Géopolitique des Amériques 04 - 10 (cours 2)


The five commanders, Kooskia, Deviantart.


Cours complémentaire.: Début et fin.



Cuba et Fidel Castro

Les enjeux sur Cuba sont assez nombreux. Aujourd’hui différentes questions se posent dont celle de savoir quand est-ce que le régime cubain a été le plus terrible : sous Fidel Castro ou sous son demi-frère Raúl Castro ? Plus historiquement, il y a eu un débat au sein de Cuba pour savoir si la révolution avait été plutôt verte palmier ou verte pastèque (sous-entendu rouge à l’intérieur). Toujours est-il que nous allons aborder ici la Révolution cubaine et parler de Cuba non pas d’un point de vue touristique mais plus réaliste.


Le 10 mars 1952, un coup d’État a lieu à Cuba par celui qu’on surnomme « El hombre », le général Fulgencio Batista. Il renverse une jeune démocratie alors qu’auparavant il avait lui-même été élu comme membre du gouvernement. Son image de dictateur peut être nuancée car c’est un personnage complexe, qui était rejeté par une partie de la bourgeoisie cubaine. Ce coup d’État est un coup d’État de trop pour les Cubains qui voient la démocratie leur échapper.
Les mouvements de révolte contre Batista se font progressivement. Mais soudainement, un jeune avocat ambitieux, Fidel Castro, décide de faire un coup d’État brutal, le 26 juillet 1953. Il décide de prendre la caserne de Moncada avec l’aide de 50 hommes dont son frère, Raúl Castro. C’est un échec sur toute la ligne. Beaucoup de soldats et de révolutionnaires sont tués sur le coup et par la suite. En effet, le pouvoir avait été très effrayé par cette tentative de coup d’Éta, et a répondu en conséquence. Lors du procès qui s’en suit, Castro refuse un avocat et plaide sa cause seul. Il fait alors l’un de ses premiers discours mémorables dans lequel il conteste toute la légitimité de Batista à le juger pour terminer sur la phrase « L’Histoire m’absoudera ! ». Fidel est condamné à un certain nombre d’années d’emprisonnement mais Batista les amnistie dés 1955 pour, entre autres, calmer les contestations dans le pays.

Les deux frères vont aller au Mexique, d’où ils vont organiser un débarquement depuis un yacht (le Granma) avec l’aide d’un médecin, Ernesto Guevara, dit le « Che ». Ce Che était surtout un ami de Raúl avant de devenir l’ami de Fidel. L’essentiel de cette lutte contre Batista se déroule sur les plages de Las Coloradas, le 2 décembre 1956. Mais Batista est tenu au courant de cette tentative et de nouveau c’est la débandade militaire dans le camp de Castro. Certains insurgés sont tués, d’autres emprisonnés et les derniers vont se réfugier dans la Sierra Maestra, une zone montagneuse au centre du pays. Selon la légende, ils étaient 12 révolutionnaires dans la Sierra, en réalité on pense qu’ils étaient une vingtaine. Un journaliste du New-York Times ira les retrouver pour un article et Fidel lui fera croire qu’ils sont des centaines cachés dans la Sierra Maestra. Complètement leurré, ce journaliste va faire de Castro, une sorte de Robin des Bois des temps modernes. Plein de journalistes internationaux viendront le voir. Castro de son coté va faire des séries de coup d’éclat au sein de son mouvement du 26 juillet.
Parallèlement au mouvement du 26 juillet, des étudiants des villes vont tenter de faire un coup d’éclat en attaquant la tête du pouvoir. Le 13 mars 1958, ils attaquent le palais présidentiel et Batista s’en sort d’extrême justesse. Quant au Parti Communiste cubain, ses membres sont mitigés. En effet, ils ont participé au gouvernement de Batista. Du coup, il y a une sorte de scission entre ceux qui soutiennent Batista et ceux qui soutiennent Castro. Enfin, avec le temps qui passe, l’armée cubaine a du mal à lutter contre ces révoltes régulières et ne sait trop où se placer. A cela s’ajoute un embargo des Américains sur les armes vis-à-vis de Batista (l’opinion publique américaine prenait en sympathie Castro). Au final, l’armée est mise en déroute pour la première fois par les troupes du Che à Santa Clara en décembre 1958.

En janvier 1959, le peuple cubain apprend que Batista a fuit le pays, ce qui est un contentement populaire. Ce succès est attribué à Castro, le « máximo líder ». Astucieux, Fidel estime qu’il ne doit pas prendre le pouvoir de suite, alors depuis sa montagne, il met 8 jours pour se rendre à la Havane en marchant et en enchainant les discours dans les villages. Dans l’un d’entre eux, il se présente comme pacifiste et renie l’usage des armes. Dans la nuit, des colombes se posent sur son lieu de repos et avec ses douze lieutenants, il devient une image du Christ. Seule ombre au tableau, les guerilleros à la campagne tuent sans raisons particulières et sèment le désordre.
Ses lieutenants en revanche sont déjà à La Havane, notamment le Che et Camilo Cienfuegos qui prennent les commandements des principales casernes. Certains militaires, membres de la garde de Batista (à peu près 70) sont jugés en moins d’une heure, jugés coupables, fusillés et enterrés dans une fosse commune dans la nuit. D’autres procès vont avoir lieu toutes les nuits dans la Cabaña, la prison militaire tenue par le Che. Ces procès sont très rapides, sommaires et il y aura de nombreux massacres. Certains procès seront publics avec un petit air de cirque. On a parlé de la « Révolution romantique » en dépit de massacres absolument arbitraires qui se sont déroulés à cette époque dans les casernes.

Entre 1959 et 1970, le régime prendre tout doucement une couleur communiste. Fidel reste en retrait, gouverne les armées et laisse le pouvoir à quelqu’un d’autre. Quelques années plus tard, il fait tomber le président et en place un nouveau, un président fantoche nommé Osvaldo Dorticós. Dans l’armée, certains s’élève contre cet aspect communiste et s’insurge contre. Le commandant Huber Matos notamment s’y oppose. Castro envoie alors Camilo arrêter Matos puis le juger. Entre les deux hommes, il y a une discussion sur la prise de pouvoir des frères Castro et le virage communiste. Camilo va alors mystérieusement disparaître en mer, ce qui lance un phénomène de deuil national du fait de sa popularité. On l’a probablement fait disparaître. Matos de son coté ne sera pas exécuté, il sera condamné à 20 ans de prison.
Au cours de l’année 1960, il y a une radicalisation au niveau économique avec des nationalisations d’entreprises américaines (pétrole, …). Les USA réagissent par un embargo, pour les Cubains c’est un blocus. Le Che écrit un texte pour se diriger vers le marxisme, Fidel refuse et continue sur un communisme dur. Cela crispe les relations avec le voisin américain. Eisenhower avait déjà refusé de recevoir Fidel Castro pour condamner les exécutions. Kennedy et Nixon se sont aussi disputés dans l’élection sur le cas cubain. C’est Kennedy qui remporte l’élection avec une position très stricte sur les agissements cubains, juste avant, l’administration américaine avait rompu ses relations avec Cuba.
En avril 1961, l’invasion de la Baie des Cochons a lieu. Un débarquement de révolutionnaires cubains se fait avec le soutien de la Central Intelligence Agency (CIA). Alors que cela pouvait réussir, c’est un échec. Face à cela, Catsro réagit logiquement, si les USA l’attaque, il confirme sa position communiste et s’allie à l’URSS. Pour les Américains, c’est un grave échec. Pour Cuba, c’est la victoire de David contre Goliath avec une grande propagande qui se développe contre les USA. Cela aboutit à la crise des missiles de 1962 avec une menace directe sur New-York et Washington. Kennedy décrète une quarantaine sur Cuba. Durant ce blocus, soit les bateaux russes passaient et c’était la guerre, soit on négociait. Les USA et l’URSS négocièrent en excluant Cuba, à la grande fureur de Fidel Castro. Finalement les ogives sont démantelées à la fureur de Castro.
La Guerre froide a continué, le bloc communiste s’est par la suite effondrer entraînant à Cuba une pénurie presque totale.

Les soldats cubains ont tenté de transposer leur Révolution à l’étranger, sans succès. Beaucoup sont morts à l’étranger. Pour beaucoup d’observateurs, depuis 1962, Cuba n’existe plus, le changement de Fidel à Raúl n’y changeant rien politiquement.

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