Technique d'extraction des terres rares ...
Plan créé de toutes pièces.
III.
Les terres rares
1.
Un monopole chinois
Le monopole chinois
sur les Terres Rares est un monopole construit. On trouve des terres rares aux
USA ou en Australie, mais ceux-ci ont arrêtés leur production car c’est très
couteux, tant en main d’œuvre qu’en dégâts environnementaux. Du coup, seule la
Chine l’exploite encore aujourd’hui, mais ce monopole n’avait rien de
surprenant auparavant. Sauf qu’entretemps, ces
terres rares sont devenues très stratégiques et ça change la donne. A cela,
s’ajoute le fait que la Chine a annoncé avoir besoin de ces terres rares pour
ses propres technologies. Parmi les 17 éléments utiles dans les terres rares,
deux principaux sont cités : le dysprosium (utile pour le fonctionnement
des aimants) et le terbium (utile pour les ampoules écologiques). Dans les deux
cas, 99% des ressources actuelles sont exploitées par la Chine. La Chine
elle-même a des problèmes puisque ces ressources sont dans une zone
marginalisée avec des mouvements de contestations des populations locales face
aux Hans.
2.
La pollution environnementale
Deux tensions sont
très mal maîtrisées à propos de ces terres rares. Ainsi la pollution entrainée
par l’exploitation des mines de terres rares est un lourd problème. Courrier International titrait « Votre lampe basse consommation pollue … en Chine » en 2010 et
rappelle souvent les maladies entraînées par ces exploitations. Cela sera
tenable jusqu’à un certain point. En effet, les terres rares sont des oxydes
imbriqués dans des minerais. Pour les extraire, on gratte une zone en surface
et on répand de l’acide qui dissocie les terres rares des terres banales. Ainsi
en Chine, on a donc des espaces entiers contaminés par des eaux et des sols
pollués aux acides. Cela se ressent sur la population avec des maladies graves
liées à ces pollutions.
3.
Hausse de l’économie illégale
L’autre facteur de
tension dangereux, c’est que les quotas imposés par l’Etat chinois ont
entrainés immédiatement un réseau parallèle de revente de terres rares. On a donc une mafia de terres
rares. L’illégalité possède différentes échelles. L’illégalité peut être une non-conformité
totale aux règles administratives, comme cela peut être une exploitation
secrète avec des populations traitées comme du bétail. Souvent les
fonctionnaires locaux de l’Etat chinois s’arrangent avec les mafieux pour
extraire ces terres rares. Les fonctionnaires camouflent donc, les
contrebandiers font sortir les terres rares (en les mélangeant à de l’acier) et
un revendeur contacte les entreprises.
A.
Le platine en Afrique du Sud
On peut aussi
regarder le cas de la production du platine sud-africain. Le pays possède 80% de la
production mondiale de platine, essentiellement au Nord-Est du pays. 3 majors
détiennent le monopole de ces exploitations (Angloplatinium, Impala Platinium
et Lonmin) avec quelques juniors imposées par le gouvernement sud-africain mais
ces juniors sont dépendants des majors. Le platine sert pour toutes les
technologies de dépollution de l’air et plus seulement pour la joaillerie.
La
production du gisement Ouest était relativement simple à extraire, mais
aujourd’hui il s’épuise. Reste un gisement à l’Est mais où le minerai ne peut
être extrait qu’à la condition de fours qui chaufferaient ce minerai à 1700°
celsius pour en extraire le platine. De plus, les conditions minières (à 3 km
sous terre) sont terribles et les grèves en Afrique du Sud sont en train de se
succéder. Le déséquilibre entre les conditions de l’offre et celles du marché
sont à la source de la déstabilisation de cette ressource.
B.
L’uranium au Niger
Dans le cas du
Niger qui produit 3300 tonnes d’uranium par an (soit le 4° producteur mondial),
cela fournit 48% des ressources du pays. Jusqu’à il y a peu, le Niger avait
laissé l’exploitation des mines à Areva. Or à chaque fois que cet Etat voulait
renégocier les conditions d’exploitation, on a constaté un changement à la tête
du pays (1974 ou 2010). Des concessions chinoises ont été faites au nom de la
libéralisation en 2010 avec un nouveau coup d’Etat.
On
a aussi un conflit local avec les populations touaregs. En effet, les mines
sont sur les territoires touaregs mais ces peuples n’en bénéficient pas. Ils
n’y sont pas embauchés car ils vont peu de temps à l’école et n’ont pas les
qualifications. De plus, ces mines perturbent les activités traditionnelles (élevage,
points d’eau pollués, …). Tout ça pousse les Touaregs à réclamer une certaine
forme d’indépendance en s’alliant avec des courants idéologiques douteux.
Enfin
un dernier niveau de conflit existe avec les populations riveraines des mines
qui soupçonnent cette exploitation de nuire à leur environnement. Il s’agit
principalement d’une gestion des déchets douteuse. Apparemment des déchets
radioactifs sont laissés à l’air libre et on constate plusieurs cas de cancers
et de maladies respiratoires.
Tracteur dans un champ près de Bozeman (Montana), Yann Arthus-Bertrand
Géopolitique
des terres et matières premières agricoles
Tout comme les
terres minières, ce sujet est assez récent. Trente ans plus tôt, rien ne laisser penser que la
nourriture serait un enjeu géopolitique.
I.
Conflits
fonciers : la terre au cœur de conflits anciens et nouveaux
La terre est l’occasion
de conflit dans deux circonstances : un déséquilibre entre présence
humaine et ressources accessibles ou un conflit d’usage. Quant on parle de déséquilibre
hommes et ressources, c’est moins le cas en Afrique qu’en Amérique du Sud et en
Inde. En effet, dans ces régions, les conflits autour de la terre sont à la
fois très violents et très présents. Au Brésil, les propriétaires de plus de
1000 hectares représentent 1,6% de toutes les propriétés mais possèdent 51,7%
des terres du pays. Pour les conflits
d’usage deux grands domaines existent : la politique de sanctuarisation
d’espaces naturels et une politique économique en concurrence pour l’accès
au sol avec les populations locales. Dans le premier cas, l’UNESCO
intervient sur demande des États ou des ONG pour créer des parcs naturels. Or
dans plusieurs cas, cela demande d’évincer des populations locales qui
détruiraient ce cadre, au nom d’un conservatisme écologique voulant que la
nature existe sans l’intervention de l’homme. On a donc eu des déplacements de
populations autochtones qui sont au nom de ces zones devenus des réfugiés. Depuis 1962, il y a plus d’un millier de zones
protégées et on hésite sur le nombre de réfugiés de la conservation (entre 5
millions ou plusieurs dizaines de millions).
Ainsi, au Botswana, l’État a concédé des terres à
l’entreprise BHP Billiton. Ces terres étaient traversées par des nomades
Bochimans qui vivent de chasse et de cueillette. Or BHP Billiton a clôturé les
terres, les Bochimans ont sectionné les grillages, BHP Billiton a bouché les
puits d’eau de ce désert et construit des camps pour les Bochimans. On a donc
un conflit sur l’usage des terres.
En Inde, des entreprises minières ont
pris des terres riches en ressource dans l’État de Chhattisgarh en les privant
à des populations locales. Immédiatement, les paysans se sont formés en
guérilla armée et communistes, les Salwa Judum et sèment une forme de
terreur très violente pour lutter.
En Indonésie, sur l’Ouest de l’île Kalimantan
de grandes plantations de palmiers à huile forcent sous contraintes, les
paysans locaux à céder leurs terres. On leur loue pendant 30 ans moyennant
finances. Mais ces paysans résistent dorénavant en implantant des arbres
produisant de la résine de Gaharu, très prisée en Asie dans les cosmétiques. Du
coup, leurs terres sont sauvegardées. Ici le conflit n’a pas fini en guerre
armée.
Enfin, au Honduras, on a une situation avec trois
types d’acteurs : des multinationales spécialisées dans la plantation de
palmiers à huile (dont la Standard fruit Company), des grandes propriétés
latifundiaires issues de la colonisation espagnole et un prolétariat rural de
paysans sans terres. Le Honduras a tenté d’intervenir pour régler ce problème
en valorisant les petits paysans. Cependant, lorsque le président Zelaya a tenté sa réforme agraire, il a été évincé
dans un coup d’État où la CIA semble impliquée. Les petits paysans ont
immédiatement décidés de s’organiser en occupant les terres des grands
propriétaires terriens, qui de leur côté ont armés des milices pour se
défendre. Le conflit demeure toujours.
On
a aussi le problème des « désert verts » comme les plantations d’eucalyptus
au Sud du Brésil ou la crise en Côte d’Ivoire.
II.
Faim dans le monde
et insécurité
1.
Les idées reçues sur la crise alimentaire mondiale
Souvent on associe
l’idée de crise alimentaire à la croissance démographique. En effet, intuitivement, on
estime que la surpopulation est responsable du déficit de la production. Ce
constat soumis à des analyses ne tient pas. Il a lieu ponctuellement mais
globalement, cette analyse est totalement fausse.
Une autre idée
reçue tend à dire que l’Afrique est en pénurie de terres arables. Là encore c’est faux. Certes, il
y a des zones de désert, mais il reste encore beaucoup de terres exploitables
en Afrique.
Troisième idée, on
a de forts déséquilibres entre l’offre et la demande des sociétés locales. Ce
déséquilibre serait du à plusieurs facteurs : l’inégale répartition des terres,
la progression des cultures de rente et la hausse des prix agricoles. Ce
constat est juste.
2.
Ses manifestations
Selon
la Food and Agriculture Organization (FAO), parmi les populations mal nourries
50% sont des petits paysans, 20% de paysans sans terres, 20% de familles
urbaines pauvres. Les spécialistes en concluent qu’on a trois justifications à la faim dans le monde. Depuis
1957, on voit une dévalorisation des prix agricoles, les paysans
gagnent de moins en moins et cela les empêchent de se nourrir correctement,
provoquant une sous-alimentation rurale. On
a ensuite une nouvelle insécurité alimentaire urbaine. Cette fois-ci,
on constate que du fait de la financiarisation des marchés, on a eu des
spéculations sur les matières agricoles au milieu
des années 2000. Les prix ce sont envolés, et pas forcément au bénéfice
des paysans. Enfin on a une crise
économique et une pauvreté généralisée.
La dimension
géopolitique semble donc assez peu concernée par le problème de la faim dans le
monde. C’est principalement des soucis de marché, de pauvreté ou de réformes
agricoles. Certains pays ont alors décidé d’intervenir pour régler ce problème et
échapper à cette fluctuation des marchés. Leurs réponses sont alors
principalement géopolitiques et consistent en deux solutions : les replis
protectionnistes (pour le riz : la Chine, le Vietnam, l’Indonésie,
… ; pour le blé : Russie, Ukraine, Argentine, …) et une politique de
sécurité foncière par achat ou location de terres, le land grabbing.
III.
Géopolitique de la
production et de la commercialisation des matières premières agricoles
1.
Cultures de rentes : des formes de contrôle anciennes et
renouvelées
Le land grabbing ne
se fait pas directement entre les États. L’État qui loue les terres passe en général par
plusieurs multinationales (type Monsanto, DuPont, Syngenta, …) et une
concentration de la chaîne productive (???). Les gros acteurs de
l’agro-business contrôleraient un quart de la biomasse. De plus, 10 sociétés
mondiales possèdent 67% des marchés des semences et 89% du marché mondial des
pesticides.
Grâce au tournant
libéral des années 1980, ces entreprises ont
bénéficié des PAS mis en place par le FMI dans les
années 1990.
En effet, là où sans les PAS, l’État africain taxait lourdement les produits
concurrents étrangers pour valoriser les industries locales ; dorénavant,
un produit étranger peut être bien moins cher qu’une production locale.
A.
Politiques agricoles et concentration foncière en Uruguay
Cf
le powerpoint.
B.
Côte d’Ivoire : comment les Américains ont pris le pouvoir
dans la brousse ivoirienne ?
Cf
le powerpoint.
2.
De nouveaux processus : achat de terres et land grabbing
Le land grabbing
est l’achat ou la location de terres par des acteurs nationaux pour produire
des cultures vivrières qu’on rapatrie chez soi. Cela ne signifie pas qu’il s’agisse toujours de cultures alimentaires.
On peut par exemple produire en land grabbing du sucre pour des énergies
vertes.
Ces acteurs
étrangers sont soit des acteurs étatiques qui passent par des fonds souverains
ou soit des multinationales.
On trouve aussi des banques et des fonds d’investissement qui y participent. Ceux
qui louent ou achètent ces terres sont des pays riches qui achètent des terres
arables disponibles et globalement simple à cultiver. Principalement, ce sont
des pays qui ont une forte dépendance alimentaire car ils n’ont pas de terres
arables (Pays du Golfe) ou pas suffisamment (Japon, Corée du Sud) parfois suite
à une forte pollution (Chine).
A.
Un phénomène en pleine expansion
Ces transactions
ont connu une ampleur et une accélération inédite depuis
les années 2000.
Parfois on cède des milliers d’hectares pour assez peu. La plupart des transactions
se font secrètement, il est donc difficile de mesurer tout cela, cependant on
estime entre 15 millions et 20 millions d’hectares de terres qui auraient été
concernées par le land grabbing.
Cependant, il n’est
pas toujours question d’agriculture vivrière, parfois il s’agit de production de bio-carburants
que ce soit dans un but écologique ou pour obtenir des avantages sur le marché
du carbone (en développant des projets verts dans les Pays du Sud, on a des
réductions sur le prix de l’émission de la tonne de carbone).
Enfin, le
land-grabbing est aussi une occasion de placer de l’argent car les investisseurs ne savent
plus où placer une partie de leur argent. On a donc des fonds sans rapports
avec l’agriculture impliqués dans le land-grabbing.
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