup,
le Parlement agit sans prendre en considération les véritables réalités dans
les colonies américaines.
La
contestation américaine va exacerber les tensions politiques, nourries par la
radicalité des Whigs. La nécessaire représentation historique des intérêts
induit une certaine méfiance de la représentation de la souveraineté par les
législateurs. A la différence de la France, et reposant sur l’expérience des
colons américains, il y a une reconnaissance de la pluralité des intérêts et la
recherche d’une limitation du pouvoir du législateur. Ces deux éléments ne sont
pas présents dans la révolution française où le législateur est tout-puissant
et la diversité des intérêts est masquée sous les idéologies très forte de
l’époque.
De
sa méfiance à l’égard du pouvoir et face à la limite qui est au cœur du
libéralisme politique, une tradition englobante du système politique américain
se construit au sein de laquelle se trouve des intérêts divergents. D’où le
fait que les petits courants qui ont voulu remettre en cause les principes de
cette culture politique ont été immédiatement marginalisés.
La culture
politique promue à l’époque se traduit par des divergences aux USA sur ce qu’il
est bon de retenir de la tradition anglaise. Deux noms s’avèrent emblématiques
dans ce travail : John
Adams et Thomas Payne.
John
Adams est héritier conscient de la tradition anglaise, attaché au régime dit
mixte (un équilibre des pouvoirs et des forces sociales), meilleure garantie de
la liberté. Pour Adams, le nouveau
régime américain doit trouver un équivalent entre le peuple, l’aristocratie et
le régime monarchique. Dans une posture très classique, la division entre
le peuple et le pouvoir doit être au mieux pour tirer les bénéfices de chaque
tendance. Il existe donc quelque chose d’irréconciliable dans ces groupes, mais
comment en tirer le meilleur parti ? Cela révèle du pragmatisme anglais. Le plus important selon Adams est le
conflit entre le peuple et le pouvoir exécutif, tempéré par le pouvoir
aristocratie selon lui. Il reconnaît que l’aristocratie est minée par son
avidité et son désir de pouvoir, mais son sens de la sagesse et de l’honneur
lui permettrait d’être mobilisée dans une chambre haute. Inversement, le
pouvoir exécutif doit en certains moments faire la tempérance entre l’ambition
dangereuse de l’aristocratie et le désordre du peuple. La vision pessimiste est
toujours présente en filigrane dans ces théories.
Thomas Payne en 1776, publie le pamphlet Le sens commun.
Ce pamphlet qui fut un vaste succès aux USA comme en Europe. Pour lui, la
Révolution américaine ouvre une période radicalement nouvelle sur l’histoire
humaine. L’Amérique doit selon lui
rompre entièrement avec l’esprit des institutions anglaises. En effet, pour
lui, le régime anglais ne réalise pas du tout l’équilibre entre ses principes,
c’est selon lui une « maison divisée en elle-même ». Le seul élément
constitutionnel légitime du système anglais serait alors la Chambre des
Communes. La Chambre des Pairs est au contraire, pour les aristocrates, un
vestige de la tyrannie. Le système américain doit détruire les éléments
non-démocratiques hérités du régime anglais. Une chambre haute est donc pour
lui inconcevable, seule la représentation importe. Payne envisage donc un
régime monocamériste où seule la loi règne. Deuxième élément d’analyse chez Payne, le gouvernement doit protéger
les individus et laisser les relations spontanées qui définissent la société se
déroulées. Le gouvernement apparaît comme nécessaire négativement, la
société étant nécessaire positivement. Pour Payne, la Révolution
américaine est un moment idéal pour développer la République puisque les forces
du passé ne prendront pas le dessus.
L’opposition entre
Adams et Payne sont typiques des deux aspirations anglaises qu’on trouvait déjà
chez John Locke. Leurs idées montrent bien la
dualité interne aux désirs Américains. On retrouve cela dans les déclarations
des droits et la déclaration d’indépendance de Jefferson. La déclaration des
droits de Virginie reprend les textes fondateurs ??? La déclaration
d’indépendance associe des droits légitimes qui doivent protéger les droits
naturels que sont la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Dans cette
même déclaration d’indépendance, le peuple est reconnu comme le fondement de
l’ordre politique. L’édiction de certains principes universels rejoint
donc ???.
Transition
de la révolution américaine à la révolution française.
En Angleterre, les
Whigs ont vu dans la révolution américaine une sorte de seconde révolution
glorieuse.
Ainsi, certains observateurs anglais whigs ont reconnu la légitimité du combat
des Américains. La France a aussi
soutenu cette révolution par l’envoi de quelques troupes pour soutenir les
Américains. Mais philosophiquement, il y avait aussi des approbations du coté
français. Bien évidemment, les approbations françaises étaient compensées par
des critiques, elles aussi françaises. Ainsi Turgot se
réjouit de l’indépendance américaine mais s’étonne que politiquement, ceux-ci
aient conservé des éléments du régime anglais, tout particulièrement le
bicamérisme qui n’existe selon lui, que s’il existe bien une aristocratie. De plus, pour Turgot, le pouvoir de
l’exécutif doit être strictement réduit car c’est à la loi de dominer, la
loi qui domine la nation et qui vient du peuple. Le légicentrisme existe déjà à
ce moment là. Les checks and balances
par exemple, sont nés sous la monarchie pour compenser les différences sociales
entre individus. Ces checks and balances
semblent inutiles, selon Turgot, dans un pays qui repose sur l’équilibre entre
les citoyens. Garder ces quelques aspects, c’est conserver un certain archaïsme
pour Turgot, la raison aurait du seule guider le nouveau régime politique.
Turgot hérite d’un avis de physiocrate où la richesse repose sur la terre. La loi de
la raison n’est pas la loi populaire.
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