Géopolitique de l'Asie pacifique 01 - 10 (cours 1)



Diaspora chinoise, culture américaine ... Le tout en France.


Introduction


Un article (le second). Eviter le manuel « pays par pays ». Des ouvrages sur Chine, d’autres sur Japon, d’autres sur Corée.

La définition de l’Asie est variable. D’un point de vue géographique, on a le continent asiatique qui s’étale de la Turquie au Japon. Mais si l’on considère la notion de « Moyen-Orient », qui a des logiques géopolitiques propres, on peut se concentrer sur une définition plus restreinte de l’Asie. On peut aussi évincer l’ensemble des pays en –stan, les pays d’Asie centrale qui sont sortis de l’influence de l’URSS. Reste donc deux zones, l’Asie pacifique et l’Asie indienne. Pour des raisons de spécialités du professeur, ce sera surtout l’Asie pacifique, parfois évoquée comme étant l’Extrême-Orient. Pour ???, la notion d’Extrême-Orient est évidemment très européocentrée, ce serait une zone bien éloignée de l’Europe et très différente de notre civilisation. Mais une telle vision reste assez schématique et tient aussi au passé colonial de la région.
Sur cet espace d’Extrême-Orient, on peut trouver une « sous-zone » : l’Asie du Sud-Est qui s’étale du Myanmar aux Philippines. Cette notion a pris son sens au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Elle a pris encore plus de sens avec la création de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN, Association of SouthEast Asian Nations). En revanche, l’Asie du Nord-Est ne qualifie jamais l’ensemble des pays du Nord. En se ciblant sur cette espace d’Extrême-Orient, on trouve une cohérence géopolitique, ce qui n’est pas forcément le cas d’un point de vue économique.

Notre espace d’étude apparaît principalement comme étant très hétérogène. Du point de vue géographique, il n’y a pas de cohérence : les climats sont très variés entre le Nord de la Chine et l’Indonésie, la taille des pays est très variable, … Géographiquement, on aurait alors l’Asie du Nord-Est, l’Asie du Sud-Est péninsulaire et l’Asie du Sud-Est archipélagique.
Sous l’angle démographique, idem. On a des écarts de population conséquents entre la Chine avec officiellement 1,3 milliards d’habitants et Brunei avec 320 000 habitants. On a aussi des différences de densité de population avec 5 500 hab/k² à Singapour, 331 hab/k² au Japon et 21 hab/k² au Laos. Au sein même des pays, on a aussi des disparités de populations comme en Chine (disparité entre la côte et l’intérieur), au Vietnam (disparité entre la côte et l’intérieur) et en Thaïlande (Disparité entre Bangkok et le reste du pays). Enfin sur le plan humain, on a une grande diversité ethnique. Certains des pays ont une ethnie dominante comme le Japon et la Corée, d’autres possèdent une pluralité d’ethnies comme le Vietnam (qui en possède 54), la Chine (qui en reconnaît environ 50) ou le Myanmar.
Sur le plan culturel, deux grandes civilisations ont influencé cet espace : la civilisation chinoise et la civilisation indienne. On peut constater ces deux influences dans l’Asie du Sud-Est péninsulaire (dans l’architecture, la nourriture ou la religion).
Politiquement, les régimes sont aussi très variés avec des pays communistes (Corée du Nord, Chine, Laos et Vietnam), des démocraties (Corée du Sud, Taïwan, les Philippines et l’Indonésie récemment), des monarchies absolues (Brunei), des monarchies parlementaires (Thaïlande, Japon, Malaisie et Cambodge). Les pays autoritaires souples sont alors la Malaisie et Singapour. Les dictatures dures associent la Chine, le Vietnam et le Laos. Une dictature très dure pour la Corée du Nord. On trouve enfin des démocraties plus ou moins récentes avec un processus démocratique plus ou moins avancé.
Enfin sur le plan du développement, là encore, on a une grande disparité. On a des pays à très faibles revenus classifiés comme Pays les Moins Avancés (PMA) tels le Laos, le Cambodge et le Myanmar. D’autres a revenus intermédiaires inférieurs (Indonésie, Philippines, Vietnam), d’autres à revenus intermédiaires supérieurs (Chine, Thaïlande) et enfin des pays à revenus élevés (Japon, Corée du Sud, Singapour, Taïwan).



La grande idée qui prime, c’est que cet espace est largement sinisé. Sur les éléments les plus récents, la Chine est l’acteur dominant local tant sur le plan démographique que sur le plan économique. D’une manière générale, les flux d’échanges convergent vers la Chine (cf les cours d’économie de l’Asie). Ne serait-ce que pour ces deux raisons, la Chine est donc un pôle important.
On peut alors identifier autour de la Chine, un certain nombre de cercles concentriques. Le premier cercle se concentre sur la Chine de l’Est, le long des côtes et un peu dans les terres. Ce cercle correspond aussi au lieu de vie de l’ethnie Han, la principale ethnie chinoise représentant 95% de la population chinoise. On trouve aussi dans ce cercle la plus forte concentration de population chinoise. Le deuxième cercle correspond à l’ensemble du territoire chinois, on prend en compte les régions de l’Est de la Chine. On trouve alors les autres ethnies du pays dans ce deuxième cercle. Le troisième cercle comprend la Chine d’outre-mer, c'est-à-dire la diaspora chinoise que l’on trouve de manière très présente en Malaisie, à Singapour, en Indonésie et dans les Philippines. Le quatrième cercle correspond au monde sinisé, un monde où la culture chinoise a influencé le pays sans pour autant qu’on y trouve une forte diaspora. Il s’agit de la péninsule coréenne, du Japon et Vietnam. Enfin le cinquième cercle englobe l’ensemble de l’Asie pacifique.

Les cercles les plus intéressants sont sans doute le troisième cercle et le quatrième cercle. La diaspora qualifie la dispersion d’une population ???. Aujourd’hui le terme diaspora a finit par qualifier l’ensemble des membres de cette diaspora qui sont dispersés dans le monde. Pour pouvoir parler d’une diaspora, il faut au moins quatre grandes caractéristiques. Il faut une multipolarisation de la migration du groupe (qu’il soit national, ethnique ou religieux), que ce groupe se disperse réellement dans plusieurs pays. Il faut aussi une interpolarité des relations, c'est-à-dire des liens migratoires ou économiques ou affectifs qu’entretiennent entre eux les membres des pôles de la diaspora. Ces liens peuvent se faire entre groupe de diaspora ou entre un groupe de la diaspora et leur région d’origine. Cela forme généralement un réseau assez complexe entre le pole de départ et les pôles d’arrivée. Sans cette interpolarité, il s’agit simplement d’une migration. Troisième élément, il faut une identité sociale de caractère ethnique ou religieux (les deux vont souvent ensemble). Dernier élément, le territoire sur lequel les membres de la diaspora sont répartis doit être discontinu. Le sentiment de partager des origines communes forge l’identité collective, sans ce sentiment, on ne peut vraiment parler de diaspora.
Dans le cas chinois, on peut confirmer cette notion de diaspora, tous les éléments se retrouvent. Historiquement, on constate de grandes vagues de migration. On peut ainsi remonter jusqu’au III° siècle avant JC où des vagues de populations chinoises ont migrées au Nord de la péninsule indochinoise, parfois plus loin (comme au Cambodge). Au XIII° siècle et au XIV° siècle cela se reproduit avec des tentatives pour atteindre la Malaisie et l’Indonésie. La principale vague migratoire se déclenche au XV° siècle par des expéditions commerciales. Mené par Zheng He, ces expéditions permettent l’établissement de liens étroits avec des marchands chinois locaux implantés dans ces pays. Les migrations vont s’intensifier suite à l’installation des Européens en Asie au XVI° siècle, avec des Portugais à Malacca et des Espagnols aux Philippines. Ces colons Européens installés, des marchands Han vont les imiter pour des raisons commerciales. Cela s’intensifie au milieu du XVII° avec des migrations à Taïwan. Ces premières vagues sont celles de marchands donc. On a tout de même des mariages entre les familles chinoises et quelques populations indigènes, souvent avec une conversion culturelle des Chinois.
Au XIX° siècle, cette logique change. Les migrations s’intensifient encore dans la seconde moitié du XIX° siècle. En effet, ce sont les guerres de l’opium, la Chine est régulièrement en guerre contre les Français et les Anglais. Ce sont donc des réfugiés Chinois qui quittent leur pays pour s’installer dans d’autres pays plus stables. On dénombre aujourd’hui 1,5 millions de Chinois qui se réfugient à Singapour, d’autres iront en Malaisie ou encore en Indonésie. Ces pays sont choisis car les Européens exploitent dans ces pays des cultures et des mines, ainsi que le développement de ports francs comme Malacca.
L’essentiel des émigrés chinois viennent du Sud de la Chine, des provinces du Fujian, du Guangdung et de l’île de Hainan. Evidemment les dialectes de chaque région sont différents ce qui permet de mieux identifier leurs mouvements aujourd’hui. Les migrants du Guangdung vont vers la Malaisie, Singapour et le Vietnam. Les migrants du Sud et du centre du Fujian, s’orientent un peu vers Singapour mais principalement vers la Thaïlande et le Cambodge. Une autre partie des migrants venus du Nord du Fujian (les Hokkien)  vont se rendre à Taïwan. Une partie des migrants venant du Honan (au Nord de la Chine), les Hakkas, migreront d’abord vers le Sud de la Chine, notamment à Hong-Kong, avant ensuite de partir un peu partout dans les terres du Sud-Est asiatique. Enfin, les habitants de l’île de Hainan ont surtout émigrés vers des zones hors Asie : Canada, États-Unis, Australie, …

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