Relations Europe - Amérique 08 - 11 (cours 1)


The federalist, évidemment.



Relations Europe-Amérique


Révolution américaine
Révolution française
Pensée politique européenne
Pensée capitaliste et libérale


Dans le cadre des USA, il y a ce moment fondateur qu’est la Révolution américaine puisque la pensée politique qui y fut développée montre l’expérience qui s’y déploie et la richesse presque philosophique qu’on y trouve. Selon le texte du Fédéraliste, le fait qu’il n’y ait pas de texte fondateur aussi puissant pour l’Union Européenne, peut expliquer que l’UE ne soit pas aussi forte que les USA.
La Révolution américaine est à la croisée des chemins, dernière des révolutions libérales anglaises et en même temps, l’origine de la première démocratie moderne. Cela a fait apparaître cette révolution comme un moment important. Les Français lui reprochaient cependant d’être une révolution en manque de rationalité. Jusqu’alors les USA sont un pays modéré, démocratique et fidèle aux traditions libérales. Mais pour l’Europe, les USA apparaissent aussi comme le lieu où l’on trouve l’ensemble des défauts de la modernité démocratique. D’un coté on n’a une image quelque peu négative de ce pays et de l’autre, on a l’élaboration d’un système politique lié étroitement à une réflexion doctrinale profonde toujours présente dans le débat américain actuelle. Cette réflexion doctrinale est liée étroitement aux textes fondateurs (depuis la déclaration d’indépendance de 1776 à la Constitution de 1787. L’interprétation qu’on donne de cette Révolution est ??? Ainsi Alexis de Tocqueville a produit un ouvrage en deux tomes, le premier sur la démocratie américaine et le second sur la démocratie moderne.
Tout débute avec l’opposition aux Anglais sur certains points doctrinaux et continue avec la guerre de sécession de 1861 à 1865. Les historiens se questionnent beaucoup sur le tournant constitutionnel de 1787 et quelles sont les idées des pères fondateurs par la suite.

En 1776 est donc publiée la déclaration d’indépendance. Le contexte de guerre laisse penser que cette première manifestation de volonté d’indépendance ne peut être uniquement modérée. Du coup, le texte défend les droits des colons mais se double d’une forme d’utopie qui vise à régénérer la forme politique.
En effet, on trouve une nette influence radicale qui vient des Whigs anglais (un parti politique anglais opposé aux traditionnalistes des Tories). Dans ce courant des Whigs, on voulait garder l’esprit de liberté de la constitution anglaise. En conséquence, ils défendaient certains éléments de l’ancienne constitution anglaise. Mais les plus radicaux des Whigs considéraient que ce qui donnait la légitimité à la Constitution n’était pas tant ce qui faisait le régime mixte classique (à la fois une monarchie et des éléments populaires). Le cœur de la doctrine des Whigs repose sur cette intuition centrale, un pessimisme sur la nature humaine. Il y a une tension extrême entre la liberté et le pouvoir. Au début du XVIII° siècle, deux pamphlétaires expliquent que « Tout ce qui est bon pour le peuple est mauvais pour le pouvoir et tout ce qui est bon pour le pouvoir est mauvais pour le peuple. ». Pouvoir contre liberté, telle est la conception des Whigs à ce moment là. C’est donc la revendication d’un contrôle de l’activité du pouvoir qui est réclamé par les Whigs. Ils souhaitent que le peuple ne soit pas soumis au pouvoir, ce qui est une vision libertaire de la société. Les opprimés du peuple doivent participer au pouvoir pour ne pas être totalement opprimés. La séparation entre les gouvernés et les gouvernants n’est pas fondamentalement remise en cause par les Whigs, mais ceux-ci tente de réguler cette dualité.
Contextuellement, en 1776, le conflit entre les colons et les Anglais repose (entre autres) sur un refus de payer des impôts puisque les représentants des colonies n’avaient même pas pu exprimer leur point de vue à la Chambre des Communes. Selon eux, aucun impôt n’est légitime s’il n’est consenti par un législateur, législateur qui doit avoir aussi une preuve qu’il représente bien une partie de la population. Cette définition vient directement de la tradition anglaise mais en même temps, comme cette analyse date un peu, alors on peut aussi y voir une rupture avec la tradition anglaise. Le Parlement britannique qui a voté ces impôts devient l’adversaire des colons qui vont tenter de modifier de leur côté leur régime politique pour mieux être représentés.

Le régime anglais pourtant moderne à l’époque, reste cependant très oligarchique. La théorie de la représentation anglaise repose sur l’opinion d’Edmund Burke qui reconnaît la légitimité de la Révolution américaine mais critiquera très durement la Révolution française. Pour les anglais, la fonction des parlementaires est de délibérer et de représenter la totalité du pays. Pour autant, ils n’ont pas besoin d’obéir aux instructions des électeurs, mais plus se conformer aux instructions de « la vérité et de la nature » selon Burke. Pour le Parlement, les taxes ont été votées légalement et sont consenties par celui-ci. Or puisque le Parlement y consent et qu’il représente la totalité du royaume (sans pour autant suivre l’avis du peuple), alors les Américains doivent l’accepter. Cette représentation virtuelle, fait que les représentants doivent avoir quelque chose en commun avec ceux qu’ils représentent. Pour que les Américains soient bien représentés, il aurait fallut au moins que la condition sociale, culturelle et politique des Américains soit comparable à celle de la Grande-Bretagne. Les représentants dans l’esprit des Américains, doivent ressembler à ceux qu’ils représentent. Cela est d’autant plus vrai que le Parlement a voté ces taxes sans qu’il y ait de représentants Américains, a fortiori sans qu’il y ait d’Américains. Du coup, le Parlement agit sans prendre en considération les véritables réalités dans les colonies américaines.
La contestation américaine va exacerber les tensions politiques, nourries par la radicalité des Whigs. La nécessaire représentation historique des intérêts induit une certaine méfiance de la représentation de la souveraineté par les législateurs. A la différence de la France, et reposant sur l’expérience des colons américains, il y a une reconnaissance de la pluralité des intérêts et la recherche d’une limitation du pouvoir du législateur. Ces deux éléments ne sont pas présents dans la révolution française où le législateur est tout-puissant et la diversité des intérêts est masquée sous les idéologies très forte de l’époque.
De sa méfiance à l’égard du pouvoir et face à la limite qui est au cœur du libéralisme politique, une tradition englobante du système politique américain se construit au sein de laquelle se trouve des intérêts divergents. D’où le fait que les petits courants qui ont voulu remettre en cause les principes de cette culture politique ont été immédiatement marginalisés.

La culture politique promue à l’époque se traduit par des divergences aux USA sur ce qu’il est bon de retenir de la tradition anglaise. Deux noms s’avèrent emblématiques dans ce travail : John Adams et Thomas Payne.
John Adams est héritier conscient de la tradition anglaise, attaché au régime dit mixte (un équilibre des pouvoirs et des forces sociales), meilleure garantie de la liberté. Pour Adams, le nouveau régime américain doit trouver un équivalent entre le peuple, l’aristocratie et le régime monarchique. Dans une posture très classique, la division entre le peuple et le pouvoir doit être au mieux pour tirer les bénéfices de chaque tendance. Il existe donc quelque chose d’irréconciliable dans ces groupes, mais comment en tirer le meilleur parti ? Cela révèle du pragmatisme anglais. Le plus important selon Adams est le conflit entre le peuple et le pouvoir exécutif, tempéré par le pouvoir aristocratie selon lui. Il reconnaît que l’aristocratie est minée par son avidité et son désir de pouvoir, mais son sens de la sagesse et de l’honneur lui permettrait d’être mobilisée dans une chambre haute. Inversement, le pouvoir exécutif doit en certains moments faire la tempérance entre l’ambition dangereuse de l’aristocratie et le désordre du peuple. La vision pessimiste est toujours présente en filigrane dans ces théories.
Thomas Payne en 1776, publie le pamphlet Le sens commun. Ce pamphlet qui fut un vaste succès aux USA comme en Europe. Pour lui, la Révolution américaine ouvre une période radicalement nouvelle sur l’histoire humaine. L’Amérique doit selon lui rompre entièrement avec l’esprit des institutions anglaises. En effet, pour lui, le régime anglais ne réalise pas du tout l’équilibre entre ses principes, c’est selon lui une « maison divisée en elle-même ». Le seul élément constitutionnel légitime du système anglais serait alors la Chambre des Communes. La Chambre des Pairs est au contraire, pour les aristocrates, un vestige de la tyrannie. Le système américain doit détruire les éléments non-démocratiques hérités du régime anglais. Une chambre haute est donc pour lui inconcevable, seule la représentation importe. Payne envisage donc un régime monocamériste où seule la loi règne. Deuxième élément d’analyse chez Payne, le gouvernement doit protéger les individus et laisser les relations spontanées qui définissent la société se déroulées. Le gouvernement apparaît comme nécessaire négativement, la société étant nécessaire positivement. Pour Payne, la Révolution américaine est un moment idéal pour développer la République puisque les forces du passé ne prendront pas le dessus.
L’opposition entre Adams et Payne sont typiques des deux aspirations anglaises qu’on trouvait déjà chez John Locke. Leurs idées montrent bien la dualité interne aux désirs Américains. On retrouve cela dans les déclarations des droits et la déclaration d’indépendance de Jefferson. La déclaration des droits de Virginie reprend les textes fondateurs ??? La déclaration d’indépendance associe des droits légitimes qui doivent protéger les droits naturels que sont la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Dans cette même déclaration d’indépendance, le peuple est reconnu comme le fondement de l’ordre politique. L’édiction de certains principes universels rejoint donc ???.

Transition de la révolution américaine à la révolution française.

En Angleterre, les Whigs ont vu dans la révolution américaine une sorte de seconde révolution glorieuse. Ainsi, certains observateurs anglais whigs ont reconnu la légitimité du combat des Américains.  La France a aussi soutenu cette révolution par l’envoi de quelques troupes pour soutenir les Américains. Mais philosophiquement, il y avait aussi des approbations du coté français. Bien évidemment, les approbations françaises étaient compensées par des critiques, elles aussi françaises. Ainsi Turgot se réjouit de l’indépendance américaine mais s’étonne que politiquement, ceux-ci aient conservé des éléments du régime anglais, tout particulièrement le bicamérisme qui n’existe selon lui, que s’il existe bien une aristocratie. De plus, pour Turgot, le pouvoir de l’exécutif doit être strictement réduit car c’est à la loi de dominer, la loi qui domine la nation et qui vient du peuple. Le légicentrisme existe déjà à ce moment là. Les checks and balances par exemple, sont nés sous la monarchie pour compenser les différences sociales entre individus. Ces checks and balances semblent inutiles, selon Turgot, dans un pays qui repose sur l’équilibre entre les citoyens. Garder ces quelques aspects, c’est conserver un certain archaïsme pour Turgot, la raison aurait du seule guider le nouveau régime politique.
Turgot hérite d’un avis de physiocrate où la richesse repose sur la terre. La loi de la raison n’est pas la loi populaire.

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