Diaspora chinoise, culture américaine ... Le tout en France.
Introduction
Un
article (le second). Eviter le manuel « pays par pays ». Des ouvrages
sur Chine, d’autres sur Japon, d’autres sur Corée.
La définition de
l’Asie est variable. D’un point de vue géographique, on a le continent
asiatique qui s’étale
de la Turquie au Japon. Mais si l’on considère la notion de
« Moyen-Orient », qui a des logiques géopolitiques propres, on peut
se concentrer sur une définition plus restreinte de l’Asie. On peut aussi
évincer l’ensemble des pays en –stan, les pays d’Asie centrale qui sont sortis
de l’influence de l’URSS. Reste donc deux zones, l’Asie pacifique et l’Asie
indienne. Pour des raisons de spécialités du professeur, ce sera surtout l’Asie
pacifique, parfois évoquée comme étant l’Extrême-Orient. Pour ???, la notion d’Extrême-Orient est évidemment
très européocentrée, ce serait une zone bien éloignée de l’Europe et très
différente de notre civilisation. Mais une telle vision reste assez schématique
et tient aussi au passé colonial de la région.
Sur cet espace
d’Extrême-Orient, on peut trouver une « sous-zone » : l’Asie du
Sud-Est qui s’étale du Myanmar aux Philippines. Cette notion a pris son sens au
cours de la Seconde Guerre Mondiale. Elle a pris encore plus de sens avec la
création de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN, Association of
SouthEast Asian Nations). En revanche,
l’Asie du Nord-Est ne qualifie jamais l’ensemble des pays du Nord. En se ciblant sur cette espace
d’Extrême-Orient, on trouve une cohérence géopolitique, ce qui n’est pas
forcément le cas d’un point de vue économique.
Notre espace d’étude
apparaît principalement comme étant très hétérogène. Du point de vue géographique, il n’y a pas de cohérence : les
climats sont très variés entre le Nord de la Chine et l’Indonésie, la taille
des pays est très variable, … Géographiquement, on aurait alors l’Asie du
Nord-Est, l’Asie du Sud-Est péninsulaire et l’Asie du Sud-Est archipélagique.
Sous l’angle
démographique, idem. On a des écarts de population conséquents entre la Chine avec
officiellement 1,3 milliards d’habitants et Brunei avec 320 000 habitants.
On a aussi des différences de densité de population avec 5 500 hab/k² à
Singapour, 331 hab/k² au Japon et 21 hab/k² au Laos. Au sein même des pays, on
a aussi des disparités de populations comme en Chine (disparité entre la côte
et l’intérieur), au Vietnam (disparité entre la côte et l’intérieur) et en
Thaïlande (Disparité entre Bangkok et le reste du pays). Enfin sur le plan humain, on a une grande diversité ethnique. Certains
des pays ont une ethnie dominante comme le Japon et la Corée, d’autres possèdent
une pluralité d’ethnies comme le Vietnam (qui en possède 54), la Chine (qui en
reconnaît environ 50) ou le Myanmar.
Sur le plan
culturel, deux grandes civilisations ont influencé cet espace : la
civilisation chinoise et la civilisation indienne. On peut constater ces deux
influences dans l’Asie du Sud-Est péninsulaire (dans l’architecture, la
nourriture ou la religion).
Politiquement, les
régimes sont aussi très variés avec
des pays communistes (Corée du Nord, Chine, Laos et Vietnam), des démocraties
(Corée du Sud, Taïwan, les Philippines et l’Indonésie récemment), des monarchies
absolues (Brunei), des monarchies parlementaires (Thaïlande, Japon, Malaisie et
Cambodge). Les pays autoritaires souples sont alors la Malaisie et Singapour.
Les dictatures dures associent la Chine, le Vietnam et le Laos. Une dictature
très dure pour la Corée du Nord. On trouve enfin des démocraties plus ou moins
récentes avec un processus démocratique plus ou moins avancé.
Enfin sur le plan
du développement, là encore, on a une grande disparité. On a des pays à très faibles
revenus classifiés comme Pays les Moins Avancés (PMA) tels le Laos, le Cambodge
et le Myanmar. D’autres a revenus intermédiaires inférieurs (Indonésie,
Philippines, Vietnam), d’autres à revenus intermédiaires supérieurs (Chine,
Thaïlande) et enfin des pays à revenus élevés (Japon, Corée du Sud, Singapour,
Taïwan).
La grande idée qui
prime, c’est que cet espace est largement sinisé. Sur les éléments les plus
récents, la Chine est l’acteur dominant local tant sur le plan démographique
que sur le plan économique.
D’une manière générale, les flux d’échanges convergent vers la Chine (cf
les cours d’économie de l’Asie). Ne serait-ce que pour ces deux raisons, la
Chine est donc un pôle important.
On peut alors
identifier autour de la Chine, un certain nombre de cercles concentriques. Le
premier cercle se concentre sur la Chine de l’Est, le long des côtes et un peu
dans les terres.
Ce cercle correspond aussi au lieu de vie de l’ethnie Han, la principale ethnie
chinoise représentant 95% de la population chinoise. On trouve aussi dans ce
cercle la plus forte concentration de population chinoise. Le deuxième cercle correspond à l’ensemble du territoire chinois, on
prend en compte les régions de l’Est de la Chine. On trouve alors les
autres ethnies du pays dans ce deuxième cercle. Le troisième cercle comprend la Chine d’outre-mer, c'est-à-dire la
diaspora chinoise que l’on trouve de manière très présente en Malaisie, à
Singapour, en Indonésie et dans les Philippines. Le quatrième cercle correspond au monde sinisé, un monde où la
culture chinoise a influencé le pays sans pour autant qu’on y trouve une forte
diaspora. Il s’agit de la péninsule coréenne, du Japon et Vietnam. Enfin le cinquième cercle englobe
l’ensemble de l’Asie pacifique.
Les cercles les plus
intéressants sont sans doute le troisième cercle et le quatrième cercle. La
diaspora qualifie la dispersion d’une population ???. Aujourd’hui le terme diaspora a
finit par qualifier l’ensemble des membres de cette diaspora qui sont
dispersés dans le monde. Pour pouvoir
parler d’une diaspora, il faut au moins quatre grandes caractéristiques. Il
faut une multipolarisation de la migration du groupe (qu’il soit national,
ethnique ou religieux), que ce groupe se disperse réellement dans plusieurs
pays. Il faut aussi une interpolarité
des relations, c'est-à-dire des liens migratoires ou économiques ou
affectifs qu’entretiennent entre eux les membres des pôles de la diaspora. Ces
liens peuvent se faire entre groupe de diaspora ou entre un groupe de la
diaspora et leur région d’origine. Cela forme généralement un réseau assez
complexe entre le pole de départ et les pôles d’arrivée. Sans cette
interpolarité, il s’agit simplement d’une migration. Troisième élément, il faut une identité sociale de caractère ethnique
ou religieux (les deux vont souvent ensemble). Dernier élément, le territoire sur lequel les membres de la diaspora
sont répartis doit être discontinu. Le sentiment de partager des origines
communes forge l’identité collective, sans ce sentiment, on ne peut vraiment
parler de diaspora.
Dans le cas chinois,
on peut confirmer cette notion de diaspora, tous les éléments se retrouvent.
Historiquement, on constate de grandes vagues de migration. On peut ainsi remonter jusqu’au III° siècle avant JC où des vagues de populations
chinoises ont migrées au Nord de la péninsule indochinoise, parfois plus loin
(comme au Cambodge). Au XIII° siècle et au XIV°
siècle cela se reproduit avec des tentatives pour atteindre la Malaisie
et l’Indonésie. La principale vague
migratoire se déclenche au XV° siècle par
des expéditions commerciales. Mené par Zheng He,
ces expéditions permettent l’établissement de liens étroits avec des marchands
chinois locaux implantés dans ces pays. Les migrations vont s’intensifier suite
à l’installation des Européens en Asie au XVI°
siècle, avec des Portugais à Malacca et des Espagnols aux Philippines.
Ces colons Européens installés, des marchands Han vont les imiter pour des
raisons commerciales. Cela s’intensifie au milieu
du XVII° avec des migrations à Taïwan. Ces premières vagues sont celles
de marchands donc. On a tout de même des mariages entre les familles chinoises
et quelques populations indigènes, souvent avec une conversion culturelle des
Chinois.
Au
XIX° siècle, cette logique change. Les
migrations s’intensifient encore dans la seconde
moitié du XIX° siècle. En effet, ce sont les guerres de l’opium, la
Chine est régulièrement en guerre contre les Français et les Anglais. Ce sont
donc des réfugiés Chinois qui quittent leur pays pour s’installer dans d’autres
pays plus stables.
On dénombre aujourd’hui 1,5 millions de Chinois qui se réfugient à Singapour,
d’autres iront en Malaisie ou encore en Indonésie. Ces pays sont choisis car
les Européens exploitent dans ces pays des cultures et des mines, ainsi que le
développement de ports francs comme Malacca.
L’essentiel des émigrés
chinois viennent du Sud de la Chine, des provinces du Fujian, du Guangdung et
de l’île de Hainan.
Evidemment les dialectes de chaque région sont différents ce qui permet de
mieux identifier leurs mouvements aujourd’hui. Les migrants du Guangdung vont
vers la Malaisie, Singapour et le Vietnam. Les migrants du Sud et du centre du
Fujian, s’orientent un peu vers Singapour mais principalement vers la Thaïlande
et le Cambodge. Une autre partie des migrants venus du Nord du Fujian (les
Hokkien) vont se rendre à Taïwan. Une
partie des migrants venant du Honan (au Nord de la Chine), les Hakkas,
migreront d’abord vers le Sud de la Chine, notamment à Hong-Kong, avant ensuite
de partir un peu partout dans les terres du Sud-Est asiatique. Enfin, les
habitants de l’île de Hainan ont surtout émigrés vers des zones hors
Asie : Canada, États-Unis, Australie, …
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