Ethique européenne 25 - 10 (cours 4)



La rencontre entre l'Arabie et les USA lors du Pacte de Quincy



Le sultan de Brunei a récemment déclaré que tout son État serait soumis à la loi islamique, la « charia ». Littéralement, la charia est un acte de législation. Cette loi condamne les infidèles, les mauvais Musulmans, les impies, … Au sommet de cette loi, on trouve la notion de guerre sainte contre les infidèles. La charia touche la loi mais aussi l’âme humaine (en marchant, en s’habillant, …). Dans la charia, on trouve aussi la loi du talion. Cela correspond souvent à la notion de « œil pour œil, dent pour dent ». La loi du talion régissait ainsi les peines pour limiter la sauvagerie. La guerre sainte prend aussi en compte cette notion de loi du talion. Aujourd’hui, l’application de la loi du talion semble un concept archaïque. Si le sultan de Brunei proclame la charia, il reste ménagé par les autres chefs d’État car ses possessions sont innombrables (dont le Ritz). L’Arabie Saoudite aussi applique la charia, mais le pays est soutenu depuis longtemps par les USA. Les USA, pays moderne le plus ancien, ont adoubés par alliance stratégique la nation la plus médiévale qui appliquait non seulement la charia mais réclamait certaines guerres saintes.
Si Roosevelt a rencontre El Saoud et a ainsi sceller l’alliance avec le pays lors d’un accord le Pacte de Quincy en février 1945. La terre saoudienne est alors exploitée par les USA pour une période de 60 ans, mais Saoud parvient à qualifier cette terre d’inaliénable. Du coup, si les Américains peuvent exploiter le pétrole, ils ne peuvent nullement exploiter la terre ou la posséder. Arrivé à terme, cet accord est revu par George W. Bush. Il savait que parmi les 17 terroristes du 11 septembre, 15 venait d’Arabie Saoudite, et que le roi soutenait tacitement cet attentat, sanctifiant la guerre menée par Ben Laden. Bush a donc prolongé le contrat en acceptant de ne pas s’en prendre à l’Arabie Saoudite. Il aurait pu ne pas prolonger ce pacte et régler le problème avec l’Arabie Saoudite, il a préféré prolonger le pacte. Face à l’attentat, Bush a déclaré « We are less innocent than we were before ». Ce propos révèle que la guerre menée par Bush contre l’Afghanistan et les terroristes est alors devenue une guerre de réponse. Il a ainsi montré à l’Arabie Saoudite ce que les USA pouvaient faire à leurs ennemis, en faisant tomber le régime taliban. D’une certaine manière, de par sa religiosité et les propos qu’il a tenus, Bush a mené une guerre sainte en réponse à la guerre sainte des terroristes. Dans ses discours, Bush a ainsi repris des éléments religieux déclarant que les USA étaient le bien contre une guerre sainte considérée comme le mal.
En revanche, la guerre en Irak en 2005 n’a plus rien de saint, elle n’a même rien de juste.





Et certains d'entre eux menèrent une guerre juste.
Lost crusader, Arteshu, Deviantart.




Les guerres justes


La guerre d’Irak de 2005 fut présentée comme une guerre juste grâce à trois arguments selon les États-Unis. D’abord il y avait un dictateur installé dans le pays. De plus, un peuple appelait l’aide des USA pour être libéré. Enfin, il y avait des armes de destruction massive. La question des armes fut entièrement construite et s’est avérée mensongère. George W. Bush a construit des arguments pour faire de cette guerre, une guerre juste. Face à ses propos, l’Eglise catholique s’est élevée contre les théories de guerre juste. On a donc eu la grande puissance mondiale face à la grande puissance spirituelle. Jean-Paul II dans un article adressé à Bush à démontrer que tous les éléments de la guerre juste n’étaient pas réunis. Et premièrement, l’ONU n’a jamais validé cette guerre suite au véto français.

Si l’Eglise a refusé de définir la guerre d’Irak comme guerre juste c’est car c’est elle qui a développé la notion de guerre juste. En effet, selon le Vatican plusieurs éléments entre en compte avant de donner se qualificatif à une guerre. D’abord, il faut examiner toutes les conditions avant d’entrée en guerre. Les conditions diplomatiques doivent précédées la guerre en étant exhaustives, honnêtes, précises et pacifiques. C’est la phase pro bellum (avant la guerre). Pour Jean-Paul II, cette phase n’a jamais eu lieu, les Américains n’ont pas vraiment respecté cette phase, en refusant d’être honnêtes et sans négocier pacifiquement.
Dans un deuxième temps, si la première étape échoue, on entre dans la guerre, dans la phase in bellu. On fait donc la guerre mais selon le Vatican, l’usage de la force se doit d’être adapté à la bataille. De même, il faut autant que possible éviter les massacres pour s’assurer une victoire juste. Il ne faut donc pas conquérir le pays.
Vient enfin la troisième phase après la guerre, dites post bellum. Il faut effectuer certains actes à savoir aider le pays à se reconstruire. C’est valable entre autre pour les gouvernements à reconstruire.

Historiquement, l’Eglise Catholique a théorisé la guerre juste lors des Croisades. Des envahisseurs venus de Turquie, les Seldjoukides, sont descendus en faisant des raids au Proche-Orient. Ils ont alors massacrés de nombreux pèlerins (qu’ils soient Chrétiens, Musulmans ou Juifs) et ont détruit le saint sépulcre de Jésus. Un appel au secours est alors venu de l’autorité de l’Eglise orthodoxe. Le schisme de 1054 entre les deux Eglises avait beau avoir été très violent, c’est l’empereur byzantin qui a réclamé l’aide de l’Eglise catholique. Le pape Urbain II considère que si les envahisseurs massacrent les Catholiques sur place, ???. Urbain II propose alors aux chefs d’Europe de l’Ouest de s’unir pour arrêter le massacre des Catholiques par les Turcs. En 1099, Jérusalem est libérée sur cette conception de la guerre juste. Suite à la libération de Jérusalem, pendant deux siècles de présence de croisés, ceux-ci protègeront les Chrétiens ainsi que les autres peuples de Jérusalem.
Par la suite, les 9 autres croisades ne seront plus développées au nom de la guerre juste mais selon la notion de guerre sainte. Deux exceptions peuvent être faites pour la septième et la huitième croisade, organisées par Saint Louis qui étaient à la fois des guerres justes et des guerres saintes. La justice venait du fait que Saint Louis voulait consolider les royaumes du Proche-Orient.

Un millénaire plus tard, ce sont les mêmes théories philosophiques qui régissent la conception de la guerre juste. Les époques changent mais les notions demeurent.

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