Le général Giap et Ho Chi Minh ... En plein travail ...
2.
L’Asie dans la Guerre Froide
La présence
américaine dans la zone asiatique est aujourd’hui caractérisée par la notion de
« pivot ». Notion selon laquelle les USA se tournent vers l’Asie,
dans le but de se réinvestir dans cette région, où ils ont déjà fait preuve de
leur influence.
A la
fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon capitule
après l’explosion des deux bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki. Il faut
alors réorganiser la région suite à cet capitulation. Les anciennes colonies japonaises
vont alors reprendre en main leur territoire pour se reconstruire.
Le premier cas sera
Taïwan. Le Japon
a occupé l’île de Formose après le traité de Shimonoseki. Quand le Japon rend
cette île, il la rend à l’autorité chinoise qui est le Kuomintang. Mais dans
les années qui suivent, les Communistes prennent le pouvoir et la République de
Chine cède la place à la République populaire de Chine. Les membres du Kuomintang se réfugient alors sur l’île de Taïwan.
On trouve donc sur l’île des natifs de l’île, des colons chinois des vagues
d’émigration et des nationalistes du Kuomintang. Lorsque le régime est proclamé
indépendant de la Chine populaire de Mao, les USA soutiennent immédiatement
Taïwan pour endiguer le communisme.
Le second cas
spécifique est celui de la Corée.
Après la défaite japonaise, le pays est libéré à la fois par les Américains et
par les Soviétiques. Du coup, la péninsule coréenne est divisée en deux. Au
Sud, une zone d’influence américaine et au Nord, une sous l’influence
soviétique. La partition se fait sur le 38° parallèle. Au Nord on trouve un
espace dirigé par Kim Il Sung et au Sud,
c’est Syngman Rhee.
La situation
devient fâcheuse le jour où les Nord-Coréens traverse le 38° parallèle et prennent Séoul. Seul le port
de Pusan est encore sous domination Sud-coréenne. Face à cela, les USA y voyant
une manipulation de l’URSS (ce qui tient plus au laisser-aller de Staline qu’à
une vraie manipulation de l’URSS) décide au conseil de l’ONU, en l’absence de
l’URSS d’envoyer les forces armées pour secourir leurs alliés. C’est avec
succès que la contre offensive americano-onusienne reprend presque
l’intégralité du territoire y compris en Corée du Nord. Immédiatement, la Chine
réagit en soutenant les Nord-Coréens. On voit alors l’armée chinoise et
Nord-coréenne repasser de nouveau le 38° parallèle et reprendre la Corée du
Sud. Après quelques hésitations sur l’usage de la bombe nucléaire sur les
armées du Nord, les Américains parviendront finalement, sans utiliser la bombe,
à reprendre le Sud de la Corée en stabilisant la frontière au niveau du 38°
parallèle. On tente de stabiliser la situation avec un armistice (et non un
traité de paix) qui définit autour du 38° parallèle une zone démilitarisée.
La guerre aura duré
3 ans et aura fait de très nombreuses victimes ainsi que de grands dégâts
matériels. Le cas coréen est emblématique d’un transfert de la Guerre Froide en
Asie. On peut
noter que ce résidu de la Guerre Froide demeure toujours aujourd’hui avec une
présence des troupes américaines dans le Sud de la péninsule coréenne. Aucun
traité de paix n’ayant été signé, on a une zone potentiellement instable.
Certains pays ne reconnaissent toujours pas la Corée du Nord, comme la France.
La situation n’est pas stabilisée, et le risque de reprise de conflits violents
peu ressurgir comme l’ont montré les épisodes de tensions nucléaires tel celui
de janvier 2013.
Après Syngman Rhee,
c’est Park Chung-hee qui prend le
pouvoir sur un coup d’État.
Il restera au pouvoir de 1961 à 1979 avant
d’être assassiné. Il a mené un régime très autoritaire mais s’avère aussi être
celui qui a fait décollé économiquement la Corée du Sud. Ce n’est que dans les années 1990 que le pays deviendra
réellement démocratique. Aujourd’hui, c’est la fille de ce dictateur, Park Geun-hye, qui est à la tête de l’État
coréen. L’autre président marquant fut Kim Dae-jung
entre 1998 et 2003 qui a mené la
« Sunshine policy » dont le but était d’améliorer les relations
avec la Corée du Nord et la Corée du Sud. Il a ainsi eu le projet de construire
une enclave industrielle Sud-coréenne en Corée du nord. C’est une zone
économique spéciale implantée à ???, en Corée du Nord mais où l’on ne
trouve que des entreprises Sud-coréenne. L’idée est d’aider économiquement le
voisin du Nord. Il faut payer un loyer à la Corée du Nord et embaucher de la
main d’œuvre de Corée du Nord. L’idée de la Corée du Sud est qu’à terme, on
pourra créer des liens avec la Corée du Nord. Cette zone a toujours été ouverte
même en épisode très tendu entre les deux pays, jusqu’en mai dernier et
normalement elle fut réouverte en septembre. Idem avec l’ouverture de la
montagne Kumgangsan en Corée du Nord pour les Coréens du Sud, avant qu’un
incident ne ferme l’accès à cette montagne.
En Corée du Nord, le
régime est communiste mais le pouvoir se passe de manière familiale, de père en
fils. De Kim
Il-sung à Kim Jong-il, la transition fut
faite en douceur, en revanche, de Kim Jong-il à Kim
Jong-un cela s’est fait dans la précipitation et en dépit des espoirs
suscités par ce nouveau dirigeant, il semble que le régime va rester le même. Quoiqu’il en soit, le régime du Nord n’a
aucun intérêt à disparaître pour l’ensemble des acteurs. La Corée du Sud,
ne va pas d’une région qui s’ouvre à elle vu la différence de niveau de vie. Le
Japon redoute une Corée unie sur le long terme qui pourrait nuire à ces
intérêts. La Chine ne veut pas d’une Corée unie (sans doute sous influence de
la Corée du Sud) qui serait sous influence américaine à ses portes. Enfin les
USA ne désirent nullement s’impliquer davantage en Asie et l’écroulement de la
Corée du Nord les y obligeraient. La situation a beau être tendue, elle est
satisfaisante pour le moment. Le sachant, la Corée du Nord en joue. Ses
productions principales sont la vente d’armes, de drogue et de faux-billets.
Autre point délicat
de la Guerre Froide, le Vietnam. Suite au retrait japonais du pays, le Vietnam
a rencontré des difficultés principalement liées à l’occupant précédent le
Japon, les Français. Avant
les Japonais, le régime de Vichy a tenu le Vietnam en agissant comme en France,
et en s’accommodant de l’occupation japonaise. Le Japon a alors largement
contribué à la création de mouvements nationalistes et indépendantistes. Le
Japon fait donc double-jeu, il assure officiellement le maintien de Vichy mais
par derrière, il agite les velléités indépendantistes du Vietminh. Enfin avant
de partir, les Japonais vont chasser l’administration française et proclamer
l’indépendance du Vietnam sous l’égide de l’empereur Bao
Dai, ce que les Français refusent.
Inévitablement,
quand le Japon se rend en août 1945 et
quitte le pays, ne reste que l’occupant français et les Vietminh sur un terrain
miné. Le
Vietminh organise une marche pour l’indépendance et instaure un gouvernement
provisoire dirigé par Ho-Chi-Minh. La France
va alors intervenir pour récupérer le Vietnam. La métropole n’ignore pas que le
contexte nouveau empêche de faire du Vietnam une colonie comme avant. La France
veut donc plus que le Vietnam reste dans une sphère d’influence. Entre 1945 et 1949 tout cela s’agite. C’est
l’arrivée en 1949 de la Chine populaire, les
indépendances des pays alentours au Vietnam (notamment l’Indonésie) ainsi que
le problème coréen qui vont finalement faire du Vietnam un nouveau conflit
typique de la Guerre Froide.
Entre
1950 et 1954, c’est la Guerre d’Indochine qui
s’achève sur la défaite de Dien Bien Phu, les Français retranchés dans une cuvette
géographique et cernés par les troupes du Général
Jiap et d’Ho Chi Minh. La défaite consommée, les Français renoncent
alors à tout espoir de rattacher le Vietnam à une sphère d’influence française.
Les accords de Genève le 24 juillet 1954 entérinent
l’indépendance du Laos, du Cambodge, du Vietnam Nord communiste et du Vietnam
Sud libéral. Mais cela ne résout pas la question de l’apparition d’un
nouveau régime communiste en Asie.
L’armée américaine
va alors intervenir comme empêcher la propagation du communisme, c’est la
guerre du Vietnam qui dura de 1954 à 1975. Cependant, les troupes
américaines ne connaissaient pas le terrain et face à une armée de guérilla,
ils finiront par partir piteusement. C’est de nouveau un choc pour l’Occident
qui voit une armée supérieurement puissante échouer au Vietnam.
Pour le Laos et le
Cambodge, les Français vont aussi se retirer. Cependant, si le Laos reste
pacifique même en devenant un régime communiste, le Cambodge va tomber sous l’influence
de maoïstes : les Khmers rouges.
Les Khmers rouges qui vont exterminer en 3 ans, un quart de la population
cambodgienne. Comme les Khmers rouges grignotaient la frontière vietnamienne,
et en dépit des menaces chinoises si le Vietnam réagissait, le Vietnam envahit
le Cambodge et l’occupe plus ou moins jusqu’en 1975.
L’Indonésie pour sa
part était sous influence néerlandaise. Les Japonais vont accepter le recrutement de
fonctionnaires indonésiens lors de leur occupation. De cette manière, lesdits
fonctionnaires auront plus de facilités à maîtriser l’administration après le
départ des occupants. Lorsque les Japonais partent, les Pays-Bas espèrent
revenir à une situation d’avant-guerre. Mais l’Indonésie se proclame
indépendante dès 1945. Ce qui va être tenté,
c’est la reconnaissance d’une certaine autonomie de la République indonésienne
à la condition qu’elle soit membre des États-Unis d’Indonésie, sous la houlette
des Pays-Bas. Cela satisfait l’Indonésie mais pas les USA qui ont donné
l’indépendance aux Philippines et ne comprennent pas le refus des métropoles
européennes de faire de même. Cette attitude des USA va renforcer la marche
vers l’indépendance de Soekarno qui mettra en place une démocratie
dirigée et fortement personnalisée, mais qui achèvera de consacrer
l’indépendance définitive de l’Indonésie. Il sera vite remplacé après un coup
d’État par le Général Soeharto.
Le pays veut dés son
indépendance s’affranchir de l’influence occidentale et des métropoles en étant
un des membres principaux de la conférence de Bandung en 1955. Parallèlement, l’Indonésie s’engage dans
l’axe des non-alignés
dans la Guerre Froide, refusant de suivre définitivement et aveuglément un bloc
ou un autre.
En Malaisie, c’est
plus complexe, la région est multiethnique. Au départ des Japonais s’implante à
la fois des groupes communistes et d’autres nationalistes, dans les deux cas,
ils résistent à l’occupation japonaise. Les communistes sont essentiellement des Chinois
mais ils ne seront pas assez forts ou organisés pour songer à prendre le
pouvoir. Dans les faits, les Japonais réprimaient sévèrement les populations
chinoises mais pas les populations malaises. Du coup, les Malais se sont plus
facilement accommodés de l’occupation japonaise.
Avec le départ des
Japonais, les Anglais décident de conserver leur influence en Malaisie. Ils forment donc une union
malaise dotée d’un gouvernement central et d’une citoyenneté unique plutôt
avantageuse pour les Chinois. Automatiquement, un mouvement de résistance
antibritannique émerge, largement soutenu par les Malais, c’est l’Organisation
Nationale d’Union Malaise (United Nation of Malian Organization, UNMO). Ce
mouvement existe toujours aujourd’hui. Les Britanniques forment donc plutôt une
fédération organisée pour apaiser les tensions avec les Malais. En conséquence,
ce sont les Chinois frustrés qui se soulèvent et lancent une guérilla. Tout
cela finit par déboucher sur un statut d’autonomie puis d’indépendance en 1957. Cette indépendance aura été possible avec le
rassemblement des différentes ethnies sous l’égide de Tunku Abdul Rahman.
La
Malaisie devient un État fédéral avec à la tête de chaque État un sultan. A la
tête de l’État fédéral, on trouve aussi un sultan, choisi parmi les sultans
fédéraux et qui change chaque année. L’islam est religion d’État et le Malais,
la langue officielle.
A Singapour, les
Anglais vont aussi tenter de conserver la ville. Mais ne pouvant vraiment
conserver le pays, les Anglais lui accordent un régime d’autonomie en 1959.
Le problème, c’est que Singapour est
vraiment un très petit pays et que le désir est tentant de lier le destin de la
ville au destin de son voisin malaisien. Ce sera tenté par des propositions
de fusion entre les deux pays. La Malaisie refuse, y voyant un risque de
déstabilisation du pays du fait de la forte population chinoise présente à
Singapour. Mais les Britanniques parviennent à relier les deux pays en
intégrant Singapour avec deux autres États au Nord de Bornéo (Sabah et
Sarawat), deux États où l’ethnie chinoise est largement minoritaire. Cette
fédération serait appelée la
« Grande Malaisie ». Le projet ne durera que deux ans avant que
Singapour quitte la fédération. De plus, les Philippines réclament aussi ces
deux États du Nord de Bornéo au nom de droits anciens, et l’Indonésie s’y
oppose aussi se réclamant comme plus légitime à intégrer l’ethnie malaise. La
solution est une grande fédération intégrant Malaisie (dont les deux États), les
Philippines et l’Indonésie … Mais cela ne sera pas accepté par les pays. Un
conflit va alors opposer immédiatement l’Indonésie et la Malaisie pendant un an
et demi : la Konfrontasi. En 1966, le conflit s’arrête mais cet épisode
explique les tensions entre les deux pays et le ressentiment qui demeure.
Pour les
Philippines, c’est nettement plus simple. L’occupation japonaise a été
immédiatement rejetée par les Philippins dont le slogan « L’Asie aux
Asiatiques » ne leur parlait pas du tout. En effet, les Américains ne sont
pas apparus comme des colons
du même type que les Européens. La libération des Philippines par les USA sera
une grande fête et les militaires seront accueillis en héros. De plus, les USA
donneront vite l’indépendance des Philippines, dès
1946, facilitant la suite des évènements. Ceci dit, sans l’occupation
japonaise, les Philippines qui étaient en marge de l’Asie Pacifique, n’auraient
pas été aussi clairement intégrées.
Enfin la Birmanie,
qui était sous domination britannique, finit par acquérir son indépendance en 1948 et prendra le nom de Myanmar en 1989 sous la direction de la junte militaire.
On a donc une
influence américaine qui s’est affirmée durant cette période, avec de grands
alliés des USA : la Corée du Sud, Taïwan ou encore le Japon.
En effet, suite à
la reddition japonaise, les USA ont occupés militairement le pays. La constitution du Japon rédigée
par les USA va alors définir les conditions de souveraineté si particulière.
Ainsi l’article 9 interdit au Japon de posséder une armée dans une logique
d’agression extérieure. Le pays ne peut que se défendre mais son armée est très
réduite. Aujourd’hui cette question est réouverte par le Japon qui souhaite
reprendre la main sur son armée.
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