Géopolitique de l'Asie pacifique 08 - 10 (cours 2)



Parmi les femmes de réconfort, il y a aussi eu des jeunes filles de réconfort.


Paragraphe à replacer dans le premier cours !
La religion est aussi très diverse en Asie avec la présence de l’Islam (surtout en Indonésie et en Malaisie), de l’Eglise catholique (principalement dans les Philippines, un peu en Indonésie, en Corée du Sud et au Vietnam) et du bouddhisme qu’on retrouve presque partout excepté dans la partie archipélagique. L’hindouisme est aussi influent mais surtout parce qu’il a fusionné avec le bouddhisme, on a donc des traces d’une influence indienne mais ces traces sont éparses et tout de même  moins visibles que le bouddhisme.


Dès le XV° siècle, la première grande vague d’émigration chinoise a lieu. La seconde vague se fit au XIX° siècle avec un mouvement de fuite desdits Chinois, qui a rencontré une demande de main d’œuvre de la part des colons occidentaux installés en Asie. Hors Asie, les principaux points de destination sont donc d’abord la Péninsule indochinoise (notamment la Thaïlande et le Vietnam), puis la Malaisie et l’Indonésie.

L’élément qui va faire si les émigrés chinois vont bien s’intégrer, c’est la religion. Si le bouddhisme est déjà présent, l’intégration est assez simple. En revanche, si le bouddhisme n’est pas présent, les intégrations seront plus lentes voire difficiles. En effet, le mariage est favorisé par la présence de la même religion. Ce n’est pas le seul facteur, mais cela joue aussi.
L’importance des flux est un autre facteur, il est plus simple d’intégrer une petite proportion d’immigrés, qu’une vaste vague. A Singapour, les migrants chinois seront plus de 80% et en Malaisie, ils s’élèvent à 25%. A l’opposé, on a peu de ces migrants en Indonésie ainsi qu’aux Philippines. En regardant à l’échelle des régions et non des pays, on voit quelques différences parfois importantes. En Malaisie, les Chinois sont implantés principalement vers Malacca. En Indonésie, ils sont concentrés sur l’île de Java, au Vietnam c’est autour de Saïgon et en Thaïlande, c’est sur Bangkok. A chaque fois, le lieu d’implantation est une zone d’activités importante.
Dans certains cas, l’intégration s’est assez mal passée allant parfois jusqu’à des conflits interethniques qui ont pu finir dans des bains de sang. Chaque période de difficultés économiques voit ressurgir ces conflits. Ainsi, en 1998, lors de la crise asiatique, l’Indonésie a vu revenir des vagues de conflits entre Indonésiens et Chinois.

Le deuxième mode d’influence de la Chine, c’est au travers de sa culture. Cette influence se ressent surtout dans l’Asie du Nord-Est, entre autres à travers l’écriture. Ainsi le Japon depuis son syllabaire et l’écriture chinoise a fait une synthèse pour acquérir son propre alphabet. Idem en Corée du Sud, où on utilise en parallèle le hangul et les caractères chinois (de moins en moins pour l’écriture chinoise ceci dit). Le Vietnam aussi a utilisé les caractères chinois fut une époque, mais aujourd’hui c’est l’alphabet latin et les Vietnamiens n’écrivent plus le Chinois.

On peut donc parler d’une aire très largement sinisée. Même si le Sud a plus une influence par les diasporas que le Nord.

     L’influence japonaise

L’influence du Japon s’est manifestée à travers l’histoire, mais principalement l’histoire récente. Ainsi, le Japon va se démarquer assez rapidement des autres pays de la région sous l’ère Meiji, durant laquelle le pays va se moderniser. Le Japon cherche donc à s’occidentaliser et on dit en général que le pays a « tourné le dos à l’Asie ». Le pays va vouloir rattraper son retard économique en passant par un interventionnisme d’Etat très fort (épargne forcée, politique industrielle déterminée par le gouvernement, …).  De grands groupes, au départ contrôlés par l’Etat, seront ensuite libéralisés, on parle des zaibatsus qui soutiennent l’économie japonaise. A cela, le pays se dote d’un système financier modern (système d’épargne postale, …) et recourt au savoir-faire étranger en agriculture, en construction navale et dans le domaine militaire.
Le Japon acquiert par tous ces moyens, une prospérité économique certaine à la fin du XIX° siècle. Ce pays devient ainsi, une puissance forte et incontournable dans la sphère asiatique.

En Chine, au même moment, la dynastie Qing est au pouvoir et tend à se replier sur elle-même, affaiblie qu’elle est par les puissances étrangères. L’épisode significatif de cet affaiblissement, ce sont les guerres de l’opium (Cours de M1 sur les guerres de l’opium : début et fin) en 1839 – 1842 puis en 1856 – 1860. Les puissances étrangères déterminent à la fin de la seconde guerre de l’opium les traités inégaux et se partagent le territoire chinois. Ils ouvrent ainsi des zones au commerce étranger, et le Royaume-Uni obtient par exemple, Hong-Kong.  Entre les deux guerres de l’opium, on a eu la révolte des Taiping (1851 – 1864), des membres d’une religion particulière qui se sont révoltés contre la politique de l’empereur avant d’être écrasés par les troupes britanniques et françaises.

Un pays se renforce, le second se délite. On va alors avoir des visées expansionnistes du Japon sur la Chine. Ainsi en 1875, l’empire du soleil levant met en route son armée et lance la première guerre sino-japonaise (1894 – 1895) qui aboutit au traité de Shimonoseki avec Formose (aujourd’hui Taïwan) qui passe aux mains du Japon. Suite à cet échec cuisant de la Chine et à l’occupation japonaise, la Chine voit se développer un mouvement xénophobe et nationaliste contre la présence étrangère en Chine, c’est la révolte des Boxers qui sera réprimée de manière sanglante. Cela fragilise définitivement la dynastie Qing et en 1911, cette dynastie tombe en même temps que son empereur Puyi. Dorénavant, c’est la République de Chine dirigée par Sun Yat-Sen.
Après ce changement de régime, le Japon décide d’envahir la Mandchourie en 1931, zone prospère et porte d’entrée facilement accessible pour le Japon. L’empereur japonais installe alors un gouvernement fantoche et crée la région du Mandchoukouo, dirigée par Puyi. S’en suit une deuxième guerre sino-japonaise en 1937, où la Japon est encore vainqueur. On notera les épisodes connus : la chute de Pékin, et le terrible sac de Nankin en décembre 1937. L’occupant va alors régulièrement faire des conquêtes de territoires en Chine, menaçant les possessions occidentales.
La Chine est sous le contrôle étranger de plusieurs pays. Parallèlement, le pays est divisé entre différentes factions : le Kuomintang et le Parti Communiste Chinois (PCC) apparu en 1921. En 1925, Tchang Kaï-Chek prend le relais de Sun Yat-Sen. En 1931, Mao Zedong va décider de créer une ??? puis face aux affrontements avec le Kuomintang va faire sa Grande Marche à travers le pays. Rappelons que pendant ce temps, le Japon continue de grignoter le pays.

De son coté, le Japon après le traité de Shimonoseki, décide de s’étendre encore davantage. Ainsi, le pays prend pied en 1905 sur la péninsule coréenne, plaçant la région sous protectorat du Japon avant d’être annexée en 1910. Il possède donc une grande zone de la péninsule coréenne à la Mandchourie. La Corée va surtout servir au Japon comme ressource dans l’effort de guerre en Asie (exploitation économique, japonisation de la région, …). Bien sur, des résistances très fortes auront lieu contre cette occupation, d’autant plus que le Japon avait sous-estimé cette annexion. Il semble que les Japonais considéraient les Coréens comme un peuple mou et veule, ayant ainsi tendance à les mépriser.
On va donc voir des expropriations massives des paysans coréens pour les bénéfices du Japon. Ce faisant, les Japonais font entrer de nouvelles techniques (culture d’hiver), de nouvelles cultures (riz), de nouvelles terres exploitables, … Mais même si ces nouveautés serviront aux Coréens par la suite, au moment de l’annexion, c’est uniquement pour l’usage japonais. Un fort exode rural aura donc lieu.
D’un point de vue industriel, le Japon va implanter de nouvelles infrastructures en Corée (routes, voies ferrées, ponts, tunnels, ports, …). On trouve aussi une hausse assez forte du nombre d’école installées par les Japonais. Bien entendu, le but n’est pas d’instruire les Coréens mais de détruire leur culture en imposant la culture japonaise. Enfin, les usines qui pullulent sous la présence japonaise, vont certes poser les bases d’une activité industrielle, mais dedans, les Coréens y sont traités comme des esclaves, parfois déportés vers le japon pour être utilisés dans les usines japonaises. On a aussi eu la pratique des « femmes de réconfort » pour les guerriers japonais.
A Taïwan, l’occupation japonaise fut un peu plus douce. Le Japon voulait faire de l’île une colonie modèle avec ses différences mais au service du Japon. Aujourd’hui les analyses coréennes et taïwanaises ne sont pas similaires sur la question de l’occupation japonaise.
Du coté de la résistance coréenne, on peut trouver deux groupes principaux de résistance. L’une de ses tendances est plutôt conservatrice, elle forme un gouvernement en exil sous l’égide de Synghman Rhee. Il s’installe dans la concession française de Shanghai avant de déclarer la guerre au Japon par ses intérêts et à l’Allemagne pour conserver ses bâtiments dans le quartier français. D’un autre côté, on a une résistance plus dans la révolte et dans le communisme avec Kim Il Sung, installé au Mandchoukouo et qui forme une sorte de guérilla en harcelant les Japonais qui occupent les territoires. Les deux leaders des deux Corée ont donc émergé durant cette période.

Sa seconde victoire contre la Chine pousse le Japon à s’étendre plus loin encore en Asie. A son paroxysme, le Japon possèdera l’ensemble du tiers Est de la Chine, plus la Corée, le Mandchoukouo et d’autres régions asiatiques. Ainsi, en 1942, le Japon possède toute l’Indochine, la  Birmanie, la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Cependant, certains pays sont colonisés par les Japonais, tandis que d’autres sont relativement libres même s’ils sont sous influence japonaise. La Thaïlande se démarquera comme le seul pays sous influence japonaise qui n’a jamais été colonisée. Pour les autres pays, le Japon les a bien colonisés progressivement en affichant un désir de rendre l’Asie aux Asiatiques. Sensibles à un tel slogan, les pays d’Asie préfèrent une colonisation japonaise à une colonisation européenne, et accueillent plutôt bien les Japonais. Ce fut de courte durée. L’occupation japonaise ne fut pas la même partout, puisque dans certaines zones les populations chinoises étaient très présentes et donc la répression japonaise fut proportionnée à la présence d’habitants chinois. Typiquement, Singapour a lourdement souffert des Japonais par la grande présence des Chinois mais aussi l’importance cruciale du détroit proche de Singapour. Idem en Malaisie.
Face à une répression de plus en plus sévère de l’occupation japonaise et à l’exploitation des populations et des ressources pour les seuls intérêts japonais, on va voir des résistances plus ou moins fortes et structurées se construire. Cela développe notamment des tendances communistes dans ces pays. Massacres et rejet des désirs japonais vont rester assez ancrés dans les esprits des populations asiatiques, d’autant plus, qu’il n’y a pas clairement eu d’excuses et de réconciliation dans ces affaires. D’où les conflits de mémoire réguliers dans cette partie du monde.

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