Chapitre 1 Fondements
I.
Statuts
de l’éthique et de la politique
La morale et la politique – peut paraître aberrant de travailler sur les
deux ; parce que l’on a le sentiment qu’il n’y a rien de plus différent.
Les politiques appariassent comme des individus amoraux. Mais au fond, c’est la
même chose dans le concept, parce que ce sont deux activités qui cherchent le bien. RQ : Les activités
humaines cherchent des buts différents (math : des vérités..).
En tant qu’être moral on cherche ce qui est le mieux pour nous et pour les
autres. Mais la morale cherche un bien
particulier : pour moi, pour mes enfants, pour mes proches. Tandis que la politique cherche le bien commun, de
tous, de la société.
La morale et la politique ont des racines
communes, c’est pourquoi on les étudie ensemble. Elles ont eu des aventures
communes parce qu’on a essayé de les
évincer sans y parvenir. Ces deux activités sont dans la vie – c’est
quelque chose à faire.
Mais il y a deux types d’activités :
Praxis : pratique – toujours l’action en vue du bien, mais on part
de quelque chose qui existe déjà en l’aidant à se développer.
Ex : le jardinage – terre, graine, climat – on prend soin, mais c’est
l’œuvre de la nature, pas la nôtre.
Ex : les enfants – on ne peut pas en faire ce que l’on veut. Les
parents aident, protègent, développent les potentialités - mais les parents ne
peuvent pas décider de ce qu’il fera ou ne fera pas. Les parents sont des
jardiniers, pas des créateurs.
On prend un monde qui existe déjà sans nous
Ex : La politique c’est pareil que la morale particulière (le peuple
français fera ça – impossible parce que c’est un peuple qui a une histoire, des
humeurs ; le gouvernement pourra orienter, persuader mais il ne crée pas
et doit tenir compte de ce qu’est le peuple)
Homme politique n’est que le gardien de cette individualité, elle lui
survivra.
Poiésis : la poésie – consiste à façonner quelque chose. Ex : le
poète écrit un poème. Il ne fait pas quelque chose à partir de rien (il
faudrait être Dieu) : on a besoin du papier, et l’imagination est nourrie
de notre passé ; néanmoins on fait quelque chose de nouveau (n’existait
pas auparavant)
« création »
Chaque fois que l’on veut transposer la poiésis dans la pratique on crée
une forme de terreur. Ex : une fleur dans un mauvais sol, elle
mourra ; un enfant obligé de faire une filière, cette personne sera pleine
de ressentiment toute sa vie ; un homme politique qui voudrait façonner
son peuple, impossibilité.
Comment la morale et la politique ont subi des tentatives de
suppression ?
Pourquoi elles existent ? Il y a des caractéristiques pour tous les
humains, dans tous les temps ; les humains ont des similitudes. On estime
que les humains ne sont plus des singes dès lors qu’ils enterrent leurs morts.
Les rites funéraires : des singes évolués qui pensent à la mort (fleurs,
cape en queues d’écureuil) - la personne
décédée était déjà quelqu’un, un individu singulier, c’est tout un monde qui
meurt avec lui (pour les singes, c’est simplement un membre).
Les hommes apparaissent comme étant des hommes dès lors qu’ils se posent un
certain nombre de question – cela donne lieu aux questions/réponses
religieuses ; on s’aperçoit que les hommes dans tous les temps et culture
se posent les questions :
de la mort et de la recherche de
l’immortalité. Néanmoins les réponses sont multiples : religieuses,
sagesses…
comme celle du bien et du mal, les réponses sont également multiples –
question morale.
Autorité/liberté : antinomie politique – réponses : politiques
diverses selon les cultures. L’humain est toujours le même parce qu’il se pose
la question, mais les cultures sont différentes en fonction de la réponse
apportée.
Toutes ces questions font que l’on appartienne à la même espèce.
Par conséquent, on voit qu’il y a des structures de l’être au monde
(l’homme qui est dans le monde). La morale et la politiques sont des
structures, des modes d’être des hommes de tous les temps. Chacun de ces
paradoxes engendrent une activité spécifique. Est arrivé un moment, au XIXe, où
l’on pose la question : est-ce que l’on pourrait se passer de ces
questions ? Ne pourrait-on pas dépasser ces questions
morales/politiques ? Parce que finalement on s’aperçoit que ces questions
nous rendent malheureux (bien/mal ; autorité/liberté). On essaie donc de
les abolir.
La politique :
courants qui essaient d’abolir la politique (hors anarchisme : critique de
l’autorité, et une compassion pour l’humanité, mais n’apporte pas de solution
de rechange – n’est là que pour détruire). Ces théories vont annoncer une
organisation de la société sans gouvernement/sans autorité gouvernante :
Le marxisme : on parvient à détruire l’autorité
politique en la rendant historique. Chez les occidentaux ont voit le temps de
manière linéaire et dans une optique de progrès. Les questions du début du
monde se sont poursuivis (religieuse, politique) ; mais avec Rousseau et
Marx, les questions politiques, religieuses sont apparus à un moment
donné ; les peuples primitifs ne connaissaient pas la forme du
gouvernement. Depuis ce moment t, les peuples vivent sous un gouvernement. Puisque ces questions sont apparues, elles
peuvent disparaitre.
Si on historicise la politique (son apparition est historique), alors elle
peut aussi disparaitre par l’histoire.
Engels : Les
origines de la famille, de la propriété privée, et de l’Etat : la
famille est un phénomène apparu, ainsi que la propriété privée, et l’Etat. Par
conséquent ils peuvent être des phénomènes disparus.
Les marxistes pensent que le gouvernement est apparu du fait de conditions
historiques, notamment la lutte de classes (valables pour l’antiquité – entre
les propriétaires, et les personnes endettées ; entre les patriciens et
les plébéiens)
Ce sont les luttes de classe qui engendrent les gouvernements, parce que la
classe dominante pour mieux dominer doit saisir le pouvoir. Si on supprime les
classes, on supprime de fait le gouvernement.
En URSS : mettre la bourgeoisie hors d’état de nuire (prison, mort)
pour que le pouvoir s’éteigne de lui-même
Le pouvoir, lorsqu’il dépend d’une circonstance, devient un phénomène
aléatoire/contingent.
Le libéralisme : s’attache à détruire l’Etat. Toujours une
linéarité culturelle. Gouvernement dès
le début, et plus les hommes deviennent civilisés, le gouvernement devient de
moins en moins utiles jusqu’au jour où les hommes deviendront si responsables
que le gouvernement ne sera plus nécessaire. Ex : Proudhon. On parle de
sociétés dans l’enfance. Fichte : bientôt lorsque les allemands seraient
très responsables, on aura une société sans prisons, sans asiles de charité –
plus de délinquants, plus pauvres.
EPIC FAIL pour les deux – les Etats/gouvernements n’ont jamais disparu
surtout dans les pays communistes, souvent ils sont même souvent devenus autoritaires,
voire totalitaires.
La morale – quelque
chose d’assez analogue.
D’abord la tentative de Rousseau,
qui essaie de passer en dessous du bien et du mal. Rousseau raconte l’histoire
de ces peuples primitifs avant l’apparition du bien et du mal (pas de jalousie,
ou d’instinct de propriété et donc pas de culpabilité). Ils vivent sans
distance avec le monde, n’ont pas encore de langage, de culture, et par
conséquent de morale. De ces descriptions on peut dire deux choses :
Rousseau invente et les êtres humains qu’ils décrient ressemblent davantage
soient à des animaux sophistiqués, soient à des idiots du village (êtres sans
pensée, sans conscience – or jamais un homme est sans conscience). Rousseau
considère que la morale est une dénaturation (théorie de la décadence : ce
qui était bien c’était avant), par conséquent on devrait pouvoir sans passer.
RQ : à notre époque encore – il y a beaucoup de traces de cette
théorie. Idée du Bon Sauvage.
Nietzsche : dans les civilisations jusqu’au XIXe on a
l’idée d’un Bien absolu. Nietzsche supprime cela, et utilise le mot valeur en
morale – il y a une multitude de valeur pour chaque individu ; et par
conséquent elles sont subjectives puisqu’elle dépende de mot (question de
goût). SI chacun à sa valeur, et donc tout ce que j’ai choisi c’est bien ;
et donc plus de question de Bien/Mal et la morale est dynamitée.
Ces tentatives sont multiples pour essayer d’effacer la politique et la
morale au XIXe jusqu’au milieu du XXe ; c’est aujourd’hui seulement que
l’on peut répondre à la question de savoir le devenir de ces tentatives parce
que l’on a le recul du temps. L’histoire nous apprend quelque chose, on doit en
tirer des leçons. C’est l’histoire qui nous apprend que lorsqu’on essaie de
nier une structure essentielle comme la morale et la politique, et bien cette
structure parce qu’elle est essentielle réapparait sous forme de marché noir.
Marché noir – en éco : l’interdiction des échanges donne une économie
souterraine. La denrée qui suscite un
marché noir est essentielle (idem pour les structures/concepts) ;
l’homme ne peut s’en passer.
Pendant ces deux siècles, si on refuse l’instance gouvernementale, on a
finalement un gouvernement totalitaire, qui se développe par un mécanisme
d’indifférence (l’Etat est alors sans règles, et n’a plus de limitations –
développement anarchique puisqu’il n’y a plus de droit et de règles – forme du
marché noir qui marche dans le chaos et l’injustice).
Ex : travail au noir – sans règles, hors la loi – le fort gagne
toujours sur le faible.
Lorsque l’on voit ce qui s’est passé après la tentative de dissolution, on
peut dire que la morale et la politique sont enracinées en l’humain ; il
serait mieux de les reconnaitre, essayer de les connaitre, de les maitriser, de
réfléchir sur leurs manifestions les plus convenables plutôt que de les
supprimer (éviter les gouvernements pourris).
Aristote – homme est un animal politique.
II.
L’invention de la
politique – le citoyen
La politique est un gouvernement spécifique qui apparait en occident. A
toute société il faut un gouvernement pour survivre au chaos. Chaos* : l’empire des bandes errantes qui volent
le plus faible. Le gouvernement doit faire en sorte que la justice règne.
L’espace géographique/temps de l’histoire à il n’y a pratiquement pas eu de sociétés sans
autorité gouvernante. Il n’y a que quelques cas :
Organisation esquimaux ancienne : les esquimaux n’avaient pas encore
vu les Canadiens ; vivent dans igloos, n’ont pas de bras armés (pas la
sanction de la force qui caractérise nos gouvernement), n’ont pas de chefs
au-dessus des chefs de famille. Se gouvernent par consensus. Lorsqu’il y a un
délinquant, ils remplacent la force de la police par l’ironie- on
ostracise : on le pousse dehors – le climat lui-même fait office de
prison. Punition par l’ostracisme valable aussi pour les peuples vivant dans la
jungle.
Islande – cas atypique. Norvégiens/Suédois avaient des rois veilleurs de
mémoire, et inaptes au gouvernement, les assemblées faisaient la loi. Un roi a
voulu prendre le pouvoir, les propriétaires (paysans juristes) sont partis pour
toujours en colonisant l’Islande (XIIe), et ont décidé d’une société sans
gouvernement avec des assemblées sans chef où tout se décidait au consensus
(toujours dans l’île de Man). Finalement lorsque c’est une assemblée se réunit
et joue l’avenir de la communauté au consensus, il y a toujours un individu qui
sait parler/rire/fort influence les autres – gouvernement charismatique.
Exceptions rares, toutes les sociétés ont un gouvernement. Mais les Grecs
anciens ont inventé la politique. C’est une catégorie particulière de
gouvernement.
Qu’est-ce que la politique ?
Le gouvernement c’est l’activité liée à l’organisation d’un groupe humain
rassemblé ; la politique est, d’après Aristote, l’art de gouverner des
hommes libres. C’est une contradiction dans les termes, puisque lorsque l’on
gouverne ils cessent d’être libres ; et si libres on refuse d’être
gouvernés. C’est la raison d’être de la politique.
Les Grecs introduisent la réflexion morale sur le bonheur individuel
(càd : j’ai envie d’être libre) ; ils disent qu’ils ont besoin d’être
gouvernés tout en étant libres. Distinction entre l’autorité et la liberté –
c’est chez les Grecs que la liberté s’exprime avec autant de force. Le maintien
des deux termes ensemble donne la démocratie.
Dans le texte : dispute sur le sel et le fer – questions politiques en
Chine au Ier siècle avant JC. Empereur Xiao jeune (13 ans) – la question de
l’époque : dénationaliser le sel et le fer ? Xiao sait qu’il est
incapable de répondre lui-même, avec ses assistants il appelle : les
ministres (ceux qui gouvernent) et les mandarins de toutes les provinces (ceux
du terrain). Les ministres veulent garder la nationalisation (justice, moins de
profit), et les mandarins souhaitent dénationaliser (plus de transparence,
moins de fonctionnaires). Les deux parties se posent la même question :
comme fortifier l’Etat ? Comment rendre les sujets plus laborieux ?
Quel système est le plus vertueux ? le plus efficace ? à Questions pragmatiques : les deux parties s’entendent sur une parole
du grand secrétaire : « le fils du ciel est le père et la mère du peuple
et celui ne songe à le servir comme son esclave » - le gouvernement a pour
but d’éviter l’anarchie et de rendre les sujets vertueux.
Chez les Grecs – qu’est-ce que le pouvoir ? Nécessaire ? Pouvoir
pour rendre heureux ? Qu’est-ce que le bonheur ? Le pouvoir pour
organiser la liberté ou l’égalité ? Doit-on agrandir la puissance ?
Le régime idéal ? Le meilleur régime possible ? Est-ce que le
possible ne varie pas avec le temps ?
-à questions bien loin des préoccupations chinoises.
Questions qui engagent les Grecs dans la création d’un gouvernement différent
des précédents : la politique (Finley : la politique est une des
activités humaines les moins répandues dans la modernité humaine).
Comment est inventée la politique ?
Discussion entre Platon et Aristote : relations intellectuelles, et
affectueuses (Aristote perd son père jeune donc vie à étudier à Athènes, et
Platon comme père de substitution) : rapidement l’élève à dépasser le
maitre (Platon était heureux). Au début des écrits d’Aristote, il critique le
maitre.
Platon : la politique est une activité de berger –
paitre les hommes : les sujets étaient qualitativement différents du chef
(berger : absolument légitimé à mener les brebis), différences de nature.
Le chef connait le bien de ses sujets mieux qu’eux (paternalisme) ; les
chefs savent tout (parallèle avec la médecine). Le chef est une personne
éclairée qui peut gouverner sans expliquer à despotisme
éclairé (ex : la technocratie).
Finalement avec Platon on est dans l’économie (pas dans la politique) :
la loi de la maison appliqué par le chef de famille. Platon identifie la
politique à une économie.
Mais Aristote dit que la cité
(polis) a une différence de nature avec la famille (oixos).
Ils créeront alors deux courants. Il existe une différence entre l'oixos
(la maison) et polis (la cité, la société, endroit dans lequel il y a un
certain nombre de familles et métiers différents.)
Oixos* :
on parle de grande maison à cette époque grecque où il y a le père, la mère,
les grands parents, les oncles...les domestiques...donc facilement 50
personnes. Le père gouverne, il a tout le pouvoir, car tous les autres sont de
nature à lui être inférieur.
Oixos, donne le mot en français économique = système dans lequel celui qui gouverne est supérieur par un certain nombre de qualités
objectives.
Platon donne l'exemple du médecin, dont la compétence est objective. De
même que dans un bateau, le capitaine ne fera pas voter les mousses en cas de
tempête pour savoir ce qu'il faut faire. à Les gens ne sont pas égaux
dans la compétence.
La polis* donne en français la politique. Aristote rajoute le fait que l'on fait confiance
à ceux qui savent. Mais l'oixos et la polis sont marquées par une différence
de nature. Au contraire pour Platon, il n'y a pas de différence de nature.
Aristote → dans l'oixos il y a des gens inégaux, donc il
est normal qu'ils se gouvernent mais dans la polis les gens sont égaux (ils
parlent alors des 10% de citoyens), il ne dit pas qu'ils sont égaux en
intelligence ou autre qualité mais égaux
dans la capacité à gérer la cité comme ils sont égaux à gérer leurs
affaires personnelles.
Les citoyens sont tous égaux dans la capacité à choisir un conjoint avec
lequel ils vont vivre, choisir leur destin, et donc choisir le destin de la
collectivité ie s'il faut se battre ou collaborer à C'est
là-dessus que se fonde le régime démocratique.
Les fondements de la démocratie se développent alors à la fin du Vème av JC et début du IVème.
Pour lui, s'il existait un homme qui soit supérieur en nature, capable de découvrir notre destin mieux que nous, alors nous serions heureux de le couronner mais cet homme n'existe pas.
Pour lui, s'il existait un homme qui soit supérieur en nature, capable de découvrir notre destin mieux que nous, alors nous serions heureux de le couronner mais cet homme n'existe pas.
La définition de la politique* :
appréciation de la capacité humaine, on pense que tout le monde peut décider de
son destin (ce n'est pas à l'Etat de marier les gens).
Aristote pense que le pouvoir est dangereux car les humains ont la tête qui
tourne vite. Le pouvoir a tendance à faire perdre à quelqu'un son bon sens et
il ne sait plus qui il est. Aristote
pense alors que le pouvoir rend fou. Si on met un sage au pouvoir (ce
que veut faire Platon) il deviendra lui-même un fou. Il y a des exceptions bien sûr, comme Marc Aurèle,
sage au pouvoir qui est resté sage, mais qui pourtant n'a pas réussi à bien
élever son fils Comode.
Celui qui détient le pouvoir aura aussi tendance à en abuser
Selon lui le pouvoir n'est pas fait
pour un mortel, ce qui est paradoxal car il faut un pouvoir pour éviter la
loi du plus fort (celui qui est fort s'en sort toujours, donc les faibles en
pâtiraient).
Il faut alors partager le pouvoir et en donner à chacun.
La démocratie provient d'une sorte de réalisme sur l'homme, ses passions,
imperfections, inconséquences... La démocratie naît d'une manière de voir
l'humain, une vision spécifique à nos contrées.
Cette anthropologie s'établit au cours d'un raisonnement :
l'homme a besoin de gouvernement, l'homme a besoin de liberté, le pouvoir rend
l'homme fou donc il faut partager le pouvoir à d'où la démocratie.
Ce raisonnement est très occidental, en Chine, les syllogismes sont très
différents. Lee Kuan Yew explique d'ailleurs pourquoi les hommes ont besoin de
liberté.
La politique trouve naissance dans la distinction avec l'économique (polis/ oixos). On distingue alors l'économique
qui est une administration et le gouvernement de la cité qui est
politique.
Dans la démocratie on est dans le régime des opinions diverses.
La politeia, la politique va exprimer les débuts du régime démocratique. « Politique »,
comme concept spécifique émerge alors à une époque où il y a 10% d'hommes libres
et le reste d'esclaves, métèques, femmes et enfants.
L'homme libre apparaît dans l'antiquité grecque et latine avec Homer, qui est le 1er qui écrit
sur ces civilisations (IXe ou Xe ème siècle av JC), aussi chez les germains de
tacite (à l'époque du Christ), puis au Vème siècle ap JC à la démocratie apparaît dans des sociétés
esclavagistes où il y a encore 10% d'hommes libres, dans les sociétés
scandinaves.
Dans ces sociétés scandinaves, la personne libre*
(homme libre et paysan juriste) est considérée comme « heilige »
(sacro-saint), c’est-à-dire qu'il a une
dignité personnelle supérieure et personne ne peut violer son intégrité
physique ou morale, il est propriétaire de sa terre et maître de son destin.
Il est donc détenteur de la liberté personnelle.
La démocratie apparaît au moment où les
vikings descendent sur nos terres, c’est-à-dire en même temps que la montée
des premiers évêques en Scandinavie, au XIXème.
La société scandinave au Vème ne connaît pas la société grecque mais il y a
aussi, dans ces societies, des hommes libres maîtres de leur destin. Il existe
des assemblées scandinaves qui ont tout le pouvoir, càd exécutif, législatif,
judiciaire et administratif. Ils ont des rois mais ils sont faibles et leur
rôle est de veiller la mémoire. On pourrait les comparer au roi Ulysse. Ils
peuvent juger leur chef sans qu'il ne leur arrive quoi que ce soit (paysan
juriste).
Chez les incas, les sujets sont
égaux par exemple car l'autocrate ne veut pas d'aristocratie, d'élite. En
effet, L=les organisations autocratiques sont sans classes.
Le statut de l'homme libre engendre la démocratie, ce qui est un paradoxe
car c'est dans les systèmes esclavagistes que le démocratie prend pied. C'est à
partir de ce statut d'homme libre que nait la démocratie et que leurs
droits vont s'étendre.
A Rome les plébéiens vont acquérir des droits de vote, des gens vont
devenir citoyens qui vivent dans l'empire en 212 ap JC, Caligula donne le
statut de citoyen à tous les hommes de l'empire (Turquie, Tunisie, Algérie
actuelles...etc).à Ce statut
n'arrête pas de s'étendre.
Au XIXe quand la démocratie est redécouverte, on a donné le droit de vote
censitaire, ie on devait avoir une certaine fortune pour voter. Donc pour
étendre le vote, cela a pris du temps.
Aussi, le droit des femmes date de 1920 (Pologne), la France, pays bcp plus
républicain que démocratique (droit de vote dans les années 50 pour les
femmes). Sous VGA, l'âge pour voter est passé de 21 ans à 18 ans.
L’actuelle discussion pour donner la nationalité à des étrangers, ce qui
serait encore un élargissement de ce statut d’homme libre.
D'une manière générale le cercle des hommes libres, qui votent, augmente
mais il y a tout de même des retours en
arrière :
-
en Islande au XIIe, il a eu un glissement de
la démocratie vers l'oligarchie (on réduit le nombre de personnes qui votent).
-
Il s'est
passé la même chose en Serbie.
-
République de
Venise (créée par des paysans italiotes qui ont vu arriver des cavaliers
lombards de Germanie, ils ont alors pris des bateaux, ont colonisé les iles
proches et y sont restés, il y ont crée la république de Venise où ils sont
devenus commerçants)→ république qui dure 10 siècles jusqu'au jour où Napoléon
l'a rayé de la carte lui retirant l'autonomie. Les pouvoirs avaient été donnés
à tous mais a dégénéré en oligarchie.
Mais ces cas ne sont que des exceptions.
Cet accroissement de gens qui vont voter s'accompagne du développement de l'éducation.
Celui qui gouverne, qui est élu, n'a pas envie de se faire reconnaître par
les imbéciles. On passe alors des siècles à éduquer les gens pour qu'il se
fasse reconnaître par des gens capables.
Le citoyen est celui qui n'a pas de maître. L'homme libre n'a pas de maître, il est libre de son destin et de son destin commun.
La démocratie s'exprime dans le
régime des assemblées. Les assemblées vont évoluer vers des formes de
partage du pouvoir ; la liberté va se rationaliser, s'institutionnaliser. Un
citoyen peut institutionnaliser sa liberté.
Il est défini par rapport à un sujet, ie quelqu'un qui obéit. Le citoyen
est libre de la façon où il est autonome,
il se donne sa propre loi, mais il
n'est pas indépendant (absence de loi). Il est à la fois libre et gouverné. Autonome
et dépendant. Le citoyen jouit de tous ses droits : sa vie privée, son
avenir (ne veut pas dire faire n'importe quoi) et sa propriété.
Nous sommes libres car nous
obéissons par contrats, contrats qui sont limités dans le contenu et dans
le temps. Chaque gouvernement dit ce qu'il va faire.
Notre conscience nous porte à croire que le jour où l'ordre est vraiment injuste
alors on peut désobéir, on peut alors être Antigone (qui a payé très cher sa
désobéissance). Si nous obéissons on le fait pour la protection, autrement dit
pour accroître notre liberté.
Le pouvoir est celui auquel on enlève de la liberté que s'il y consent.
Thucydide, Hérodote, Ibnkhaldoun → ce sont les 3 inventeurs de l'Histoire.
Thucydide, dans les 420 doit raconter la guerre du Péloponnèse → Athènes est
assiégée par Sparte, les athéniens mangent les rats, la peste se déclare.
Périclès fait un discours aux Athéniens vantant les mérites de la démocratie
athénienne. Dans son éloge il dit que nous sommes tous égaux devant la loi, nous avons tous le devoir de faire de la
politique. Le citoyen est celui auquel la cité
importe.
III.
La valeur de la dignité
Etre digne* = qui a une valeur en soi (qui
n'est pas apportée par l'extérieur). Par exemple, si on a un fauteuil Louis
XIII, il a une valeur importante quand tout le monde veut l'acheter mais dans
un état de siège on peut aussi s'en servir pour faire du feu. Les objets
changent de valeur selon les circonstances, ils ont un prix, les choses sont
interchangeables.
Une personne n'a pas de prix, elle a une valeur. On ne l'échange pas (si on considère que la
personne a une dignité).
Cette idée de dignité humaine est rare pour une époque qui a vécu beaucoup
de déshumanisation.
Idée de dignité résume la pensée des droits de l'homme et remonte bien
avant. Elle part des origines de la pensée occidentale, on la trouve depuis
l'antiquité grecque, de façon flottante. Elle prend racine dans la bible puis
dans le nouveau testament. Dieu : « Qui est l'homme pour que tu penses à lui ? »).
Filiation entre l'homme et autre chose dans la Grèce. Oedipe avait couché avec
sa mère et tué son père –> on lui enlèvera alors tout ce qu'il a :
«maintenant que je ne suis plus rien je suis un homme». à L’idée de dignité est déjà pressentie chez les
grecs.
Dignité est une idée très présente dans notre société et va ressortir. On a
le sentiment qu'on ne devrait pas traiter les hommes comme ça. Idée de dignité
de l'homme est conceptualisée et fondée dans la philosophie juive puis
chrétienne.
Apparaît dans la loi que Moise reçoit au mont Sinaï : on voit apparaître le
respect dû à l'autre qui est censé représenter un fait, ie il est écrit que les
humains sont intrinsèquement dignes à réalité ontologique (d'essence). La démarche va s'oublier mais l'idée de
dignité va rester.
Mais on paraît de moins en moins facile de bien à la justifier car elle
l'était par une divinité. Le mythe engendre donc la dignité de l'homme, mais
arrive un moment où la croyance s'efface, dans ce nouveau cas la dignité n'a
plus de justification, sauf qu'on y tient.
C’est pourquoi des philosophes instaurent des concepts, par exemple
l'autonomie (Kant), on essaie de remplacer la parole divine par des caractères
humains.
La Déclaration d’indépendanc Américaine parle de «self evident» - le socle
religieux est remplacé par un socle naturel à La démarche métaphysique remplacée par une
démarche juridique donc.
Dignité intrinsèque se justifie car l'homme est sensé participer à qqch qui lui confère une valeur, il est digne
car il tient sa valeur de Dieu. Il vaut
par ce qu'il représente et non pas par ce qu'il est. Quel que soit la
fonction de l'individu on essaie de le considérer comme un homme.
L’odée de dignité passe par l'idée
de représentation. L'humain n'est pas utile, il désigne, il signifie (autre
chose que lui), il porte une grandeur.
L’idée de dignité est mystérieuse et menacée. Il est important d'accepter l’existence d’un mystère, il faut penser que l'homme est
différent des autres créatures. Mais, la question se pose: sommes nous encore
différents des autres creatures ?
La dignité doit rester inaliénable, rien ne doit pouvoir la remettre en cause.
La dignité - on est enraciné dans quelque chose d'intrinsèque, quelque
chose qui fait qu'on est identique dans nous même à travers le temps. Cette
identité prend le nom de personne, de substance.
On estime que l'homme est digne même s'il a tout perdu (sa raison, son nom, sa lucidité, sa capacité
d'amour)
Il semble que si on veut que les humains soient dignes, il faut qu’il reste
en eux une part de mystère, une part que l’on ne comprend pas. Sinon on ne
pourra jamais défendre cette idée de respect, idée qui traverse notre culture
(même si pas respectée). C’est l’idée de dignité humaine qui a permet
l’abolition de l’esclavage (pas partout dans le monde : les pays des
Golfe, les hommes appartiennent à d’autres – plaques).
Si on dit que l’humaine est un mystère, cela veut dire que ce n’est pas un
problème (un problème se résout), il ne se résout pas ; il reste un nœud
sans réponse, c’est de ça que la dignité découle.
La dignité égale pour tous les autres êtres humains – égaux dans le respect
qu’on leur doit. C’est une vision de l’homme qui est culturelle (en occident),
mais ça ne veut pas dire que c’est la vérité incarnée de l’humain.
A partir de l’idée que l’homme est digne, on part du principe qu’il est
autonome et responsable, les deux étant associés.
IV.
Autonomie et
responsabilité
Différence auto-nomie(=je me donnes une loi à moi-même) et in-dépendant
(=je ne dépends de rien). Il est probable que nous sommes jamais indépendants
(on dépend des affections). La notion de personna (latin) vient du mot masque,
parce que chaque masque est singulier dans la comédie romaine. Dire que nous
sommes des personnes, signifie que nous sommes tous uniques, et particuliers.
Les jumeaux homozygotes – ont les mêmes gènes - mais très vite, ils ont deux
histoires différentes culturelles et finalement deviennent assez
différents ; nous sommes nos chromosomes mais aussi une histoire. à Chacun est un monde en soi ; monde plein de sentiments, d’affections,
de détestation… Et ce monde n’est pas visible de partout (image de l’iceberg).
Chacun possède des capacités pour l’aventure de l’existence. Nous ne sommes pas
les membres d’un grand corps, nous ne sommes pas les feuilles d’un arbre – une
feuille ne vit que par l’arbre ; mais pour nous on peut être séparé et
continuer à vivre, capable de vivre ailleurs (changement de vie, de continent,
de métier, de langue…). Cette théorie est la thèse de la société de l’autonomie
voire de la société individualiste. Chacun est unique et irremplaçable, et
chacun est capable de porter son propre monde.
C’est de cette conviction que vont sortir les droits de l’homme. A partir
de cette idée de personne, se développe l’idée de liberté, et de
responsabilité. La liberté ne signifie pas de faire n’importe quoi ; elle
signifie choisir ce dont je serais responsable.
Ex : Gide – la liberté pure : un jeune homme dans un train dans
les années 50, et il y a un homme qui est adossé contre la porte. Ce jeune
homme se dit que s’il s’amusait à appuyer sur le bouton pour que la porte
s’ouvre – et serait un acte de liberté absolue : n’a aucune raison de le
faire.
à La liberté* ça signifie avoir la capacité
de choisir ce que je vais faire et dont je serais responsable (- le choix de ma
responsabilité). Une personne c’est un acteur, au sens où il agit
(action* : commencer quelque chose). A partir du moment où l’on initie cet
acte, cet acte fait partie de notre être, il nous modèle.
Cette idée s’est développée au fil des siècles. A une époque,
l’identification d’un jeune homme était liée à celle de son père ;
aujourd’hui dans une société individualiste et d’autonomie, l’identification
est relative à son acte propre, et non pas à sa filiation.
Comment cette priorité de l’acte s’est développé : la dignité
intrinsèque de l’homme exige que chaque individu puisse déployer son être
propre ; c’est-à-dire développer ses capacités, ses talents or le meilleur
moyen de développer ceux-ci c’est d’agir librement. SI l’on n’a pas accès à un
instrument, ou à l’opportunité de développer ces talents, alors on passe à côté
d’une personne. Tous doit développer un talent, parce que l’on part du principe
que les talents/capacités que nous avons sont dans un état embryonnaire dans
notre corps, et si elles sont développées elles peuvent devenir très
grandes. Devient grand avec l’usage,
encore faut-il que l’usage soit possible à déploiement de l’être cf : Jan Amos Komensky càd Comenius (protestant) :
il disait que tout le monde avait des capacités, et qu’il faut absolument les
développer – c’est un des premiers à demander d’envoyer les enfants handicapés
à l’école, tout comme les filles, idem pour les adultes puisque nous sommes des
créatures évolutives (il faut constamment se former).
Importance de l’acte pour développer ses capacités ; et l’acte est à
moi, les résultats et les conséquences sont donc aussi à moi. C’est ainsi que
dans ce continent occident/européen va se développer la propriété privée
(grecs/romains, dans les pays scandinaves, sous la féodalité) – ailleurs :
c’est l’Etat qui détient la propriété Asie/Egypte, ou commune (Afrique, groupes
de famille). Une propriété normale c’est là où le propriétaire fait des efforts
pour la faire fructifier.
L’éducation des enfants : prolongement de nos actions avant de devenir
une personne à part entière. Ils sont notre acte.
A partir du moment que l’on a liberté et dignité on a responsabilité –
répondre (même racine) : c’est moi. Nos actes ont des conséquences qui
m’appartiennent tout autant. Si je suis une personne cohérente, j’assume mes
actes (je ne suis pas une personne éphémère).
La responsabilité s’apprend, on se construit ; on commence par donner
de petites responsabilités. Très peu de choses sont innées dans l’individu.
Nous avons deux naissances : lorsque l’on sort du ventre de notre mère
(homonidé – grand singe), et lorsque nous apprenons un art de vivre (une
culture, une éducation) et nous devenons un homonisé. La culture ne s’oppose
pas à la nature, mais à la barbarie (contre les idées de Rousseau).
On peut dire que la liberté et la responsabilité sont les deux premières
valeurs humaines. La responsabilité marche avec la continuité de l’existence.
Existence structurée : lorsque l’on assume nos actes et paroles ; il
essaie d’aller au bout de ses promesses à cohérent ; la vie constituent des ensembles qui ne se contredisent
pas, réparent les dégâts qu’il a causé, et par conséquent il se définie par la
responsabilité, il répond de soi et de ses traces (parfois laissé via les
opinions).
Etre responsable, c’est épuisant. Accomplir c’est quelque chose de
difficile, la tentation est donc de se dégager de la responsabilité. Qu’est ce
qui insiste un individu a assumé la trace qu’il a laissé ? Probablement
l’idée de l’œuvre de l’existence, chacun a envie de regarder sa propre vie
comme une œuvre cohérente. Nous avons l’impression que la dislocation de la vie
est synonyme d’échec ; il y a donc une sorte de désir d’œuvre. Quand on
dit « je n’ai rien fait de ma vie » - ce n’est pas possible, mais on
le comprend dans le sens d’un ensemble d’actes qui ne paraissent pas cohérents.
On nous donne un espace de temps, blanc, et c’est à nous d’écrire, mais il
n’y a pas d’effaceur. Nous avons des rêves, et notre désir est d’être le maitre
de cette page blanche (pas subir). Idée que nous n’avons pas envie de créer du
chaos. Dans l’histoire d’une personne, l’idée d’une lutte contre un chaos
originel. L’homme structure et rend cohérent les choses. Les individus qui ont
du mal à devenir adultes parce qu’ils restent dans l’éparpillement, n’ont
jamais rien choisi. Cette structure est constamment précaire, elle bouge tout
le temps.
Ex : on rencontre toujours des éléments inconnus qu’il faut insérer
dans la structure connue. Fragments égarés, de nouvelles peurs…
Construire un monument : un projet, une aventure, un amour, une
amitié… En même temps que nous façonnons une œuvre, l’œuvre nous façonne.
Chacun devient ce qu’il est au fur et à mesure qu’il agit – cette œuvre de
l’existence exprime un destin (pas au sens de fatalité), une histoire qui
signifie quelque chose pour nous.
Psychanalyste – Szondi : toutes les maladies mentales sont des
maladies du destin ; elles sont une privation de sens de l’histoire
personnelle.
V.
La banalité du mal
L’effacement de la croyance religieuse (péché originel) + deux
totalitarismes au XXe siècle ont déployé le mal de façon exponentielle. La
question : qu’est-ce que c’est ? Sidération, qu’est-ce qui nous est
arrivé (se poursuit dans d’autres pays) ? Se poser la question en dehors
du péché originel ; il faut utiliser un autre argument, et réfléchir
autrement.
Deux auteures : Simone
Weil, et Hannah Arendt ont analysé le mal, à l’époque du nazisme, les deux
juives (pas être juif pour comprendre l’étendue du mal), l’une et l’autre ont
parlé de la banalité du mal. Deux
personnes très différentes mais très proches parce qu’il y a une irruption dans
leur vie et leur chaire du nazisme, avec la persécution contre elles et leurs
famille.
Arendt est allemande, fait ses études de philo en All, et en 1933 se rend
contre de ce qui se passe et va rapidement partir se réfugier en France ;
elle est à ce moment-là marié à Anders (auteur). En France elle va être
internée dans un camp dans les Pyrénées (là où on met les Allemands), passe par
l’Espagne, et fuit aux EU (conférencière).
Weil est la fille d’un médecin et d’une femme très cultivée, un frère qui
va devenir à un mathématicien, éduqués dans une ambiance très studieuse. Elle
est une pure intellectuelle, elle va avoir des engagements syndicaux, sociaux
(va essayer de travailler à l’usine, dans les champs, dans la guerre d’Espagne à échecs, très empotées). Personne très aérien
(contrairement à Arendt qui est une fille extrêmement moderne).
L’histoire de la compréhension du mal évolue avec les concepts. Leur
problème est de savoir qu’est-ce que c’est que ce mal – le nazisme ?
Arendt va avoir l’impression que c’est l’irruption du diable dans l’histoire
des hommes. La grande différence entre les deux au départ, elles ne vont pas
comprendre le mal extrême du nazisme par la même appréhension. Elles
s’accordent pour dire que c’est un mal extrême (pas encore l’époque des camps
de concentration) - 1934-1935 : les
enfants handicapés sont emmenés dans les bois pour être tués avec une piqûre de
lethal, on se doute de quelque chose, les enquêteurs disparaissent… On appelle
ça le Mal : on ne fait pas ça chez nous, surtout quand c’est un système
qui le fait.
Arendt voit dans le nazisme le Mal absolu, la concrétisation du
diable ; tandis que Weil, dès le départ, affirme que le Mal absolu est en
dehors de l’Histoire (il n’y a pas de diable dans l’histoire). Pour Weil, les
horreurs hitlériennes ont déjà existés, à certains intervalles.
Les origines du totalitarisme (fini en 49) par Arendt, publié aux EU, et que
les français vont mettre 20 ans à traduire (pression des communistes). Dans ce
livre, elle parle de mal radical*. Radical peut dire deux choses différentes ;
Kant a écrit Sur le Mal radical dans la nature humaine : le mal est à
la racine, au fond il parlait du péché originel, c’est pour ça que l’on ne peut
pas s’en débarrassé, c’est un penchant naturel pour le mal à un mal qui
est aux racines. Ce qui ne veut pas dire que l’homme est mal ; puisque
l’homme a également un penchant pour le Bien, et la solidarité.
Arendt : radical =absolu.
Mal irréductible. Mal qui viendrait d’ailleurs.
Elle va décrire le nazisme et le communisme, les compare et dit que ce n’est
pas la même chose. Pour le nazisme, on a un mal inconnu auparavant, que l’on
n’a jamais vu sur la terre – mal absolu. Pour elle l’Union Soviétique n’a pas
développé un mal si radical.
« Le purgatoire est représenté par les camps de travail soviétiques,
l’enfer au sens littéral a été incarné par ce type de corps parfait réalisé par
les nazis, la vie a été organisée pour les plus grands tournants » -- elle
ne savait pas ce qui se passait en Union soviétique (les goulags étaient en
partie des camps d’extermination). Elle décrit l’enfer au sens littéral à expressions extrêmes ; ainsi elle décrit les
camps nazis comme une autre planète. Le mal extrême qui arrive au
concentrationnaire, fait de lui quelqu’un de superflu – on lui retire tout ce
qui construit un homme :
-
on lui retire
sa personne juridique (le passeport),
-
on abolie ses
droits élémentaires (à être traité convenablement),
-
on remplace
la personne juridique par le vestige ultime c’est-à-dire une catégorie
(groupe : le juif, l’opposant, l’homosexuel) – l’homme perd son identité
personnelle,
-
on efface la
personne morale ; on interdit le chagrin, et le souvenir : on les
sépare de leurs proches, les réprimande s’ils pleurent, on transforme les
victimes en criminels parce qu’on leur impose des choix impossibles [choisi un
de tes enfants à la mort, ou tous iront ; les forces à faire du mal à
leurs proches…]
-
on efface la
personnalité entière en finassant par rendre la victime consentante. On en
arrive à effacer la personne, on créer des zombies, des individus qui n’ont
plus de conscience personnelle qui ne savent plus qui ils sont à les hommes deviennent superflus.
RQ : les bourreaux sont aussi superflus que les victimes.
Lorsque l’on regarde la réalité de ces camps, on a une impression
d’irréalité – il y a une démence radicale (on ne comprend rien) – auteur :
Grossman, Vie et Destin :
histoire des juifs tués par les Serzan groupen (soldats à la retraite),
fusillés les juifs qui tombaient dans la fosse commune – une maman sachant ce
qui allait lui arriver, et que l’attente sera longue a préparé un biberon chaud
à la démence radicale. On voit des choses que l’on
aurait jamais pensé voir sur cette terre.
Arendt pense qu’il y a une différence de nature entre le crime nazi et tous
les crimes sur cette terre ; le visage concret du diable est apparu avec
ça. Elle va changer d’avis.
L’analyse de Weil est différente – elle parle plus du malheur que du mal.
Elle s’intéresse à l’homme souffrant ; elle considère que le mal est un
mystère, on ne le comprend pas, il n’a
pas de sens, on ne sait pas à quoi il sert. Elle pense qu’on ne peut pas
trouver une explication du mal, et ne peut pas trouver de représentation
exclusive. Le mal est banal au sens où il est radical, inscrit dans les
racines, et qu’il existe partout. Elle croit au péché originel (même si juive),
concept à la fois juif et chrétien. Le mal est dans le monde aussitôt que
l’homme existe, et ne veut pas dire que le mal n’est pas hiérarchisable. Il n’y
a pas sur terre un mal absolu. Les origines de l’hitlérisme (publié
après sa mort, et donc nommé post), elle compare l’empire d’Hitler et l’empire
romain – ce que fait Hitler, les romains le faisaient avant. Il faut se
rappeler de la manière dont se conduisaient les romains – Carthage :
proposaient de s’installer sur les terres, refus parce que peuple de la mer –
les romains sont arrivés en légions, on tuait tous les soldats, puis les
hommes, puis les femmes, puis les enfants, puis les nourrissons, puis les
chiens + de la chaux vive pour que plus rien ne pousse. Weil : voilà la
manière de faire de Hitler – pour elle, pas de différence de nature entre ce
que fait Hitler et d’autres crimes ; c’est juste un criminel comme un
autre à la banalité du mal, le mal est partout.
Arendt, proche de l’opinion commune, avait tendance à penser que le nazisme
était un mal métaphysique ; tandis que Weil pensait qu’il y a des
barbaries multiples, celle-ci étant particulièrement développée.
Arendt change d’avis, et rejoint Weil (après sa mort). Le tortionnaire
Eichmann (directeur de camps), homme calme et courtois, maison de fonction (à
200 mètres du camp), 5 enfants ; et la journée : il faisait tuer des
milliers de personnes. Avait échappé au procès de Nuremberg, en s’enfuyant en
Amérique latine. Il avait été découvert, et quelques allemands avaient décidé
de l’enlever (pas possibilité d’exflitration) pour le juger – procès à
Jérusalem dans les années 60. On décide qu’il faut un grand écrivain pour tenir
les minutes du procès, on demande à Arendt qui accepte. Observe Eichmann toute la
journée – au début elle n’écrit pas, Eichmann
à Jérusalem (sur la banalité du mal). Elle est étonnée par sa normalité, à
tel point que s’en était inquiétant.
Psychiatres ont garanti que cet homme n’était pas fou, et en le regardant
on ne pourrait n’imaginer que c’est un pervers sadique (volonté de faire
souffrir). Arendt écrit : il était évident pour tous que cet homme n’était
pas un monstre, mais en fait on ne pouvait s’empêcher que c’était un clown
(suscite la dérision, le mépris). Et en plus, Eichmann avait bien une
conscience, puisqu’il était révolté par le meurtre des juifs allemands.
Il n’avait pas l’intention de faire le mal puisqu’il n’avait aucune idée des
catégories du mal et du bien, parce qu’une seule norme comptait à ses
yeux : l’obéissance au chef – qui devenait la seule norme du bien
(Voegelin – Hitler et les Allemands).
Eichmann « Mon honneur est ma fidélité » - il ne comprenait pas
qu’on puisse lui reprocher sa loyauté, alors que cette loyauté est une vertu
–mais nous avons le devoir de nous rebeller contre un ordre injuste à l’ultime recours : la conscience
personnelle.
Ce qui était terrifiant : c’était un homme ordinaire. C’est à partir
de ce moment-là qu’elle va changer d’avis. Cette normalité était plus
terrifiante que les atrocités ; il était affolant de se rendre compte que
cet homme soit si normal après ce qu’il avait fait. C’est ainsi qu’elle écrit
dans Eichmann et la banalité du mal : elle est en train de découvrir
« l’impensable banalité du mal » - banal : arrive partout, chez
les gens normaux, ne vient pas d’un autre monde, n’est pas le produit de
quelque chose de monstrueux, il est chez nous.
Le but n’est pas d’innocenter les nazis, ce serait trop facile. Et en plus
banalité ne signifie pas insignifiance : un crime reste un crime.
Un mal absolu, séparé du monde, n’existe pas sur la terre. C’est-à-dire que
Eichmann n’est pas le Diable, comme le penser auparavant Arendt ; il est
un homme qui commet des crimes abominables. Le mal absolu n’existe pas
puisqu’on devrait le trouver chez Eichmann, or elle ne lui trouve rien de
diabolique ; s’il n’est pas là, il est nulle part.
Conclusion en forme de paradoxe : les actes étaient monstrueux mais
le/les responsable(s) étai(en)t tout à fait ordinaire, il n’est ni démoniaque
ni monstrueux.
Arendt se trouve devant l’incompréhension la plus grande – elle ne comprend
pas. Elle se joint à Weil, et replace le nazisme dans l’histoire des crimes
(avant : c’était nouveau) : la notion de génocide a existé avant chez
toute sorte de peuples. Il n’a pas de crime métaphysique, qui n’a jamais
existé. Dans l’avenir, on pourra être tenté d’exterminer les individus de
faible intelligence (« débile » au sens médical).
Son analyse qui change – et donc refuse d’identifier le coupable à son
crime : le coupable reste coupable ; dans une lettre à Scholem, elle
écrit « j’ai changé d’avis, je ne parle plus du mal radical ; le mal
n’est jamais radical/absolu, il est simplement extrême » -- à cette
époque, toute la communauté intellectuelle française (à 80% marxiste) l’injure,
jusqu’à dire qu’elle souhaite innocenter les nazis. Nouvel Obs, 26 oct 1966
« Hannah Arendt, est-elle nazie ? ».
A partir de là, elle va chercher à réconcilier son époque avec la notion de
ce mal qui se trouve partout alors que l’époque est manichéenne (soit bon, soit
mal).
Weil se livre à une autre analyse : elle essaie de comprendre comment
les individus tombent dans ce mal banal. Au cours de la guerre d’Espagne, elle
rencontre la banalité du mal. Elle écrit une lettre bouleversante, en 1938,
dans laquelle elle décrit ce qui la frappe càd l’indifférence qui accompagne le crime, la désinvolture qui
consiste à se détourner, on considère que ce n’est pas important. L’absence de
la conscience du mal. « Negligio » contraire de
« religio »- la négligence : l’absence de lien, défaire les
liens avec les autres/les crimes à tout le monde s’en fout.
Cette négligence n’est pas exceptionnelle, au contraire elle est partout.
Elle a interrogé un très grand nombre de combattants, et elle écrit « je
n’ai jamais vu personne exprimer, même dans l’intimité, de la répulsion, du
dégout ou même de la désapprobation à l’idée du sang inutilement versé ».
Elle en tire la conclusion qu’il y a une faiblesse terrible dans la
condition humaine – nous avons tous des
tendances à la barbarie : « sauf au prix d’un effort de
générosité aussi rare que le génie on est toujours barbare avec les
faibles » - quand quelqu’un est faible, on en profite pour l’enfoncer.
Nous sommes tous capables, d’écraser (même déguisé) des gens qui sont déjà
« un peu dans mouise ». Il faut donc affirmer avec vigueur,
contrairement aux pensées totalitaires (le mal est incarné entièrement dans un
groupe : racial (nazi), social (marxisme)), le mal est virtuel chez tous
(pourrait apparaitre).
Barbarie* :
comme caractère permanent et universel, qui se développe plus ou moins en
fonctions des circonstances. Comment pouvons-nous être capables de faire des
actes de barbaries ? Comment l’homme devient barbare ? Il le devient
sous la pression du groupe, lorsque l’individu est pris dans un groupe, le
groupe incite au crime, et le crime est associé au courage à maelström : où le sens des mots est changé.
Dans les époques de décadence (où les valeurs s’en vont), le sens des mots
change.
Ex : Tacite (Rome, Ie avt JC), et Thucydide (Grèce, Ve avt JC) :
la perfidie est considérée comme le courage. On innocente les plus grands
criminels, et ceux qui sont vertueux sont considérés comme des imbéciles.
Si le crime est associé au courage, l’individu va avoir énormément de mal à
résister. Il y a une ivresse à laquelle il est impossible de résister, sauf si
force d’âme qui permet de s’opposer à l’idée (elle ne l’a jamais rencontré) à un homme ordinaire peut commettre un crime par
soumission, ou appropriation fervente au groupe (on appartient, et on obéit,
parce-que nous sommes heureux d’être une part du groupe).
2 questions :
- - Comment/pourquoi
le groupe ordonne les crimes ? Les raisons de légitimité du mal ?
-
Il n’est pas
acceptable d’innocenter l’homme individuel, en disant que c’est le groupe qui a
tort. Ce n’est pas possible dans notre culture parce que nous croyons en la conscience
individuelle. Pourquoi est-ce que la conscience personnelle consent à rentrer
dans ce jeu pervers qui consiste à dire le crime c’est du courage ?
Le groupe peut être (Weil « L’apesanteur … ») :
-
Un système
càd une idéologie - ex : marxisme, nazisme
-
Un homme –
ex : Napoléon, Ceausescu, Staline
-
Une certitude
– ex : la science
Ces trois choses s’instaurent par-delà le bien et le mal – le groupe va
dire : c’est le bien et le mal s’aligne sur moi, c’est lui qui
décrète/définit le bien et le mal. Ce groupe décrète du bien et du mal à chaque
moment, donc ça peut changer. Quand il existe un groupe comme ça il remplace la
catégorie morale, il est par lui-même le bien. DANGER ! Le groupe (le gros
animal) prend la place de Dieu, comme s’il était un dieu collectif, descendu
sur terre, temporalisé, qui se prend
pour l’Absolu à pb :
l’Absolu n’est pas d’ici ; ici rien n’est absolu, tout est relatif et par
conséquent ce gros animal n’est qu’une caricature pitoyable et démente de
l’absolu. Par conséquent tout collectif qui refuse de se soumettre à une morale
extérieure, qui croit représenter le Bien à lui tout seul, est capable de faire
commettre des choses abominables sous ses ordres.
Le propre de l’idole, c’est de renverser la hiérarchie du bien et du
mal ; càd devenir soi-même le sacré ; mais comme le sacré ne peut
être mis qu’à la place de l’Absolu qui n’existe pas ici, l’instance humaine qui
se prend pour l’absolu est pathétique ! Celui qui sert ce gros animal fera
tout ce qu’on lui demande, et à lui rien ne parait mal sauf les défaillances du
service – fonctionnaire du mal. Le
gros animal a réussi à instaurer une sorte de manichéisme (bien/mal séparé)
dans un monde moral bariolé (Bien/Mal sont en contact, et jamais rien n’est
complètement clair – toujours des circonstances atténuantes). A partir du
moment que le gros animal s’est emparé de la morale, plus rien n’est questionné
(celui qui questionne perd sa place et la vie à dans les partis qui se voient comme le seul
bien).
Question : comment un homme ordinaire qui peut à tout moment devenir
Antigone, tombe-t-il dans ce piège grossier ? Comment le groupe annihile
la grandeur de la conscience ? ll réussi parce qu’il apporte des réponses
aux interrogations cruciales que nous nous posons tous – nous sommes tous dans
une inquiétude ; nous sommes
in-tranquilles parce que justement nous avons une conscience. La bête
collective arrive et prétend donner des réponses à tout ça (nous pensons pour
vous). Nous sommes finalement des êtres assez faibles du fait de notre
questionnement continu, nous cherchons le bien absolu (sans le trouver) ;
la bête collective se présente comme tel. Et donc l’individu comme un voyageur
fatigué, vient se coucher aux pieds de la bête. Cet abandon est humain, et
provient de l’impatience (étymologiquement : refuser de souffrir) à enfin
pouvoir se reposer et découvrir les réponses que nous cherchons.
Témoignages qui peuvent nous aider à comprendre les camps : en vivant
les mêmes expériences, on en vient à la même conclusion : « la ligne
de partage entre le bien et le mal ne partage ni les Etats ni les partis, mais
il partage tous les cœurs des hommes ». On ne peut pas dire que tous les
bourreaux sont tous des diables, et les internés tous des anges à Arendt et Weil ont lutté contre ce manichéisme.
Chapitre 2 Expressions politiques
I.
L’autorité
politique
L’autorité ne se confond pas avec la fonction du gouvernement.
Autorité : capacité à se faire obéir sans employer la force.
L’autorité ce n’est pas la force.
Des situations dans lesquelles : volonté d’obéir, c’est le cas de la
démocratie. Si ce n’est pas le cas, le système s’effondre – et devient
dictature. Même un dictateur est bien obligé de prendre en compte l’opinion
publique, on ne peut pas gouverner uniquement avec la police et la force ;
on ne peut pas mettre un policier derrière chaque personne. Il faut qu’un chef,
même violence, sauf capable de se faire obéir sans utiliser la force.
Dans les sociétés dites sans gouvernement, on s’aperçoit que finalement il y
a toujours un gouvernement qui a une grosse autorité. Dans les anciens Inuits,
société acéphale (sans tête) ; en Islande (assemblées pourtant certains
avaient l’ascendant : autorité naturelle [charisme, personnalité forte]).
Toutes ces structures suscitent le surgissement de personnalités fortes qui
vont avoir une autorité forte.
Même quand les institutions du pouvoir sont structurées, l’autorité joue un
rôle au-delà des structures. Périclès vivait dans un lieu si démocratique
qu’aucune charge n’était tenue par un seul homme (Athènes, Ve avt JC) – 5 à 10
consules pour chaque tache. Périclès s’était fait élire sur une charge unique,
sur laquelle il pouvait se faire réélire : le stratège – charge de guerre
(pas d’ordre contradictoire). Thucydide : l’Etat était gouverné par le
premier citoyen, Périclès, qui avait une autorité naturelle : « grâce
à l’estime qu’il inspirait, à son intelligence, à son évidente intégrité, avait
acquis l’autorité » ; mais il n’était pas un démagogue. Il avait
acquis une autorité par son propre talent, tout en restant sévère (sans essayer
de faire plaisir à tous) – dans les successeurs : personne n’avait son
talent à Périclès avait peu de pouvoir institutionnel
(démocratie) et pourtant avait beaucoup de pouvoir réel.
L’Autorité : profondément humain ; dès qu’il y a réunion, il y en
a toujours un qui prend l’autorité sur les autres. Chez les peuples les plus
diversifiés, on considère que le peuple doit accepter l’autorité du Prince
légal ; néanmoins on considère qu’il faut en plus une acceptation :
légitimité.
è Légalité (pouvoir juridique/officiel) + légitimité
(rituel d’acceptation)
Même quand le roi est considéré comme divin, on réclame l’acclamation du
peuple pour confirmer son pouvoir, c’est le rituel de légitimité.
Il arrive qu’au sein d’un gouvernement légal, les personnalités qui n’ont
pas les postes correspondant ont parfois plus de légitimité. Quel que soit la
force (police) détenue par le pouvoir, il faut que les gouvernés s’obligent
eux-mêmes à obéir. Pourquoi ? Nous voulons que la société fonctionne
(attachement), et puis parce que nous sentons chez le gouvernant une forme de
supériorité qui impose le respect.
Légitimité : fondements différents que ceux de la légalité. La
légalité, un pouvoir légal, repose sur le loi, sur la constitution, sur les
coutumes… on s’aperçoit que lorsqu’il y a révolution, on déstabilisation
politique, c’est qu’il y a un fossé entre la légalité et la légitimité. Le
pouvoir légal n’est plus un pouvoir légitime.
Ex : Louis XVI, sa bonhomie, sa collection de clé, était au pouvoir
parce que légal, mais pas légitimité à les français ont obéi à quelqu’un d’autre. Idem
pour la révolution russe de 1905-1917 : le tsar, Nicolas II était un homme
soucieux de sa famille, bon chrétien, au caractère faible, sympathique et par
conséquent n’avait aucune autorité.
Un pouvoir qui s’institue légalement doit s’appuyer aussi sur des
fondements légitimes, auquel cas il n’arrivera jamais à s’imposer.
Si on chercher les fondements de l’autorité politique, au sens de la
légitimité, on en revient aux catégories de Max Weber, Etat et Société ;
3 fondements de l’autorité politique :
-
La
paternité : le plus ancien
Le pouvoir politique est le pouvoir des chefs de famille qui vont devenir
chef de clan (famille élargie). Certains chefs de famille, les plus
charismatique, deviennent chef de village. On peut donc supposer
qu’historiquement, pouvoir politique et pouvoir paternel sont liés. Ce lien est
commode parce que le premier pb du
pouvoir politique c’est de durer : assurer à la société la durée. Il
ne faut pas s’imaginer que c’est la justice, la légalité… Dans les tribus
anciennes, la question de la durée est très importante parce qu’en proie à des
dangers immenses : des autres, de la famille, des épidémies… Le but d’un
pouvoir politique est de permettre à la société de survivre.
Cas de la monarchie – considéré comme un type de pouvoir prolongé à dynasties. Les individus sont considérés comme
les enfants, le pouvoir joue un rôle de père jusque dans la protection.
Paternalisme* : comportement de père de famille vis-à-vis des
adultes ; paternalismes sociaux/politiques.
L’autorité patriarcale : sévère, dure, contraignante.
Matriarcale : douce, affectueuse, distribue le bien être avec le système
de la carotte et pas du bâton.
Platon : autorité politique et autorité du père de famille c’est la
même chose. Pareil pour Dante, Rousseau, Lénine.
C’est la thèse de l’argumentation monarchiste ; mais aussi
l’argumentation comme la monarchie éclairée, et le despotisme éclairée. Chaque fois
que les autorités démocratiques fonctionnent mal des courants resurgissent avec
un pouvoir Paternalisme ; également lorsqu’il y a une pression de l’Orient
à le paternalisme : profondément occidental.
Cette définition de l’autorité politique écarte la situation personnelle,
la citoyenneté en général et qui évite le débat : le père face à des
enfants. Système qui est le contraire de la démocratie ; il a été l’unique
système pendant des siècles, et a encore aujourd’hui un avenir puisqu’il existe
dans un très grand nombre de pays.
-
Le
charisme : de tout temps
C’est un don, une grâce, un je-ne-sais-quoi qui fait que l’on veut
regarder, écouter, imiter ; c’est inné et pas acquis. On se rend compte
que ceux qui ont du charisme se font obéir naturellement. Fondement irrationnel
lié à la spécificité d’un personnage.
Personnages considérés comme envoyés par Dieu (Moïse) dans ces cas-là, le
chef n’est pas supérieur par ses qualités, mais il a quelque chose d’héroïque
(héro : mi-homme mi-dieu) ; ce sont des êtres mortels (homme), et ont
un courage/des qualités surhumaines. Les prophètes sont liés à un type
d’héroïsme. Ce quelque chose n’est pas définissable, il est impossible de lui
donner des caractéristiques. On le repère par ses conséquences : les
autres le reconnaissent – les autres l’écoutent, l’imitent.
Ex : le cynisme est au départ une philosophie (vient du grec : le
chien) – Diogène le cynique : SDF
qui injuriait les passants – il devait avoir une forme de charisme, puisqu’on
lui offre un autre tonneau ; vendu en esclavage pour dette, enchainé sur
une île, « je sais commander » - tu commanderas ma maison : les
enfants à éduquer, gérer la cuisine… Inventée ou pas ? Plus ou moins
vraie.
Gracian (auteur), le
Héros, « il se trouve en certaines personnes un ascendant, une
souveraineté naturelle qui impose, une assurance qui attire le respect ;
un homme comme tel fait plus avec un seul regard que les autres avec toutes
leurs capacités… » à le danger :
l’homme peut subjuguer, parfois pour de mauvaises raisons, sans que l’on
questionne ses décisions/ordres. D’où notre peur pour les sectes : sont
dirigés par des gourous qui ont un charisme et font ployer les volontés autour
d’eux ; en général ce sont des gens qui subjuguent sexuellement, donne des
ordres (suicides collectifs).
Il ne faut pas chercher à l’éliminer, mais le surveiller, notamment en ce
qui concerne ses conséquences possibles.
Il va subjuguer les autres par ses actes et paroles ; il a une
vocation pour la grandeur – veut accomplir des choses éclatantes, et arrive à
le faire croire à ses proches. Ex : les prophètes, personnages politiques
(César, Napoléon). Le charisme s’est
laïcisé : d’abord des religieux puis des laïcs (De Gaulle).
L’autorité politique via le charisme permet d’accomplir une œuvre trop
difficile à accomplir par un homme ordinaire (conquête, la liberté…). Les
époques ordinaires, où rien de grand ne se passe, sont des époques où l’on ne
connait pas de héros, non pas qu’ils n’existent pas, mais ne surgissent pas
parce que l’on n’a pas besoin d’eux.
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